Chapitre 39-1
Le soupir mental plus qu'audible que poussa Féline, ne fit que redoubler le fou rire éraillé de Jude qui essayait malgré tout de retrouver une respiration normale. Son regard croisa le mien et son hilarité cessa soudain, tandis qu'il se rapprochait de moi d'une glissade à demi mesurée avant de m'enlacer d'une étreinte urgente et farouche.
Je m'agrippai à lui, comme si c'était la dernière chose que j'allais faire sur cette terre et nous avions bien faillit ne plus jamais pouvoir effectuer un geste aussi simple. Nos lèvres se trouvèrent aussi naturellement que nous respirions à présent et notre baiser fut avide et passionné. Ses lèvres avaient un goût de vase et ses mains déposaient encore d'avantages de boues sur mes joues et mes cheveux mais je n'en avais strictement rien à faire.
J'avais une conscience aigüe de l'environnement hostile et dangereux, du temps qui filait trop vite, de mes responsabilités envers les autres, des dangers...mais je m'en fichai...royalement ! Plus rien n'existait à part nous et notre étreinte, primordiale et essentielle. Nous venions encore de frôler la mort de près et nous avions besoin d'être ensemble, même si ce n'était que pour un court instant...il le fallait. Mais ce n'était vraiment pas le moment, me serina ma conscience, s'invitant de manière inopportune dans ma petite bulle de bonheur.
— Sors de ma tête la noiraude ! pesta soudain Jude, son souffle se mêlant au mien tandis qu'il marmonnait sans pour autant interrompre notre baiser.
Son ton exaspéré, ainsi que son coup d'œil éloquent vers sa droite, me firent comprendre que ce n'était pas ma conscience que je venais d'entendre...mais Féline ! À contrecœur, je détachai mes lèvres des siennes et commençai à me redresser pour trouver mon amie assise, a à peine un mètre de nous, la queue enroulée autour de ses pattes et nous contemplant de son regard de sphinx.
— Jude, elle a raison. Nous ne pouvons pas rester ici, lui murmurai-je alors qu'un frisson me parcourait soudain, me rappelant que j'étais trempée jusqu'aux os en plein cœur de l'automne boréal...ce qui était une très mauvaise idée.
— Je sais, me répondit-il dans un chuchotement frissonnant. Mais j'avais besoin de ça, ajouta-t-il avec un petit sourire avant de me poser un dernier baiser sur les lèvres.
— Comment tu te sens ?
Ma question aurait pu paraître idiote au premier abord, vu son état général déplorable, son corps secoué de tremblement et sa tête de déterré ! Mais sans doute grâce à notre nouvelle connexion complète et involontaire, il avait parfaitement compris le sens secondaire de ma question.
— Étrangement...entier ! me répondit-il d'une voix légèrement surprise. Je ne m'en rends compte que maintenant mais depuis que je t'ai rencontré...je me sentais comme...incomplet.
Tandis qu'il parlait, il s'était relevé maladroitement avant de m'aider à me redresser à mon tour, mon corps fourbu ayant du mal à s'extraire de la boue collante et visqueuse.
— Ce ne serait pas plutôt depuis...mon sauvetage instinctif dans ce local électrique ?
— Possible en effet.
Son petit sourire m'apprit qu'il était autant dans le brouillard que moi, certaines choses commençaient à prendre leurs places mais l'ensemble restait flou.
— Tu crois que tu as acquis le contrôle de Shadow à présent ?
— Si ton idiote de panthère ne me repousse pas dans un lac...ça devrait aller ! persifla-t-il en me lançant un regard courroucé destinée à Kami, qui ricanait dans mon esprit.
Je ne dis rien, me contentant de tenter de remettre cette chipie poilue à sa place d'une claque mentale bien sentie.
— Viens ! me dit-il en me tendant la main pour m'inciter à le rejoindre. Tu es transi. Essayons de nous tenir chaud.
Les images et idées croustillantes que Kami nous envoya à l'entente de ces derniers mots, me firent rougir jusqu'aux oreilles malgré le froid intense qui me gelait les os. Jude quant à lui se remit à rire doucement, une lueur lubrique dans le regard.
— Je pense que je vais finir par l'apprécier cette Kami, finalement ! me susurra-t-il à l'oreille d'une voix coquine, bien qu'épuisée.
—Tu as une idée de l'endroit où nous sommes ? me demanda-t-il enfin pour dissiper la gêne idiote que je ressentais, tandis qu'il jetait un regard circulaire autour de lui.
Je l'imitai mais ne vis que de l'eau et des arbres à perte de vue. Impossible de me rappeler par où nous étions arrivés. Tous ces résineux couverts de mousse se ressemblaient et la lumière blafarde de cette journée de décembre n'arrangeait rien.
« Moi je sais, suivez-moi...petite sœur »
J'eu l'impression de recevoir sa pensée comme en écho...c'était étrange et déroutant. L'hésitation de Féline me fit sourire. Elle aussi était perturbé par ce nouvel état de fait et ne savait plus trop si elle ne devait s'adresser qu'à moi ou inclure « le poulet » dans la conversation.
— Du moment que tu arrêtes de m'appeler « poulet » tu peux m'ignorer ça me va très bien...la noiraude ! lui rétorqua Jude verbalement d'un ton acide et moqueur.
La panthère se contenta de le fixer de son regard insondable, avant de se détourner d'un mouvement gracieux. Elle commença à marcher vers les arbres de sa démarche souple et élégante. Parvenue à l'orée de la forêt elle tourna sa tête vers nous et repris son chemin au moment où nous lui emboitâmes le pas. A l'instant où elle disparaissait momentanées derrière un tronc plus imposant que les autres, une pensée distincte et ciselée nous parvint, claire comme du cristal,
« Poulet ! »
— Je sens que la cohabitation va être...compliqué ! soupira Jude en soupirant tandis que nous accélérions l'allure dans la mesure de nos moyens pour ne pas nous laisser distancer par Féline et ses souples foulées de Panthère.
— Il y a peut-être moyen de circonscrire le processus ? lui dis-je en claquant des dents alors que chaque pas devenait plus difficile à chaque minute qui passait.
— Je ne sais pas...je l'espère. Cette pratique a été abandonné depuis des siècles, si bien que l'on ne sait plus grand chose sur ses conséquences bonnes ou mauvaises. Mis à part les légendes effrayantes colportées au fils des ans pour effrayer les pauvres métamorphes tentés par l'aventure ! Ma mère devrait en savoir un peu plus. Une fois cette crise passée, nous essaierons d'avoir d'avantage d'informations...je te le promet.
Soudain, il trébucha et faillit tomber, se rattrapant de justesse à ma main et au tronc d'un arbre proche. Je percevais ses tremblements jusque dans mes doigts et pouvais sentir le froid et la fatigue implacable qui l'habitait jusqu'au fond de mon être.
— Tu as besoin de te reposer. Ton corps à besoin de sommeil.
Je le dis comme une affirmation qui n'attendait pas de réponse même si ma suggestion était parfaitement irréalisable à l'instant présent.
— Je devrais surtout y être plongé à l'instant présent. Comment tu as fait ?
— Comment j'ai fait quoi ? lui rétorquai-je, surprise par son changement de conversation.
— Tu t'es métamorphosée quasi instantanément...presque aussi vite qu'Hannah et tu m'as forcé à faire pareil. C'est grâce à cette métamorphose ultra rapide que je suis encore debout et pas plongé dans un sommeil profond. Comment tu as fait ?
— Je ne sais pas. C'était sans doute la panique mais ça m'est apparu comme une évidence tout à coup.
— Et tu pourrais le refaire ?
— Je...je penses oui, affirmai-je d'abord avec prudence, sentant une certitude absolue se faire en moi à mesure que je repensais au processus. Oui...j'y arriverai sans problème.
Je vis un éclair de fierté passer dans les yeux de Jude alors qu'il trébuchait à nouveau, ses yeux se fermant de plus en plus souvent.
— Elle nous emmène où comme ça ? me demanda-t-il alors qu'il essayait malgré tout de maintenir l'allure, sa main glacée de plus en plus apathique dans la mienne.
— Je ne sais...
« Le reste de la basse-cour arrive ! »
C'est au moment où la pensée de Féline nous parvint, que River émergea soudain d'entre les arbres, immédiatement suivit de Worth et d'Hannah...Khyn sur leurs talons !
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Chapitre écrit dans un environnent...peu calme ! Il sera donc à reprendre, mais je tenais à vous le poster quand-même pour que ayez la suite et ne pas perdre le fil :-) J'espère qu'il vous à plus quand même ?!
Des bisous *o*
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