Chapitre 54 - Trailer
Des vibrations régulières et une lumière vive arrachèrent Hinata à son rêve. Une lumière grise éclairait une chambre qui n'était pas la sienne. Le bras qui l'entourait la quitta et avec lui la chaleur. Elle se redressa en fixant Gaara, une main sur son cœur comme pour cacher ses battements. Il allait lui falloir un peu de temps pour s'habituer à ça. Gaara décrocha avec une voix enfarinée.
– Désolée, c'est Amélia. Je te réveille ? J'ai essayé d'appeler Hinata mais elle ne répondait pas. Je voulais vous annoncer que la publicité sera diffusée à partir d'aujourd'hui, histoire que vous ne soyez pas surpris. Tu pourras lui faire passer le message ?
Gaara se tourna vers elle.
– Elle a entendu.
Hinata fit les gros yeux alors qu'Amélia émettait un « Oh » avant d'ajouter sur un ton plus professionnel :
– Oh eh bien contente que vous ayez tous les deux pu rentrer chez vous sans encombre. Enfin chez toi. Ou chez elle. Enfin où que vous soyez. Je crois qu'il y avait autre chose... Un rapport avec Switch World... euh... Bon je ne sais plus, je vous le dirai si je m'en souviens. Voilà, bonne journée.
Elle raccrocha un peu précipitamment.
Gaara bâilla et se leva. C'était drôle de le voir à peine éveillé, les cheveux un peu en bataille. Soudain elle réalisa qu'après leur course sous la pluie, elle devait probablement être pire. Pendant qu'il sortait des vêtements du placard, elle peigna ses cheveux d'une main, s'arrêtant dès qu'il se retourna.
– Je vais m'habiller, dit-elle en bondissant hors du lit.
En sortant de la chambre, une odeur de café, de chocolat et de tartines grillées lui mit l'eau à la bouche. Les voix de Temari et de Kankuro discutaient dans la cuisine, mêlées au bruit d'une télévision. Elle s'enferma dans la salle de bain où ses affaires avaient fini de sécher. Comme elle le craignait, ses cheveux avaient pris des plis bizarres. Elle trempa ses mains et les humidifia dans une tentative de les lisser puis rejoignit les No Sabaku dans la cuisine.
Gaara était assis devant une tasse de café. Il déposa son portable à son arrivée et Kankuro lança :
– Bien dormi ?
Elle acquiesça et ce ne fut qu'en s'asseyant qu'elle remarqua son sourire en coin. Ah. Oui. Temari avait dû se rendre compte qu'elle ne ressortait pas de la chambre de Gaara. Mal à l'aise, elle attrapa une clémentine et avait à peine fini de l'éplucher que Gaara se levait.
– Merci de m'avoir accueillie. Pour le pyjama aussi, et pour les chaussettes, ajouta-t-elle en voyant la paire qui traînait sur le comptoir à côté de la corbeille à fruits.
– Avec plaisir, répondit Temari. Reviens quand tu veux.
Sur le mur, l'émission de télévision avait cédé sa place aux publicités. Hinata retint Gaara par le bras en entendant des notes familières. C'était la pub de Switch World !
« Choisissez votre classe. »
Les images de leurs combats défilèrent dans un flash, incrustées au milieu d'étendues aquatiques où grondaient des monstres marins, de mystérieuses jungles, de forêts cristallines ou en plein ciel.
« Choisissez votre faction. »
Les deux capitales se partagèrent soudain l'écran, illuminant la nuit.
« Et écrivez votre histoire. »
Il y eut un flash et des souvenirs de Kahaen et d'Hynae défilèrent ; l'île flottante de leur première interview où ils étaient apparus, l'air un peu perdu, leurs affrontements durant le tournoi, Hynae qui sautait dans les bras de Kahaen à l'annonce de leur qualification. Dans un fondu, les avatars s'effacèrent pour leur laisser place, victorieux sous les lumières de l'immense stade.
Le logo de Switch World mit fin à la publicité.
Hinata se mordit la joue, mi-impressionnée, mi-embarrassée. On leur avait dit que leur image serait utilisée pour la publicité, pas que sa ligne narrative serait centrée sur eux !
À côté de l'écran, l'horloge indiquait 7h42.
– Euh, Gaara ?
– Oui, il va falloir se dépêcher.
Ils passèrent rapidement par la salle de bain pour terminer de se préparer. Hinata constata que ses cheveux avaient repris une forme à peu près acceptable, elle tenta de remettre en place les dernières mèches dissidentes puis se tourna vers Gaara qui enfilait sa veste en l'observant. Ils sortaient sur le palier quand il leva la main pour réarranger une de ses mèches de cheveux.
C'était un geste banal, mais qui lui réchauffa le cœur. Elle allait avoir besoin de temps pour s'habituer à ce genre de chose ventant de lui – et elle avait bien envie de s'y habituer.
D'ailleurs ce n'était pas la seule chose à laquelle elle allait de voir se faire, songea-t-elle quand il lui tendit son casque. Un peu nerveuse, elle le fixa sur sa tête.
– En se dépêchant, on sera à l'heure, dit-il enclenchant le moteur.
Elle déglutit et s'installa derrière lui.
Il conduisit rapidement pour rattraper leur retard, se faufilant entre les voitures qui bouchonnaient. Comme d'habitude, ses calculs étaient exacts ; ils arrivèrent à l'heure au lycée. À l'heure de pointe même. Celle où arrivait Sakura et Ino par exemple.
Ino les pointa du doigt et elle rebroussèrent chemin vers l'endroit où Gaara se garait.
– Salut ! fit Ino en se plantant devant le scooter. Vous arrivez tous ensemble ? On a raté un épisode ?
– Salut... répondit lentement Hinata en rendant son casque à Gaara. Hm, on s'est fait surprendre par la pluie, hier soir.
Elle hésita à en dire plus. Qu'est-ce que Gaara préférait ? Faire comme si de rien n'était ou dire qu'ils étaient ensemble ? Parce qu'ils étaient ensemble, pas vrai ?
– C'est pour ça que tu ne répondais pas aux messages ? On s'est inquiétées.
Hinata fronça les sourcils. Amélia avait essayé de l'appeler elle aussi. Elle trouva son portable éteint, tenta de l'allumer et découvrit que sa batterie était vide. Ça expliquait bien des choses. La sonnerie les obligea à se hâter en cours.
Arrivés devant la salle, Ino toisa Gaara puis choisit une table à deux à laquelle Sakura la rejoint. Hinata s'installa derrière elles et son cœur accéléra quand Gaara posa son sac sur la place à côté. Son changement de place provoqua des murmures qui firent rapidement le tour de la salle, mais elle trouvait ça moins pesant qu'elle ne l'aurait cru. Après tout à part Ino et Sakura peu lui importait ce que les autres en pensaient, et ses amies étaient de son côté de toute façon.
– Besoin d'un chargeur ? demanda Gaara.
Il lui tendit sa batterie externe et Hinata laissa son portable charger dans son sac. Elle entendit les discrètes vibrations signalant les messages. Il y en eut même beaucoup, mais Ino avait l'habitude de la spammer quand elle ne répondait pas, donc elle ne s'en inquiéta pas trop.
Lorsque la pause de midi sonna, elle rendit sa batterie à Gaara et découvrit trois messages de sa sœur en plus de l'habituel spam d'Ino. Le premier lui fit l'effet d'une douche froide.
« Désolée d'avance il y a des trucs qu'on ne peut pas couvrir »
Quoi ? Couvrir ?
« C'est pas mes oignons mais honnêtement tu devrais lui répondre »
Le dernier était un simple : « RIP ».
D'une main tremblante, elle déroula la liste des notifications et découvrit cinq appels manqués de son père, tous datés d'avant le « RIP ». Elle vérifia sa messagerie, ses SMS mais rien venant de son père. C'était presque pire. Elle releva la tête, pâle. Autour de sa table, Gaara, Ino et Sakura la fixaient.
– Je suis morte.
– Hmm, explications ? fit Ino.
– J'ai pas... dormi chez moi hier... Mon père est pas en ville, je ne pensais pas qu'il saurait... Le problème c'est qu'il a essayé de m'appeler plusieurs fois et je n'ai pas répondu. Je ne sais pas ce qu'il s'est imaginé... Il n'a laissé aucun message.
– Alors, tu dis que tu es morte, et je me trompe peut-être, dit Sakura, mais je ne crois pas que ce soit toi la personne la plus en danger, là tout de suite.
Trois regards se tournèrent vers Gaara. Horrifiée, Hinata tapa le numéro de son père. Il n'allait quand même pas oser l'impliquer là-dedans ? Oh si, le connaissant, il allait oser. Tout à coup, cette petite icône d'appel lui paraissait terrifiante.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro