Scène 4: Bien entendu, Monsieur.
On the river I'm falling in
On the water I'm diving in
To the ocean a thousand black water lilies
【Black water lilies➸Aurora】
❂
- Tu as passé une bonne nuit, Haewon ? J'espère que le lit te convenait. Le matelas n'était pas dur, n'est-ce pas ? Tu n'as pas eu froid ? N'hésite pas à me demander une seconde couverture si tu en as besoin, tu es ici chez toi. Déclara Madame tout en étant occupée à ranger les quelques bouteilles de lait que le livreur déposait, chaque matin, devant leur grande porte blindée.
Pourtant, dès qu'elle sentit une présence nouvelle dans la pièce servant de garde-manger, Madame n'eut pas besoin de se retourner ni d'entendre ta voix pour te confondre. Peut-être que ton odeur naturelle mêlée à celle du savon au citron t'avait trahie, ou bien était-ce ta démarche légère, aisément distinguable des pas lourds appartenant à l'autre occupant de la maison ?
- Oui, Madame. Rapportas-tu comme à ton habitude.
Il est vrai que tu avais curieusement passé une nuit fort convenable. Tu ne t'étais ni réveillée au beau milieu de celle-ci ni fait d'horrible cauchemar. Non vraiment, ce fut un sommeil placé sous silence.
- Tu m'en voies ravie. Va donc préparer la tenue de Baekhyun au lieu de rester là à ne rien faire.
- Bien, Madame. Soupiras-tu silencieusement.
Là encore tes paroles furent précédées par ton habituel inclination, et Madame n'avait pas à vérifier pour être au courant de ton éclipse, pourtant ton parfum citronné, lui, refusa de s'évanouir et continua d'embaumer la cuisine en étourdissant Madame.
❂
Comme c'était drôle de découvrir une suite à l'image de sa propriétaire.
Comme Madame, la pièce était raffinée, charmante, romantique, voire immodérément théâtrale. Face à la baie vitrée donnant sur le balcon et l'immortelle ville de Séoul, on trouvait un large lit comme recouvert de fines feuilles d'or. Ce dernier était notamment enveloppé d'une fine couverture blanche et de quelques pétales de fleurs formant ingénument un cœur, d'un rouge te rappelant une scène jouée quelques années plus tôt. Tu levas les yeux face à l'immonde bêtise des hommes. Était-ce un futile moyen pour Madame d'exprimer son amour à son époux ? Avait-elle peur qu'ils oublient l'affection qu'ils avaient l'un pour l'autre, ou était-ce juste une manière pour elle de laisser libre court à son romantisme.
L'amour, selon toi, oui le grand amour était cette chose abstraite, insaisissable mais pourtant bien présente dans les yeux des tourmentés. Nul besoin d'agir de la sorte en tombant amoureux, nul besoin de crier que l'on aime sur tous les toits, nul besoin de révéler au grand monde son bonheur alors qu'on pouvait tout bonnement le partager à deux, nul besoin de placarder sur tous les murs des clichés prouvant que l'on est chéri, et surtout, nul besoin de marquer son territoire.
Autour de la pièce et entre les meubles, tu aperçus tout naturellement ces portraits de mariage avec leurs sourires figés, comme s'il était admis de figer le temps et le bonheur qui allait avec.
Tu ne t'en doutais pas encore mais comme la beauté des pétales rouges, le bonheur était lui-aussi éphémère dans cette maison.
Tu laissas ensuite tes doigts effleurer délicatement l'un des fauteuils Louis XV qui se trouvait, tel un trône, au milieu de cette chambre, tout en t'autorisant à marcher sur le tapis turc qui décorait, à son tour, la pièce.
Enfin, sans t'attarder sur la porte entrouverte de la salle de bains, tes yeux découvrirent deux grandes portes au fond de la pièce. Comme ton imagination l'avait souhaité, l'une d'elles donnait sur le dressing de Monsieur, et l'autre sur celui de Madame.
Pénétrant dans celui du chef de la maison, tu restas ébahie face à la quantité pharamineuse des vêtements impeccablement repassés, pliés et rangés. Celui de Monsieur était principalement composé de costumes tout aussi élégants les uns que les autres. Comment Monsieur parvenait-il, jusque-là, à faire un choix, tous les matins, entre tous ces beaux vêtements, sans bien sûr arriver en retard au travail ?
Toi, tu n'avais que quelques robes, un tablier et des chaussures usées, et pourtant, jamais on ne t'entendait t'en plaindre. Néanmoins la curiosité, vicieuse, réussit à s'ancrer dans ton cœur et tu te surpris à te diriger vers le dressing de Madame. Tu t'imaginas alors vêtue d'une belle robe noire en satin, accompagnée d'un collier de perles—non mieux encore ! Une robe en dentelle, aussi blanche qu'un nuage sous un ciel bleu, avec son diadème fait d'or blanc et de saphirs, ainsi qu'une—
- Tu fais quoi ici ?
Comme surprise en train de voler, tu sursautas avant de lâcher un petit cri de frayeur. Attrapant ton cœur subitement malade, tu te retournas face à cette apparition, et découvrit, sans surprise, Monsieur se tenant élégamment contre la porte du dressing.
- Je—Madame Taeyeon m'a demandé de préparer votre tenue. Bafouillas-tu non sans difficulté.
L'intéressé finit par hocher la tête après avoir longuement promené son regard sur l'actuel dressing où tu te trouvais. Honteuse, tu baissas la tête en te répétant que même rêver t'était injustement interdit.
Te faisant un signe de la main, il quitta le dressing de Madame pour se diriger vers le sien. Farfouillant entre ses chemises, il t'adressa d'une voix pleine de dédain : « Sais-tu au moins faire la différence entre les différentes matières ? ».
Le visage déconfit, tu le regardas en tâchant de cacher cette nouvelle blessure portée par ce coup arbitraire. Il est vrai que tu n'avais pas fait d'études, ni appris à lire, mais grâce à la défunte miss Byun et à ton travail de longues années tu en connaissais des choses. Il est vrai que ce dernier n'était pas très gratifiant mais ton expérience te donnait tout de même une once de fierté.
Celle-ci venait tout juste de voler en éclats.
- Bien entendu, Monsieur.
Monsieur arrêta les gestes abusifs de sa main en quête d'une chemise, avant de se retourner vers toi. Et pendant un instant, tu crûs voir un petit sourire sur son céleste visage, mais ses yeux noirs et leur indifférence totale à ton égard réussirent vite à t'en dissuader.
- Alors dis-moi quelle est la différence entre le lin et la ramie. Demanda-t-il avant de croiser les bras.
Serrant les dents, et tentant vainement de te retenir de lever les yeux au ciel, tu déclaras : « Vu que les deux fibres se ressemblent visuellement, on les confond souvent. Mais, alors que la ramie est résistante et brillante, le lin est une matière absorbante qui donne des tissus frais et d'une grande fine—
- Les matières les plus nobles selon toi. Te coupa Monsieur comme si de rien n'était.
- L'Alpaga, le cachemire, la soie et la viscose, Monsieur. Tu récitas admirablement ton texte.
- Bien, comment reconnait-on la viscose ?
- Visuellement, elle a un aspect soyeux, un toucher fluide et léger ainsi qu'un magnifique tombé.
Monsieur cherchait bel et bien à te tendre un piège, mais têtue comme tu étais, tu t'obstinais à ton tour à vouloir lui prouver ce dont tu étais réellement capable.
- Comment l'entretient-on ?
- Il faut veiller à laver le vêtement sans que la température de l'eau n'excède les 40 C°.
Un silence satisfaisant finit alors par te répondre, et plus drôle encore, le regard de Monsieur à ton égard avait légèrement changé. Sous son indifférence, il y avait bel et bien autre chose, mais pour l'instant tu ne pus ni la dévoiler ni la saisir.
- J'ai une réunion dans une heure. Annonça-t-il enfin avant de te quitter, et cette fois tu réussis à capturer son sourire au coin des lèvres.
Monsieur t'autorisait à choisir ses vêtements, et tu ne pus t'empêcher de sourire fièrement à cette nouvelle et simple victoire.
†
A/N : Je vais tâcher de publier tous les jours, à moins que je n'ai un empêchement.
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