Pdv Mike

Nous étions tous dans cet endroit dans la forêt, où nous nous mettions tous à la tâche pour construire un abris où cacher Elfe le temps de trouver une solution. Hawkins n'était maintenant plus seulement maudite par les mots de médias, mais bel et bien par une malédiction. Ou plutôt l'être le plus maléfique qui n'ait jamais existé : Vecna. Il est aussi Un, l'un des frères de Eleven qui avait lui aussi été l'un des cobayes du Docteur Brenner et de ses expériences morbides.

Depuis que nous nous étions tous retrouvés après l'Infiltration, on n'avait pas vraiment pris le temps de reparler de tout ça. C'était un peu comme si chacun voulait garder en lui ses ressentis, pour éviter d'affecter ceux des autres. Ou peut-être tout simplement, on essayait toutes et tous d'enfouir ces évènements au fond de nous. Comme un mauvais souvenir que l'on veut oublier. Mais la réalité était qu'aucun de nous pourrait oublier cet épisode.

Depuis le 6 novembre 1983, soit la disparition de Will, les évènements surnaturels s'étaient tous enchaînés, comme une énorme boule de neige constituée de cataclysmes et de catastrophes. Toute cette histoire était un réel traumatisme, nous en avions tous conscience. Ces évènements avaient laissé des cicatrices irréversibles sur chacun d'entre nous. Certaines, comme celles qu'Hopper avait sur le dos, étaient visibles, mais la plupart étaient des traumatismes muets, silencieux, indescriptibles.

Hopper, Joyce et les frères Byers étaient venus aider à restaurer la petite maison où Hopper et Elfe allaient rester. Lucas quant à lui, passait la majeure partie de son temps au chevet de Max qui était toujours dans le comas à l'hôpital. Cela faisait maintenant deux semaines que ses yeux étaient clos, et je voyais bien que cette situation attristait profondément Lucas. Les médecins avaient dit que c'était sans espoir, mais Max était une battante. C'était notre Fonceuse, elle ne pouvait pas nous abandonner comme ça.

Une qui était énormément affectée par l'état de Max était Eleven. Elle ne disait pas grand-chose, quand j'essayais de lui parler, elle ne me répondait que par monosyllabes. Ou alors des phrases très courtes du style « Ça va. ». Il y avait pourtant tellement de choses que j'avais à lui dire après tout ce qui s'était passé. Encore une fois, Elfe avait sauvé la situation. Comme la Superhéroïne qu'elle a toujours été à mes yeux.

Pour sa part, Dustin aidait beaucoup à la mairie, avec Robin et Steve aussi. Depuis le séisme, beaucoup d'habitants d'Hawkins ont été blessés, ont perdu des proches ou leur maison. Malheureusement, pas tout le monde n'avait la chance de pouvoir partir loin de cette ville maudite.

Même les Byers n'étaient pas retournés chez eux. Ils allaient rester quelques semaines à Hawkins. Joyce et Hopper avaient des choses à régler avec la police et la mairie. Enfin, je n'avais pas tout bien compris. Mon esprit était tout embrouillé à cause des évènements.

Mon esprit était un brouhaha incessant de flash-backs, ou des bribes de mots ou de phrases que j'aurais aimé dire mais que je n'ai jamais fait.

Elfe passa devant moi avec un carton rempli de débris, je relevai la tête et allai à sa rencontre pour la décharger de ce qu'elle portait. Lorsque mes mains effleurèrent les siennes, ses yeux se plantèrent dans les miens. Ils me lançaient des éclairs, comme lorsqu'elle était vraiment énervée. Je retirai instantanément mes mains du carton.

-Elfe, tu n'as pas besoin d'aide ? Je peux le porter jusqu'à la voiture tu sais... commençai-je

-Non.

Elle tourna la tête et continua son chemin. Je restai planté comme un idiot à la regarder partir, parce que je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire pour la retenir. Aller Wheeler, trouve quelque chose, n'importe quoi ! Trop tard, Elfe n'était déjà plus dans mon champ de vision. Je soupirai.

Ce fut une épaule qui entra en collision avec la mienne qui me ramena à la réalité. Joyce passa sa tête sur le côté, le carton qu'elle portait était tellement grand qu'elle ne pouvait pas regarder par-dessus. Elle sourit tendrement en me voyant.

-Oh ! Excuse-moi Mike, je ne t'avais pas vu mon grand ! me dit-elle

-Non, ce n'est pas grave ! répondis-je avant de me décaler

C'était moi qui restais planté comme un idiot au milieu du passage, et puis Joyce Byers était la femme la plus douce que je connaissais. Je n'aurais jamais pu lui en vouloir pour quoi que ce soit. Joyce rigola doucement avant de continuer sa route jusqu'à la voiture pour y déposer un dernier carton. Jonathan, le frère de Will était au volant. Il démarra la voiture pour faire du vide, les affaires que l'on avait triées allaient être données pour aider la mairie à gérer les victimes du séisme. On avait déjà beaucoup donné, mais ces affaires ne nous étaient plus utiles. Autant aider les autres tant qu'on le pouvait encore.

Je me rendis à la cuisine pour aider Hopper qui était en train de réparer le plafond troué par l'attaque de Vecna la dernière fois. Son crâne était rasé, et même s'il gardait toujours sa chemise pour les cacher, certaines de ses cicatrices dépassaient dans son cou. Je vis que Jim cherchait à tâtons la boîte de clous. Je m'approchai et la lui donnai. Il l'attrapa et me remercia, avant de remarquer que c'était moi.

-Oh Mike. fit-il

Je lui souris.

-Tu as besoin d'aide pour quelque chose ? demandai-je

-J'ai presque terminé. me répondit-il avant de descendre de l'échelle sur laquelle il était

Il attrapa un torchon qui traînait pour essuyer la sueur qui perlait sur son visage. Puis, il me regarda.

-Je suis content que tu sois en vie. dis-je

Hopper n'était pas du genre souriant, mais je jurai décrypter un rictus se dessiner sur ses lèvres.

-Ecoute Mike, je pense que je te dois des excuses. commença-t-il, A propos de ce qui s'est passé avec Elfe. J'avais tellement peur de la voir grandir que je suis intervenu dans votre relation... Et je suis désolé pour ça. Je sais que c'était égoïste de ma part. Pendant huit mois j'ai été enfermé dans un endroit qui m'a fait beaucoup réfléchir à qui j'étais, ce que j'avais accompli... Et je veux simplement être un bon père.

Je me doutais qu'il devait faire allusion à sa fille défunte du cancer, Sara. J'adressai un sourire à Hopper, parce que dans ma tête je lui avais déjà pardonné depuis longtemps. De toute façon, moi aussi j'avais été égoïste de vouloir garder Elfe pour moi, et rien que pour moi. J'avais tellement peur de la perdre à nouveau, que j'en avais oublié l'essentiel : elle était là. Elle était là, et mon comportement l'avait faite souffrir. Je m'étais juré intérieurement de ne plus jamais en arriver à ce point.

-Tu es un bon père Hopper. répondis-je, Et Elfe t'aimera toujours. Même si parfois tu fais des choses stupides.

Hopper frotta légèrement mes cheveux, sa main était rêche. Il savait très bien que dans cette réponse, je ne parlais pas simplement de lui, mais de moi également. Je m'étais comporté comme un idiot avec Elfe, et j'étais prêt à donner le meilleur de moi-même maintenant.

-Aller, viens m'aider à fixer ces planches. me dit le policier en rigolant légèrement, comme pour faire passer la pilule

Il m'asséna une légère tape sur l'épaule. Hopper n'était pas forcément doué avec ses sentiments. Mais comme me l'avait dit Will : il est parfois compliqué de parler à cœur ouvert de ce que l'on ressent. Hopper ne parlait pas avec des mots, mais avec les actes qu'il accomplissait. Il m'avait toujours montré un homme rempli de courage, de force mais par-dessus tout... Un homme rempli d'humanité.

Je savais que c'était tout ce dont Elfe avait besoin pour avancer, après tout ce qu'elle avait vécu dans les laboratoires de Brenner.

Papillon