Chapitre 25-2
Les métamorphes s'éloignèrent instantanément du battant une fois celui-ci verrouillé. Trois chocs sourd consécutifs ébranlèrent encore la porte, avant que le calme ne revienne. Nous restâmes, figés et haletants, nos regards braqués sur le mécanisme de fermeture pendant encore de longues secondes avant de commencer à nous détendre.
Ce n'est qu'alors que je détournai mes yeux de la porte que je pris réellement conscience de mon environnement et de la clarté de l'endroit.
La salle semi-circulaire était intégralement recouverte de terre-battue et parsemée de gigantesque squelettes d'arbres morts, qui s'élevaient jusqu'à une immense verrière laissant passer la clarté diaphane du jour déclinant.
— Au vu de votre surprise, vous n'êtes jamais entrée ici ? me demanda Iphigénia en s'approchant de moi.
— Non...je n'ai pas eu cette chance ! ironisai-je malgré moi en m'avançant vers le tronc le plus proche pour le toucher.
Contrairement à la salle « savane » où ils m'emmenaient quotidiennement, ces arbres-là étaient factices, l'écorce pourtant bien imitée de loin ne tenait pas ses promesses et n'était pas rugueuse sous mes doigts.
— C'est normal, c'est la salle d'entrainement spéciale métamorphes oiseaux, me répondit-elle. Et vous êtes incontestablement un félin...d'ailleurs comment vous et mon fils...
Voilà, on y était gémis-je intérieurement à l'entente de la question à demi formulée que je redoutais d'entendre depuis ma rencontre avec la véritable Iphigénia. Je ne savais pas depuis combien de temps la fausse reine était en place mais aussi gentille que la vraie puisse paraître, je ne pensais pas qu'elle soit très ouverte sur la mixité !
— En fait...
— Vous êtes certain que cette...chose ne peut pas entrer ici ? demanda le docteur Banes me coupant fort opportunément la parole.
— N'oubliez pas que cette chose, comme vous l'appelez, est issue de vos laboratoires ! De mon point de vue ce serait plutôt vous les monstres ! lui assena Khyn rageusement, son regard menaçant passant d'elle au garde qui s'était rapproché. Lui ce n'est qu'une victime qui n'a rien demandé et n'est même pas conscient de ses actes !
— Je ne suis pour rien dans toutes ces horreurs ! s'écria le docteur Banes. Il y a quelques heures encore je n'étais même pas au courant de ce qui se passait ici !
— Pardon ?! Vous êtes médecin dans cet avant-poste des enfers et vous voulez nous faire croire que vous n'étiez au courant de rien ?! Vous nous prenez vraiment pour des abrutis !
Voyant que le ton montait et que le garde de moins en moins rassuré par l'attitude provocatrice et belliqueuse de Khyn avait déjà la main la main sur le pistolet qu'il portait à la hanche, nous nous empressâmes de les rejoindre.
— Vous croyez vraiment que c'est le moment de leur faire un procès ?! intervins-je en me plaçant à leurs côtés. Expliquez-nous plutôt pourquoi vous nous avez conduit ici et comment vous comptez nous en faire sortir ?
Il me fixa pendant quelques secondes dans les yeux, essayant de me faire baisser le regard. Constatant que je n'avais aucun mal à lui tenir tête, il finit par se détourner d'un mouvement coléreux.
— Maintenant que le courant est coupé, la barrière électrique qui protégeait la verrière aussi. Rien ne nous empêche plus de nous métamorphoser et de nous enfuir par-là !
— Parce que vous êtes tous des métamorphes oiseaux ? m'exclamai-je surprise.
— Nous sommes trois, me répondit-il visiblement à contrecœur. Mais Liana et Célia ont des formes animales assez petites et agiles pour pouvoir nous suivre.
Célia ?! Ce prénom sembla résonner en moi comme l'écho d'une mauvaise tempête. Ce pourrait-il que ce soit la Célia de Jude ? Le destin ne pouvait pas être aussi cruel avec nous quand même ?! Si c'était vraiment elle, comment allait-il réagir en sachant qu'elle était toujours en vie ?! Mon regard se déplaça malgré moi vers la jeune femme brune et effacée que j'avais à peine remarqué jusqu'à présent. Elle dû sentir que je l'observai car elle cessa sa conversation pour se tourner vers moi. Nos regards se croisèrent et là...je n'eus plus le moindre doute. Les yeux clairs qui me renvoyaient mon regard étaient presque l'exact réplique de ceux de Charles ! Je me demandai même comment j'avais fait pour ne pas m'en apercevoir avant ? Une chape de peur et de découragement s'abattit sur moi, tandis que je prenais toute la mesure de la possible catastrophe à venir.
J'étais épuisée, stressée et ce nouveau coup m'avait atteint le moral mais même si c'était idiot et puéril je préférai jouer les autruches ! Il serait grand temps de se préoccuper de ce nouveau désastre lorsque nous serions enfin réunis et pour cela...il fallait déjà que je sorte d'ici !
— Et que faites-vous de moi et des non-métamorphes ici présent ? demandai-je donc à Khyn, mon trouble encore aisément perceptible dans ma voix.
— Vous êtes une métamorphe félin, non ? Vous devriez pouvoir nous suivre ?
— Peut-être...mais cela n'explique pas votre plan pour le docteur Banes et...
— Kyle, répondit le militaire toujours sur la défensive.
— On s'en fou de votre nom ! lui cracha Khyn. Eux ils se débrouille...ce n'est pas notre problème !
— Sans Kyle, nous serions sans doute tous mort ! intervint Iphigénia d'un ton polaire. Alors je ne porte peut-être pas les employés de ce complexe dans mon cœur...mais ce n'est pas une raison pour les abandonner à leur sort !
— Hé bien occupez-vous-en alors ! Car je n'ai pas l'intention de jouer les altruistes sur ce coup-là ! Je me transforme, je casse un des panneaux, ensuite libre à vous de nous suivre ou non !
Puis sur ces gentilles et délicates paroles il tourna les talons et commença à grimper à l'un des troncs. Ses gestes empreints de colère restaient malgré tout fluide et impressionnant à observer. Il s'arrêta sur l'une des branches les plus larges et sans avertissement préalables, débuta sa métamorphe sans se soucier des spectateurs.
Même si ce n'était pas la première à laquelle j'assistai, cela me permis de me rendre compte que chaque transformation était différente et dépendait certainement du métamorphe et de l'animal duquel il prenait l'apparence. Le processus me parut rapide et les fourmillements de pouvoir qui me parcoururent, même s'ils n'égalaient pas ceux de Jude, étaient intense et leur sensation demeura longtemps sur ma peau.
— Oh mon dieu, c'est...
Rebecca semblait à court de mots tandis qu'elle observait le majestueux Condor à présent perché sur la branche à la place de Khyn.
— Impressionnant ?! termina Iphigénia à sa place ayant peut-être peur des autres qualificatifs pouvant sortir de sa bouche.
— Il y a encore quelques heures j'aurais dit...impossible, lui répondit-elle dans un chuchotement.
— Je ne pensais pas que c'était si...facile et rapide, ajouta Kyle d'un ton admiratif et limite envieux.
— ça ne l'est pas pour tout le monde ! Excepté les dons particuliers, plus un métamorphe est puissant plus la transformation est rapide, expliqua Iphigénia, alors que les ondes d'une nouvelle métamorphose, moins puissantes que les précédentes se faisaient sentir.
Le condor pris son envol avant d'être rejoint quelques minutes plus tard par une jolie Buse fauve. À eux deux, ils se concentrèrent sur la partie de la verrière surplombant le plus grand des faux arbres. À force d'insistance et de coups de becs répétés, le verre finit par se craqueler et se fendre sans pour autant céder totalement. Alors dans un cri puissant, Khyn fit le tour de la salle en prenant de la vitesse, avant de se jeter de tout son poids sur la vitre fragilisée qui explosa sous l'impact dans un bruit cristallin.
Nous nous écartâmes précipitamment de peur de recevoir des éclats perdus, pendant que Khyn et le rapace passaient par l'ouverture dans un cri victorieux.
— Vous allez vraiment nous abandonner là ? me demanda le docteur Banes d'une voix inquiète.
— Non, lui répondis-je avec assurance. De toute manière, je ne sais même pas si je peux encore me métamorphoser...
— Pourquoi vous ne pourriez-pas si vous êtes comme eux ? me demanda Kyle.
— Parce que je suis enceinte, lui répondis-je simplement ne voulant pas étaler mon ignorance devant les autres métamorphes encore présent et dont Célia faisait partie.
— Vous savez la nature est bien faite, me chuchota Iphigénia avec un petit sourire en m'entrainant légèrement à l'écart. Tant que votre corps accepte la transformation, c'est que c'est sans danger pour les bébés. Le jour où cela deviendra risqué vous le sentirez et votre organisme bloquera de lui-même la transformation. Alors, métamorphosez-vous et allez apprendre à mon fils qu'il va bientôt être papa, m'ordonna-t-elle gentiment ses yeux brillants d'émotions.
— Je n'attends que ça, mais...
— Je sais que ça peut paraitre haut mais vous aurez la détente nécessaire...
— Non ce n'est pas ça, l'interrompis-je. Je ne peux pas les abandonner. Cette femme n'est peut-être pas une métamorphe mais elle m'a sauvé la vie et il est hors de question que je la laisse ici !
— Vous devez penser aux bébés ! s'exclama-t-elle. Vous ne pouvez pas retourner là-dedans avec ce monstre qui rôde ?
— Non et je n'en ai pas l'intention, lui répondis-je avant de m'approcher de Kyle et de Rebecca qui nous regardaient d'un air inquiet.
— D'ici, est-ce-que l'on peut rejoindre les salles adjacentes ? demandai-je à Kyle qui était le plus à même de pouvoir répondre à cette question.
— Oui, en passant par les coursives intérieures.
— Est-ce qu'une de ces salles est relié avec l'extérieur.
— La salle suivante...en quelque sorte. Mais cela ne nous sera d'aucune utilité.
— Et pourquoi ? lui demandai-je.
— C'est la salle aquatique. Le bassin est relié à l'extérieur par un système permettant de vidanger la cuve en cas de besoin. Le problème, c'est que sans matériel de plonger...impossible de passer par là sans se noyer !
— Vous êtes certaine que je peux me transformer ? redemandai-je à Iphigénia par acquis de conscience.
— Oui mais je ne vois pas ce que...
— Faite-moi confiance, lui dis-je toujours réticente à lui confier mon secret. Je ne ferais rien de dangereux pour les bébés. On se retrouve dehors ?
Elle me lança un regard réprobateur mais finit quand même par acquiescer d'un signe de tête, avant de grimper à son tour, dans l'intention d'amorcer sa métamorphose.
— Vite, il faut se dépêcher ! Conduisez-nous dans cette salle !
— Mais comment...
— Sachez juste que je ne me transforme pas qu'en panthère ! leur dis-je dans un souffle tandis que Kyle nous conduisait jusqu'à une porte de service presque invisible.
Il la déverrouilla manuellement avant de nous faire signe de nous dépêcher d'entrer.
— Vite, j'ai peur que cela ne fragilise la fermeture de la porte principale ! Nous ne devons pas laisser ouvert longtemps !
Une fois que nous fûmes passé, il allait refermer le lourd battant sur nous, quand quelqu'un passa son bras in-extrémis pour empêcher la fermeture.
— S'il vous plait...emmenez-moi avec vous ?! nous supplia Célia.
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Chapitre enfin disponible ! Encore désolée pour le contretemps ^.^
Je tenais aussi à vous informez que suite à un bug récurrent je n'ai pas pu répondre à tous vos commentaires :-( J'essaye de rattraper mon retard mais cela devient compliqué...néanmoins, je fais de mon mieux ^.^
Des bisous *o*
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