Jennie

-Qu'est-ce qui se passe, ici?

-Lala...

Elle vient d'entrer dans la pièce et je lui saute dans les bras pour me plaindre la première.

-Namjoon m'embête.

Le concerné me lance un regard incrédule.

-Je ne fais que suivre les ordres.

-Il m'empêche de sortir dans le jardin.

-Parce que c'est interdit !

-Je confirme. J'en ai donné l'ordre, Nini.

-Mais...j'ai besoin de sortir. Je suis à bout.

Elle fait signe à Namjoon de nous laisser. Il s'exécute et sort du bureau. Bien sûr, il ne manque pas de me lancer un regard noir. Mais je pense que c'est sous le ton de la rigolade. Il sourit trop pour être sérieusement en colère. Lorsqu'il referme la porte, Lala passe son bras autour de ma taille et me plaque contre elle. Je sais qu'elle ne veut pas que je sorte mais rester dans cette maison me tue. J'ai besoin d'air pour reprendre mes esprits. J'ai tellement de choses qui tournent dans ma tête. Rien que penser à ma mère et à ses péripéties me rend folle. J'ai envie d'arrêter de réfléchir. J'en ai mal à la tête.

-Je sais que tu ne va pas bien aujourd'hui. Mais je ne sais pas pourquoi.

-...

-Qu'est-ce qui te chagrine?

Si je n'arrive pas à me confier à elle maintenant, je n'y arriverais jamais. Et ce serait injuste, après tous les secrets qu'elle m'a confié. Je dois au moins essayer.

-Toute cette agitation me fais paniquer.

-Je comprends. Tout le monde court dans la maison et ça te rappelle de mauvais souvenirs.

-Oui. Comme la première nuit que j'ai passé ici. Ça t'irait tellement. Je ne savais pas ou me cacher. Pourtant, j'ai réussi à mettre les filles à l'abrit. Mais j'avais si peur. Je me disais, qu'à chaque moment, elles pouvaient se prendre une balle perdue.

Lala lit la tristesse dans mon regard et me prend dans ses bras. Ces bras ou je me sens tant en sûreté. Il n'y a qu'avec elle que je peux respirer. Parce qu'elle calme mes angoisses en un claquement de doigts. Mais, là, j'ai l'impression qu'elle même a peur. La situation est hors de contrôle. Je ne sais pas ce qu'elle compte faire.

-Et si on allait se coucher, hein? J'ai peut-être un peu exagéré. Les caméras n'ont rien détecter de dangereux et...

-Demain c'est l'anniversaire des filles.

-Exact!

-Ok.

Pourtant je n'ai toujours pas envie d'aller me coucher. Elle le voit sur mon visage. Donc elle propose quelque chose.

-Et si on allait chercher le gâteau ?

-Aussi tard?

-Ben oui, la pâtisserie est ouverte. Et puis, tu pourras prendre l'air.

Je souris. L'idée est validée. J'enfile un long manteau et nous quittons la maison. Ça fait du bien de quitter cet environnement stressant. J'en ai marre de voir des gardes s'agiter partout avec leurs armes. J'ai l'impression qu'une guerre se prépare, alors que pas du tout. Nous sommes en paix ici. Juste que le pire ennemi de Lala rôde peut-être. Tout ça ne présage rien de bon. Et pourtant, elle reste dans un calme olympien. Comment elle fait. Moi, je serais en panique total. J'aurais même déménagé. Sinon, je n'aurais pas pu fermer l'œil. Elle doit être plus forte que moi c'est sur!
Nous entrons dans la voiture.

-Vous avez besoin d'un chauffeur?demande un brun

-Non ça va. Je vais conduire.

Lala veut que l'on soit que deux. Et j'aime bien cette idée. On a besoin d'un moment à deux, sans être interrompu. Quand elle démarre, je descend la fenêtre et mes cheveux volent au vent. Sa sensation est exquise. Je me sentirais presque revivre. Et il fait tellement bon. Peut-être qu'il a plu. Je n'en sais rien. Je ferme les yeux et profite de ce moment. C'est comme si je m'offrais une pause avant une immense tempête.  Je l'ai mérité avec tout le stress des dernières heures. J'en suis venu à douter de ma propre parole. Peut-être que Lala avait raison. Et si Mike était là à nous épier? Je pense que je ne veux pas y croire parce que c'est trop flippant. Et s'il nous regardait depuis plus longtemps ? Il nous aurait vu faire l'amour dans cette salle de bain? Glauque!

-Tu pense à quoi?

-Ton ex mari.

Elle marque un silence.

-J'aimerais tellement avoir rêvé, Nini. Mais je l'ai vu.

-Les filles le savent ?

Son visage se durcit, et son regard s'assombrit.

-Non! Et elles ne doivent jamais le savoir. Elles pensant qu'il est mort d'un AVC.

-Un peu brutal comme mort.

-C'est tout ce que j'avais sous la main.

Lala a une créativité limitée. J'aurais trouvé beaucoup mieux.

-Mais...je crois qu'elles savent que je ment.

-Pourquoi tu dis ça?

-Jisoo me pose beaucoup de questions sur lui. Le plus souvent, j'évite le sujet. Mais je vois bien que ça la peine. Elle veut connaître son père. Savoir qu'elle est sa couleur préféré, son artiste préféré...mais parler de tout ça me rend triste.

Je pose ma main sur la sienne et la caresse.

-Je comprends. Je suis sûr qu'elle comprends aussi.

Elle sourit. Ce n'est pas évident d'expliquer ce genre de choses à des enfants. Surtout quand elles n'ont que six ans. Donc je ne la juge pas. Mais je pense aussi qu'elles méritent de savoir la vérité. Quand elle sera prête.

-On pourra leur parler ensemble, si tu veux.

-Vraiment?

-Oui.

-Merci, Nini.

Je l'embrasse tendrement. Puis elle se garre et on descend.

-Ah oui, tu ne rigolais pas!

La pâtisserie est gigantesque...comme les prix. Ça donne le tournis.

-Comment on peut claquer autant d'argent sur des choux?

Lala ricane mais ça n'a pas l'air d'amuser la vendeuse. Pourtant, elle se force. Elle n'a pas tord. Vu ce que Lala va débourser, elle a intérêt à la trouver marrante. Sinon, adieu la blackcard. Donc elle sort toutes ses dents.

-Vous avez un gâteau précis en tête?

-Alors...déjà, il m'en faut deux.

-Deux? Super.

Et c'est partie pour une dégustation express. On nous fait assoir sur une chaise et le défilé débute. Tous les parfums, tous les goûts possible et inimaginables. Sérieusement, qui veut un gâteau à l'Allemagne vera? Je ne savais même pas que c'était comestible. Le chocolat, la pistache, la fraise...Si elle continu, je vais en choisir un juste pour moi. Un cheesecake, voilà ce qui me ferais plaisir. Mais comment je suis sensé choisir pour une tierce personne? Et je ne connais même pas leur goûts.

-Roseanne veut de la framboise.

Elle est maligne cette petite.

-Et Jisoo, de la pistache. Elle adore ça...comme son père.

-Bien s'est noté.

La vendeuse nous laisse. J'arrête de manger, deux seconde pour me re focaliser sur Lisa.

-Jisoo à beaucoup en commun avec son père?

-Oui. Ils se ressemblent. Un peu comme une mini version de lui. J'aime ma petite Jisoo de tout mon cœur mais elle me rappelle tous les jours ce que j'ai fais à Mike. Il suffit que je la regarde.

J'ai vraiment de la peine pour elle. Elle ne devrait pas se sentir aussi mal, tout le temps. Surtout qu'elle n'a rien fait de mal. Je prend son visage entre mes mains et la force à me regarder.

-Tu as protégé ta famille. N'importe quelle mère aurait fait de même. Tu le sais.

-Je n'en suis pas sûr. Des fois je me dis...qu'elles seraient plus en sécurité avec lui. J'ai des ennemis partout qui pourraient leur faire du mal...

-Mais si elles étaient avec Mike, c'est lui qui leur ferait du mal. Tu comprends?

-Oui.

Je sais que c'est dur pour elle mais elle doit continuer à se battre. Trop de vies en dépend. Elle le sait. Je veux la rassurer en l'embrassant mais mon téléphone se met à vibrer.

-Allo?

-Oui, c'est Namjoon.

-Je raccroche.

-Attend, c'est urgent. Passe-moi Lisa.

Je n'ai pas envie qu'il brise ce moment. Mais quelque chose dans sa voix me dispute qu'il ne plaisante pas. Donc je m'exécute. Lisa prend le téléphone et l'expression de son visage ne me rassure pas. Quand elle raccroche, elle reste silencieuse de longues minutes.

-Lala....qu'est-ce qu'il y a?

Elle bondit de sa chaise et fonce vers le comptoir. Je la suis.

-Lala!

-Désolé, mademoisellle. Je peux avoir la télécommande de la télé ? Merci.

Elle ne me répond pas et s'empresse de changer de chaîne. Et je comprends enfin ce qu'il se passe.

Une prisonnière se serait évadé de la prison de Kau, à Séoul. Son identité vient de nous être communiquée. Il s'agirait de madame Lia Kim, incarcéré pour tentative de meurtre sur sa fille. Les forces de l'ordre ont étés mobilisés pour la retrouver. Si jamais vous la croisez, ne vous en approchez pas. Elle est considérée comme dangereuse et potentiellement armée.

Je suis de retour. Je vous ai manqué?