🎲Wanna play?🎲
Jennie
Je ne me suis jamais senti aussi inutile et incapable. Je reste là, à fixer le plafond, perdu dans mes pensées. C'est tout ce que je peux faire pour ne pas devenir dingue. Je ne dois pas penser à Lisa; à où elle est. Sinon je vais perdre la raison. Bangchan a été très clair. Je dois l'attendre ici, sans bouger, le temps qu'il revienne. Mais voilà, c'est plus facile à dire qu'à faire. Comment je peux rester calme quand Lala est avec ces brutes? Je n'ai pas besoin d'y être. Je sais exactement ce qu'ils lui font. S'ils ne l'ont pas tué, alors elle est encore inconsciente. Elle n'a pas la chance d'être dans une chambre d'hôpital comme moi. J'en suis sûr. Elle est seule, apeurée et effrayée.
-Je t'avais dis de rester couchée!
La voix de Bang me fait sursauter.
-Désolée je n'y arrivais pas.
Je m'éloigne de la fenêtre et le rejoint, près du lit. Il n'a pas l'air énervé. Juste un peu agacé et inquiet. Lui, il sait forcément ce qui se passe dehors mais je n'ai pas l'impression qu'il veuille le partager.
-Je ne peux pas rentrer dans les détails, il lance comme s'il lisait dans mes pensées.
-Tans mieux, je rétorque en croisant les bras. Je n'ai qu'une seule question: où est-elle?
Il prend un moment avant de répondre et réfléchit. Il sait que ce n'est pas une bonne idée de me répondre. Ils sait que rien ne pourra me calmer et que je risque de m'inquiéter encore plus. Mais, de l'autre côté, s'il ne me dit rien, je ne lâcherais pas l'affaire.
-Tu vas être coincé un bon moment avec moi Bang. Je t'assure que je peux devenir une vrai pétasse quand je suis énervé.
-Et là tu l'es?
-Tu ne l'es pas toi?
Comment il pourrait ne pas l'être?
-Mais bon, je ne te juge pas. Tu n'a pas vu ta petite-amie se faire tabasser par ces ordures...
-Je sais ce que tu ressent, Jennie.
-Tu ne sais rien!
Je ne sais pas à quel moment ma main s'est abattue sur sa joue. J'ai juste vu rouge et sentie une peine atroce remplir mon cœur . Pourtant, m'acharnée sur lui ne changera rien. Il n'a rien à voir avec ça. Mais c'est tellement facile de tout lui mettre dessus. Même si ça me fait passer pour une vraie salope. Je comprendrais qu'il me rende la monnaie de ma pièce. Mais il n'en fait rien. A la place, il frotte doucement sa joue et m'offre un sourire timide. Quelque part, ça me réchauffe le cœur.
-Tu te sens mieux?
Il n'est pas en colère? Comment s'est possible? Ou eut-être qu'il se retiens juste. Il vaut mieux se calmer et s'excuser. Il travaille quand même pour Lisa. Elle n'engage pas des anges...
-Je suis désolé, Bang.
Il lâche un petit ricanement et me fait signe de m'asseoir sur le lit. Ce que je fais, sans résister. Puis il me rejoint, sans dire un mot. Ça dure un bon petit moment, lui et moi assis dans l'immensité de cette chambre. Je me perd dans mes pensées, au point où je n'entends même plus les oiseaux chanter dehors. Je ne fait que penser à elle. Pas à Lisa. A ma mère. Si je pouvait mettre mes mains autour de son cou et serrer. Si je pouvais sentir sa gorge se contracter et l'entendre me supplier de la lâcher, je...
-Lisa est en prison.
Au fond de moi, je le savais. Je ne voulais juste pas l'entendre. Maintenant c'est trop réel et je ne sais pas comment réagir. Mais mes paupières se ferment et je sens mes joues devenir humides. Bang pose sa main sur la mienne mais je n'arrive pas à réouvrir les yeux. Je n'arrive même pas à contrôler mes sanglots.
-Jennie, regarde-moi!
Je n'y arrive pas.
-Je sais que c'est dur mais au moins elle est en vie.
Il a raison. C'est une victoire. Mais elle est beaucoup trop petite. Bang le sait aussi. Je le lit dans ses yeux. Il a beau faire son maximum pour me réconforter, il est tout aussi inquiet. Au fond, il est un peu comme Lisa: ils savent cacher leur peine pour réconforter ceux qu'ils aiment. Mais ce n'est pas ce dont j'ai besoin là.
-Je veux la voir!
-Jennie...
-Non, j'ai besoin de la voir. C'est important Bang, je le suppli presque. Ecoute, je sais qu'elle t'a dit de me mettre en sécurité. Surement chez sa mère...
-En effet!
-...mais elle ne veut juste pas que je la voit comme ça.
-Alors respect son choix.
-Je ne peux pas...
Ma voix se casse, malgré moi. Mais je me reprends.
-Je ne peux pas la laisser seule, Bang.
Il comprends mais il ne veut pas me donner raison ou m'encourager. Donc il se terre dans son silence. Mais il est hors de question que j'abandonne aussi facilement. Pas quand il s'agit de Lisa.
-Je suis le responsable légal de ses filles, Bang.
Il se tourne enfin vers moi et lit cette peine dans mon regard. D'habitude, j'aurais fuis ses pupilles chocolatées mais pas cette fois. Je veux lui faire comprendre.
-Lisa m'a assez fait confiance pour...mettre la vie de ses filles entre mes mains. Tu sais qu'elles sont tout ce qu'elle a. Elles sont son monde.
-Je sais...
-Non, ce n'est pas vrai! Si tu comprenais, on serait déjà en route pour la voir.
Il entrouvre ses lèvres mais aucun son n'en sort.
-Elle a peur. Je le sais. Toi aussi. Mais elle ne l'avouera jamais. Elle préfère mourir en silence que de l'avouer. Mais je suis sa petite-amie. C'est mon rôle d'être là, même sans son accord.
Il continu de me fixer, en silence. Je sais qu'il est tiraillé.
-Elle m'a protégé de ma mère. Elle aurait pu m'abandonner et fuir. Pourtant, elle n'a pas hésité une seconde. Quitte à mettre toute sa famille en danger.
Je serre sa main et il relève la tête.
-Personne ne s'est jamais autant battu pour moi, Bang. J'ai toujours cru que je ne méritais pas d'être aimé. Et je ne voulais pas être aimé!
-Pourquoi?
-Ma mère n'arrêtait pas de me dire à quel point elle m'aimait...
-C'est normal venant d'une mère...non?
-Oui. Mais elle, elle le faisait après m'avoir tabassé. Elle le disait, en regardant mon sang giser sur le sol. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle s'inquiétait plus pour son "beau tapis tout neuf" que j'avais sali. Elle...
Je n'arrive plus à retenir mes larmes.
-Désolé. Je ne savais pas que ce serait aussi dur d'en parler. Pourtant c'est tellement plus facile quand je le fais avec Lisa. Les mots sortent seuls. Je n'ai pas besoin d'autant réfléchir.
-C'est normal. Je comprends. Tu n'es pas obligé de continuer.
-Merci.
Ça fait du bien de parler avec quelqu'un d'aussi doux. Ces temps-ci, avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas pris de pause pour faire un bilan. J'aurais dû m'arrêter deux secondes pour savoir comment je me sentais. Je suis totalement dépassé par les événements. Comme si je courrais un marathon et que mes jambes ne voulaient plus s'arrêter. Pas parce que je veux aller au bout ou gagner mais par automatisme. Parce que si j'arrête de courir, d'avancer, je me retrouve avec mes pensées...et je meure à petit feu. Je dois me rendre à l'évidence: je craque.
-Bang...ça te dérange si je...
-Non.
Je pose ma tête sur son épaule et ferme délicatement les paupières. Puis, pendant une minute, je m'offre une pause. J'oublie Lisa, ma mère et le monde entier. J'essaye de me perdre dans un souvenir réconfortant n'incluant aucune d'elles. Mais, je n'en ai pas. Donc je réouvre les yeux. Je dois vider mon sac. Cette colère que je garde ne m'a rien apporté de bon pendant ces années. J'en ai marre de me taire.
-Ma mère n'appelait pas les secours.J'avais beau la supplier, ça ne changeait rien. J'ai grandi avec l'idée que cette violence, cette maltraitance était sa manière de montrer son amour. Je pensais que c'était normal et que tout le monde le faisait.
-C'est faux!
-Je sais mais je ne voulais pas prendre le risque. J'ai décidé que si l'amour était sensé faire aussi mal, je n'en voulais pas!
-Tu as changé d'avis depuis?
-Pas vraiment...
-L'amour est doux et merveilleux, Jennie.
-Tu penses?
Ma remarque semble l'étonné.
-L'amour fait mal, Bangchan. On a beau adoucir les bords, se mentir à soi-même ou s'accrocher de toutes ses forces, on finit poignardé en plein cœur. Et cette douleur est si intense et violente qu'on peut en mourir.
-Tu es un peu défaitiste...
-Vraiment? J'aime Lisa de tout mon cœur. Quel a été le résultat? Elle est loin de ses filles. Elle a faillit mourir et maintenant, elle est en prison. Si je ne l'aimais pas, rien de tout ça ne lui serait arrivé. Ma mère ne s'attaque qu'aux personnes que j'aime! L'amour a été la plus grande déception de ma vie. Il m'a menti chaque fois que j'ai cru en lui. Comme un démon farceur caché dans l'ombre, prêt à me sauter à la gorge. Rien ne fait plus mal que l'amour, Bang. C'est un fait. Mais, le pire dans tout ça est qu' il y a encore plus douloureux...
-Quoi donc?
-L'espoir. Quand l'amour nous fait plier, l'espoir s'assure qu'on ne se relève pas. Je l'ai appris à mes dépend.
Je me rend compte que l'histoire est bientôt finie. Elles vnt trop me manquer, sérieux!
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