Chapitre 2-1
C'était tellement inattendu et inespéré, que durant quelques instant je n'eus même pas la présence d'esprit de répondre.
« Féline ?! » arriva finalement à émettre mon cerveau épuisé, au prix d'un effort qui me sembla anormalement important.
« Où es-tu ? » ajoutai-je finalement alors que je commençais difficilement à me relever, mes membres me donnant la très désagréable impression d'être en plomb.
« Dans une cage... ! » rugit soudain l'esprit de Féline, dans un grondement sourd et rageur.
A la réception de ce message, je sentis mes espoirs et mon cœur tomber dans un abîme sans fond. Si Féline était prisonnière elle aussi, quelle chance avais-je de m'en sortir ? À moins que...Jude était peut-être toujours libre lui ? Si Féline réussissait à le contacter comme je savais qu'elle en était capable, peut-être avions-nous encore une chance !
« Jude est avec toi ? Vous avez été fait prisonniers ensemble ? Il est libre ? tu peux le contacter ? »
Toutes ces pensées sortirent un peu pêle-mêle de mon esprit, sans qu'il n'y ait une véritable cohérence entre elles. J'avais tellement peur que notre connexion, que je sentais faiblarde, ne se coupe brutalement, que j'essayai d'obtenir le plus d'information possible en un minimum de temps.
« Je n'ai pas revu le poulet depuis que nous avons fuis ensemble dans les bois...Je ne le sens pas ici, mais...je ne te sentais pas non plus...avant ».
Une profonde déception m'envahit, tandis que je réfléchissais à toute vitesse tout en cherchant frénétiquement un moyen de m'échapper de cette pièce. Mais mise à part la porte...je ne voyais aucune autre issue.
« Tu peux me dire dans quelle sorte d'endroit tu te trouves ? » lui demandai-je en me rapprochant de la porte.
« Dans un endroit grand et vieux, qui sent le bois pourris. »
« Une grange ? » Évidemment elle ne me répondit pas, mais j'arrivai à traduire un peu ses pensées animales imprécises.
Elle semblait être parquée avec d'autres animaux, dans une sorte de grange ou de hangar divisé en box entourés de grillages et de barbelés. Elle était en bonne santé, avait de l'eau et de la nourriture et n'était apparemment pas en danger immédiat. Mais les hommes en blouses blanches qui allaient et venaient régulièrement la terrorisaient, lui rappelant les terribles moments qu'elle avait vécu dans le précédent labo, juste avant que je ne la délivre.
C'est alors que des voix courroucées s'élevèrent soudain dans la pièce voisine, faisant brutalement accélérer mon cœur déjà bien malmené.
« Féline ! Je te promets de venir te chercher. » lui envoyai-je précipitamment en commençant à m'éloigner de la porte à mesure que j'entendais les personnes se rapprocher. « Mais si tu as la possibilité de t'enfuir...surtout pars ! Ne t'occupe pas de moi ! » lui intimai-je, alors que la porte s'ouvrait à la volée dans un horrible bruit de bois martyrisé.
— Vous l'avez détachée ?! Mais vous êtes vraiment la dernière des gourdes ! Vous savez au moins à qui vous avez à faire ? hurlait Krüller, alors qu'il pénétrait dans la pièce et s'empressait de braquer son arme directement sur ma poitrine, son visage balafré défiguré par la colère.
— A une jeune femme blessée et terrorisée qui avait grand besoin d'une douche, lui répondit le docteur d'une voix outrée, en pénétrant à son tour dans la rudimentaire salle d'eau.
— Rassurez-moi, vous savez au moins à quoi sert cet endroit ? persifla-t-il en se baissant pour ramasser les menottes qui étaient restées au sol sans jamais me quitter du regard.
— À mener des recherches scientifiques confidentielles sur les maladies mentales ! Mais ce n'est pas parce que je ne suis sensée m'occuper que du personnel et non des patients, que je peux laisser passer un tel comportement. De plus, cette jeune femme ne me semble pas folle du tout, termina-t-elle son monologue d'un ton désapprobateur.
— Parce que vous êtes psychiatre peut-être ? lui répondit-il du tac au tac, d'une voix méchante et exaspérée.
— Il ne me semble pas que ce soit votre cas non plus ?! répliqua-t-elle sans se laisser démonter. Vous êtes qui d'ailleurs ? Vu votre tenue, vous ne devez pas faire partie des chercheurs ou du personnel médical !
— Croyez-moi, il vaut mieux pour vous que vous l'ignoriez, la menaça-t-il en lui lançant un regard meurtrier, qui réussit finalement à la faire taire.
Pendant toute la courte durée de leur échange, j'étais restée là, plantée comme un piquet au milieu de la salle, ne sachant pas qu'elle attitude adopter ?! Tentai-je de m'enfuir en le bousculant, au risque de me prendre une balle au passage, pour certainement me faire intercepter quelques mètres plus loin. Ou me laissai-je menotter à nouveau sans résistance, afin de tenter ma chance, une fois reposée et en pleine possession de mes moyens. C'était sûr que vu comme ça...le choix était vite fait ! Pourtant, une part de moi refusait l'idée de me soumettre à ce type, ne serait-ce que de manière temporaire et c'est donc instinctivement que je reculai de quelques pas en le voyant s'approcher de moi.
— Je te conseille de te laisser faire, si tu ne veux pas que ta copine la pipelette fasse des dommages collatéraux ! me susurra-t-il dans un murmure en se saisissant de mon bras d'un geste inutilement brusque.
Je résistai durant quelques secondes, histoire de bien lui faire comprendre que je n'aurais eu aucun mal à me dégager si je l'avais voulu. Puis je me tournai à contre cœur, tandis que la voix mentale de Féline résonnait une nouvelle fois dans ma tête, emplissant mes sens et me donnant la force de capituler...pour le moment.
« Je ne t'abandonnerai pas, petite sœur ! Nous nous en sortirons, ensemb... »
A l'instant où les pernicieux bracelets touchèrent ma peau, la communication s'interrompit net, alors qu'une douleur sourde et lancinante s'élevait immédiatement de mon épiderme irrité. Visiblement persuadé que je ne ferais pas de vagues, à moins que ce ne soit pour éviter de devoir se justifier devant le docteur, il s'abstint de m'entraver de nouveau les chevilles et c'est d'une secousse sèche mais discrète, qu'il me fit signe d'avancer.
J'avais à peine fait quelques pas, que les effets du métal se faisaient déjà sentir, me rendant toute faiblarde et nauséeuse. C'est donc sans avoir besoin d'en rajouter beaucoup, que je trébuchai volontairement et atterrissais à genoux aux pieds de la doctoresse, qui m'aida instinctivement à me relever en profitant pour foudroyer Krüller du regard, alors qu'il ouvrait la bouche pour l'en dissuader.
— Je ne suis pas folle et je suis prisonnière ici...s'il vous plait...aidez-moi ! arrivai-je à lui murmurer précipitamment, avant que l'autre brute ne m'écarte d'elle sans ménagement.
Le regard perplexe et perturbé qu'elle me lança, me confirma qu'elle avait bien entendu mon message. Mais allait-elle en tenir compte ? Je ne le saurais peut-être jamais, me dis-je en lui lançant un dernier coup d'œil désespéré.
Dès que nous eûmes franchis la porte, Krüller laissa éclater sa colère en me balançant sans ménagement dans les bras d'un autre garde, tandis qu'il tirait rapidement une sorte de tissus de l'une de ses poches. Il s'avéra que cela était une sorte de sac en toile, qu'il s'empressa de m'enfoncer sur la tête, m'écrasant le nez et anéantissant ma vue.
— Emmenez-là dans le labo A, section 2 ! aboya-t-il à l'homme qui me tenait et qui s'empressa d'obéir sans protester.
N'ayant aucun point de repère auxquels me raccrocher, je comptai le nombre de pas et le le nombre de tournant et de changement de direction, essayant tout de même d'apercevoir des formes ou des lieux caractéristiques au travers de l'étoffe beige.
Au terme d'environ deux cents pas, nous prîmes un ascenseur qui nous fit descendre de plusieurs étages, sans que je ne puisse en connaitre le nombre exact. Puis à la sortie, nous tournâmes deux fois à gauche, avant que le garde ne s'immobilise brusquement et ne se mette à pianoter sur un clavier. Un petit bip retentit en même temps qu'une porte s'ouvrait et que l'on me poussait en avant.
Je sentis le canon d'une arme s'enfoncer dans mon dos, tandis que l'homme ouvrait mes menottes et sortait en calquant la porte, me laissant le soin de retirer seul le sac de toile qui me masquait la vue.
« Féline ! Féline...tu m'entends ?! » m'empressai-je d'appeler, tandis que je me libérai et ouvrais les yeux sur mon nouvel environnement.
Alors que mon appel se heurtait à une barrière invisible, je me laissais glisser avec lenteur le long du mur gris sentant le désespoir étendre ses tentacules empoisonnés dans mon cœur, alors que j'attendais une réponse, qui je le savais...ne viendrait pas.
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Je tenais à profiter de la mise en ligne de ce chapitre pour vous annoncer que "Symbiose" comptabilise déjà plus de 1,3 K de vues pour 337 votes et est déjà classé #83 du classement fantastique !! O_O !!
En à peine 3 jours, c'est juste...waouh !!!!
Alors, un grand, un énorme merci à vous tous *o* Bisous, bisous et j'espère que ce nouveau chapitre vous a plu ?!
Kisssss *-*
Oh mon dieu ! En postant ce chapitre, je viens de me rendre compte que le classement vient de changer et qu'à présent "Symbiose" est...#56 ème !! ^o^ !!
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