Chapitre 17-1
*Centre de recherches expérimentales de Kendish*
Je crois que ce sont les voix qui me réveillèrent, des voix d'hommes, autoritaires et froides, presque des cris en fait...
« Cherchez-les ! Elles sont forcément ici...trouvez-les moi ! »
Cette voix...non ça ne pouvait pas être lui...il était mort ! Je devais être en plein cauchemar pensai-je alors que je m'agitai et qu'un faible gémissement sortait de ma bouche.
— Chuuuut...ne bougez pas ! me chuchota le docteur Banes dans l'oreille tandis que je sortais difficilement de ma torpeur, malgré la peur et la panique qu'instillaient dans mon corps et mon esprits ces bruits et ces cris au final bien réels.
Nous ne pûmes rien faire d'autre qu'attendre dans la pénombre, frémissant au moindre son se rapprochant un peu trop près de notre cachette.
« Il n'y a personne ici monsieur. »
« C'est impossible ! Elles ne sont sorties du complexe. Elles se terrent nécessairement quelque part...Très bien, ne traînons pas ici ! »
Les bruits de pas commencèrent à s'éloigner et à mesure qu'ils refluaient nous respirions plus librement. Jusqu'à ce que nous entendions la lourde porte palière se refermer dans un claquement sourd.
— Nous devons partir d'ici...ils vont revenir !
— Non, c'est ce qu'ils espèrent ! Nous devons attendre qu'ils se lassent de chercher et nous croient parties. À ce moment-là nous aurons une chance...peut-être, me dit la doctoresse d'une voix assurée mais tremblante. Comment vous sentez-vous ? me demanda-t-elle, alors qu'elle rallumait sa lampe, atténuant sa luminosité en la glissant sous son tee-shirt.
— Mieux...malgré ce réveil stressant, lui répondis-je sincèrement.
— Oui effectivement, me confirma-t-elle alors qu'elle enlevait ses doigts de mon poignet. Votre rythme cardiaque est régulier et votre ventre plus souple, c'est rassurant, ajouta-t-elle d'une voix anxieuse et incertaine.
— Pourquoi êtes-vous si...hésitante ? lui demandai-je, inquiète de sa réponse.
— Je ne sais rien de votre...nature ! Ce type de grossesse est une première pour moi !
Pour moi aussi, eus-je envie de lui répliquer d'un ton ironique en posant instinctivement une main sur mon ventre.
— Je n'ai aucune référence, aucun point de repère ! Je ne sais pas ce qui normal ou non...les fœtus semblent grandir à une vitesse hors norme...savez-vous si c'est normal ? Que pouvez-vous m'apprendre pour que je vous aide au mieux ?
— Rien...lui répondis-je tristement. Il y a quelques semaines, je croyais encore être une femme normale avec une vie banale et des problèmes normaux ! Même parmi les métamorphes je suis à part, lui avouai-je d'une voix lasse.
C'est alors que je perçus un mouvement infime sous ma main. Surprise je la retirai aussitôt dans un mouvement vif et nerveux.
— Qu'y-a-t-il ? me demanda le docteur Banes, immédiatement sur le qui-vive.
— Il...je crois que...j'ai sentis l'un des bébés bouger ! ma voix sonna étrangement à mes oreilles, à la fois surprise et émerveillée.
— Vu leur taille, c'est tout à fait plausible, me dit-elle avec un petit sourire.
— À votre avis, l'accouchement devrait être pour quand ?
— Si la croissance continue à se faire à ce rythme...deux, trois semaines !
Je ne répondis pas, estomaquée par sa réponse. Je ne pouvais pas être maman dans trois semaines ! Je ne m'étais même pas complètement faite à l'idée ! Subitement une angoisse sourde et diffuse me saisit, enveloppant mes sens et emprisonnant mon cœur dans un étau.
« Féline ! »
Mon appel mental resta sans réponse, tandis que l'angoisse augmentait, s'insinuant dans mes pensées jusqu'à en occulter momentanément toutes mes autres préoccupations.
« Féline ? » réessayai-je une nouvelle fois.
Tout à mon angoisse, je m'étais levée sans même m'en rendre compte surprenant le docteur Banes qui me fixait d'un air interrogateur et inquiet.
— Qui est Féline ? me demanda-t-elle alors qu'elle se levait à son tour.
Merde ! J'étais tellement préoccupée que j'avais parlé à voix haute sans même m'en apercevoir.
— Je vous expliquerai plus tard mais...nous ne pouvons pas rester ici une minute de plus...
La lumière principale se ralluma brutalement dans un bruit de mécanismes rouillé, me coupant instantanément la parole.
« Je sais que tu es là ! Hé, le monstre de foire, sors de ta cachette ! »
La voix qui résonna et se répercuta entre les murs de bétons ne pouvait appartenir qu'a une seule personne ! La doctoresse me jeta un regard paniqué rempli de peur et d'incompréhension, car elle aussi elle avait reconnu la voix.
— Cet homme est mort, vous l'avez tué ! me chuchota-t-elle à l'oreille dans un souffle à peine perceptible.
Il fallait croire que non ! Pourtant je sentais encore le goût de son sang sur ma langue et la sensation des os et des tendons qui cédaient si facilement sous mes crocs...
Je repoussai férocement Kami et sa réminiscence écœurante avant que cela ne me fasse rendre trippes et boyaux. Ce mec avait combien de vies à la fin ! rageai-je intérieurement tandis que la panique me gagnait. Comment allions-nous nous sortir de là ? Nous étions faites comme des rats ! Notre seule et unique chance était de rester silencieuse en espérant qu'il se lasse et finisse par partir.
« Christinaaaaaaaa ! » appela-t-il à nouveau d'un ton moqueur tandis qu'il faisait courir quelque chose (sans doute une arme) sur les tuyaux et les armoires métalliques, produisant un son agressif et flippant.
Je regardai frénétiquement et inutilement autour de moi, ne sachant pas quoi faire. L'absence totale de réponse de Féline à mes appels mentaux désespérés, me plongeaient un peu plus dans le désespoir et la panique. La main de la doctoresse se posa doucement sur mon bras et me ramena brièvement à la réalité. Elle chercha à capter mon regard et d'un signe de tête m'indiqua la porte condamnée. Nous nous en approchâmes et commençâmes à essayer d'enlever les planches à moitiés pourries qui empêchaient son ouverture. Au premier craquement nous nous arrêtâmes, affolées que l'autre dingue ait pu entendre quelque chose.
« Où es-tu ?! »
Les sons métalliques se rapprochaient de plus en plus, nous donnant des sueurs froides. Il nous fallait une diversion, quelque chose pour attirer son attention dans une autre partie du sous-sol, pour nous permettre de dégager la porte...mais quoi ?!
« Squiit... ! Moi et autre moi pouvoir faire peur au vilain deux jambes ! Squiit »
Frimousse ! La connexion avec la souricette me paraissait faible et lointaine, sans doute parce que j'étais connectée à Féline en même temps, mais l'entendre me fit un bien fou.
« Tu pourrais attirer deux jambes loin de nous ? »
« Facile ! Squiiiiiit... ! »
Il ne s'écoula que quelques secondes me sembla-t-il avant qu'un bruit léger mais parfaitement audible, ne se fasse entendre quelque part au loin, interrompant le manège stressant de l'autre psychopathe. Il ne prononça pas un mot cette fois-ci mais nous entendîmes ses pas décroitre rapidement tandis qu'il tombait dans le panneau à pieds joints. Nous attendîmes quelques secondes puis recommencèrent à nous acharner sur la porte. La dernière planche céda enfin et c'est avec un intense soulagement que nous l'ouvrîmes pour nous retrouver dans un couloir entièrement plongé dans les ténèbres.
C'est alors qu'un cri de rage retentit, tandis que la souricette m'assaillait de projections désordonnées.
« Deux jambes compris ! Lui très pas content ! Squiiit ! »
Avec un peu de chance cela l'inciterait à croire que nous n'étions pas là et à rebrousser chemin vers la surface. Mais sa voix désagréable et moqueuse retentit de nouveau, anéantissant tous mes espoirs.
« Assez joué, la traque ne m'amuse plus ! Soit tu sors de ta cachette tout de suite, soit j'appelle mon collègue en poste à la grange et lui dis de mettre une balle dans la tête de ton amie. »
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