6 Le tatouage
Chapitre 6 : Le tatouage
— Je ne suis pas une pute ! Pourquoi tu m'as prise pour une prostituée ? lui crié-je dessus.
Son regard devient noir. Il m'attrape par le cou et me fait tomber sur le canapé derrière nous.
— Tu te fous de ma gueule, Nina.
— Nina, qui est Nina ?
Je me débats de toutes mes forces. Mais face à lui, pas la moindre chance. Il me plaque avec juste une main et ressort le fameux canif de sa poche avec l'autre, lequel puis il l'avance dangereusement vers mon buste.
— Non, pitié.
La lame du couteau lacère mon pull, le débardeur en dessous et même mon soutien-gorge. James arrache tout. Dénudée, je m'effondre et pleure à chaudes larmes. Alors que je l'imagine me palper et me lécher les seins, il se redresse tout à coup, toujours à califourchon sur moi.
— Mais... où es ton putain de tatouage ? me questionne-t-il, perdu.
Je le suis autant que lui.
— Je... je n'ai pas de tatouage, bafouillé-je. Et je m'appelle Prune, pas Nina, je le jure.
Son regard change radicalement.
— C'est quoi ce bordel ?
Puis, il semble réaliser qu'il m'a mise à poil, car il retire son sweat pour le poser sur ma poitrine.
— Enfile-ça, tu me déconcentres.
Son tee-shirt gris en dessous moule un torse très musclé. Je rougis sans le vouloir. Il n'y a que moi pour me rincer l'œil en pareille circonstance. Lui se relève et se met à faire les cent pas dans la pièce rectangulaire. Je n'ose plus parler ni même ciller. Le temps semble durer une éternité, quand enfin il sort son téléphone pour vérifier quelque chose.
Vexée, je me demande pourquoi il m'a prise pour une prostituée. Est-ce que j'ai l'air vulgaire ou d'une fille facile ? Pour ce rencard, je pensais pourtant avoir choisi une tenue passe-partout et non passe à cent balles.
— Poupée russe-1, lit-il à voix haute. Tiret un ! Putain, que je suis con. Tu n'es pas poupée russe, ton pseudo était déjà pris, n'est-ce pas quand tu t'es inscrite sur Xinder et ils t'ont automatiquement ajouté un 1 derrière ?
— Je... ce n'est pas moi qui ai créé mon profil, c'est ma meilleure amie, Clémentine, celle en imperméable beige que tu as repéré au Milo's. Elle était là pour nous surveiller et voir si notre rendez-vous était sympa, si je ne craignais rien, lui expliqué-je, amère. Je crois qu'on peut dire qu'elle s'est bien gourée sur ton cas.
Il ricane.
— Clémentine et Prune ? Et puis quoi encore ? Votre troisième pote s'appelle Cerise, c'est ça ?
Je le toise, blasée par un humour si peu original que ma meilleure amie et moi avons déjà entendu maintes fois.
— T'es sérieux ? Tu viens de m'enlever et me déshabiller de force en me confondant avec une pute et là, tu te moques de mon prénom ? Mais qui es-tu au juste ? Pourquoi t'as la carrure d'un catcheur qui a pu fracasser en un seul coup l'homme dans la voiture ? Et pourquoi tu joues ensuite les gentlemen en me prêtant ton pull ?
— Pourquoi, pourquoi, pourquoi, m'imite-t-il en empruntant une voix nasillarde qui ne ressemble absolument pas à la mienne.
Je me relève du canapé. Je sens la moutarde me monter au nez. Depuis le début, depuis que l'on s'est rencontré, ce gars a le don de me mettre les nerfs en pelote. Je suis furax, mais aussi très angoissée par rapport à la suite des événements. Maintenant qu'il s'est rendu compte que je n'étais pas celle qu'il cherchait, que je ne suis pas cette énigmatique Nina, que va-t-il advenir de moi ?
— Je suis désolé, poupée russe tiret un, mais il faut que je réfléchisse et pour cela, j'ai besoin de silence, et non que tu continues à jacasser. Je vais t'enfermer dans la chambre en haut, ça me permettra d'y voir un peu plus clair.
— Pour réfléchir à comment me tuer ? Hors de question !
Affolée, je cours instinctivement vers la porte d'entrée qui ne s'est pas déverrouillée par l'opération du Saint-Esprit. Je m'acharne malgré tout à tirer sur la poignée. Sur un malentendu et vu son état délabré, elle pourrait céder. Mais c'est trop tard, James m'attrape et me serre contre lui avant de susurrer à mon oreille.
— Arrête de vouloir t'enfuir, ma beauté, ça ne sert à rien, on est au milieu de nulle part ici. Et regarde où ça t'a menée tout à l'heure. Que crois-tu qu'il se serait passé si je ne t'avais pas sauvée, hein ? Tu ne m'as toujours pas remercié, d'ailleurs.
Je déglutis. Je me sens à sa merci et je ne sens pas que ça. Je pense qu'à cet instant précis, James me trouve très à son goût vu ce qui est en train de se dresser contre mes fesses. Sa respiration devient de plus en plus haletante. La mienne aussi. Je suis perdue. Il m'attire autant que j'ai envie de lui filer mon poing dans la figure.
— Merci, chuchoté-je pour essayer de calmer le jeu, et ne pas le chercher davantage encore.
— Tu sais, Prune, tu aurais été une bien jolie pute de luxe. J'aurais payé cher pour t'avoir.
Stop ! Monsieur muscle ou pas, je me retourne brusquement pour lui faire face, ce qui ne manque pas de le surprendre. Docile, mais pas trop.
— Oublie ça, je ne suis pas à vendre. Tu voulais m'enfermer dans la pièce du haut, non ? Alors, vas-y, isole-moi le temps de faire chauffer tes méninges, mais je t'en prie, fiche-moi la paix, tu m'as déjà bien assez pourri l'existence comme ça. Je vais avoir besoin d'une bonne et longue psychothérapie à cause de toi, tu me la rembourseras ?
Malgré ma colère et mon impatience, il ne me lâche pas et me colle même un peu plus contre lui en me saisissant la mâchoire.
— Vois-tu, chère Prune, c'est exactement pour cette raison que je dois réfléchir à tête reposée. Je ne peux pas prendre le risque que tu me dénonces, que tu fasses mon portrait chez les flics et tout le tintouin. Dans mon milieu, je suis assez, comment dire... réputé, et si je ne veux pas de problème, je dois rester une ombre qui disparaît une fois la nuit tombée, tu piges ?
— Ton milieu ? T'es proxénète, c'est ça ? lui demandé-je, écœurée par l'idée.
Il explose de rire avant de daigner enfin me répondre.
— Non, c'est le cousin de Nina qui l'est. Moi, j'exécute simplement des contrats. Des contrats juteux et illégaux.
Je ne peux alors m'empêcher de penser au héros de mon film préféré, John Wick, tueur à gages russe qui reprend du service à New York.
— Tu, tu... exécutes des gens ? balbutié-je, hésitante.
— Entre autres choses, oui.
— Et tu devais exécuter Nina, c'est ça ? continué-je mon interrogatoire.
— Non, je ne devais pas la tuer.
— Et qu'est-ce que son tatouage a de si important ?
— Son ta... Bon, ça suffit, me répond James avant de me lâcher enfin. Maintenant, viens, en attendant de savoir ce que je vais faire de toi, je vais t'enfermer en haut. Allez, dépêche, il faut que j'appelle quelqu'un.
— Appeler qui ? Le cousin de Nina ?
Il m'attrape fermement par l'avant-bras pour me forcer à le suivre vers les escaliers qui se mettent à grincer à chacun de nos pas.
— Qu'est-ce que tu peux être fatigante, Sherlock. Tu as de la chance d'être sexy. En tout cas, je comprends mieux pourquoi t'es toujours célibataire.
Outch ! Là, c'est comme s'il venait de me poignarder en plein cœur. Le lendemain d'une rupture douloureuse, ça fait un mal de chien d'entendre des mots pareils venant en plus d'un type que je connais à peine.
— Qui te dit que ce n'est pas moi qui les quitte parce que je rencontre que des gros nuls comme toi, hein ? lui mens-je en haussant le ton.
Sa main qui me paraît immense me saisit par le derrière de la tête pour l'avancer vers la sienne. Il colle son visage au mien.
— Est-ce que tu réalises que tu es enfermée dans une maison abandonnée et coupée du monde avec un mec sans foi ni loi ? Parce que je trouve que tu la ramènes un peu trop et tu sais, ma patience a des limites.
J'ai une peur bleue, mais ne lui montre pas.
Son téléphone posé en bas sur la table de la cuisine se met à sonner.
— Maintenant, tu entres là et tu la boucles, m'ordonne-t-il avant de claquer la porte derrière moi pour vite aller répondre.
A suivre... :-)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro