Chapitre 2
C'est fou comme le temps est relatif. Une minute peut durer une éternité comme en un battement de cil, alors que fondamentalement, une minute reste une minute. Le temps passé reste le même.
Pourtant, en cet instant, le temps semble s'arrêter en même temps que mon souffle se coupe.
La vidéo dure seulement une demie-minute, sans son, et pourtant chaque seconde paraît interminable. La qualité n'est pas excellente, mais je reconnaît sans mal la chambre dans laquelle je me trouve dans une semi-pénombre, ce qui ne fait qu'empirer mon malaise.
L'angle de la vidéo est en plein sur le lit, sur lequel il n'est pas difficile de distinguer deux hommes en plein acte sexuel. Et je manque de m'étrangler quand je me reconnais en dessous de... Felix ?
Je cligne des yeux plusieurs fois, abasourdi. Non, non, non, j'ai pas pu faire ça, ça n'a aucun sens. L'incompréhension et le mal-être enflent dans ma poitrine aussi vite que le nombre de vues sous la vidéo. Une bouffée de chaleur due à l'angoisse me traverse, et ma respiration deviens plus chaotique encore.
« Oh non putain c'est pas vrai, j'ai pas fais ça, dites moi que c'est une blague » je sors dans un souffle paniqué.
Avec précipitation, je quitte la vidéo, ne pouvant soutenir la vision de cette scène plus longtemps. Mes yeux se posent alors sur un message de notre compte posté il y a une dizaine de minute, et mes mains se mettent à trembler.
<>
[Felix]
Je suppose que beaucoup d'entre vous ont déjà vu la vidéo, et que beaucoup d'autre en entendront parler. Nous ne savons pas qui l'a posté, ni dans quel but, mais nous faisons tout notre possible pour la supprimer le plus vite possible.
Je souhaitais déjà m'excuser personnellement. Tout ça n'aurait jamais dû arriver, et cette vidéo n'aurais jamais dû exister. Je sais que vous allez m'en vouloir, en vouloir à Jisung, évidemment. Je regrette tellement.
Mais nous avions beaucoup bu, et plus en mesure de réfléchir correctement. Jisung m'a fait des avances, que j'ai refusé bien entendu, mais au fil de la soirée, il s'est fait de plus en plus insistant, voir trop, et j''ai fini par être malheureusement trop saoul pour être en mesure de refuser consciemment.
Je suis tellement désolé, je n'aurais jamais dû boire autant, j'ai parfaitement conscience d'avoir ma part de responsabilité dans l'histoire, et je suis prêt à en assumer les conséquence.
Je me sens d'autant plus coupable du fait que, de par mon acte, j'ai fait du mal à Minho. Il aime Jisung de tout son cur, et je l'aime assez pour ne jamais vouloir le blesser d'une quelconque manière, et celle-là à été la pire de toute. Je l'ai trahi, je l'ai blessé, et ce sentiment m'est insupportable. Je regrette plus que tout.
Je vous demande pardon, sincèrement.
S'il vous plaît, ne l'enregistrez pas, cette vidéo et ce qu'elle contient n'est qu'une énorme erreur.
Merci.
<>
Je me sens à deux doigts du malaise. C'est faux, ça ne peux pas être vrai. Dites moi que tout ça n'est qu'une plaisanterie, une caméra cachée ! Mes yeux parcourent l'écran une nouvelle fois pour être sûr d'avoir bien lu. J'ai réellement fais des avances à Felix ? Je suis vraiment celui qui a voulu tout ça ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne me reconnais plus.
Pris d'une soudaine réalisation, le parcours le plafond le la chambre du regard, cherchant l'endroit logique où serait située la caméra selon l'angle de la vidéo. Et à moitié cachée derrière une lampe, je trouve la fameuse demi-sphère en verre sombre. Mes yeux s'écarquillent. Soudain, les quatre murs de la chambre d'hôtel me paraissent oppressants, et la désagréable impression d'être observé viens s'ajouter à l'équation. Je dois sortir d'ici. Vite.
Sans même prendre le temps de verrouiller mon téléphone, je le glisse précipitamment dans ma poche arrière, et me relève si vite qu'un vertige me prends de nouveaux. J'ouvre brusquement la porte de la chambre tout en attrapant ma veste au passage, et tombe sur une cage d'escalier. Je me mets à dévaler les marches quatre à quatre, tout en fouillant mes poches activement à la recherche de mon masque. Maintenant plus que jamais, je ne tiens aucunement à être reconnu dans la rue.
Quand je passe devant en courant, je remarque que l'accueil est vide. Tant mieux. Le moment est mal choisi pour faire un scandale au propriétaire pour la caméra dans la chambre. Je passe la porte et me retrouve soudainement en pleine rue, sous un ciel gris menaçant. Je reconnaît cet endroit. Le dortoir n'est qu'à une quinzaine de minutes à pieds, cinq si je cours. Et sans perdre une seconde de plus, je m'élance à travers la foule.
L'adrénaline grandissante dans mes veines rend mes pensées chaotiques et ma panique plus floues, tant l'objectif de rentrer au dortoir devient prioritaire.
Dans ma course effrénée je manque de percuter nombre de passants, et je m'excuse parfois évasivement d'un « pardon » essoufflé. Bientôt, je bifurque sur une rue piétonne, et mon angoisse ressurgit brusquement à la vue de la densité de la foule devant moi.
Soudain, j'ai une envie incontrôlable de voir Minho. Je me rends compte que mon corps et mon esprit sont tellement habitués à ce qu'il chasse mes mauvaises pensées et mon angoisse, que sa simple présence m'apaise, qu'il me réconforte, que d'un coup cette envie sourde de le retrouver et de me jeter dans ses bras me prend tout entier. Bientôt, cette envie se transforme en besoin.
Un besoin irrépressible, incoercible, incontrôlable, qui s'empare de mon esprit avec la force d'un drogué en manque.
Mais je commence à m'essouffler, en courant dans la rue et esquivant les obstacles comme si ma vie en dépendait, ce qui n'est pas totalement faux sur le moment d'ailleurs. Je sens les effets de l'adrénaline se dissiper, et la fatigue prendre peu à peu sa place. Mon masque rend mes respirations un peu plus difficiles.
Mais à la vue du dortoir, un élan d'espoir se reprend dans mes veines avec la vitesse d'un électrochoc. En courant ainsi sous les nuages gris, le vent froid me griffant le visage, les regard curieux sur ma course sur le goudron noir et le besoin de Minho se multipliant aussi vite que je respire, j'ai le bête espoir que cette vidéo, ce message, ces insultes et mes actes se perdront avec moi dans les bras de celui que j'aime.
Je rentre finalement dans le bâtiment et je ne me permets de ralentir uniquement que quand je dois passer la sécurité. Les gardes laissent peser sur moi leur regard incompréhensif mais je n'ai pas le temps d'y faire attention. J'enlève mon masque à la hâte et tout de suite j'arrive mieux à respirer.
Tout deviens si flou à ce moment là, alors que je cours dans les couloirs avec le peu d'énergie que j'arrive à puiser. Ces dernières secondes avant d'atteindre la porte fatidique me paraissent aussi interminables que terriblement courtes.
Quand je cette porte se présente finalement devant moi je ne prends aucunement le temps de ralentir et me précipite pour l'ouvrir à la volée. Avec toute l'énergie du désespoir qu'il me reste je m'écris presque dans un appel à l'aide :
« Minho ! »
Je m'immobilise sur le pas de la porte, le souffle fort et désordonné. Les regards déconcertés de Jeongin et Seungmin depuis le salon me transpercent de part en part et je n'ai pas le temps de les voir se rembrunir que des pas rapides se font entendre, captivant toute mon attention. Je me raidis soudainement.
Minho apparaît dans mon champ de vision, le visage ravagé de larmes qui détruisent mon coeur un peu plus. Il s'arrête un instant lorsqu'il m'aperçoit, puis son visage se ferme et son regard d'assombrit tellement qu'un frisson me parcourt. Il engloutit la distance qui nous sépare en trois enjambées et viens se planter juste en face de moi.
« Min- »
Sa main vient violemment rencontrer ma joue dans un claquement sec.
« Espèce d'enfoiré, tu t'es bien amusé au moins ?! Tu penses vraiment pouvoir te permettre de revenir l'air de rien ?! Après ce que tu as fait ?! »
Il se tait un instant, sûrement dans l'attente que je dise quelque chose, au moins que je m'explique, mais je suis incapable de prononcer le moindre mot. Je pose ma main sur ma joue, espérant chasser la désagréable et douloureuse sensation de brûlure, me contentant d'écarquiller les yeux.
« T'es vraiment un connard ma parole. Qu'est ce qui t'as pris ? Ça t'amuse de me faire souffrir ? Pourquoi t'as fait ça, Jisung ? Qu'est ce que j'ai fait de mal pour mériter ça ?! »
Dans ses yeux le désespoir, la colère, l'incompréhension, le choc, la tristesse, le déni et toutes ses émotions mêlées dans les larmes me frappent et me submergent tout entier. Il s'avance d'un pas, empoignant mon col sans réelle violence.
« Réponds ! »
Son cri résonne dans la pièce autant que dans mon crâne. Je me sens mal. Les larmes aux yeux, impuissant devant son désarroi, je peine à articuler faiblement, la gorge nouée :
« Je-je sais pas... »
Je vois son regard se figer, avant de s'assombrir dans un noir profondément haineux.
« Pardon ? »
Sa voix d'un froid polaire achève de me glacer entièrement.
« Tu te fous de ma gueule. »
Je baisse mes yeux larmoyant et je me mords la lèvre inferieure en toute réponse. Il me lâche brutalement.
« Tu te fous de ma gueule Han Jisung ! Tu oses te pointer comme une fleur et tu me sors que tu ne sais pas pourquoi tu as couché avec Felix ? Pourquoi tu m'as trompé ? C'est une vaste blague ! Dis moi que c'est un canular ! Tu te rends compte au moins à quel point tu me fais du mal ? »
Les traits de son visage se mettent à trembler et un sanglot déchirant lui échappe.
« Tu te rends compte à quel point ça me fait mal là, me crie-t'il en se tenant au niveau du coeur. Explique-moi ! J'ai l'impression que c'est de ma faute putain ! Que c'est de ma faute si tu es allé voir ailleurs ! Ça me bouffe ! Ça me détruit ! Je suis pas assez bien pour toi, c'est ça ? Je ne te plais plus ? Tu t'es lassé de moi ? Pourquoi tu ne m'en a pas parlé !? J'ai fait quelque chose de mal à un moment donné ? Tu ne m'aimes plus ? Dis-moi ! »
Sa voix s'est brisée. Je n'ai qu'une seule envie, c'est le le serrer dans mes bras et de sécher ses larmes en lui disant que tout va bien, de le rassurer avec des mots doux et de m'endormir contre lui, mais je suis la cause de ses larmes, et mon mal-être reviens à l'assaut dans une douleur cuisante en même temps que la culpabilité me paralyse. Une larme solitaire trace son chemin sur ma joue alors que je m'empresse de le contredire :
« N-non ! Tu es parfait Minho...!
— Alors pourquoi !! »
Son cri, sa voix cassée et ses larmes incessantes ravageant son beau visage me brise le coeur un peu plus. Et pourtant je ne connais pas la réponse à cette question moi même. J'ouvre et referme la bouche plusieurs fois, ne sachant que dire. J'ai l'impression de mourir. Il sanglote quelques secondes puis son visage se ferme devant mon mutisme. Il essuie des larmes d'un coup de main rageur et vocifère :
« Tu ne veux pas répondre ? Très bien. Moi qui pensais que tu aurais ne serait-ce qu'un minimum de conscience, visiblement à tes yeux je ne mérite meme pas une explication. N'ose même plus espérer un seul mot pour toi de ma part, toi et moi c'est fini. Et ne pense même pas a verser la moindre larme espèce d'enfoiré, tout ca c'est de ta faute. »
Il ne m'a pas lâché du regard de toute sa tirade, me transmettant avec réussite toute sa colère, tout son désarroi, toute sa déception. Sa violence me coupe le souffle.
Je l'ai déçu.
Jamais, au grand jamais, je n'aurais souhaité voir cette émotion dans ses magnifiques yeux chocolat. Et pourtant c'est bel et bien réel, et ça me frappe aussi douloureusement qu'un coup de poignard.
Car décevoir les autres a toujours été ma plus grande peur. J'ai l'impression d'être dans un cauchemars.
Il m'assassine du regard une dernière fois, l'air profondément et indéniablement détruit, avant de tourner les talons et de sortir de la pièce. Le bruit de la porte de la chambre qui claque avec force me fait sursauter. Je me sens mal. Vraiment mal. Un vertige reviens me prendre d'assaut et je suis contraint de m'appuyer contre le mur pour ne pas m'effondrer.
J'ai l'impression qu'en l'espace de seulement quelques heures mon monde entier ne cesse de s'écrouler, repoussant toujours le font croyant avoir été atteint. Mes membres ne veulent cesser de trembler et mon coeur me lance horriblement. Je tente de calmer ma respiration anarchique et des sanglots s'étranglent dans ma gorge. Ça fait mal, ça fait tellement mal. J'ai envie de disparaître.
Mais Minho a raison.
Je n'ai pas le droit de pleurer.
><><><><><><><><><><><><><><
Non vous ne rêvez pas j'ai enfin fini de réécrire ce chapitre
Ça a été long wow
Ce chapitre a été très éprouvant à écrire, et j'imagine qu'il l'est encore plus à lire :p
Si vous avez besoin de déverser un trop-plein d'émotions... >
Prenez soin de vous, surtout en ces temps de pandémie les amis <3
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro