MERCREDI 10
AVRIL 2019

L'Antique était en effervescence. Caoimhe et Julian avait réussi à négocier avec leur supérieur pour fermer cet après-midi là. Bien sûr, en tant qu'homme cupide, il avait accepté au détriment du porte monnaie des deux jeunes gens : il leur avait fait loué la salle à un prix qui avait rendu la brune folle de rage. Il lui avait fallu deux cappuccinos et une dizaine de chamallows pour la calmer. "C'est son employé, avait-elle hurlé, il ne peut pas faire un effort pour une fois ! Trente ans qu'elle y travaille !".

Depuis le début de l'après-midi, les serveurs préparaient la fête en l'honneur de Magalie. La soeur de cette dernière était venue les aider avec les décorations et autres préparations pour la soirée à mettre en place. La plupart des tables et des chaises avaient été concentrées dans le fond de la salle pour pouvoir circuler tranquillement. Le bar était utilisé pour poser la nourriture et des guirlandes lumineuses y étaient attachées. Il en pendait aussi le long des vitres et au plafond. Julian et Caoimhe n'avaient pas fait les choses à moitié pour l'anniversaire de leur amie, ils espéraient que ça lui plairait.

Vers dix-neuf heures, ils étaient revenus à l'Antique prêts à accueillir les invités : il y avait les grands habitués du café tels que Madame Martine ou le couple Morteau, les amis proches de Magalie, sa soeur et ses enfants ainsi que d'autres personnes invitées par Caoimhe et Julian comme Victoire ou la copine de ce dernier.

La blonde n'avait pas réussir à convaincre son petit-ami de venir fêter cet anniversaire. Elle avait bien compris qu'il en voulait à Caoimhe pour des raisons qu'elle trouvait égoïste. C'est vrai qu'elle passait beaucoup de temps avec la serveuse mais elle se sentait à l'aise et acceptée. Une tension permanente s'était installée entre Victoire et Léopold, elle ne supportait pas cette situation et préférait passer du temps avec quelqu'un qui la faisait se sentir bien.

Seulement vers vingt heures, Magalie arriva avec son mari. Elle n'était pas naïve, elle avait bien compris que quelque chose se préparait mais elle éclata tout de même en sanglots quand elle vit ce qui l'attendait. Voir tous ses amis réunis pour son anniversaire la rendait plus qu'heureuse. Caoimhe ne savait pas combien de litres de larmes elle avait lâché pendant cette soirée : que ce soit quand elle souffla ses bougies, ouvrit les cadeaux ou pendant le diaporama.

Victoire était assise à une table une coupe de champagne à la main regardait les invités déambuler dans le café et se dandiner sur la musique. Voir toutes ses personnes se connaître et être heureux la faisait culpabiliser. Peut-être ne faisait-elle pas d'efforts avec ses proches ? Elle pourrait aménager son emploi du temps pour les voir. Ca lui faisait du mal de ne plus les voir : Margot, Bastien, même Susie. Même si elle savait qu'elle devait tourner la page.

— Eh ! Vic ! Viens !

L'interpellation la sortit de ses pensées. Elle releva la tête et croisa le regard de Caoimhe qui lui souriait depuis le bar. Victoire se leva pour la rejoindre.

— Ca va ? T'as pas l'air dans ton assiette.

— Oui, oui, t'inquiètes.

— C'est pas rapport à Léo ?

— Pas particulièrement mais ça me fait chier qu'il n'ait pas voulu venir.

— Il t'a dit pourquoi ?

Victoire grimaça avant de répondre, hésitant à faire comme toujours mentir pour ne pas blesser ses amis ou pour une fois assumer la vérité.

— M'en veut pas, mais je crois que depuis l'histoire avec- t'énerves pas, s'il te plait, enchaîna rapidement la blonde quand Caoimhe commençait à soupirer. Bastien, ça l'a refroidit à ton sujet. Aussi, je crois qu'il n'est pas trop à l'aise avec le fait qu'on soit aussi proche depuis qu'il sait que t'aimes autant les femmes que les hommes, finit-elle tout doucement.

Contre toute attente, Caoimhe éclata de rire. Son amie fut gênée ne comprenant pas la réaction, était-elle entrain de se moquer ?

— Ce manque d'ouverture d'esprit me fera toujours autant rire. Il m'a déçue Léopold là, ricana la serveuse. T'inquiètes pas pour ça Vic, ça ne va pas m'énerver.

— Ca me gêne un peu quand même...

— Ce n'est pas de ta faute, tu sais.

Victoire acquiesça et lui sourit. Magalie vint chercher les deux jeunes femmes et leur conversation se termina. Elles dansèrent avec leur amie, celle-ci avait le sourire aux lèvres et semblaient plus que jamais épanouie. Elle avait une vie tranquille mais sans réel moment de joie intense, une vie rythmée par son quotidien et son rôle de serveuse. Alors, avoir toutes ces personnes qu'elle aimait autour d'elle la rendait plus qu'heureuse. Le voyage au Mexique comme cadeau d'anniversaire n'égalait en rien avec ce qu'elle ressentait pour le moment.

La soirée se termina de dans la bonne humeur et tous partirent vers une heure. Caoimhe et Julian étaient épuisés. Ils rangeaient les tables et leurs affaires avec l'aide de Victoire et de la copine du serveur. Magalie avait proposé de rester mais les organisateurs de sa fête surprise l'avaient forcée de quitter le café.

Caoimhe ferma la porte du café à double tour et salua le couple plus loin dans la ruelle.

— Je suis crevée, lâcha Victoire.

— M'en parle pas, j'ai les jambes en compote.

— Je suis dans le même état.

— Tu veux venir un peu à l'appart' ?

— Je ne veux pas déranger, il est tard quand même.

— Puisque je te le propose. Je dois avoir des bières au frais et du pop-corn en plus.

— Tu as encore faim ?

— Pas besoin d'avoir faim pour du pop-corn. Allez dépêche toi, le dernier tram va bientôt passer !

☼

Après avoir enchainé plusieurs épisodes du Prince de Bel-Air, accompagné d'un seau de pop-corn, Victoire tombant de sommeil décida de rentrer chez elle.

— Tu es sûre de vouloir rentrer chez toi ? Il est tard, ce n'est pas le meilleur moment pour aller dans les rues, tu ne penses pas ? dit Caoimhe tandis que la blonde sortait de l'appartement.

— Ne t'inquiète pas pour ça, ce ne sera pas la première fois.

— Même, ça me dérange de te laisser partir seule dans la nuit...

Victoire lui sourit pour la rassurer et posa sa main sur sa joue.

— C'est mignon, mais je te dis de ne pas t'inquiéter.

— Tu es sûre, je vais culpabiliser sinon.

— Je t'enverrai un message quand je serais rentrée.

Un silence s'installa entre les deux amies. La main de la blonde était toujours posée sur la joue de Caoimhe. Victoire ne semblait pas vouloir bouger. La brune ne comprenait pas ce qu'elle faisait, même elle ne le savait pas.

— J'aimerai essayer quelque chose, chuchota-t-elle si bas que ses mots étaient presque inaudibles.

Elle s'avança vers Cao' qui fronça les sourcils. Doucement, son visage se rapprocha de celui de son amie qui ne savait pas comment réagir jusqu'à l'étape finale où les lèvres de la blonde touchèrent les siennes. Le cerveau de la brune bouillonait, que devait-elle faire ? Approfondir le baiser ? La repousser ? Elle ne pouvait nier son attirance mais culpabilisait pour Léopold. Victoire se recula, les joues rouges, avant que son amie puisse faire quoi que ce soit. Elle balbutia des mots sans que Caoimhe comprenne et s'enfut en courant.

Une impression de déjà-vu se fit ressentir. Le destin avait-il décidé de se venger d'avoir repousser Bastien ?

▬ nda ▬

C'est ici le dernier chapitre que j'ai écrit depuis plus d'un mois. Je n'aime guère ce que j'écris et je n'arrive plus à écrire. Cette histoire ne me plaît plus mais j'aimerais la terminer seulement je ne sais pas quand la suite arrivera. Désolée, et bonnes vacances !