32 Descente aux Enfers
J
Chapitre 32 : Descente aux enfers
James m'embrasse. Qu'est-ce qu'il est beau. Qu'est-ce que je l'aime. Ses yeux bleu azur me fixent intensément. Oui, je sais que c'est cliché, mais j'ai juste envie de plonger dedans, tête la première, pour ne plus jamais remonter à la surface.
Il fait un froid de canard. James a disparu. Évaporé. Il fait nuit noire. J'essaye d'ouvrir un œil, juste un, mais j'ai la tête lourde comme une pastèque trop mûre, remplie d'eau, et de drogue. J'ai l'impression qu'elle va exploser. J'essaye de bouger, mais je comprends vite que c'est impossible, que je suis attachée à une chaise. Les liens sont très serrés et me coupent la circulation. J'ai mal partout et j'ai envie de vomir. Heureusement, je ne suis pas bâillonnée, ce qui au moins m'empêchera de crever noyée dans mon propre vomi. Il faut positiver.
— Elle se réveille, Jo, entends-je soudain.
Il a dit Jo ? OK, là, j'ai le droit de broyer du noir parce que je suis mal barrée. Et si je faisais semblant de m'évanouir à nouveau ? Peut-être que je gagnerais du temps. Peut-être qu'ils me laisseront roupiller tranquille.
— Pourquoi ça pue la pisse ?
— Elle s'est fait dessus.
— Ah merde.
Ouais, comme tu dis.
— Et pourquoi elle n'ouvre toujours pas les yeux ?
— Elle doit être encore un peu dans les vapes.
— Ou sinon, elle fait semblant d'être encore un peu dans les vapes.
Bon, visiblement, je ne suis pas crédible dans mon rôle de la belle aux bois dormants. Je réagis comment maintenant ?
J'ai le cœur qui bat à vive allure et je suis pétrifiée par ce que ces hommes pourraient me faire endurer. Je ne veux pas mourir après de longues heures de torture et d'agonie. Je ne le supporterais pas. En même temps, je ne crois pas que quelqu'un ait pensé un jour : « Oh chouette, je vais me faire martyriser et mourir dans d'atroces souffrances. »
J'essaye de garder la tête froide, mais j'ai juste envie de pleurer comme un bébé et de les supplier de me relâcher. Je suis tétanisée. Je n'arrive toujours pas à ouvrir les yeux ni à parler. Je suis tel un escargot qui se cache dans sa coquille. Je continue de dormir pour de faux, bloquée dans une sorte de léthargie paralysante. J'entends tout, mais n'interagis pas. L'instinct de survie, sans doute. Quand certains vont lutter comme des chiens enragés, moi j'imite l'opossum en faisant style d'être déjà morte.
Pour tenir le coup, mes pensées partent se réfugier loin de cette chaise à laquelle je suis attachée, dans l'un de mes derniers souvenirs auprès de James...
***
C'était ce matin. Encore au lit, James venait de me réveiller avec des dizaines de mini baisers tout doux, déposés un peu partout sur mon cou et mon visage.
— Bonjour, ma magnifique poupée russe.
— Pff, tu n'arrêteras donc jamais avec ce satané pseudo, hein ?
— Jamais, m'a-t-il susurré à l'oreille, pressant son sexe dur contre mes fesses.
— Roh, arrêteuh, me suis-je exclamée en me retournant pour lui faire face. Dis-moi, James, je suis en train de repenser à ta façon d'avoir débarqué dans ma vie le soir où j'étais au Platine en train de danser avec Simon. Est-ce que c'est vrai cette histoire avec Jo ou est-ce que tu m'as menti pour que j'aie peur et que tu puisses ainsi directement emménager chez moi ?
— Hum, tu veux que je sois franc avec toi ?
— Non, non, je préfère que tu me mentes.
— Euh ?
Je lui ai donné une petite pichenette sur le front.
— Mais aïe !
— Bien sûr que je veux que tu sois franc avec moi, lui ai-je répondu en fronçant les sourcils.
Il a pris le temps de réfléchir quelques secondes avant de parler.
— Je crois que c'est 50/50. Je connais Jo depuis vingt ans, et ce mec est vraiment craignos. Je pense sincèrement qu'il essayera de se venger tôt ou tard, ce n'est pas le genre d'homme à passer l'éponge. Ou sinon pour nettoyer la mare de sang qu'il laisse derrière lui.
Je déglutis en visualisant la scène.
— Et l'autre 50 ?
Il s'est raclé la gorge, un peu gêné.
— Te voir avec ce gars m'a rendu fou et je ne m'en suis jamais caché. Je... Comment t'expliquer ça sans paraître trop macho. J'ai eu besoin de montrer à tes amis charognards que j'étais là et que tu étais à moi, que c'était sérieux entre nous.
— Je t'arrête tout de suite, c'est hyper macho.
— Laisse-moi finir, Prune. Tu es pénible à me couper la parole sans arrêt.
— En même temps, si tu ne disais pas autant d'aberrations, ai-je dit en roulant des yeux.
— J'avais aussi envie d'emménager chez toi pour ne plus avoir à te quitter. Ces trois mois sans toi, à te surveiller de loin, m'ont rendu malade. Tu me manquais... Je n'ai jamais ressenti ça de ma vie, avec personne. Le soir au Platine, je ne voulais pas juste te faire l'amour et rentrer chez mon contact jusqu'au prochain rendez-vous que tu voudrais bien me donner. Je voulais apprendre à te connaître, à te connaître vraiment, sans plus attendre. Je voulais rester auprès de toi.
Ses mots étaient émouvants, mais improbables aussi. Je n'aurais jamais imaginé James me sortir ce genre de déclaration. Sauf que chassez le naturel, il revient au galop. L'instant d'après, il m'a grimpé dessus en esquissant son fameux petit sourire en coin.
— Assez de blabla, j'ai envie de toi. C'est aussi pour ça que je voulais emménager ici. Pour pouvoir te baiser à ma guise, matin et soir.
***
J'entends soudain une voix qui me ramène brutalement à la réalité :
— Hé Jo, regarde, cette folle est en train de sourire.
Une réalité terrifiante, glaçante, sombre et humide.
J'ai si froid, putain. Si peur aussi. Je crois que ce que j'ai vécu dans la maison abandonnée de James n'est rien comparé à ce qui m'attend ici, avec Jo, le frère jumeau du mec qui a essayé de me violer. Mais merde, je ne suis qu'une comptable parisienne qui bosse trente-cinq heures par semaine chez Store Industrie moi, je n'ai jamais été préparée pour vivre un remake de Saw !.
Soudain, un téléphone se met à sonner juste à côté. Je n'ouvrirai pas les yeux. Hors de question ! Ce serait sauter à pieds joints dans mon futur cercueil. Je dois continuer à ignorer mes kidnappeurs, et jouer les nanas trop shootées pour se réveiller.
— Ouais allô ? dit Jo en décrochant. Non, sans déconner ?... OK... Ouais... Parfait ça... OK... Ouais, à plus tard, bye.
Je serre fort les paupières, c'est tellement tentant de découvrir à quoi ce dégénéré ressemble.
— Bon les gars, on a un truc à gérer là, ça urge, donc vous savez quoi, on va se comporter en gentlemen pour une fois et laisser la belle au bois dormant finir son petit roupillon. On reviendra plus tard avec les bons arguments pour la faire parler.
Je frissonne. Ses connards d'acolytes se marrent. Puis, j'entends leurs pas remonter dans les escaliers... Suis-je enfin seule ? Je hume l'air ambiant. L'odeur des ordures a semble-t-il disparu. Mais je ne prendrai pas le risque d'ouvrir les yeux et préfère me réfugier à nouveau dans mes pensées en espérant que quelqu'un puisse me venir en aide, par pitié...
A suivre...
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