Chapitre 41-1
L'odeur me prit à la gorge à peine avais-je fait un pas à l'intérieur. Une odeur âcre et étouffante de brûlé, de sang et de...je ne préférais pas savoir ! Je me mis instinctivement à respirer par la bouche et sentis une pellicule poisseuse et écœurante se déposer sur ma langue, me provoquant une irrésistible envie de vomir.
J'étais tellement occupée à réprimer mes hauts le cœur, que je ne me rendis pas compte de l'arrêt subit des autres membres du groupe et faillis percuter River. Je m'arrêtai de justesse et tentai de me repérer dans la purée de pois blanchâtre et âcre qui emplissait le couloir.
— Par où faut-il aller ? demanda Worth dans un chuchotement prudent en se tournant vers moi puis vers Rebecca.
Nous nous jetâmes un regard perdu de nos yeux rendus larmoyant par la fumée. Nous n'avions pas la moindre idée de l'endroit où nous nous trouvions !
— Je ne connais pas cette partie du complexe, répondis-je. Et avec cette fumée...
Une quinte de toux vint interrompre mes pathétiques explications, laissant le relais au docteur Banes, qui n'était pas plus avancée que moi.
— Avançons ! décida Jude en m'attrapant par le poignet pour me guider. Il faut sortir de cette fumée pour que vous puissiez vous repérer.
Nous avançâmes donc prudemment, gênés par le peu de visibilité et par les quelques corps gisant dans le couloir. Contrairement à l'extérieur, ici ce n'était que des personnes en civil ou vêtus de blouses blanches qui étaient tombés sous les coups du mutant devenu fou. Du moins nous supposions que c'était cela et nous espérions surtout qu'il était le seul de son genre.
Nous trouvâmes assez rapidement la source de toute cette fumée. Une pièce, vraisemblablement un bureau, partiellement en feu dont la porte entrouverte vomissait des langues interminables de vapeurs blanchâtres et toxiques. Nous nous empressâmes de le dépasser et au bout de quelques mètres l'air fut tout de suite beaucoup plus respirable.
Nous nous trouvions dans un couloir banal, qui s'élargissait ensuite en une sorte de mini salle d'attente, comme on peut en trouver dans les hôpitaux et les cliniques. Sauf qu'à présent la moitié des chaises en plastique moulé étaient renversées et que des impacts de balles ornaient les murs et le plafond, dont l'un des néons s'était décroché et pendait lamentablement, plus retenu que par un fil.
Nous avançâmes encore un peu dans ce décor inquiétant, aux aguets, guettant le moindre son ou bruit suspect. Mais pour le moment seul un silence lourd et pesant pesait sur le complexe abandonné.
— C'est bon, je sais où nous sommes, nous chuchota Rebecca. C'est le département R.H.
— Je crois qu'au niveau gestion du personnel...ils sont tranquilles à présent !
Personne ne releva le murmure ironique de Worth, mais cela détendit quand même subtilement l'atmosphère. Jusqu'à ce que Rebecca glisse sur l'un des paquets de chips répandus aux pieds d'un distributeurs aux vitres fracassées et ne s'écroule sur les morceaux de verres brisés dans un bruit sourd, suivit d'un gémissement étouffé.
Pendant quelques secondes nous restâmes tous figés, le cœur au bord des lèvres, à l'écoute du moindre bruit suspect. Mais le silence se réinstalla presque aussitôt nous permettant de respirer de nouveau, tandis que je me précipitai vers Rebecca pour l'aider à se relever, devancée par River qui fut plus rapide et me coiffa au poteau.
— Vite relevez-vous...nous de devons pas rester ici ! lui intima-t-il d'une voix inquiète. Par où devons-nous aller ?
— Il faut tourner à droite et rejoindre la partie sécurisée, lui répondit-elle dans une grimace essoufflée tandis qu'elle retirait un éclat de verre de sa main.
— ça va aller ? lui demanda Worth, les yeux fixés sur le sang qui s'écoulait de plusieurs petites coupures sur ses mains.
— Oui, ce n'est rien. Je me sens bête surtout...
— Il ne faut pas ! Au moins vous avez trouvé de la bouffe ! lui rétorqua River en se baissant pour ramasser une barre chocolatée.
Au moment où il se relevait, son trésor dans les mains, la rampe d'éclairage branlante se détacha du plafond et s'écrasa au sol dans un bruit de tonnerre. Cette fois, la réaction fut immédiate et des grincements métalliques suspects retentirent au loin, relayés par les échos des couloirs.
— Vite, barrons-nous d'ici ! Tout de suite !
Personne n'avait attendu l'exclamation de River pour commencer à courir dès l'entente des premiers sons. Nous tournâmes à droite et dévalâmes le couloir en essayant d'être le plus silencieux possible mais nos pas et nos souffles semblaient résonner comme des balises pour nos poursuivants. Mon cœur battait tellement fort dans mes oreilles que je ne parvenais pas à entendre si nous étions réellement suivit ou non.
Parvenus devant le sas de sécurité, nous n'eûmes qu'à pousser la grille, faute de courant pour la maintenir verrouillée, cette dernière ne servait plus à rien. Nous nous arrêtâmes momentanément pour reprendre notre souffle et l'absence de bruits de courses nous rassura quelque peu.
— C'est par où maintenant ? demanda Jude d'un ton nerveux tout en jetant des regards nerveux autour de lui.
— Par là.
Sa voix avait beau être tremblante, Rebecca dépassa Jude et se mit en tête du groupe pour nous guider.
— Merde ! s'exclama soudain Jude entre ses dents, tandis qu'il s'emparait du poignet du docteur Banes la coupant dans son élan. Ça fait longtemps que vous saignez comme ça ? lui demanda-t-il d'une voix glacial en levant sa main d'où gouttait le liquide écarlate devant ses yeux.
— Depuis que je suis tombée. Mais ce n'est qu'une égratignure, ce n'est rien.
— Ce n'est pas votre blessure qui m'inquiète mais le sang que vous avez semé partout !
— Bor...ils vont nous suivre à la trace ! jura River en inspectant le sol derrière lui.
— C'est bon, il n'y a personne. S'ils avaient dû nous rattraper se serait déjà fait, non ?
— Pourquoi ils se fatigueraient alors qu'ils ont une balise pour les conduire jusqu'à nous ! Hein franchement ? Moi je ne le ferais pas, j'attendrais patiemment que mes proies baissent leurs gardes !
La voix de Jude était tranchante et dure tandis qu'il déchirait rageusement un morceau de son tee-shirt et confectionnait un bandage de fortune à une Rebecca visiblement perdue.
— Maintenant bougeons d'ici tout de suite, ajouta-t-il en faisant signe au doc d'ouvrir la marche.
Je le trouvais un peu dur avec la pauvre Rebecca mais je sentais qu'il était inquiet, très inquiet. Nous finîmes le trajet aux pas de courses, River et Worth couvrant nos arrières avec leurs fusils. C'est sans encombre mais de plus en plus nerveux que nous pénétrâmes dans le bureau sécurisé. À peine entré à l'intérieur, Rebecca se précipita sur les classeurs métallique et commença à les ouvrir frénétiquement.
— On cherche quoi ? lui demandai-je en m'approchant pour l'aider.
— Un dossier appelé « Humain – Métamorphe – Réversion ». Je l'ai aperçu quand j'ai farfouillé là-dedans la dernière fois mais...je ne me rappelle plus dans lequel !
— Essayez de vous souvenir et vite ! Nous faisons des cibles idéales piégés dans cette pièce.
— Venez nous aider au lieu de râler ! dis-je à Dean, occuper à monter la garde devant la porte.
La chance devait être de notre côté pour une fois, car à peine cinq minutes plus tard, j'entendis Hannah s'écrier « Je l'ai ! ». Rebecca s'empressa de se jeter dessus et le feuilleta à toute vitesse, parcourant les lignes d'un air concentré.
— Alors ? Tu as trouvé quelque chose ? ne pus-je m'empêcher de lui demander, quand je la vis approfondir sa lecture, un air de triomphe dans le regard.
— Oui ! Je savais bien que j'avais lu quelque chose là-dessus ! Ils ont créé un sérum pour bloquer la transformation. Mais ils ne l'ont jamais testé...
— Il est où ce sérum ? lui demandai-je d'une voix fébrile.
— Dans l'un des labos, me répondit-elle d'une voix blanche. Un de ceux qui se trouve au sous-sol...
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Voilà, nouveau chapitre posté, j'espère qu'il vous aura plu ? Des Bisous 😘
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