33 Vengeance
Chapitre 33 : Vengeance
La drogue aidant, je finis par tomber à nouveau dans les vapes. Tout à coup, je reçois une gifle monumentale qui me sort de ma stupeur. Je ne les ai même pas entendus revenir.
Aïe, putain ! J'ai le côté droit du visage en feu. Un mal de chien. Même mon père, partisan jadis des baffes soi-disant éducatives, ne m'a jamais frappée aussi fort. Comme si j'avais reçu un électrochoc, j'ouvre aussitôt les yeux.
— Eh bien voilà, elle se réveille enfin. Bonjour, Prune, me salue l'homme qui se tient juste en face de moi.
Pas l'ombre d'un doute, c'est le jumeau de Jerem. Les deux hommes se ressemblent trait pour trait, sauf que Jo est plus svelte et musclé que l'était feu son frère.
— Tu sais qui je suis ?
— Jo, réponds-je sans réfléchir une seule seconde.
— Ah super, tu as donc entendu parler de moi. Cool, ça va grandement nous faciliter les choses.
Je tremble de partout.
— Deuxième question pour toi. Est-ce que tu sais qui est Jerem, l'homme que tu as tué d'une balle dans la tête ?
— Euh, c'est une question ça ?
Une deuxième gifle, du côté gauche cette fois, me fait grimacer de douleur. Il va finir par me déboîter la mâchoire à taper aussi fort. Il a cru que j'étais The Rock ou quoi ?
— Troisième. Et je te conseille d'arrêter de jouer les malignes.
Je le fusille du regard.
— Est-ce que tu sais qui est James, l'homme avec qui tu vis ?
— Mais putain, c'est quoi cet interrogatoire ? craqué-je.
Et claque !
Il me gifle à nouveau, deux fois d'affilée, de chaque côté. Je hurle tant la douleur s'est intensifiée à force de prendre des coups répétés aux mêmes endroits. Je crois même que j'ai un torticolis ou autre chose, un truc plus grave qu'un simple hématome. Un muscle ou un nerf, je ne sais pas trop, a craqué lors de la dernière baffe. J'ai le haut de l'épaule et le côté du cou qui me lancent et me font affreusement souffrir, sans parler de mes deux joues endolories à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur.
J'ai dû me mordre. J'ai un goût de sang dans la bouche, mélangé au goût de mes larmes.
Je jette un œil autour pour regarder où je suis. Ça ressemble à une cave, d'où l'odeur de moisi. Je vais contracter la tuberculose à force. Je vois deux autres hommes avec nous. Des têtes de con qui n'ont pas l'air d'être là pour rigoler.
Est-ce que leur prochain taf, cette nuit, sera de faire disparaître mon corps, après l'avoir découpé en morceaux ou brûlé à l'acide ?
Et James ? Il doit être si inquiet. J'espère qu'il vengera ma mort comme Jo aura vengé celle de son frère. Donnant-donnant, je commence à capter que ça fonctionne ainsi dans ce milieu pourri jusqu'à la moelle.
— Quatrième question, Prune. Sois un peu plus attentive.
Le mec se la joue poli. Il est sérieux, lui ? pensé-je, hors de moi.
— Pourquoi tu as tué mon frère avec l'arme de James ? Et où était James pendant que tu trouais le crâne de Jeremy ?
— Vous n'avez pas lu les infos ? Je croyais que votre avocat vous aurait expliqué en attendant le procès, que c'était de la légitime défense. Ça a été prouvé, c'est pour ça que j'ai été libérée. Je ne suis pas la vraie coupable, je n'ai fait qu'essayer de survivre. C'était lui ou moi.
— Pourquoi il s'en serait pris à toi, putain ? Qu'est-ce qu'il foutait chez James en son absence d'abord ? se met-il à gueuler comme un putois. Où était ce bâtard ?
— Je ne sais pas où était James, je vous le jure. Et Jerem était venu pour me violer parce que ce gros porc était curieux de savoir quelle fille James avait enlevée à la place de Nina.
Le coup de poing que je reçois est si violent que ma chaise bascule sur le côté et me fait tomber à la renverse avec elle, tête la première sur le béton. Je suis à moitié sonnée et je vois trouble. Jo vient se pencher juste au-dessus de moi. Je crois que je saigne. Que je saigne beaucoup parce que je sens ma joue en train de tremper dans une flaque d'un liquide chaud.
— Personne à part moi n'a le droit d'insulter mon frangin, espèce de salope !. Personnellement, rassure-toi, je ne t'aurais même pas touchée avec un bâton. Quand bien même, tu aurais été baisable, tu ne mériterais pas ma queue ni celle de mon frère. Tu vas crever, c'est certain. Mais avant, j'ai encore besoin de toi.
J'ai mal partout, je souffre le martyre. Que quelqu'un me vienne en aide !.
Il s'éclaircit la gorge avant de poursuivre.
— Vois-tu, ton petit ami n'a pas fini le travail pour lequel je l'avais embauché. Depuis la mort de Jerem, ce rat a fui le navire pour réapparaître comme par magie il y a un mois, chez toi. Pourquoi après tout ce temps, hein ? Toujours est-il que je veux ce qu'il me doit.
J'essaye de parler, mais je bafouille en m'étouffant avec des glaires de mon propre sang.
— Bon, relevez- la, les gars, on ne comprend rien à son charabia, ordonne Jo à ses gorilles.
Je vois les deux hommes s'approcher et saisir chacun un bout de ma chaise pour la redresser. Me voilà dans ma position de départ, désormais salement amochée, toujours attachée et à leur merci.
— Tu disais ? insiste Jo.
— Le code, vous voulez le code sur le tatouage de cette Nina.
Il se met à m'applaudir comme un fou furieux, un véritable psychopathe. Il me fait penser à la performance de Heath Ledger dans le rôle du . Je suis terrifiée. Pitié, que ce cauchemar se termine. Qu'importe la façon. Je veux juste être libérée de mes liens, de cet enfer. Et si pour cela, je dois mourir, pitié, que ça se fasse vite, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes.
— James n'a pas trouvé Nina, il n'a pas le code, et si vous me faites quoi que ce soit, il vous tuera.
Je ne sais pas vraiment si c'était la chose à dire, mais le menacer m'a soulagée une seconde. Et puis, au point où j'en suis...
Jo se met à rire. Ça résonne dans toute la cave.
Est-ce que nous sommes toujours quelque part à Paris ? Ou, comme James avant eux, m'ont-ils emmenée loin de la ville, encore dans le trou du cul du monde ?
— Une chose est sûre, tu es courageuse à la ramener autant. Ou stupide, au choix.
Le regard courroucé, je n'ose pas lui répondre. Pour me prendre encore une série de baffes ou pire encore, non merci, ça ira.
— Bon, Prune, ce n'est pas tout ça, mais j'ai un planning surchargé. Étape numéro une, récupérer mon pognon et étape numéro deux, butter James. Ensuite j'irai me la couler douce dans un pays lointain et chaud, parce que franchement, on se gèle les miches ici.
Ses gorilles ricanent. À croire qu'ils sont formatés à rigoler à chaque vanne pourrie comme le public dans les sitcoms.
Il sort son téléphone portable et me prend en photo.
— Cheese, m'invite-t-il à sourire, ce connard.
Le flash me fait cligner plusieurs fois des paupières.
— Très photogénique. Je pense que lui envoyer ton visage défoncé, ça va provoquer son petit effet. Tu verras, ça va le motiver à me trouver mon putain de code à six putain de chiffres.
— Et ensuite ? Quand vous aurez votre pognon, pourquoi ne pas me relâcher si vous l'avez promis à James ?
Ma question était débile apparemment vu le fou rire que ça provoque chez lui et les deux raclures qui travaillent pour lui.
— Elle n'est pas mignonne, hein ? les interroge-t-il, hilare, avant de se retourner à nouveau vers moi. Tu as tué mon frère, œil pour œil, dent pour dent, pétasse. Avec les intérêts bien sûr. James crèvera aussi, ne te bile pas. Reste à savoir si tu pourras négocier pour le rejoindre en Enfers, car ne rêve pas, chérie, ce gars, c'est Satan en personne qui l'attend. Tu ne baisais pas un enfant de chœur, je peux te le garantir.
A suivre...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro