Chapitre 17-2
Je me figeai, tandis qu'à la lueur tremblotante de la lampe torche, le docteur Banes me lançait un regard interrogateur. Je tentai désespérément de contacter de nouveau Féline...sans succès. Pourtant je sentais qu'elle était là, bien vivante, au bout de notre lien. Mais soit notre connexion était bloquée, soit pour une raison inconnue, elle ne voulait pas communiquer.
« Tu n'as plus beaucoup de temps...l'horloge tourne ! »
— Mais de quoi parle-t-il ? me souffla la doctoresse dans un murmure tandis qu'elle s'emparait de ma main et essayait de m'entraîner derrière elle. Venez...nous devons partir tout de suite !
— Je ne peux pas ! lui répondis-je dans un murmure alors que je résistai à sa traction et commençai à rebrousser chemin vers l'intérieur de la pièce.
C'était peut-être du bluff, je l'espérai même mais tant que je n'en étais pas certaine, je ne pouvais pas risquer la vie de Féline sur un coup de tête.
— Mais vous êtes folle ! Qu'est-ce-que vous faites ?!
Franchement je ne savais pas vraiment...mais il fallait que je trouve quelque chose !
« Vous jouez vraiment avec le feu ! Très bien...10...9... »
Le compte à rebours sembla débloquer quelque chose en moi et soudain je sus quoi tenter.
« Vois-tu le vilain deux jambes ? » demandai-je frénétiquement à Frimousse, envoyant toute ma force mentale dans notre connexion, pendant que Krüller continuait d'égrener les secondes.
« Squiit...deux jambes, très méchant ! Faire peur à nous ! Kiiit... ! »
« Oui c'est vrai mais...tu peux le voir ? Est-ce qu'il tient quelque chose dans sa main ? »
Pour toute réponse la souricette m'envoya l'image d'un objet plat et brillant qu'elle ne savait pas identifier. Mais moi je savais, c'était un téléphone ! Il n'était donc pas en train de bluffer !
— « ...0 ! C'est trop tard, tu as laissé passer ta chance », me nargua-t-il d'une voix goguenarde teintée d'agacement.
Une terrible angoisse me saisit à l'entente de ces mots et encore plus des suivants.
« Occupe-toi de... »
Un cri bref, suivit du bruit caractéristique d'un téléphone s'explosant sur du béton se fit entendre, lui coupant très opportunément la chique ! Avant qu'il ne commence à jurer de la plus créative et horrible des manières.
À l'entente de son ordre, j'avais réagi d'instinct, sans réfléchir et envoyé à Frimousse la consigne de tout tenter pour le priver de son téléphone. Maintenant je m'inquiétai pour la souricette que je n'avais jamais eu l'intention de mettre en danger de la sorte !
« Méchant deux jambes plus faire mal à toi ! Objet dangereux cassé ! Squiit...Gentille rassurée ? »
« Gentille très rassurée et très contente ! Toi parfaite souris...Je trouverai plein de bonnes miettes pour toi et tes bébés. Maintenant...tu dois te sauver...vite ! »
Je sentis que la petite souris m'obéissait et à la seconde où je fus certaine qu'elle était hors d'attente de la rage noire de l'autre taré qui était en train de se précipiter vers la sortie, coupai notre connexion pour essayer de rétablir celle avec Féline, y mettant toute ma volonté et mes dernières forces mentales.
« Petite sœur ?! »
Entendre la voix mentale de mon amie m'enleva un poids de la poitrine, que je n'avais même pas eu conscience d'avoir, avant qu'il ne disparaisse.
« Prépare-toi ! Un homme va s'approcher de ta cage dans l'intention de te tuer ! Oblige-le à ouvrir la porte et sauve-toi ! » lui ordonnai-je dans une projection précipitée et sans doute un peu brouillonne, vu mon état de stress.
J'assistai à la scène presque comme si je la vivais, Féline restant connectée à moi tout du long, certainement pour me rassurer.
Elle suivit mes conseils à la lettre et se terra dans un coin de sa cage, complètement repliée sur elle-même. Si bien que quand l'homme arriva, il n'eut d'autre choix que d'ouvrir la porte pour essayer d'atteindre mon amie. Cette dernière ne perdit pas une seconde et bondit sur lui dans un rugissement terrifiant, plantant ses crocs directement dans sa carotide avant de faire taire ses cris d'un coup de mâchoire puissant et définitif. Je sentis son dilemme momentané entre savourer cette délicieuse proie bien chaude ou s'enfuir. Je l'exhortai à se sauver immédiatement et...elle finit par m'écouter, se faufilant telle une ombre entre les caisses et les cages entreposées pêle-mêle au milieu de la grange. Je ne relâchai mon souffle que lorsqu'elle fut enfin en vue de l'extérieur sans avoir rencontrer d'autre résistance. Du haut de la fenêtre où elle se trouvait, on pouvait apercevoir la lisière d'une forêt, séparée du bâtiment par une grande étendue vierge.
« Tu peux atteindre les arbres ? » lui demandai-je sentant ma concentration faiblir.
« Sans problème mais avant...je viens te chercher » gronda-t-elle dans mon esprit alors qu'elle s'apprêtait à sauter à l'extérieur.
« Non ! C'est trop risqué » m'empressai-je de lui répondre. « Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai de l'aide. Va te mettre à l'abri des arbres et je te rejoins très vite. »
Je sentis qu'elle hésitait, rechignant à m'abandonner.
« Fuis...maintenant ! Un autre homme arrive pour te faire du mal...n'attend pas ! »
Elle finit par capituler et m'obéir, rejoignant l'extérieur d'un bond souple et rapide. Ses coussinets avaient à peine effleurer l'herbe humide de rosée, que le premier coup de feu retentit. Elle l'évita facilement et commença à louvoyer en piquant un sprint, des mottes de terres et d'herbes volant autour d'elle tandis qu'elle courait pour sauver sa vie. Je ressentis un choc et une légère brulure lorsqu'une des balles lui effleura la patte arrière mais d'un ultime bond prodigieux elle atteint les arbres et se fondit dans la canopée.
« Féline ! Tu vas bien ? » lui hurlai-je mentalement, presque aussi essoufflée qu'elle.
« Oui petite sœur...et encore une fois grâce à toi. Je vais partir chasser, j'en ai besoin. Dépêche-toi de me rejoindre, je t'attends » puis elle coupa notre connexion, me laissant chancelante et...abandonnée.
Ce n'est qu'alors que je sentis les secousses et entendis les appels répétés et inquiets de la doctoresse qui devait s'évertuer à m'appeler depuis un bon moment déjà.
— Christina ! Christina vous m'entendez ? Que se passe-t-il ? Sa voix remplie d'inquiétude flirtait avec les aigues et elle paraissait au bord de la panique.
— ça va, ne vous...
Mais le reste de ma phrase resta en suspend tandis que mes forces m'abandonnaient et que je me sentais glisser doucement vers le sol. Le docteur Banes me rattrapa et m'aida à m'assoir un peu plus confortablement.
— Il s'est passé quoi là ? Vous ne paraissiez plus être avec moi...j'ai cru que vous faisiez un malaise ! Et vos yeux étaient...étranges.
— Comment ça étrange ? parvins-je à lui demander entre deux vagues d'étourdissements.
— Comme si un voile les recouvrait ! Je n'avais jamais vu ça auparavant.
Cela devait se produire lorsque je me servais de la communication mentale...mais personne ne me l'avait jamais fait remarquer ! Il faudrait que je pose la question à Jude si...quand je le retrouverais, me forçai-je à penser tandis que le malaise s'estompait légèrement.
— Je communiquai avec quelqu'un, lui avouai-je finalement d'une voix éreintée.
— Comment ça communiquer vous étiez seule ! Par la pensée vous voulez dire ?! reprit-elle dans un hoquet surpris.
— Et j'ai un peu trop présumer de mes forces, lui répondis-je seulement pour ne pas trop l'affoler.
— Je...c'est...bon peu importe ! s'exclama-t-elle apparemment dépassée par les évènements. Vous vous sentez capable de marcher ?
— Ça devrait aller, répondis-je ne me levant lentement, tandis qu'un léger coup vint me rappeler que désormais...je partageai mon corps avec deux petits squatteurs.
— Pas de contraction ?
— Non...mais des coups de pieds apparemment !
Cela fut aussi bizarre à dire, qu'à entendre sortir de ma bouche. La doctoresse se contenta de me faire un petit sourire rassurant et m'aida à regagner le couloir, dans lequel nous nous engageâmes à pas prudents.
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Chapitre un peu compliqué à mettre en place du fait des différents dialogues distants et télépathiques qui s'entrecroisent ! J'espère que cela a tout de même été assez clair et compréhensible pour vous et que ce chapitre vous a plu ?!
Merci de me lire et à tout bientôt sur la suite ^.^
Psst..."Symbiose" est...#3ème !!^o^!!
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