5- Derrière la porte (Will)
Pdv de Will
Cela faisait plusieurs heures que je me tournai et me retournai dans mon lit. Mais rien à faire, je ne trouvais pas le sommeil. Après le dîner, je me sentais fatigué alors j'avais directement retrouvé mon matelas en espérant que la nuit m'aide à aller mieux. Mais c'était peine perdue.
Pour notre séjour à Hawkins, Hopper nous avait laissé son petit gourbi pour que maman, Jonathan et moi ayons un endroit pour dormir. Hawkins était en période de crise, les prix des logements étaient trop élevés pour nos faibles moyens financiers. Dans notre famille, ce n'était pas comme chez Mike où l'argent n'avait jamais manqué. Depuis le départ de papa, tout s'était tellement compliqué, d'autant plus que maintenant Jonathan était entré à la fac.
Maman faisait de son mieux, je n'en doutais pas et j'essayais de l'aider un maximum en me rendant utile. C'étaient probablement toutes ces raisons qui avaient poussé Hopper à nous prêter son chez lui. Je ne savais pas pourquoi, une part de moi était mal à l'aise. Je ne m'y faisais pas. J'appréciais beaucoup Hopper, mais je me sentais mal de le laisser faire autant pour nous.
Je me redressai vivement en position assise en sentant ma poitrine se lever et se baisser à un rythme irrégulier. Le tissu de mon haut de pyjama me collait à la peau. Je n'arrivais pas à respirer, la chaleur m'étouffait. Je relevai mon regard vers Jonathan qui dormait dans le canapé, j'étais toujours assis sur mon matelas à même le sol. En voyant que je ne parvenais pas à réguler ma respiration, je me levai pour me rendre à la salle de bain. Je fis attention de ne pas réveiller mon frère. Lorsque je fus debout, un frisson parcouru ma nuque. Je passai ma main à cet endroit.
Non... Il était là, je pouvais Le sentir.
Depuis notre retour à Hawkins, Il se manifestait par moment dans la journée mais jamais la nuit. Cette pensée me fichu un courrant froid dans le dos. Depuis cette nuit où le Flagelleur Mental avait décidé de se loger en moi lorsque j'étais plus jeune, la nuit me terrifiait. Même si ma mère était parvenue à faire sortir ce truc de mon corps, j'avais tout de même gardé un lien avec le Monde à l'Envers (Upside Down). La vérité était que j'étais terrifié de ce qui pouvait arriver. Et si le Flagelleur Mental revenait ? Serais-je assez fort pour Le repousser cette fois ?
En passant dans le couloir qui menait à la salle de bain, je remarquai que la lumière dans la chambre de maman était encore allumée. On était pourtant en plein milieu de la nuit. Et si elle pleurait ou qu'elle avait des insomnies ? Avec tous les évènements qui avaient eu lieu récemment, ça n'aurait rien d'étonnant.
Je m'approchai de la porte, pour aller voir ma mère et la réconforter. Mais, lorsque je fus juste devant la porte, j'entendis un rire discret échangé entre un homme et une femme. Je sentais les gouttes de sueurs perler sur mon front, et des maux de tête vinrent accompagner ma sensation d'étouffement. La porte de la chambre était légèrement entrouverte. Dans l'embrasement de la porte, je vis ma mère qui était assise sur le bord du lit. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'un homme se pencha vers elle pour l'embrasser. Elle prit doucement son visage entre ses mains. Ce crâne rasé, je l'aurais reconnu entre mille. Hopper.
Je détournai le regard et me plaquai contre le mur en sentant les larmes menacer de déborder. Bien sûr que j'étais heureux de voir que maman se reconstruisait. En amour, elle n'avait jamais eu de chance entre notre père qui l'avait lâchement abandonnée avec deux gosses sur les bras ou encore Bob Newby qu'elle avait vu se faire dévorer par une armée de Demogorgons. Ma mère ne s'était jamais sentie aussi bien qu'avec Hopper. Une immense tristesse envahi mon cœur malgré tout.
Toute sa vie, notre mère avait enchaîné les déceptions ou les malchances. J'avais toujours été une source d'inquiétude, un poids énorme, un fardeau.
Et ces fichus frissons que je sentais au niveau de ma nuque me rappelaient la présence de Vecna. Je passai une main derrière mon cou en sentant les larmes couler silencieusement. La douleur au niveau de ma poitrine me faisait si mal. Cette femme qui m'avait fait grandir et aimé toute sa vie... Elle était tellement forte. Maman...
-Will, qu'est-ce que tu fais ?
Je sursautai dans l'obscurité et me tournai vers l'endroit d'où provenait la voix ensommeillée qui venait de m'interpeller. Même si nous étions dans la pénombre, je reconnus tout de suite Jonathan. Heureusement qu'il faisait sombre, il ne pouvait pas voir mes larmes.
-Tu ne dors pas ? continua mon frère en s'approchant de moi
Dans sa voix je ressentais toute son inquiétude. Cette inquiétude constante qui n'avait jamais quitté Jonathan ni maman depuis ma première disparition pour un séjour dans le Monde à l'Envers (Upside Down). Comme toujours j'étais le poids lourd qui prenait toute la place. Je détestais ce sentiment, comme si j'étais encore un petit garçon incapable de gérer ses problèmes par lui-même.
D'un autre côté, maintenant que j'y pensais, maman ne nous avait pas prévenus qu'Hopper passerait la nuit ici. Ils avaient sûrement besoin d'intimité. Si j'omettais le détail Hopper, mon frère ne s'en rendrai même pas compte. Je devais bien ça à maman.
-Je vais juste à la salle de bains. répondis-je
-Oh je vois. Bon, rien de grave alors ?
S'il savait tout ce que je donnerais pour retirer l'inquiétude dans son intonation. Je hochai la tête et me décollai du mur pour venir en face de mon aîné. Il me regarda.
-Je vais bien, promis. assurai-je
-D'accord, je te crois. me répondit Jonathan, C'est juste que tu n'étais plus dans ton lit alors...
Il ne termina pas sa phrase, mais je savais ce que son silence sous-entendait. « Je me suis inquiété ». Comme si même le simple fait de manifester leur inquiétude devenait quelque chose de délicat. A leurs yeux, c'était comme si le moindre mot dit de travers pouvait me briser entièrement. Ce que j'aurais aimé être aussi fort que maman.
-Ne t'inquiète pas va, je t'ai dit que ça allait. insistai-je
Jonathan hocha la tête.
-Je vais me recoucher. finit-il par me dire après un instant
J'acquiesçai, il soupira légèrement avant de tourner les talons pour rejoindre le salon. Je sentis mon corps se détendre lorsque mon frère eut rejoint le canapé. Avait-il compris que je pleurais ?
Je chassai cette question de mon esprit avant de me rendre à la salle de bain comme je l'avais prévu depuis mon réveil. Lorsque je fus face au miroir de la salle de bain, je m'appuyai contre le lavabo, et lorsque je relevai mon visage je croisai mon propre regard dans le reflet du miroir.
Intérieurement, j'en avais la conviction : les choses étaient loin d'être terminées entre Hawkins et le Monde à l'envers (Upside Down). C'était même le contraire. Car maintenant que nous étions de retour à Hawkins, je pouvais Le sentir partout.
Il était en colère, furieux, et Il était loin d'avoir dit son dernier mot.
J'avais un putain de mauvais pressentiment.
Papillon
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