Chapitre 43 - Révisions en terrasse
Le soir à son bureau, Hinata attrapa son manuel de mathématiques avec moins de dégoût que d'habitude. Les cours d'Orochimaru la hérissaient, mais ces pages-là, elle les avait travaillées avec Gaara. En reprenant les exercices, dans l'espoir de s'avancer un peu pour ne pas être prise au dépourvu le lendemain, elle se rendit compte que les premiers étaient déjà beaucoup plus clairs. Peut-être du fait d'en avoir expliqué le cours associé en long en large et en travers ? En tout cas, elle avait l'impression d'avancer en terrain connu. Elle se surprit à s'amuser en comparant ses résultats avec ceux du cours, de toute façon, elle savait qu'elle avait juste, c'était tellement logique.
– Hinata.
Elle sursauta et pivota sur sa chaise, son crayon à la main.
Son père se tenait sur le seuil, la porte ouverte laissant entrer une odeur de soupe dans sa chambre. Réalisant qu'elle n'avait pas dîné, elle se leva.
– J'arrive !
Pour une fois qu'elle aurait voulu être seule à réciter ses théorèmes, son père décida de s'asseoir avec elle pour la bombarder de questions. Pourquoi s'était-elle attardée ? Que faisait-elle en cours ? Quelles parties du programme étudiaient-ils ? Hinata plissa les yeux, mais puisqu'il insistait... elle finit par lui détailler la partie du cours que Gaara et elle avaient étudiée. Il semblait à deux doigts de plonger dans sa tasse de café quand elle termina son repas.
Elle ramassait ses couverts pour faire la vaisselle, son père l'arrêta.
– Laisse-moi m'en occuper. Tu as des révisions.
Elle lui tendit l'assiette. Quand il avait exigé qu'elle rapporte un vingt, elle pensait qu'il la punissait de son échec, pas qu'il la croyait capable de le faire.
– Pourquoi vingt ? demanda-t-elle.
– Vingt, c'est la seule note qui annule ce zéro, répondit-il en laissant couler l'eau sur la vaisselle. Ceux qui regarderont ton dossier sauront que tu es capable du meilleur. Tu disais qu'il n'y avait qu'un élève qui obtenait ces hauts résultats en mathématiques, je sais que ma fille en est capable aussi.
En fermant la porte de la cuisine, Hinata resta un moment à fixer le bois sombre. Il ne l'avait jamais reconnue comme ça avant ni n'avait affirmé haut et fort qu'elle était capable du meilleur. En remontant les marches, elle sentit une nouvelle motivation s'ajouter à celle du tournoi et passa le reste de sa soirée dans des exercices complexes.
Elle passa les cours du lendemain animée par une drôle d'impatience ; une fois les exercices terminés, elle avait passé une bonne heure à décrypter la suite du cours. Une fois face à Gaara, elle s'attendait à ce qu'il lui demande de continuer à expliquer. Pas du tout. Au lieu de ça, il lui tendit une feuille d'exercice qu'il avait rempli.
– Je les ai déjà fait, dit-elle en lisant les énoncés à l'envers. Hier soir, quand je révisais.
– J'espère bien, répondit-il. Jette quand même un coup d'œil.
Elle parcourut les réponses et buta sur une ligne. Là, il y avait une erreur dans l'application du théorème, non ? Elle osa un coup d'œil vers Gaara qui attendait patiemment et le rebaissa aussitôt sur la feuille, les sourcils froncés. Impossible que monsieur 20/20 ait fait une erreur aussi grossière. Pourtant elle était si sûre d'elle.
– Euh...
En poursuivant sa lecture, elle dénicha une autre erreur, puis encore une autre.
– Ah. D'accord, tu veux que je corrige les exercices ?
– Que tu m'expliques ce qui est faux, pourquoi et comment je le corrige, répondit-il en lui tendant un stylo rouge.
Elle s'exécuta, s'appliquant dans ses explications pour faire le plus clair possible. Quand elle lui rendit la feuille raturée de rouge, il la lui renvoya.
– Tu as raté deux erreurs.
La première des deux était bien cachée et même après avoir relu une vingtaine de fois les exercices, impossible de dénicher la seconde.
– Alors garde la feuille et tu me l'expliqueras demain. On passe à la suite du cours.
– Tu ne veux pas me dire ? dit Hinata, qui n'avait pas envie de passer une seconde de plus à chercher cette maudite erreur.
– Rappelle-moi quelle note tu vises ?
Usant de tout son sang-froid pour ne pas passer sa frustration sur la feuille, elle la rangea dans son classeur et reprit ses explications de cours. Gaara avait raison, si elle prétendait à un sans-faute, ses révisions devaient forcément être corsées.
Lorsqu'ils se séparèrent, encore une fois à la nuit tombée, elle ressortit la feuille. En remontant les trottoirs déserts, elle murmurait les calculs à voix basse, couverte par le bruit des voitures. En passant à côté d'un chat qui somnolait sur une palissade, elle poussa un cri et le fit bondir. Les yeux grands ouverts, elle relut l'énoncé de l'exercice que Gaara avait réécrit à l'encre noire, puis sa réponse. C'était ça, elle avait trouvé l'erreur !
Le lendemain matin, alors que la salle de philo se remplissait, elle laissa son sac à Ino et Sakura et se dirigea vers Gaara avec la feuille d'exercice. Assis près de la fenêtre, il la suivit du regard, moqueur.
– C'est ultra vicieux ! s'exclama-t-elle à voix basse en aplatissant la feuille corrigée devant lui.
Il haussa un sourcil.
– Le nom de notre professeur de mathématiques, je te prie ?
– Orochi... Oui, d'accord, OK.
Il eut un sourire suffisant et elle faillit éclater de rire. Mais l'avatar de Kahaen flottait dans un coin de son esprit, alors elle secoua la tête et retourna à sa place. Le soir, elle eut droit à une nouvelle fournée d'exercices à corriger et ils attaquèrent le second chapitre. Elle évitait au maximum de croiser son regard ou de paraître trop joyeuse, mais malgré tous ses efforts, chaque fois qu'elle passait devant la salle de permanence, elle sentait son cœur bondir et le détestait pour ça.
Le vendredi midi, elle se sentait à la fois soulagée et triste. Ils n'avaient pas cours de l'après-midi, ce qui signifiait qu'ils le passeraient ensemble à réviser et qu'en suite, ce serait terminé.
– Alors, comment se passent les séances de révision avec notre génie des maths ?
Hinata releva les yeux de sa salade. Ino la pointa de sa fourchette.
– Vous faites ça tous les soirs depuis lundi et tu ne nous dis rien du tout !
– Si, je vous ai dit...
– Ah, attends, la coupa Sakura. Qu'il n'y ait pas de malentendu, quand Ino dit que tu ne nous racontes rien, elle parle de choses intéressantes. Bien sûr on est de tout cœur avec toi pour ce contrôle et on veut que tu ailles à ta finale, mais ce n'est pas ce qu'on veut savoir.
Hinata replongea dans sa salade.
Oui, ça, elle s'en doutait. Si elle évitait de parler de Gaara c'est parce que d'une, elle craignait la lueur qui animait Ino à chaque fois qu'on abordait ce sujet et de deux, elle ne voulait pas dévoiler ce ses sentiments pour lui et les rendre encore plus réels.
– Salut !
Toutes les trois relevèrent la tête. Naruto et Sasuke s'étaient arrêtés à leur table.
– On venait voir comment tu t'en sortais avec tes révisions ! C'est qu'on veut t'encourager pour ce tournoi nous !
– Je croyais que tu n'encourageais pas la faction ennemie ? fit Sasuke.
– C'est vrai... mais j'ai quand même envie de voir comment Hinata va s'en sortir ! Enfin, je venais surtout te prévenir que j'ai passé le message à Kahaen.
– Ah ? dit Hinata en ramassant les restes de sa salade. Qu'est-ce qu'il a dit ?
– Il n'avait pas l'air plus surpris que ça, répondit Sasuke.
Elle fouilla dans son sac pour en sortir la feuille d'exercices. De l'autre côté de la cour, Gaara l'attendait devant le bâtiment de la permanence.
– Ça ne me surprend pas. Il n'est pas très expressif et puis il devait s'en douter. Je vais vous laisser, il faut que je retourne réviser.
À mi-chemin, elle jeta un regard en arrière et vit que Naruto et Sasuke avaient pris sa place sur la table, à la grande joie de ses amies visiblement. Une dernière vérification sur les exercices la rassura et elle tendit la feuille à Gaara en arrivant devant lui.
– Toutes mes félicitations, répondit-il après y avoir jeté un coup d'œil.
En entrant dans la permanence, Hinata fut un peu déçue de la trouver bondée. En même temps, en début d'après-midi, ça n'avait rien d'étonnant et il valait mieux éviter les tête-à-tête de toute façon. Ils s'installèrent dans un coin et Gaara lui donna les exercices qu'il avait déniché pour elle (vu qu'ils avaient fait tous ceux donnés par le manuel et Orochimaru). Elle s'appliqua à les résoudre, mais son attention ne cessait de dériver vers lui et elle croisa plusieurs fois son regard dans des moments où elle n'aurait pas dû. Le pire, c'était cette sensation qu'il attendait quelque chose. Mais quoi ?
Il était à peine 16h quand elle reposa son stylo. Ils avaient fini. Le cœur lourd, elle lui demanda sans trop d'espoir s'ils pouvaient faire plus.
– Tu as toutes les connaissances qu'il faut et même plus.
Elle se força à sourire et traîna en rangeant ses affaires. Ils prirent le chemin de la sortie du lycée. Pendant qu'ils remontaient vers le large portail, Hinata se creusait la tête à la recherche d'un truc à dire.
– Tu... restes travailler tous les soirs ?
– Oui, sans nécessairement réviser.
– Ah, tu ne préfères pas rentrer chez toi ?
– Non.
Visiblement, il n'avait aucune envie de parler avec elle. Elle leva les yeux vers le ciel bleu de l'hiver. C'était mieux comme ça. En passant le portail, elle imaginait déjà son après-midi enfermée dans sa chambre à réviser encore et encore, un bon avant-gout du reste de son week-end.
– Il te manque quand même quelque chose, dit Gaara au moment où elle ouvrait la bouche pour lui dire au revoir. En survolant les examens d'Orochimaru, tu ne t'es jamais pleinement confrontée à ses pièges. J'ai essayé de t'en donner un avant-goût, mais ça serait plus sûr si tu connaissais par cœur ses schémas de pensée.
– J'ai peur d'avoir raté le manuel des Schémas de pensées tordus d'Orochimaru.
Un souffle de vent gonfla son manteau, sa morsure froide sur ses joues la faisant frissonner. Gaara continuait de marcher et elle fit de même.
– Je peux te les décrire, dit-il alors qu'ils atteignaient le pont menant au centre-ville de Konoha.
Elle acquiesça. Tout en se promenant entre les boutiques, les fontaines, les parterres de fleurs et les carrés de pelouse, ils débattirent de tous les coups tordus que pouvait imaginer Orochimaru. Au début, c'était réaliste. Mais après avoir fait le tour de tout, c'était plus un concours de qui trouvait le pire.
En passant devant une boutique de jouets, Hinata aperçut une vieille bougie sur son socle et s'exclama :
– Il pourrait cacher le vrai sujet pour qu'il se révèle uniquement si on éclaire la feuille de derrière ! En la posant contre la fenêtre par exemple.
– Trop simple, on se douterait de quelque chose avec la transparence. Par contre, s'il écrit des bouts d'énoncé avec une encre qui ne se révèle qu'avec une lampe UV, personne ne verra rien.
– Je prendrai un citron au cas où. J'ai lu que ça révélait ce type d'encre.
– Mets-toi à côté de la fenêtre aussi, on ne sait jamais.
Hinata se massa les joues. À force de sourire, elle commençait à avoir des crampes. Même sous ses gants, sa peau glacée et un nouveau coup de vent la firent trembler. Gaara désigna le café au bout de la rue, entourée par des plants de bambou d'un vert tendre.
– Tu veux entrer ici un instant, pour te réchauffer ?
– Ah, oui parfait, je pourrais noter tout ce qu'on a dit.
Elle le laissa passer devant avec un sourire calme. Une fois sûre qu'il ne pouvait plus la voir, elle écarquilla les yeux et poussa un cri silencieux. Quoi ? Quoi ? Quoi ?!
Le café était calme. Une serveuse les conduisit à une table à côté d'un rideau d'eau qui coulait sur des pierres brunes en une fontaine infinie. Hinata retira son manteau, ses gants, s'assit face à Gaara et soutint son regard trois secondes avant de réaliser qu'elle venait de commettre la pire erreur de sa vie.
Elle était coincée dans un face à face avec Gaara.
– Mon cahier de brouillon... ! marmonna-t-elle en soulevant son sac sur ses genoux.
Elle le posa sur la carte et réalisa qu'on commençait en général par choisir quoi commander.
– Oups, j'allais... euh, oui, alors.
En voulant soulever la carte, elle se rendit compte que sa main tremblait. Elle la reposa aussitôt.
– Un chocolat chaud, c'est bien. Il fait froid, dit-elle en frottant ses mains avec un rire nerveux.
Et c'est pour ça que mes mains tremblent, tu as compris ?
Gaara lisait la carte des boissons, pas réceptif à sa tentative de télépathie.
– J'ai même les mains qui tremblent, insista-t-elle, c'est bien l'hiver.
Il lui lança un regard un peu perplexe. Elle se maudit. Heureusement, elle put se réfugier dans son cahier de brouillon jusqu'à ce que la serveuse revienne avec deux chocolats chauds. Trop nerveuse pour avaler quoi que ce soit, Hinata laissa la tasse brûlante réchauffer ses mains.
– Je me demandais... dit-elle en soufflant sur la fumée. Tu m'en voulais pour... tu sais, Suigetsu et tout ça ?
– Vu comment tu construis tes raisonnements, ça ne m'étonne pas que tu te plantes en maths.
Elle reposa sa tasse, scandalisée.
– J'arrive à faire tous les exercices que tu m'as proposés, il n'y a aucun problème avec mes raisonnements !
Gaara reposa sa tasse à son tour.
– Fait numéro 1 : tu prends ma défense. Fait numéro 2 : tu te fais harceler, moi non. Fait numéro 3 : j'essaye de les calmer, c'est un échec, tu m'aides encore. Fait numéro 4 : tu perds ton portable à cause d'eux. Fait numéro 5 : tu t'inquiètes que je t'en veuille ?
Elle porta la tasse à ses lèvres et aspira une gorgée sucrée pour ne pas avoir à répondre. Bien sûr, présenté comme ça...
– Si tu te questionnes, le fait numéro 6, c'est quand tu penses ne pas avoir de problèmes dans tes raisonnements.
Elle s'étouffa dans son chocolat, riant à moitié. Il avait dit ça d'un ton neutre, mais elle devina un sourire alors qu'elle reprenait son souffle. Alors qu'ils continuaient de discuter de tout et de rien, elle réalisa combien elle se sentait... apaisée ? Elle termina sa tasse de chocolat.
Depuis le début de la semaine, le tournoi, l'examen, les attentes de son père, tout ça pesait sur elle et s'enfermer dans ses révisions ne lui changeait certainement pas les idées. Cette sortie lui avait permis de respirer un peu.
Par la fenêtre de la boutique, les premières lumières de la ville s'étaient illuminées pour chasser le crépuscule qui s'insinuait doucement dans les rues.
Sur le chemin du retour, Hinata repéra un petit stand de porte-clés et autres décorations. Elle dériva vers lui pour prolonger un peu ce moment. Parmi les animaux fantaisistes ou non qui débordaient sur l'étalage, son regard accrocha celui d'un tanuki. Son air un peu revêche lui rappelait la première impression que Gaara lui avait donné. Et puis, il était mignon lui aussi. Elle passa la main derrière pour le décrocher. Sa couleur sable, foncée par endroit, et les finitions étaient jolies, c'était un travail de qualité.
Elle tendit la monnaie au marchand. Tout le chemin jusqu'au lycée, elle eut l'impression que quelque chose bloquait les mots dans sa gorge, la muselant. Son cœur cognait en arrivant devant le scooter de Gaara.
– Je euh... Merci pour tout le temps que tu as passé à m'aider.
Il répondit d'un signe de tête en accrochant son casque.
– Jevoulaistedonner... pardon, je voulais te donner ça, dit-elle en lui tendant le porte-clés tanuki. Je le trouvais mignon.
Pour une fois, ce fut lui qui ne sut comment réagir. Il finit par récupérer la petite créature au creux de sa main.
– Merci.
Il se reprit rapidement.
– N'arrive pas saturée le jour de l'examen, dit-il en démarrant son scooter. Je n'ai pas envie que tu ruines mes efforts.
Elle secoua la tête, amusée, même s'il n'y avait aucune chance qu'elle arrive saturée après l'après-midi qu'ils avaient passé ensemble.
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