16- Dyspnée ou nuits sans sommeil (Will)
Pdv Will
« -Es-tu prêt à renaître sous un nouveau jour ?
-Oui, après tout ce que vous venez de me dire, je le suis.
Cette discussion provenait de l'autre côté du mur du couloir dans lequel je me trouvais. Même si je n'en avais pas envie et que je devrais juste continuer mon chemin pour m'éloigner de Lui, je revins sur mes pas. Dans la pièce qui se trouvait de l'autre côté du mur, je vis une créature de dos. Elle me semblait humanoïde, mais je ne savais pas de qui, ou de quoi il s'agissait.
La créature avança sa main juste devant la personne qui se tenait à genoux devant elle. Sa main distordue s'agrandit, ses doigts disproportionnés pouvaient attraper la tête du jeune homme en face d'elle si cette ombre le souhaitait.
Les murs se mirent à trembler, et mon corps entier frissonna. Il était là, Il tait partout dans cet endroit. Je le savais. Rien qu'à cette pensée, je savais que j'aurais mieux fait de fuir. A quoi bon vouloir affronter mes peurs si je n'en étais pas capable ?
Une grande lumière aux teintes rougeoyantes remplit la pièce, je fus obligé de plisser les yeux, comme lorsqu'on veut regarder le soleil. Cet éclat était trop vif, il m'aurait fallut des lunettes de soleil pour pouvoir le regard. Cet éclat ne dura pas, lorsqu'il s'estompa, une fumée rouge avait enveloppé les deux personnages.
Je retirai mes bras de devant mes yeux et toussai légèrement. La fumée qui entrait dans ma gorge me brûlait les bronches. Après quelques instants, la fumée se dissipa. Et je vis une ombre se relever. La créature de tout à l'heure avait disparue, et le jeune homme aussi. Le corps qui venait de se relever ressemblait en apparence à un être humain.
Lorsque nos regards se croisèrent, je vis ses deux iris semblables à des billes de sang. »
-Will ! WILL ! REVEILLE-TOI !
J'ouvris les yeux en sursaut en sentant ma poitrine se lever et se baisser dans un rythme irrégulier. Ma mère me secouait par les épaules. Lorsque nos regards se croisèrent, je pus voir la peur qu'il y avait dans ses yeux.
-Tes visions lucides reprennent, pas vrai ? me demanda-t-elle, S'il te plait mon chéri, parle-moi...
Je restai quelques instants sans répondre pour calmer ma respiration. C'était quoi encore ce truc ?
Cela faisait maintenant trois jours et trois nuits depuis que j'avais commencé à avoir des visions de Vecna. Plus les visions passaient, et plus j'avais l'impression qu'il essayait de me donner des indices. Mais pourquoi ?
Je restai allongé et fermai les yeux, maman avait posé sa main au niveau de mon thorax. Quand j'étais petit, elle faisait toujours ça pour me calmer. Et ça fonctionnait toujours, sa présence avait quelque chose de rassurant. Quand elle était là, je savais que peu importe où j'irais, je ne serais jamais perdu.
-Je sais que tu veux gérer ça par toi-même mais... ajouta maman, S'il y a quoique ce soit que je puisse faire, je veux pouvoir t'aider.
Je la regardai, dans ses yeux il y avait exactement la même lueur qu'il y a deux ans. Lorsqu'Il était là. Peut-être que si je lui disais tout, elle s'inquièterait moins. Dans tous les cas, elle finira bien par l'apprendre un jour.
Je me redressai en position assise une fois que je me sentis mieux. Ma mère était à croupi au sol, je lui fit signe de venir s'asseoir à côté de moi sur mon matelas, ce qu'elle fit.
-S'il te plait, parle-moi... continua ma mère, Ce sont des visions ?
-Oui. répondis-je
-Les mêmes que celles que tu as déjà eues ?
Je hochai la tête de droite à gauche. Peut-être qu'Il avait un lien avec la créature de mes visions, mais une chose était sûre : ce n'était pas Lui.
-Qu'est-ce que c'est alors ? insista ma mère
-Je ne sais pas vraiment. répondis-je, Mais ce n'est pas le Flagelleur Mental.
-Tu sais ce que ça pourrait être si ce n'est pas Lui ? me demanda maman
-Vecna. répondis-je
-Quoi ?!
Je me tournai vers ma mère. Evidemment qu'elle paniquait au vu de tout ce qui s'était passé dernièrement avec Vecna. Je pris ses mains dans les miennes, ce geste la calma un peu. Mais la panique l'avait déjà entièrement envahie.
-Tu es vraiment sûr que c'est lui ? me demanda maman, Il t'a parlé, il t'a dit quelque chose ?
-Non, il ne m'a jamais parlé directement. répondis-je, Et oui je suis sûr que c'est lui. Je ne sais pas comment l'expliquer... Ce sont juste des choses que je sais, comme avec le Flagelleur Mental.
-Ca fait depuis déjà trois jours que ça dure. Ca veut dire que tu...
-Non maman. la coupai-je, Vecna n'a pas pour objectif de me tuer. C'est... Plus complexe que ça. Je ne sais pas encore ce qu'il compte faire, mais il ne me tuera pas.
-Comment tu peux en être sûr ?
-J'ai l'impression qu'il essaye de me parler, de me laisser des indices pour me faire comprendre quelque chose. Mais je ne sais pas quoi. répondis-je, Mais mes visions n'ont rien à voir avec celles des autres victimes de Vecna.
Je n'en revenais pas que j'étais en train de tout raconter à maman. Je savais qu'elle s'inquiétait, et que rien ne pourrait changer ça. Mais le fait que je m'ouvre un peu plus la rassura, je le ressentis dans sa manière de me parler, et dans son attitude. Je ne pouvais pas me cacher éternellement, bien que j'aurais préféré que ça soit le cas.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? me demanda ma mère, Qu'est-ce que tu vois dans tes visions ?
-Au début, c'étaient des bribes emmêlées. répondis-je, Je ne savais pas si c'étaient mes souvenirs ou ceux d'autres personnes. Puis, au fur et à mesure... J'ai compris. Ce sont les souvenirs de Vecna lui-même, et ceux de ses victimes. Chrissy, Ben, Patrick et même Max...
-Vecna te partagerait ses pensées ? fit ma mère sceptique
-Je crois, oui. répondis-je
Maman me regarda, son visage était un mélange d'inquiétude, de fatigue et de colère. Je me sentais comme un con à me tenir devant elle, sans savoir quoi faire pour changer les choses. Ma mère me prit dans ses bras sans rien dire, je passai les miens autour d'elle. Son aura avait quelque chose d'apaisant, une douce chaleur qui me rassurait. Je fermai les yeux, parce que je ne voulais pas pleurer. Pour une fois dans mon existence, j'avais envie d'être fort.
-Tu sais que quoiqu'il arrive, peu importe ce qui se passera tu ne seras jamais seul. me dit doucement ma mère, On sera toujours là. Ne l'oublie pas.
Je hochai la tête, parce que je savais que si je tentais de prononcer un mot ma voix se craquerait instantanément.
-Tu es fort, je sais que tu vas y arriver. ajouta maman
Elle caressa doucement mes cheveux. J'avais du mal à ravaler mes larmes. Parce que justement, je n'avais aucune idée de si j'allais y arriver ou pas. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Et je n'avais rien de quelqu'un de fort.
Ma mère me regarda.
-Je sais que tu accompliras de grandes choses. me dit ma mère
Cette phrase me rappela ce que Jonathan m'avait dit, lorsque tout le monde se moquait de moi en m'appelant Zombie Boy.
« -Tout compte fait, t'as raison. T'es bizarroïde. me dit Jonathan en venant s'asseoir sur le bord de mon lit
Je relevai la tête du dessin que j'étais en train de faire.
-Quoi ? fis-je en regardant mon aîné
-Non je rigole pas, t'es bizarre. insista mon grand frère, Mais ce n'est pas grave. Tu préfères être normal ? T'as envie d'être comme tous les autres ? Bizarroïde c'est ce qu'il y a de mieux. Je suis bizarre, moi aussi.
-Est-ce que c'est pour ça que tu n'as pas d'amis ? demandai-je
-Si, si j'en ai. J'ai des amis Will.
-Alors pourquoi tu passes tout ton temps avec moi ?
-Parce que c'est toi mon meilleur ami. me répondit Jonathan, Tu comprends ? Et je préfère largement que mon meilleur pote soit un zombie qu'un mec insignifiant. Tu vois ce que je veux dire ?
Je regardai mon frère, sans savoir où il voulait en venir.
-Regarde, par exemple... commença mon frère pour m'expliquer, Tu préfères avoir qui comme ami ? Bowie ou Kenny Rogers ?
-Eurk... fis-je avec une légère grimace
-Voilà, y a pas photo. me dit mon aîné en rigolant légèrement, La vérité c'est qu'aucune personne normale n'a jamais rien accomplit de marquant dans ce monde. C'est clair ?
-Faut voir... Il y en a qui aiment bien Kenny Rogers.
[...] »
Je ne savais pas ce que l'avenir me réserverait, mais tant que Maman et Jonathan seront là, je savais que j'aurais toujours un moyen de m'en sortir. Peut-être que je devais prendre ma différence non plus comme un fardeau, mais comme un atout. Comme El avait pu le faire.
J'adressai un sourire à ma mère, un sourire sincère.
Oui, c'était décidé. Si j'étais incapable d'être fort pour moi-même, alors je le serais pour ceux qui comptaient vraiment pour moi. Ceux que j'aimais, profondément.
Papillon
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