🖤Teach me some Love🖤
🍭
Jennie pov
Une...
Deux...
Trois...
Trois petites gouttes de pluie glissent sur la vitre du taxi qui m'emporte hors de la ville. Je n'ai pas le choix, ma nouvelle cliente aime, semble-t-il, le calme de la campagne et des grandes étendues vertes.
Ici, il n'y a que la forêt et une pluie incessante, ce qui est assez inhabituel à Bangkok. En temps normal c'est une ville très ensoleillée, comme me l'a indiqué Google.
Je suis arrivé de Séoul, il y a quelques heures et j'ai, je le crains, déjà le mal du pays. Ça aussi c'est inhabituel. Je suis enseignante à domicile et ce n'est pas la première fois que je dois voyager dans le cadre de mon travail, alors pourquoi j'ai du mal cette fois ?
Peut-être que quelque chose au fond de moi sait que tout "n'ira pas comme sur des roulettes", tel le dit le dicton. Ou alors est-ce cette interminable route qui me mine le moral.
—On est encore loin ? je demande
Je n'obtiens évidemment pas de réponse. Mon thaï n'est pas terrible et ce chauffeur semble peu amicale avec son air effronté, son pantalon troué et le morceau de bois qu'il mâchouille entre ses dents. Il manque cruellement de style même si sa casquette marronne est acceptable. Mais je me doute que cette couleur soit d'origine. Elle doit être la conséquence de longues journées à travailler le faisant suer à grosses gouttes. Et ce chapeau a dû servir de serviette un bon paquet de fois.
Quand il finit par arriver, je règle ma course et descends sous la pluie. Un homme vêtu de noir s'empresse de venir à mon secours avec un parapluie.
—Une minute s'il vous plaît, je lance
Puis j'enfile une cigarette entre mes dents et l'allume.
—Il est interdit de fumer ici, il m'informe, vous savez...pour les enfants.
—Je ne suis pas stupide, c'est pour ça que je fume dehors (j'en prends une bouffée) et puis quand on traîne dans des trafics douteux, on n'a rien à dire aux honnêtes citoyens.
—Désolé...
—Non, c'est moi. Le stresse fait de moi une vraie peste, digne des plus grandes salopes de mes années de lycée.
Il esquisse un sourire et j'éteins ma clope. Allez Kim Jennie tu peux y arriver. Tu y arrives toujours. Et puis c'est comme ça que j'ai décidé de gagner ma vie. Donc je suis calmement le jeune homme.
La bâtisse est évidemment immense. Le crime paye bien. Nous traversons le jardin coloré et entrons dans le salon. Je m'assois sur un canapé blanc fort agréable jusqu'à ce qu'une rousse m'interpelle.
—Madame Lisa va vous recevoir dans un instant. Je peux vous proposer quelque chose à boire ?
—Euh...non ça va aller. Merci quand-même.
En vérité, je mourrai de soif mais je n'accepte jamais à boire ou à manger quand je visite un client pour la première fois. Certains trempent dans le trafic d'organes ou d'êtres humains et cherchent juste de la nouvelle "marchandise". De plus je n'ai que très peu d'informations sur cette Lisa. Je sais juste qu'elle est à la tête de la mafia thaï et que sa spécialité est le vol de pièces d'art.
Je me redresse et réajuste ma jupe crayon noire. Puis je suis la rouquine à une porte en acajou. Elle frappe.
—Vous pouvez entrer, répond une voix calme.
J'entre et m'assois face au bureau doré. Bordel, ça ressemble à de l'or pur. Derrière lui, une femme en costume rouge sang. Elle est longue, la taille marquée, avec des cheveux courts en un carré. Un peu trop parfait ; peut-être une perruque. Elle tient une coupe de champagne rose et admire l'immense véranda qui illumine la pièce.
Soudain elle tourne son fauteuil pour me faire face. Je vois ses belles pupilles brunes.
—Jennie, c'est ça ?
—Oui.
—Tu sais pourquoi tu n'es là pas vrai ?
—oui...
—Pour arroser les plantes...
Je la regarde, d'un regard dubitatif.
—C'était une blague, elle ajoute avec un sourire.
—Je n'ai pas le temps pour les blagues.
—Oh allez, tu es trop sérieuse avec ton tailleur, tiré à quatre épingles comme si tu enterrais ta grand-mère. (Elle se lève) On respire la joie et le bonheur dans cette famille.
—Si tu veux que je respire la joie trouve moi un tableau qui vaut des millions, ça règlera mes problèmes, je murmure presque.
Lisa se rassoit.
—Quel problème, Jennie ?
—Ça ne te regarde pas. J'ai le job ou pas ? Parce que si je l'ai j'aimerais bien rencontrer mon élève.
Elle croise les doigts et réfléchi un instant. Puis elle prend une pièce de monnaie et me la montre.
—Pile ou face ?
—Ça devient ridicule !
—Allez Jennie, pour s'amuser.
Son sourire est vraiment magnifique. Bon d'accord, juste pour une fois. Après je redevient sérieuse.
—Pile, je réponds
—Bien, tu as le job ! elle déclare sans même avoir lancé la pièce.
—Mais....
—Tu sais pertinemment qu'il y a plus de deux chances sur trois que cela tombe sur pile. C'est pour ça que tu l'as choisi. Ça prouve bien deux choses. D'une, tu es très maligne. De deux, tu as vraiment envie d'enseigner mes enfants.
—Attend. Je croyais que je n'aurais qu'une élève...
—Nan, elles sont deux jumelles de six ans. Et bonne chance avec elles. Oh et tu devras rester dormir les weekends, pour des mesures de sécurité. Donc j'espère que tu as des vêtements de rechange. On est vendredi et ce serait dommage que tu dormes dans ton tailleur. Ça ne doit pas être confortable...
Elle se moque ouvertement de moi et je lui lance un faux sourire.
—Très marrant, Lisa.
—Et tu peux évidemment me tutoyer.
—J'y comptais bien, on a le même âge.
—Oui...mais pas le même salaire.
Elle sourit et je la menace du regard. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi taquin. Mais je dois avouer que ça a son charme tout de même.
-Sinon, elle reprend, ce serais bien que tu me signe ça.
Elle farfouillant dans un tiroir et sort un dossier. Je le réceptionne. Il est à l'air sacrément lourd et quand je regarde le nombre de pages mes soupçons sont confirmé. Cinq cent pages de discours juridique incompréhensibles. On ne me l'avait jamais faite celle-là. D'habitude ma parole suffit largement et je peux commencer le travail sans plus de prise de tête. Je lance un furtif coup d'œil vers Lisa. La dureté de ses traits ne laisse pas place au doute : je vais devoir les signer. Mais je ne prendrai pas ce risque sans le lire. J'ai vu beaucoup trop de films où la personne finissait déshéritée en signant des papiers. Pas que je n'ai une grande fortune mais j'ai bien quelques économies.
-Je vais le lire et je vous reviens, je lance.
-Très bien.
Elle n'omet pas d'objection et je suis contente qu'elle ne le fasse pas. Je retourner à mon hôtel et réfléchir plus amplement à ce 'contrat' qui risque de m'engager sur plusieurs années. J'ai beaucoup trop à perdre pour jouer avec mon avenir. Je me lève et elle m'ouvre la porte du bureau. Je passe devant elle et nous rejoignons l'entrée. La rousse de tout à l'heure y est toujours, cintrée dans son tailleur.
-Qu'on prépare le goûter des filles, ordonne Lisa
-Bien madame.
Roussette se courbe avant de disparaître dans le couloir. Lisa semble être une mère très attentionnée. Je ne sais pas comment elle fait avec son travaille mais ses filles ont de la chance. Ma mère jamais le temps de jouer avec moi. Son boulot de serveuse lui prenait toutes ses journées et la nuit elle était crevée. Je n'avais pas l'âme à la réveiller. A la place, j'allais embêter mon père. Lui, il avait toujours du temps à me consacrer entre deux parties de cartes.
Je sors enfin de la demeure et remercie Lisa pour son hospitalisée. Il faut le lui reconnaître. Il y a des maisons où j'ai été beaucoup moins bien accueilli, voir même chassée. L'exemple parfait est Franc, un puissant trafiquant d'arme de Toronto. Il souffrait d'Alzheimer et a oublié notre petite entrevue. Résultat, il m'a poursuivi avec son fusil dans son jardin. Ça semble marrant comme ça mais je vous jure que ça ne l'est pas.
J'y ai gardé des séquelles encore aujourd'hui avec un genou sensible. J'étais tombé dans les ronces et la douleur était tout bonnement indescriptible. Mon sauveur a été son fils qui venait de faire des courses pour son père. Je lui ai sauté dans les bras et le dégénéré a enfin lâché son arme. Je me suis promis de ne plus mettre les pieds dans cette ville de malheur et depuis tout va bien mieux dans ma vie. Je cesse de divaguer et me reconcentre sur ma future patronne.
-Mon chauffeur va vous déposer à votre hôtel, Lisa propose.
-Merci.
...
J'espère que vous avez aimé ce premier chapitre autant que moi. N'oubliez pas de voter❤️
Dédié à idk_2703
✨On mise sur 50 chapitres
✨Chacun de 1500-2000 mots
✨Publiés chaque Lundi
⚠️ Présence de scènes explicites
⚠️ Présence de language cru
⚠️ Présence de scènes violentes
Bonne lecture...
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