Jennie

Les jours suivants ont été assez calme. Lisa a pu régler ses problèmes financiers au point où elle s'est offert un nouveau jet privé vert pomme. Cette femme doit vraiment revoir ses goûts en matière de couleur. Vu que j'ai emménagé avec elle, il a fallu agrandir le dressing et ajouter un lavabo dans sa salle de bain. J'ai trouvé la mesure inutile mais quand elle m'a fait un cuni , adossée sur le morceau de porcelaine, j'ai changé d'avis. Avec sa bouche Lala fait de la magie et est très doué pour me faire changer d'avis. Rien que ce matin elle m'a convaincu d'aller voir un match de foot. Ce n'est pas l'un de mes centres d'intérêt. Je ne savais pas non plus que c'était l'un des siens mais je sens que l'on va bien s'amuser. Enfin, d'après ce qu'a dit Jisoo. Les filles m'ont déniché un maillot bleu avec des écritures blanches.

–Il va te porter chance.

–ce n'est pas que je ne te crois pas Jisoo mais il n'est pas assorti à mon style vestimentaire du jour.

–Je te comprends, lance Rosé en remuant la tête.

Lisa lui a fait deux petits chignons très mignons ça lui va à merveille. J'aime particulièrement les deux chouchous qui les tiens. Ce sont deux boules jaunes couvertes de fleurs rouges, relié par un élastique noir. Ils ne sont donc pas assorti au maillot thaïlandais, comme ma petite robe orange vif. Entre filles de style on se comprend avec Rosé. Jisoo finit par abdiquer et quitte la chambre. Nous la suivant est sortant dans le jardin.

–On ne déjeune pas ? Je demande surprise

–non maman préfère qu'on le fasse là-bas.

–OK, Soo

Elle rougit et baisse la tête.

–C'est mon nouveau surnom ?

–Oui, je me suis dit que tu aimerais. Enfin, je peux toujours arrêter si tu n'aimes pas. Je ne veux pas...

Jisoo m'enlasse et je m'accroupie pour la prendre dans mes bras. Elle a beau être la plus mature des deux fillettes, elle est celle qui a le plus besoin d'affection. Alors que Rosé ,elle, a besoin d'attention sinon elle enchaîne les bêtises. D'ailleurs, dès que je tourne le regard dans sa direction, je l'aperçois assis dans l'herbe à triturer la verdure. Je lâche Jisoo et va la faire lever.

–Mais–

–si tu te salis, on ne sortira jamais d'ici.

Elle boude alors que sa soeur m'aide à nettoyer sa robe. Et, lorsqu'elle aperçois sa mère, elle lui cours dans les bras.

–Mama...

Rosé lui sort ça plus triste mine et je peux sentir le cœur de Lisa se briser.

–On est mort, lance Jisoo

Et, envoyant Lisa nous menacer du regard, je comprends qu'elle a raison. Comme si elle n'était pas déjà assez importante avec ses pupilles sombre, sa voix posée et son autorité naturelle, elle s'est enveloppé dans un costume violet foncé. Il me rappelle la teinte que prend le ciel quand le tonnerre gronde et que tout le monde se met à l'abri. Sauf que là, je ne peux pas fuir ou me cacher. Je suis chez elle. Donc je lui afficher un sourire nerveux. Elle rit, c'est bon signe. Puis elle sort un mouchoir de sa poche et essuie les mains de sa petite dernière. Un garde vêtu de noir les rejoint. Lisa l'écoute d'une oreille distraite, trop occupé à inspecter sa fille. Je pense qu'elle vérifie qu'elle ne s'est pas blessé en se roulant dans l'herbe. Elle aurait pu, avec tous ces petits cailloux qui s'y cache. Enfin, quand elle réalise que tout est OK, elle nous fait signe d'entrer dans la voiture. Je prends la main de JIsoo et m'exécute.

–Tu as pu finir tes exercices de maths, hein ? Je demande inquiète. Tu avais du mal la dernière fois.

–Non, en fait c'est Rosé qui me déconcentrait parce qu'elle n'y arrivait pas.

–Ah...

–Vous parlez de quoi ? nous interrompt la concernée

–du fait que tu es nul en maths.

Je ne peux m'empêcher de rire en les écoutant. Lisa nous rejoint enfin et s'assoit côté conducteur, évidemment. Qui aurait conduit cette Jeep rouge sinon ? Moi et mon permis fantôme ? Sûrement que non.

-Dis, tu sais conduire Nini ?

–Non.

–Tu aimerais prendre des cours ?

Je lui fais face. Lisa est sérieuse. Cela risque d'être un peu bizarre pour moi. Je conduis comme un pied. Je n'aimerais vraiment pas infliger ça à qui que ce soit. Même pas à mon pire et ennemi. Je ne sais pas pourquoi mais dès que mes doigts touchent le volant, je panique. C'est comme si je rentrais en transe. Et, après c'est le Blackout complet. Je ne me rappelle de rien, si ce n'est que de la mine déconfite de l'évaluateur.

–Lala, je conduis très mal.

–Tu n'exagère pas un peu ?

–Oh non. Même Bob l'éponge est plus doué que moi. Pourtant il l'a raté un million deux cent cinquante huit mille cinquante six fois.

Les deux filles explose de rire. Je m'amuse de ma situation ; Lisa aussi

–Je t'aiderais, elle lance plus sérieuse

Je pose un doux baiser sur son front. Le geste la fait sourire. Je décide de la laisser se concentrer sur la route et observer le paysage. Les arbres laissent peu à peu place un défilé de buildings et de panneaux publicitaires. C'est l'automne, déjà, et même en plein centre-ville, on le remarque. Les feuilles orangées volent dans les airs jusqu'au Chao Phraya. Le fleuve semble endormi en ce début d'après-midi et s'éveille aux caresses des bateaux. Nous passons devant un grand bâtiment au toit triangulaire.

–C'était mon université, lâche Lala.

–waouh

–oui.

–Qu'est-ce que tu as étudié ?

–Devine.

–La robotique ?

Elle explose de rire.

essaye plus sérieusement Nini

–OKOK... En Art?

–Oui et ?

–Comment ça « et » ?

–J'ai fait deux Master

–oh...

J'ai honte. Moi je n'ai pas eu cette chance. J'ai fait le concours d'enseignants dès le bac pour rentrer au plus vite dans la vie active. D'ailleurs j'ai du le passer deux fois pour le réussir. À plusieurs reprises j'ai voulu abandonner mais je n'avais pas le choix. Je devais tenir ! Pour mon père, ma mère et même mes grands-parents. Dans ma culture s'est très mal vu de ne pas travailler. On est traité de fénéants, surtout que même les personnes handicapées ont un boulot. De plus, les personnes âgées ont une très mauvaise pension de retraite. Ils ne peuvent donc compter que sur leurs enfants. J'ai pu le voir de mes propres yeux. quand ma mère a cessé de travailler, j'ai dû tout payer pour elle. Mon nom était sur ses factures et même sur son bail de location. Parce que son logement aussi, j'ai dû le payer.

L'immobilier à Séoul est un enfer depuis que le tourisme de luxe s'y est développé et les ménages modestes, môme ma mère, n'arrive pas à suivre. J'ai une petite pensée pour ceux qui n'ont personne pour les aider et doivent souvent déménager, changer de ville voir même de pays pour survivre. Parce que l'immobilier impact directement tous les autres secteurs. Augmentez le prix d'un deux pièces et vous changez le cours du bol de riz. C'est dommage et très injuste pour eux. J'aurais aimé pouvoir aider ces personnes. Surtout que la plus part sont admirables et gentils. Quand je pense à tout ce que j'ai fais pour ma mère, j'ai des haut le cœur. Elle n'en mérite pas la moitié ! Et, même si elle est en prison, elle est victorieuse de m'avoir utilisée à sa guise, pendant des années. Mais je ne veux pas penser à ça, je préfère me concentrer sur Lisa.

-C'est quoi le deuxième master?

-Architecture.

-Je ne l'avais pas vu venir, celle-là. Mais tu ne l'utilise absolument pas.

-Si! J'ai construit moi-même ma maison.

-Sérieux ? Je suis impressionné.

-Merci et toi? Comment tu es devenu enseignante ?

–Mon père a perdu son poste l'année de mon bac. Il a trouvé la fiche du concours d'enseignants en allant au marché. Il a proposé que je m'y inscrive pour soutenir la famille mais ma mère était mitigé.

–Elle ne voulait pas que tu te fatigues ? Même si ça me surprendrait venant d'elle.

–Tu as raison Lala, elle voulait juste me garder près d'elle. Le concours n'était pas Séoul mais à Suwon. On avait des dortoirs individuels et une salle de repos, rien que pour nous.

–Tu as aimé ?

–J'adorais être...

–... Loin de Lia.

....
Lol Rosé c'est une vraie balance😂😂😂❤️