Lisa
-On annulé l'anniversaire.

-Ta réaction est disproportionnée.

Disproportionnée ? Elle n'est pas consciente du danger qui plane. Déjà que mon ex mari se balade dans mon jardin au plein milieu de la nuit, maintenant c'est sa mère?!

-Elle nous hais. Moi, je l'ai mise sous les verrous. Et toi...

-Elle me hais naturellement.

-Voilà! On ne va pas leur ouvrir la porte.

Le sujet est clos. Il n'y aura pas de célébration. Je l'avais décidé hier soir, à la pâtisserie. Mais Nini a quand même pris les gâteaux et tente de me faire changer d'avis. Mais rien n'y fera. Il est hors de question qu'on ouvre nos portes à autant de personnes. Mike oui sa mère pourraient se glisser entre les invités et on ne pourra rien y faire. J'essaye de protéger ma famille. Si annuler un seul anniversaire peut m'aider, alors je le fais. C'est normal. C'est le mieux à faire. J'en suis certaine. Voilà pourquoi je quitte la chambre, sans offrir un regard à Nini. Mais elle ne lâche pas le morceau. Je la sens me suis. Et quand j'arrive à la salle à manger, c'est pire.

-On va célébrer deux princesses, lance Olivier

Entre le bruit des cornes d'anniversaire et les confettis que je me prend en pleine bouche, je ne sais pas ce qui m'énerve le plus. Je suis donc la seule à m'inquiéter ici? Ils ont même mis des banderoles. C'est du temps perdu, qui aurait pu être consacré à autre chose.

-Il n'y a plus d'anniversaire !je préviens

-Quoi? Non, maman...

-Désolé les filles.

Elles ralent, évidemment.

-Je ne vois même pas pourquoi ça vous dérange. Jisoo ne veut qu'ouvrir les cadeaux et Roseanne manger son gâteau. On peut bien le faire sans invités.

-Mais...mais...et ma belle robe de princess alors?

Rosé avance avec son petit regard de chien battu.

-Tu peux toujours la mettre et...

-Non!

C'est bon, elle bouge maintenant. Et ça ne s'arrange pas. Je vois Bangchan nous rejoindre. Il offre un charmant sourire à Rosé. Mais son regard noir le fait presque sursauter. Il n'y a pas de quoi être aussi énervé. C'est juste un anniversaire. Même si Bang ne comprend pas cette colère, il passe vite à autre chose.

-Somi veut te voir.

Rien de très rassurant. Mais je le suis. Je préfère apprendre les mauvaises nouvelles de vive voix. Nous retournons dans mon bureau où la blonde nous attend. Un cigare à la main, les jambes étendues, elle n'a pas le moindre problème, on dirait. Pourtant la situation est bien désastreuse. Comment elle trouve le temps de se relaxer. Je ne trouve même pas celui de manger. Mon ventre gargouille rien qu'en pensant aux bons pancakes d'Olivier. Mais vu comment j'ai annulé la fête, il ne risque pas de m'en donner. Je me reconcentre et m'assois dans mon fauteuil.

-C'est bon, je t'écoute.

Son visage en dit long.

-Tu devrais prendre un verre de whisky.

-C'est si grave que ça?

-Oui.

Bien. Elle n'a pas tord. Je me serre un verre et le sirote doucement.

-Il n'est pas là.

Je manque de m'étouffer.

-Tu rigole?

-Non. Le corps de Mike est introuvable.

-Merde...

-Et j'ai pire.

-Vas-y.

-Il n'y a jamais eu de corps.

-Pardon?!

-La police n'a jamais retrouvé de corps dans votre maison. Aux yeux de la loi, il n'est jamais mort.

-Tu me crois maintenant ?

-Ouais et ça commence à devenir flippant.

Je le savais! Il est toujours en vie. Cette enflure n'est pas morte. Mais, quelque part, j'aurais voulu avoir tord. J'aurais voulu me tromper. Parce que, maintenant, il n'y a plus de doute: on est en danger. Je dois trouver un plan et vite. Sinon les choses vont dégénérés et devenir hors de contrôle. Je ne peux pas me le permettre.

-Tu veux que je lance un avis de recherche?

-oui, pourquoi pas.

-Mais surtout, j'aurais besoin d'un autre service.

-Dis toujours.

-Essaye de voir s'il n'a pas été hospitalisé quelque part.

-Ok, je vais essayer. Mais ça va prendre du temps. Surtout qu'il a dû être admis sous un faux nom.

-Fais au mieux.

Soudain, Nini débarque dans la pièce. À son large sourire, je devine qu'elle prépare quelque chose. Mais quoi?

-Vous nous laissez?

Bang et Somi s'en vont. Nini vient s'assoir sur moi et enroule ses bras autour de mon cou. Petit regard de biche. Houla, je sais ce qu'elle veut.

-Je ne changerais pas d'avis.

-J'ai une idée.

Pourquoi pas? Elle pourrait être bonne.

-Et si on n'invitait que la famille. Ta mère et ta sœur?

-C'est tout?

-C'est tout. Promis.

La proposition n'est pas mauvaise. On pourra toujours célébrer, sans nous mettre en danger. Et le service de sécurité ne sera pas gêné par les invités. On sera une dizaine, maximum, c'est largement suffisant. Surtout, si je refuse, Nini ne va pas me lâcher. Et j'ai beaucoup de travail à faire.

-Bon, ok.

Elle jubile. Pas moi. Je revois déjà en tête le plan de sécurité. Ça va être simple. Mais je ne pense pas que ma mère acceptera de se faire fouiller. Jamais! Et je ne compte pas sur Chacha pour me soutenir. Elle rira juste. Comme Nin en ce moment. Toute joyeuse, elle quitte enfin mon bureau. On va organiser un dîner. Ça ne devrait pas être trop dur. Et puis ça les rend tellement heureux. Je peux entendre leur cris de joie, d'ici. Allez, sept ans, ça se fête quand-même! Donc je quitte mon bureau pour leur donner un coup de main. Ce n'est pas parce qu'on sera peu que le dîner sera petit. Il y a beaucoup de choses à préparer.

La preuve, Olivier a demandé de l'aide à ses deux enfants, pour l'occasion. Ils sont tous les deux chefs cuisiniers: Marie et Tim. Ils ont bien grandi. La dernière fois que je les ai vu, ils étaient aussi hauts que trois pommes. Alors que là, ils sont immenses. Les filles les aident à faire des petits gâteaux. Enfin, Rosé les goutte plutôt. Moi, j'aide Jennie avec la déco. Je pensais engager des spécialistes mais elle a refusé.

-C'est mieux fait-main.

-Si tu le dis.

Elle doit bien s'y connaître. En tous cas, le résultat est magnifique. Je sors ma plus belle nappe pour la table et mes verres en cristaux. Ma mère mes les a offert à leur naissance. J'avais tellement souffert pendant l'accouchement. Elle m'avait dit, tu mérite un beau cadeau, ma puce. Il faut quelque chose pour te réconforter. Surtout quand tu verras l'état de ton vagin. Ça m'avais fait rire, sur le moment. Mais elle avait raison. Je m'en rappelle, chaque fois que je les regarde. J'aime ma mère. Elle a toujours le mot pour me faire sourire. Même quand elle n'est pas là. Je suis pressée de la revoir. Je n'ai pas vraiment eu le temps de lui rendre visite, ces temps-ci. Mais je vais me racheter aujourd'hui.

Une fois la déco du salon fini, on attaque l'extérieur. C'est encore plus rapide. Puis il est l'heure d'aller se préparer. J'enfile ma plus belle robe. Couleur champagne avec des paillettes. Jennie opte pour un classique rose bonbon.

-Tu es magnifique, Nini.

Je pose un doux baiser sur sa joue. Ça la fait rougir, comme d'habitude. C'est bon signe. Je lui fais toujours de l'effet. J'aime voir ses joues prendre cette teinte. J'aime aussi son sourire. Beau et sincère. Parfait. Je prend sa main et nous rejoignons le salon. Nous avons une belle soirée à passer.