23 Présentations
Chapitre 23 : Présentations
Je m'étouffe avec ma propre salive. Il me tapote le dos, hilare.
— Eh beh, respire mon ange.
— Chez... chez moi, tu vas vivre chez moi ? Ici, tu veux dire ? Dans mon appartement ? Avec moi ?
— Oui, j'y ai bien réfléchi. À la base, je trouvais plus prudent qu'on ne nous voie pas ensemble, que Jo ne me repère pas, mais vu mon fiasco d'hier et maintenant que tu sais que je suis dans les parages, ce sera finalement plus facile pour te protéger en restant avec toi plutôt que de te surveiller de loin. Et puis, ça évitera à ton copain Simon ou tout autre mâle pervers d'empiéter sur mes plates-bandes.
— Super, je suis une plate-bande maintenant. Merci pour cette déclaration qui me fait chaud au cœur. Et puis, Simon n'est pas un pervers. Il est vraiment sympa. Tu le saurais si tu apprenais à le connaî...
— Il est gay ? me coupe-t-il.
— Pardon ?
— Est-ce que Simon suce autre chose que des glaçons ?
— Roh, t'es con. Non, Simon est hétéro. Enfin, sa dernière relation était avec une femme, que je sache.
— Si ton pote est hétéro, alors c'est un pervers. Et il n'a plus intérêt à te mater ou te tripoter.
Je me lève, hyper contrariée.
— Mais il ne m'a ô grand jamais tripoté ni maté, tu fabules complet.
— Te voilà prévenue, point final.
— Point final ? Pardon ? m'exaspéré-je. T'es sérieux, là ?
— À ton avis ?
Il a la tête d'un commandant en chef en plein entraînement à l'armée. Il a cru que je serais un bon petit soldat ou quoi ?
— Bon, tu me saoules trop là, on ne peut pas parler avec toi, ça ne sert à rien.
— Très bien, donc le sujet est clos.
J'en rajoute une couche :
— Il est clos si je veux d'abord !
Non, mais. ! James serait trop content si j'abdiquais aussi vite. Il a vraiment besoin que quelqu'un le remette à sa place, le recadre quand il sort des âneries pareilles. Je ne me tairai jamais en face de lui. En face de personne d'ailleurs. Sauf peut-être Jérôme, mon boss, mais tout dépend le contexte.
Je dirai toujours ce que je pense à James, que ça lui plaise ou non.
Et pile au moment où les choses allaient encore dégénérer entre nous, quelqu'un sonne à la porte. James se décompose. Je tends l'oreille en attendant un peu avant d'aller voir. Un dimanche après-midi, ça sent la visite des témoins de Jéhovah.
— Prune, c'est Clem, t'as intérêt à m'ouvrir, et fissa. Simon vient de m'annoncer que t'avais un mec et que ce mec dont j'ignore totalement l'existence était venu te chercher hier au Platine. Prune, c'est quoi cette histoire ? Ouvre-moi, tout de suite !
Je hausse les épaules en me tournant vers James, toujours assis dans le canapé.
— Tiens donc, la fameuse Clémentine, chuchote-t-il.
— Mais c'est la merde, elle va forcément te reconnaître, stressé-je en me rongeant un ongle.
— Prune, je sais que tu es là, ça sent le café depuis le couloir, tu ne m'auras pas.
— Et alors quoi ? Pourquoi on ne pourrait pas s'être revus ? Après tout, pour elle, ce n'est pas moi qui t'aie enlevée, mais cette enflure de Jerem, m'expose James.
— Hum... oui, c'est vrai. M'enfin c'est un peu bizarre quand même...
— Prune, je te préviens, je vais camper là, assise sur ton paillasson jusqu'à ce que tu te décides à m'expliquer cette histoire de mec. Je suis même capable de planter la tente et de griller des chamallows en attendant ! poursuit ma meilleure amie, prête pour le siège de Troie.
Lorsque je lui ouvre enfin la porte, elle me contourne et fonce droit vers le salon, comme si elle savait déjà que James était là. Je lui emboîte le pas, en panique totale.
— Euh, James, je te présente Clémentine, Clémentine, je te présente James. Voilà, voilà. Tu veux un café, un thé, un gâteau sec qui t'empêche de parler ?
— Enchantée, James, dit-elle en souriant.
Elle le dévisage longuement en plissant les yeux.
— Mais je vous connais ! V, vous êtes le rencard de Prune, celui de Xinder, juste avant qu'elle ne soit enl...
Je fais mine de m'agacer pour essayer de noyer le poisson :
— Clémentine, c'est bon, s'il te plaîit, tu m'as promis de ne plus parler de ça.
Ça ne marche pas. Ma meilleure amie se prend maintenant pour l'inspecteur Columbo et continue son interrogatoire.
— Mais pourquoi tu ne m'avais pas dit que vous vous étiez revus ?
— Ben parce que c'est tout frais, tout récent.
Elle croise les bras en nous adressant un regard circonspect.
— Hum, depuis quand ?
— Trois jours.
— Une semaine.
Erreur de débutants. James et moi avons répondu deux trucs différents en même temps. Eth merde. Clémentine arque un sourcil. Elle a repéré l'embrouille. Elle ne va pas tarder à sortir les menottes.
— Hein ? Comment ça ? Trois jours ou une semaine ? Il faut savoir.
Discrètement, j'intime à James de se taire et de ne plus répondre à ma place, mais comme toujours, il n'en fait qu'à sa tête, et au moment où j'allais sortir une explication plausible dont j'étais plutôt satisfaite, le bougre me coupe la parole.
— Trois jours qu'on a baisés, une semaine qu'on s'est recontactés.
Mes yeux sont ronds comme des billes. Il a osé ? Je ne sais plus où me mettre, quelle honte !.
— Bon Clem, tu veux un café, oui ou non ? insisté-je pour qu'elle arrête enfin avec ses questions.
— Hum, oui, avec plaisir, c'est gentil. Celui du Pérou, pas celui d'Éthiopie, il me file des aigreurs d'estomac, figure-toi.
— Ah merde ! Peut-être parce qu'il est un peu plus fort en goût..., m'exclamé-je.
Je vais dans la cuisine qui heureusement est ouverte sur le salon. Je mets une capsule dans la machine. Je dois attendre que le bouton passe au vert avant de pouvoir appuyer dessus. Clémentine s'est assise en face de James, dans mon fauteuil en osier. Je les guette depuis l'autre côté du bar. Je dois trouver un sujet de conversation, et vite.
— Alors, tu as dormi chez Julien hier soir ou pas ? Ça a l'air cool entre vous. C'est sérieux, non ? J'ai un peu papoté avec lui au Platine, tu lui plais vraiment.
Dans le mille. Elle ne peut alors s'empêcher de sourire.
— Oui, il me plaîit beaucoup aussi. Et d'ailleurs, à ce propos, on veut partir à la montagne pendant les vacances de Pâques. Ça te dirait de venir avec nous ? On irait en camping, on louerait un chalet.
Je lui donne sa tasse de café.
— Où ça en montagne, dans les Alpes ?
— Ouais, je pense.
— Mais pourquoi vous n'y allez pas tous les deux, en amoureux ?
Elle glousse.
— Pff, en amoureux, tout de suite les grands mots !. Non, mais on voulait organiser un truc entre potes plutôt. Y aura Simon et Vincent. Et Julien invite aussi deux amis à lui.
— Et sinon, vous comptez organiser un gang bang autour du feu de camp ? intervient James, contrarié.
Je crois m'étrangler.
— Pardon ? s'insurge ma meilleure amie, choquée.
— Hors de question que tu y ailles, Prune.
— Pardon ? répète Clémentine. Mais euh, il plaisante ton mec là ou il est sérieux ?
— Hahaha, c'est de l'humour bien sûr, réponds-je.
— Non, ajoute James, laconique.
— Bon, Clem, bois ton café. J'aurais trop voulu continuer à papoter avec toi hein, mais je vois l'heure tourner là, et tu connais ma mère, si je n'y vais pas chaque dimanche pour le goûter, elle me harcèle le reste de la semaine après, c'est chiant.
— Mais tu m'as dit hier que tu n'y allais pas pour une fois ? Que tu en avais marre du goûter du dimanche !
— Oui, enfin, ça, c'était avant qu'elle ne m'appelle ce matin pour me prévenir qu'elle avait cuisiné un clafoutis exprès pour moi. À la cerise !
— Ah, euh, OK... C'est vrai que les clafoutis de ta mère sont super bons. Et James, tu y vas avec elle ?
J'explose de rire. Comme si James était le genre d'homme que l'on avait envie de présenter à ses parents. Quoiqu'à seize ans, lorsque j'étais en pleine rébellion, ça il aurait été l'arme parfaite par contre.
— Non, non, il va rentrer chez lui, n'est-ce pas, mon chéri ?
— Mon chéri ? répète James, dubitatif.
— Bon, eh bien, ma Prune, à mercredi alors pour notre séance hebdomadaire d'aqua-yoga.
Elle va poser sa tasse de café vide dans l'évier avant de venir déposer un gros bisou sur ma joue. Elle s'avance ensuite vers James pour lui faire la bise.
— Peut-être à bientôt, James, ravie de t'avoir rencontré. Enfin... je crois, haha.
— Ouais, ravi aussi. Bon dimanche.
J'accompagne Clémentine jusqu'à ma porte tandis que James est resté dans le salon. Clémentine en profite par m'attraper par le col de ma veste pour rapprocher sa bouche de mon oreille.
— Il est un peu space ton nouveau mec, non ?
Je me fige et ne sais pas quoi lui répondre.
— Bon OK, je me tais, t'es une grande fille. Bon clafoutis, pique m'en une part pour mercredi, à plus tard poulette.
Elle disparaît dans les escaliers.
A suivre
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