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Scène 13 : Monsieur fuyait




I'm thankful for just the fact that you came into my life

I don't even know if I can receive this undeserved love.

I already knowPhantom


  ❂ 



Tu frémissais de froid.

La pluie s'était abattue sur toi ce jour-là telle une tempête. On aurait crû que même le ciel s'acharnait à déverser son courroux sur toi.

Ta liberté entre les mains, tes pieds te guidaient, au milieu de ce déluge, entre les arbres morts et les rues sans vies, vers un lieu qui t'était encore inconnu.

Tu ne savais pas où aller, tu savais juste qu'il fallait que tu t'en ailles loin de cet endroit et vite.

Tu t'étais enfin décidée à prendre ton courage à deux mains et fuir.

Pour la plupart, fuir était aux antipodes du courage, mais qu'importe ce que les autres pensent, il te fallait survivre.

S'échapper d'un homme alcoolique, qui avait décidé de mettre un bonne fois pour toute fin à sa vie, et par la même occasion détruire la tienne,  était un risque à prendre.

Et tu le fis. Ne regrettant rien, tu abandonnas, à ton tour, un père abusif qui n'avait en fin de compte rien d'un père.

L'argent l'intéressait, l'alcool et une bonne l'intéressaient.

Mais une fille ? Jamais.

C'était   donc trempée jusqu'aux os, avec les jambes toutes écorchées et le souffle coupée que tu sonnas à une porte, choix du hasard.

Aucune réponse.

Tu  sentais tes forces graduellement te quitter, il ne te restait plus beaucoup de temps avant de t'effondrer.

La porte s'ouvrit enfin et la faible lumière, qui émanait de l'intérieur,éclaira un visage inquiet.

Ils'agissait d'un homme.

Dans tes souvenirs, cet homme avait recueilli,dans ses bras, ton corps à moitié sans vie pour l'attirer vers l'intérieur, vers lui, là où il y avait de la vie.

Et surprenante chose, ce même homme était aujourd'hui en train de t'embrasser fiévreusement.

Ses mains tenaient fermement ton visage et ses lèvres s'étaient déposées précipitamment contre les tiennes. Ton corps était froid, glacial, comme dans tes souvenirs, et ses lèvres étaient chaudes comme ses bras l'avaient longuement été.

Prise d'une soudaine révélation,  tu enveloppas son cou de tes deux mains et l'attira davantage vers toi. Ta douleur au poignet vite oubliée, tu t'empressas de suivre ton instinct en collant davantage tes lèvres aux siennes.  Ta démarche soudaine le surprit et il répondit alors en caressant de sa langue tes lèvres légèrement entrouvertes. Comprenant sa demande, tu ouvris sans attendre la bouche lui laissant ainsi l'opportunité d'en faire ce qu'il voulait. Tu n'avais jamais embrassé qui que ce soit, et Monsieur l'avait très vite compris, car aussitôt sa langue commença à découvrir tous les coins de ta bouche, comme s'il cherchait à clamer un territoire qui lui était destiné.

Tu finis, après une éternité, par détacher tes lèvres des siennes, le souffle coupé et la poitrine serrée.

Tenant encore ton visage entre ses deux mains, Monsieur reprît lentement sa respiration. Tu vis une lueur rapidement traverser ses yeux puis la réalité de l'instant le saisit. Avant que tu ne baisses les yeux et ne t'éloignes davantage,  tu aperçus quelque chose d'autre se dessiner sur son visage. Tu aurais voulu démentir cela en prétendant qu'il s'agissait seulement du fruit de ton imagination débordante, mais non, ils'agissait bel et bien du regret et du dégoût.

Alors que tu venais enfin de prendre conscience de tes sentiments,longtemps enfouis pour Byun Baekhyun,  ce dernier ne ressentit, quant à lui, que de la répulsion à ton égard.

Et il s'enfuit comme toi tu le fis auparavant.





Contrairement à ce que tu pouvais penser, Baekhyun n' était pas répugné par son acte mais plutôt effrayé.

Après avoir quitté la pièce en trombe, il se dirigea, presque en courant, vers la salle de bains.

Affolé, il ouvrit le robinet et laissa l'eau froide couler. Il regarda l'eau pure remplir progressivement la baignoire en se mordant les doigts.  Ce n'était pas dans ses habitudes de réagir ainsi à une situation inhabituelle, et pourtant le trentenaire avait peur.

Encore habillé, il plaça tout son corps dans la baignoire et tenta désespérément  de se défaire de la culpabilité. Il finit alors par laisser ce sentiment le submerger comme l'eau froide le faisait si bien. Il n'y avait rien à faire, car même en se lavant mille fois, il ne pourra jamais ôter cette étiquette de traître collé sur son front.

Pourtant,  pour Baekhyun il semblait impossible de trahir quelqu'un, il n'était pas comme lui.

Il ne voulait pas être comme lui.

Mais c'était exactement ce que l'homme marié venait de faire.

Il venait de trahir Taeyeon, comme il t'avait trahi autrefois.





La semaine qui suivit donna lieu à un tout autre Baekhyun, à quelqu'un qui ne t'adressait ni mot ni regard.

A ses yeux, tu n'existais plus et c'était mieux ainsi, tu te disais, tentant de te convaincre.

Il quittait la pièce une fois que tu y pénétrais, il ne prenait jamais le verre que tu lui tendais, il se couchait et se réveillait toujours avant toi, de peur peut-être de te croiser.

Et enfin, il ne s'approchait plus de ta chambre. Il gardait toujours une bonne distance  et s'efforçait de ne jamais devoir passer devant celle-ci.

On aurait dit qu'il se méfiait du diable, et au fond tu partageais son avis. Tu étais maintenant convaincue d'être l'incarnation du mal, voilà pourquoi le ciel s'acharnait autant à te rendre malheureuse. Car, qui pouvait bien aimer l'homme d'une autre ?

C'est mieux ainsi. C'est mieux ainsi. C'est mi--

Plus les jours défilaient et plus un vide méconnu s'installait dans ta poitrine. Il prenait de jour en jour de place et de nuit en nuit des larmes silencieuses.

Tu t'habituas presque à cette routine jusqu'au jour ( à dire vrai, neuf jours après l'incident) où Monsieur annonça, en guise de cadeau de mariage, son voyage à Milan avec Madame.


C'était officiel, Monsieur fuyait.

  † 

A/N : Pas corrigé

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