39 Une dose de réconfort, un soupçon de jalousie.
Chapitre 39 : Une dose de réconfort, un soupçon de jalousie
Toc-toc- toc toc, entends-je de loin.
J'entrouvre difficilement un œil. L'autre est tout collé, encore enfoncé dans l'accoudoir du canapé.
— Hé ho, Prune, je sais que tu es là.
Pas de doute, c'est Clémentine, et elle tambourine à la porte depuis cinq bonnes minutes.
J'ai bavé sur l'accoudoir. Je relève la tête et m'essuie le contour de la bouche avec le revers de la manche de mon pyjama combi. Je constate en regardant par la fenêtre qu'il fait nuit dehors, et dans mon salon aussi d'ailleurs. À force de pleurer sans pouvoir m'arrêter, j'en conclus qu'exténuée, j'ai fini par m'assoupir.
— Prune, je te préviens, je défonce la porte.
Je me lève et me dirige vers mon entrée.
— Ah oui, et tu comptes t'y prendre comment ? À coups d'extincteur ? Tu te casserais un ongle manucuré, lui signalé-je au passage.
Je tourne nonchalamment la clé. Clémentine se charge du reste et ne se fait pas prier pour ouvrir.
— Pff, pour toi, sache que je suis capable de me casser les dix ongles sans broncher.
J'esquisse un léger rictus.
— T'es la femme de ma vie, -jedéclaré-je, émue.
Après avoir retiré ses bottes, elle part s'asseoir sur une chaise dans la cuisine.
— Bon, sinon, tu m'expliques cet accoutrement ? Et pourquoi tu vis reclus dans le noir ?
Oups. Je me dépêche d'aller appuyer sur l'interrupteur. Et la lumière fut.
— Tu veux boire quelque chose ?, lui proposé-je.
— Ne change pas de sujet, et oui je veux bien, c'est gentil, une bière si tu as. Ma journée de taf fut vraiment chiante aujourd'hui.
— Ah merde, pourquoi ?
— Prune, on s'en fiche de pourquoi. Depuis combien de temps que tu hibernes tel un ours mal lavé ?
— On dit mal léché.
— Moi je dis ce que je veux, et je rajouterais même, mal fagoté.
Je hausse les épaules, blasée.
— Tu préfères une Kro ou une Despé ? Changé-je de sujetdemandé-je pour changer de sujet.
— Despé.
Je vais chercher sa bière dans le frigo, la décapsule dans la foulée puis viens lui la poser devant elle, sur la table.
— Tu veux un verre ?
Elle jette un coup d'œil à mon évier qui dégueule de vaisselle sale. Quelques moucherons sont en train de voler au-dessus.
— Euh, non, ça ira, merci.
Je m'installe sur la chaise en face.
— Tu ne bois pas, toi ?
— J'évite de mélanger les Xanax avec l'alcool.
Elle écarquille les yeux.
— Tu en prends toujours ?
— Je n'arrive pas à dormir sinon. Je vis inlassablement les mêmes cauchemars, je me repasse la scène en boucle, je vois ce grand malade à chaque fois que je ferme les paupières.
— Tu parles de James ?
— Mais non voyons, de Jo.
— Ah. Oui, je comprends. Mais ma poulette, il ne peut plus rien te faire, il est mort et enterré.
— Je sais ça. Mais je ne contrôle pas cette peur viscérale d'être encore enlevée et torturée. Au moinsdre micro bruit, je sursaute et tremble comme une gamine apeurée.
— Je t'ai proposé de vivre avec moi. Ça tient toujours, tu sais. Ça m'emmerde que tu sois dans cet état.
— Nuance, tu m'as proposé d'emménager avec toi et Julien. Ça me gêne et puis je n'en ai pas spécialement envie, mais c'est gentil. De toute manière, je ne vais pas vivre pour toujours avec la peur au ventre. Il faut que j'arrive à oublier cette histoire et à reprendre ma vie en main.
— Oui, c'est sûr. Et le boulot, t'y retournes quand ?
— Dans trois semaines, je pense, si je me sens prête. Je revois mon médecin mardi pro.
— OK. Tu me diras.
J'acquiesce d'un hochement de tête.
— Et sinon, avec Julien, c'est toujours le paradis sur Terre ? m'intéressé-je à ma meilleure amie.
Elle pose sa main sur son cœur.
— Oh, c'est même mieux que ça. Ce mec est un ange.
Jalousie quand tu nous tiens. C'est affreux, j'en ai conscience, mais j'aurais préféré qu'ils se disputent tout le temps.
— Ah ouais ? Waouh. Tu as de la chance. Drôlement de chance alors. Je suis très heureuse pour toi, me forcé-je à lui répondre, une pointe d'amertume dans la voix.
— Euh, tu es sûre que ça va ? me demande-t-elle aussitôt, sentant qu'il y a un malaise.
— Oh, mais oui, je chante la vie, je danse la vie, ça se voit pas ?
— Tu... Prune, tu es jalouse ?
— Mais non, n'importe quoi, m'offusqué-je.
Je me lève pour lui tourner le dos. Autant essayer de fuir la suite de cette conversation en allant laver la vaisselle.
— Si, si, je te connais, tu es jalouse. De qui ? De Julien ? Ou parce que j'ai enfin trouvé un homme bien ?
Je tente de la rassurer sans grande conviction :
— Tu dis n'importe quoi, Clem. Tu mérites un million de fois ce qu'il t'arrive. Je suis très heureuse pour toi.
Je l'entends se relever à son tour pour venir se pointer juste à côté de moi.
— Prune, ce n'est pas parce que j'ai désormais Julien dans ma vie que je vais te laisser tomber comme une veille chaussette trouée. Tu n'es pas prête près de te débarrasser de moi, je te le promets. Nous deux, c'est pour la vie et comme les hommes vivent moins longtemps que les femmes, ce n'est pas avec Julien que je ferai une course en déambulateur dans les couloirs de l'hospice.
Je cesse de frotter le fond de ma casserole pour me jeter dans ses bras.
— Oh, Clem, ça me touche tant.
Elle rit et renifle en même temps avant de me repousser avec douceur.
— Arrête avec ces effusions d'émotion, lâche-moi, tu vas finir par me faire pleurer si ça continue. Et mon mascara n'est pas waterproof.
Je lui souris avant de continuer à récurer le fond de ma poêle.
— Bon, je peux m'ouvrir une autre bière ?
— Bien sûr, sers-toi. Dans le bac à légumes, en bas.
Je l'entends la décapsuler.
— On commande quoi à manger ce soir ?
— Ah, tu restes dîner ?
—Of course. Hors de question que je te laisse dans cet état, mon petit chat errant sous Xanax. On va se requinquer, tu vas voir, avec un bon repas. Thaïlandais, ça te donne envie ? Il faut juste que je prévienne Julien.
A suivre... :-)
C'était la minute Copinettes. :-) Parce que y'a pas à dire, les copines, elles sont toujours là, dans les bons comme les mauvais moments et ça fait drôlement chaud au cœur quand celui-ci est brisé.
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