Scène 11: tu devrais sourire plus souvent.
Under a dark star
That's where you and I
And you and I belong.
Under a night sky
That's where you and I
And you and I can fly.
【Dark star➸Marina Kaye】
❂
- Tu dors ?
La flamboyante lune, seule source de lumière, parvenait péniblement à éclairer la stupeur sur ton visage. Tenant fermement ton drap recouvrant tes jambes nues, tu avais la mine comme frigorifiée, les yeux écarquillés, et tes cheveux, détachés, semblaient comme dégringoler sur tes frêles épaules. Et Monsieur, malgré cette jolie scène formant un tableau pain à minuit, osait tout de même poser cette absurde question.
- Que voulez-vous ? Tu demandas fermement, te ressaisissant rapidement et chassant, par la même occasion, le sommeil qui menaçait plus tôt de t'emporter.
- Tu es réveillée ?
- Un aveugle peut voir ça. Soupiras-tu, tout bas.
- T'as dit quoi ? Éleva alors Monsieur la voix en te regardant, incrédule.
Ta bouche venait encore une fois de te trahir, et tu ne pus alors que baisser la tête, en signe de faiblesse.
- On n'a pas beaucoup de temps devant nous, lève-toi. T'ordonna-t-il, après avoir humé avec satisfaction.
Ne te voyant pas bouger, Monsieur soupira hautement avant de se passer la main dans les cheveux et de t'adresser une nouvelle fois : « Dépêche-toi, je t'ai dit qu'on n'avait pas de temps ».
Et à ces mots jetés dans l'air comme avec précipitation, Monsieur saisit, de la même manière, l'unique chaise dans la pièce avant de la rapprocher de ton lit. Se servant du meuble comme d'une table, il s'assit alors devant celle-ci, à même le sol.
Monsieur finit par se retourner vers toi et sans même qu'il n'ait à prononcer un mot de plus, tu sentis tes jambes prendre vie et se poster devant lui.
Ouvrant le livre qu'il avait plus tôt devant la main, Monsieur, d'un geste de la main, t'ordonna d'approcher davantage.
- Le roi Taejong avait dit qu'un idiot pouvait apprendre à lire en trois jours, et un homme intelligent en seulement trois heures. On verra bien si tu es intelligente ou pas.
Soupirant alors, non sans lever les yeux au ciel, tu répondis : « Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas-
- Et moi je t'ai dit de ne pas discuter. Plus vite on aura commencé et plus vite on aura fini. Te coupa-t-il alors, voulant mettre fin une bonne fois pour toute à la discussion.
- Pourquoi voulez-vous autant que j'apprenne à lire ? Tu demandas à ton tour, cette fois laissant ta curiosité s'exprimer.
Ces derniers jours, Monsieur semblait si fatigué et pourtant il était là à vouloir t'aider, à t'instruire par tous les moyens. Alors que cet homme ne daignait pas même t'adresser un regard, il pénétrait maintenant dans ta modeste pièce, sans y être autorisé. A vrai dire, plus les jours passaient et plus cet homme prenait une place grossissante, voire inquiétante.
- Juste fais ce que je te demande, Haewon. Implora-t-il enfin d'une voix si exténuée que tu ne pus qu'acquiescer involontairement.
Pour la première fois, tu écoutais attentivement les mots prononcés par Monsieur, tu ingurgitais toutes ses paroles. Tout semblait si clair et si logique qu'au fur et à mesure que la leçon avançait tu avais pour impression de déceler, de saisir une partie de ce monde que tu n'avais jamais connu. Et pour la première fois encore, tu semblais porter de l'intérêt pour ce que tu faisais. Les lettres étaient si belles et correspondaient parfaitement au son qu'elle transcrivait. Tu venais même à te demander pourquoi tu t'étais longtemps privée d'une si grande félicité. Tu étais enfin en possession d'un but, apprendre mais oh comme tu avais du chemin à faire. Tu étais si attentive à ce que tu faisais que tu ne sentis pas le regard de Monsieur sur toi. Il te regardait t'appliquer sans rien dire et doucement un sourire se dessinait sur ses lèvres.
Tu ne t'embêtais même plus à remettre tes mèches de cheveux en place tant tu étais concentré avec tes lettres tracées au crayon.
Ce même objet s'échappa soudainement de tes doigts lorsque tu sentis la main de Monsieur attraper une de ses mèches rebelles et la coincer derrière ton oreille.
Figée, tu n'osas prononcer un mot et, au lieu de ça, tu permis au rouge d'empourprer graduellement tes joues. Pendant ce temps, Monsieur tentait vainement d'éviter ton regard et de ne pas faire attention à la soudaine tension qu'il venait lui-même de créer. Les quelques secondes de silence parurent si longues et désagréables au point de forcer Monsieur à y mettre maladroitement un terme.
- Tu-tu apprends vite.
A ses mots, tu ne pus t'abstenir de lui offrir un large sourire avant de hocher la tête.
Ce sourire-là, oui ce sourire radieux lui parvint alors telle une violente gifle mais Monsieur fit mine de ne rien laisser paraître.
- Tu devrais sourire plus souvent. T'avoua-t-il une seconde fois ce soir-là.
- Vous devriez faire de même alors. Répondis-tu avant de t'esclaffer face à ce visage feignant d'être offusqué.
Au beau milieu de la nuit, on pouvait clairement discerner vos rires...ainsi que de menaçants bruits de pas.
Et au moment où vos rires s'évanouirent, les bruits étrangers firent de même.
Concernant ces derniers, tu te demandas si ce n'était pas juste le fruit de ton imagination, mais à voir le visage crispé de Monsieur, ce n'était certainement pas le cas.
Et pourtant, un autre bruit perturba le silence nocturne...
L'embarras prît alors le dessus lorsqu'on entendit ton ventre réclamant vigoureusement son dû. Ses bruits eurent au moins l'effet de faire rire à nouveau Monsieur.
- Continue d'apprendre, je vais te chercher quelque chose. Annonça-t-il alors avant de quitter rapidement la pièce.
A vrai dire, tu n'avais pas touché à une seule miette de pain depuis le repas en compagnie de Monsieur, seule la remémoration de ce moment te fit sourire une nouvelle fois et dissipa ton embarras. Monsieur allait même te préparer quelque chose à manger ! Pour la première fois encore, tu étais non pas celle qui servait mais celle qui, par un autre, était servie. Et quelle agréable sensation que celle de savoir que quelqu'un s'occupe de nous, même pour une courte durée ! A vrai dire, depuis que tu vivais chez les Byun, Monsieur introduisait de nombreuses « première fois » dans ton monde et sans ton accord...mais sans aucune réticence non plus.
- Je peux en faire plus, si tu en as besoin. Dit l'homme en question après avoir refermé la porte.
Tes yeux jaillirent aussitôt lorsqu'ils découvrirent une assiette avec deux tranches de pain beurrées entre ses mains.
- Je m'attendais à tout...sauf à ça. Lui adressas-tu, stupéfaite.
- Pour ma défense, je n'ai jamais cuisiné. Tu as toi-même placé la barre trop haute.
- Je vais me contenter de ça, c'est déjà beaucoup. Tu dis en lui offrant une nouvelle fois un sourire.
Monsieur finit par reprendre sa leçon et le temps, comme pressé, galopa si vite au point de laisser le sommeil t'envahir sans même t'en rendre compte.
❂
Le réveil du lendemain te sembla curieusement difficile.
Seule dans la petite pièce blanche, tu te retrouvas couchée dans ton lit avec les draps couvrant parfaitement chaque parcelle de ton corps.
L'absence de Monsieur et ta présence dans ce lit te fit dès lors douter de l'étrange épisode de la veille.
Monsieur t'avait-il portée ou plutôt traînée jusque-là ? Ou n'était-ce pas plutôt un rêve ?
Levant les yeux au ciel, tu te levas à ton tour en te disant que la dernière proposition était largement plus convaincante.
Pourtant, le cœur lourd et les pas traînants jusqu'au séjour, tu découvris sur la table, une curieuse carte avec les inscriptions d'un nom qui ne t'était pas inconnue.
La saisissant du bout des doigts, tu pus y lire :
Jongin et ------
Ont la joie de vous faire part de leur
mariage qui sera célébré ce 12 juin
en la cathédrale de Jeondong.
A l'issue de la cérémonie, les familles
auront le plaisir de vous accueillir pour
un vin d'honneur servi à la salle des fêtes de Gangnam-gu.
L'événement de la veille n'était définitivement pas un rêve.
†
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