Il était 3h30 du matin. Les élèves d'East Highland High School faisaient toujours des soirées sans limites dès qu'ils en avaient l'occasion, et celle-ci se terminerait probablement au petit matin.

Après leur baiser à se retourner le cerveau, Mika et Evan étaient sagement retournés à l'intérieur. Ils avaient rejoint les autres pour danser, tous ensemble. Presque tous les invités étaient sur la piste de danse à ce moment-là, personne n'avait de partenaire de danse particulier, on pouvait s'y perdre. Mais ils s'amusaient et c'était le principal. Enfin, sauf une personne. En effet, Maddy cherchait sa sœur dans tous les recoins de la maison depuis qu'elle l'avait aperçue dans les bras de Nate. Et ses copines avaient beau la suivre et lui dire que ça n'en valait pas la peine, Maddy ne voulait rien entendre, elle était têtue et très souvent en colère. Donc elle comptait bien régler le compte à Mika pour avoir touché à son éternel amoureux.

Or, Mika ne se doutait pas une seconde que Maddy était prête à lui sauter dessus. Après un long moment à se déhancher, elle avait accompagné son amie Peach aux toilettes car celle-ci se sentait malade, faute d'un excès de bières bien mousseuses.

MADDY

Cela faisait au moins une demi-heure que je cherchais Mikaëla, et plus le temps passait, plus ça me contrariait. Elle avait dansé avec Nate sous mon nez, sachant que depuis le départ j'étais formellement contre l'idée qu'elle l'approche. Mais elle avait décidé de déclarer la guerre, alors je comptais bien la gagner. Lui aussi, il avait l'air de la chercher, il n'arrêtait pas de la regarder, comme s'il était jaloux qu'elle danse avec Evan. Puis, une fois qu'il était auprès d'elle, son regard s'était nettement attendri. Je ne savais donc pas de qui venait le premier pas vers l'autre, qui avait proposé à l'autre de danser, mais je préférais culpabiliser ma sœur. Inconsciemment, je pensais peut-être que Mikaëla avait raison. D'un autre côté, j'avais envie qu'elle ait tort, alors je voulais tout faire pour le prouver. J'avais espoir en Nate.

Alors que Kat et BB me courraient après me suppliant de laisser tomber cette histoire, je vis Luke et Evan au milieu de la foule et je me dis que l'un des deux devaient bien savoir où se trouvait Mikaëla.

« Eh ! Vous deux ! Où est Mikaëla ?

- Je sais pas, je l'ai vue avec Peach, mais je ne sais pas où elles sont passées... répondit Luke,

- Je crois que Peach avait envie de vomir, elles ont dû aller au toilettes, dit Evan. »

Je remerciai ces messieurs pour cette précieuse information et me dirigeai précipitamment vers les toilettes. La porte était verrouillée. Je toquai, tapai de toutes mes forces en criant le nom de Mikaëla tout en la menaçant. Je l'entendis enfin dire "5 minutes Maddy !", avec Peach qui se vidait de ses tripes en bruit de fond. Je me mis donc non loin de la porte pour attendre. J'étais impatiente. La maison était remplie, la lumière tamisée, le son très fort et la moitié des gens bourrés ou défoncés, cette discussion avec Mikaëla devrait donc passer inaperçue.

Quelques minutes plus tard, elles sortirent enfin de la pièce. Peach s'échappa directement à l'extérieur, mais j'attrapai Mikaëla, sans lui laisser le temps de me demander ce qui était en train de se passer. En me laissant emporter par toute la rage que me faisait ressentir cette personne que j'étais sensée traiter comme une sœur, je la poussai d'un grand coup de mains, avec une profonde envie de la gifler. Mes amies firent un pas en arrière, désespérées par ce qui allait se passer ensuite. Mikaëla me poussa en retour, mon dos tapa violemment contre le mur, et elle s'approcha de moi pour me regarder de haut, les poings serrés. Je la regardai stupéfaite, je n'étais toujours pas habituée à ce qu'on riposte face à mes intimidations.

« Qu'est-ce que t'as encore !? dit-elle à quelques centimètres de mon visage,

- Tranquille, tu danses avec Nate et tu crois que je ne vais rien faire ? répondis-je en la repoussant doucement,

- C'est lui qui m'a invitée à danser, t'es stupide ou quoi ? Je t'avais prévenue.

- Je te crois pas.

- Ok, regarde-moi bien, elle partit vers la piste de danse. »

Mikaëla se fondit dans la masse et je la suivis pour l'observer de loin. Elle se mit à danser à quelques mètres dans le champ de vision de Nate tout en lui tournant le dos. Elle l'ignorait complètement, c'était limite si elle ne dansait pas avec un autre mec qui était plus près d'elle. Mais Nate la remarqua quand même, il s'approcha d'elle petit à petit et fit semblant de la bousculer pour attirer son attention. Elle se retourna le regarda sans vraiment démontrer d'émotions et il l'entoura de ses bras pour danser avec elle. Provocante, Mikaëla me fixa pendant qu'elle bougeait sur le rythme de la musique avec Nate et je compris que ce regard traduisait un "je te l'avais dit". Mon cœur se serra dans ma poitrine et les larmes me montèrent aux yeux.

Mes amies insistaient encore pour que je les ignore. Cependant j'étais blessée et une idée me traversa l'esprit. Je sortis mon téléphone et me mit à filmer cette scène pour l'afficher sur ma story Instagram. Cassie allait adorer voir ça.

MIKA

Face à la vérité, Maddy s'était enfuie je ne sais où. Nate avait l'air content de danser avec moi, mais il était bourré, alors il était peut être un peu trop enthousiaste étant donné qu'il me serrait fort contre lui et enfonçait sa tête dans mon cou pour sentir mon odeur. Je n'arrivais pas à me concentrer sur le moment que j'étais en train de passer avec lui et je ne voulais pas spécialement rester avec lui de toute manière. J'attendis la fin de la musique pour mettre fin à cette danse et je partis chercher Maddy. Avant que je m'en aille, Nate me dit d'une voix plutôt mielleuse et avec un regard de chien battu :

« Reste avec moi, encore, s'il te plaît, il caressa mes mains,

- J'ai un truc à faire, répondis-je en partant. »

J'aurais aimé que Maddy entende ça.

Je me dirigeai dans le jardin pour retrouver ma sœur. Je la vis au loin adossée contre un arbre en train de pleurer tandis que Kat et BB essayaient de la consoler. J'eus de la peine pour elle. Je m'approchai pour discuter et tenter de la calmer.

« Maddy, j'ai fait ça pour te montrer que c'est pas moi le problème, c'est lui. Tu vas pleurer pour ce connard encore combien de temps ?

- Ferme-la ! Dégage ! s'écria-t-elle en essuyant ses larmes,

- Continue de te voiler la face, c'est bien...

- Qu'est-ce qui t'as pris ? T'es une garce.

- Tu m'agresses, je me défends... Et puisque tu veux continuer à jouer à la méchante et à l'aveugle, je vais continuer à jouer à la garce. Et ce jusqu'à ce que tu comprennes que ce type n'en vaut pas la peine de t'auto-détruire, de perdre ton temps et de me rabaisser tout le temps. »

Un silence s'installa. Ses copines n'osaient pas intervenir non plus. Je décidai de m'en aller et alors que je tournai le dos, Maddy intervint sadiquement :

« Regarde ma story Insta, Cassie va te détester.

- C'est quoi ces conneries ? dis-je en regardant mon téléphone,

- Ce sont tes conneries... Et même si je ne t'avais pas affichée, elle aurait fini par le savoir d'une manière ou d'une autre. Alors dans tous les cas tu pouvais dire adieu à votre amitié.

- Connasse ! Tu comprends vraiment rien, t'es immature et je te déteste ! »

Je tournai le dos définitivement pour quitter cet espace toxique. Cassie allait vraiment me haïr, j'allais perdre ma seule bonne amie dans ce putain de lycée. Tandis que je marchais d'un pas décidé pour cacher mon côté fragile, mes yeux se remplirent d'humidité et je me sentis submergée par mes émotions. Trop d'alcool, trop d'événements, trop d'émotions. J'en perdais presque mon souffle. Mais je continuais de contenir mes larmes pour éviter d'attirer l'attention des autres. J'avais besoin de me cacher, j'avais besoin d'un refuge pour me lâcher. Une seule personne vint dans mes pensées : Evan.

Je le cherchai partout dans la soirée et le trouvai accoudé au comptoir en pleine discussion avec une fille aux cheveux châtains et dorés. Ils riaient bien ensemble. Malgré tout j'avais besoin de réconfort et c'était Evan qui pouvait me l'apporter.

« Evan, désolée de vous déranger... Mais... J'ai besoin de toi là.

- Plus tard, répondit-il froidement,

- Quoi ? j'eus du mal à comprendre son ton et sa réponse,

- J'ai dit plus tard, j'ai pas le temps, je suis occupé là. »

Sans savoir comment réagir face à tant d'indifférence de sa part, je lui fis un sourire et une goutte, que je ne pus malheureusement pas retenir, glissa sur ma joue.

« Ok. »

J'étais paralysée psychologiquement. Je n'avais pas l'habitude que les événements se succédaient ainsi sans avoir le contrôle de la situation. C'était rare quand je ne contrôlais pas ce qui se passait dans ma vie. Mais là c'était le cas et je sentais que j'allais enchaîner les conneries. Pour m'évader, je partis me perdre dans couloirs de la maison, à la recherche de quelque chose, de quelque part où j'allais pouvoir exploser. Les larmes coulaient sans arrêter, mais je retenais mes sanglots pour rester le plus discrète possible.

Après avoir monté deux étages, je tombai sur ce qui pouvait s'apparenter à une salle de jeux. Evan était si riche que ça alors, la rumeur disait vrai. Rue et Jules étaient là. Elles planaient à des milliers de mètres du sol, elles riaient et s'amusaient avec un rien. Lorsqu'elles m'aperçurent entrer dans la pièce, elles se précipitèrent vers moi.

« Eh ! Mikaëla ! Mika ! dit Rue en souriant de toutes ses dents,

- Pourquoi tu pleures ? Tu as étalé ton maquillage sur ton visage ! déclara Jules en me regardant avec de grands yeux impressionés,

- C'est rien ahah... j'essuyais mon visage,

- Mais si, tu peux tout nous dire, on est défoncées, on aura tout oublié demain... me rassura Rue,

- Allez, raconte-nous qu'on en rigole ! ajouta Jules. »

Je décidai alors de me confier sur ce qui était en train de se passer et elles m'écoutèrent attentivement. Je n'avais rien à perdre.

« Maddy va toujours dans les extrêmes pour se protéger, déclara Rue,

- Et puis c'est à Nate que tu touches, attention ! Quelle idée de faire ça ? déclara Jules à son tour,

- Oui, je sais, c'était plutôt risqué... Mais j'ai besoin de donner une leçon à Maddy.

- Ca ne lui fera pas de mal... Beaucoup de dégâts, mais plus de bien que de mal... répliqua Jules,

- Tu veux de la MD pour oublier que ta soirée est partie en cacahuètes ? demanda Rue en me tendant un comprimé coloré. »

J'hésitai un instant.

« C'est à ça que vous tournez depuis tout à l'heure ? demandais-je un peu plus apaisée qu'au départ,

- Oui, la drogue de l'amour c'est magique, tu verras ! répondit Jules. »

Je pris le cachet de MDMA que Rue me tendait et le mit dans ma bouche sans hésiter une seconde de plus. C'était clair, je considérais que je n'avais plus rien à perdre. C'était absurde.

J'avais espoir que la drogue de l'amour me fasse ressentir quelque chose et l'effet ne se fit pas désirer longtemps. Je voulais l'amour qui me manquait, l'amour dont j'avais besoin à cet instant-là et l'amour que je voulais donner. L'amour de ma mère, l'amour de mon père, l'amour de ma sœur, l'amour de quelqu'un. Je me sentais seule, vide, je voulais de l'amour. L'amour inexistant dans la plupart des situations de ma vie et des sentiments que je m'interdisais d'avoir. L'amour qui pourrait empêcher la moindre chose d'avoir de l'impact sur mon comportement et sur mes pensées. Et soudain, je voyais la vie en couleurs, en formes et en sons. Au plus profond de moi, j'entendais encore la moi sobre qui me disait que tout ça c'était du grand n'importe quoi. Mais actuellement, la drogue de l'amour avait réveillée la moi sentimentale, euphorique, nostalgique, joyeuse et effervescente.

Rue, Jules et moi, dansions, rions et buvions ensemble. Nous nous sentions puissantes, inarrêtables. Nous nous faisions des déclarations loufoques alors que nous nous connaissions à peine. Et c'était si bon d'aimer.

Elles se mirent à faire la ronde autour de moi en chantant je ne sais quelle musique, c'était beau, c'était comme un compte de fées et j'oubliais tout ce qui s'était passé juste avant. Tout le drame, toute la violence, toutes les déceptions.

Jules se mit à caresser mes épaules délicatement, puis à embrasser mon cou. Je la laissais faire comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Rue se mit sourire et s'approcha de moi, de mes lèvres, sans pour autant les toucher. C'était bon, mais c'était bizarre. C'était comme si j'étais poussée à aimer cette situation, alors qu'en temps normal, je ne savais pas quelle aurait été ma réaction.

Jules m'embrassa sur une joue, Rue sur l'autre, puis nous nous embrassâmes toutes les trois sur la bouche. J'avais les yeux fermés et profitai des sensations comme une hippie à la fin des années 60. S'enchaîna alors des bisous et des mains qui se perdaient de tous les côtés, des caresses par-ci et par-là, sans jamais passer sous les vêtements. Comme je le disais déjà, c'était bon et étrange à a fois.

« Ca a toujours été mon rêve de faire un plan à trois... »

A l'entente de cette phrase prononcée par Jules, mon cerveau se réveilla, comme si j'étais dans un profond coma, une inconscience parallèle. J'ouvris les yeux brusquement. Si en général j'avais peur de perdre le contrôle, là c'était trop pour moi. Je repoussai alors Rue qui avait ses mains sur mes seins et Jules qui était collée derrière moi.

« C'est du délire complet, ça va trop loin ! m'exclamai-je,

- C'est l'effet de la MD... dit Jules gênée. »

Rue regarda Jules perplexe.

« Comment ça ça a toujours été ton rêve de faire un plan à trois ? demanda Rue à Jules, On en a jamais parlé !

- Oh c'est bon, tu avais littéralement tes mains sur ses seins et tu kiffais ça ! Jules haussa le ton. »

Jules et Rue se mirent à se disputer. L'effet de la MD était-il fini pour elles ? Où était passé tout leur amour ? Je n'avais pas envie de prendre part à cette discussion et elles ne semblaient plus remarquer que j'étais là, je m'enfuis donc sans dire un mot.

Toujours sous l'effet de la drogue de l'amour, mon cerveau passait outre, comme si ce qui venait de se passer était normal, et je repensai à Evan. Je voulais savoir pourquoi il m'avait rejetée tout à l'heure. Je descendis les longs escaliers en colimaçon de verre à la recherche de ce dernier. Une fois dans la pièce principale, je le vis, il n'était plus déguisé, il portait des vêtements confortables et il était avec cette fille, toujours la même. Ils se parlaient et elle rigolait à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, puis elle touchait son torse pour établir un contact plus ou moins aguicheur. Ca avait le don de m'agacer, mais je n'y pouvais rien. Le temps d'un instant, Evan observa autour de lui et nos regards se croisèrent. Je ne pus m'empêcher de faire autre chose que de lui tourner le dos et m'en aller.

Ce genre d'attitude, la vraie moi, celle qui n'était pas sous l'effet de l'amour en cachetons colorés, aurait trouvé que c'était un comportement de gamine.

EVAN

Cette fille, Nina, avec qui je parlais était sympa, elle avait démontré plusieurs fois qu'elle avait envie de se rapprocher de moi et de m'embrasser, mais je n'arrivais pas à me montrer aussi ouvert et intéressé qu'elle. Mika ne sortait pas de mes pensées. Quand je la vis me tourner le dos aussi subitement alors que je cherchais son regard partout depuis un bon quart d'heure, je n'arrivais plus à faire attention à ce que Nina me racontait. Mika n'avait pas l'air dans son état normal, son maquillage avait coulé et sa démarche n'était pas habituelle. Je regrettais un peu de lui avoir mal parlé plut tôt, mais j'avais mes raisons.

Je vis Nate suivre Mika, puis Maddy aussi. J'eus un moment d'hésitation à le faire car pourquoi m'inquiéter pour elle si j'étais contrarié contre elle ? Mais c'était plus fort que moi et au-delà de tout ça. J'étais avant tout son ami, je m'inquiétais sincèrement pour elle et j'avais envie d'être à ses côtés si elle en avait le besoin. Alors je décidai de les suivre dans la foulée également, laissant la jeune fille avec qui je discutais de côté.

Nous étions donc tous les trois après Mika, à lui demander si elle allait bien, où elle allait, ce qu'elle faisait... Nate essayait même de la rattraper par le bras, il essayait de se mettre en avant, de montrer qu'il était là pour elle, comme s'il était son prince sauveur, et j'avais juste envie de lui dire de se casser. Maddy avait vraiment l'air inquiète pour sa sœur, mais davantage énervée par Nate. Mika ne nous répondait pas, elle faisait semblant de ne pas nous entendre, jusqu'à ce qu'elle en ai assez.

« Laissez-moi en paix, vous trois ! » s'écria-t-elle.

Sur ces paroles virulentes, elle prit une bouteille de vin à moitié entamé en s'en alla à l'étage. Nous l'observâmes un instant, gênés, puis Nate s'avança pour la suivre. Maddy le stoppa d'un geste du bras.

« Laisse Mikaëla tranquille !

- Mais elle est pas bien là, répondit Nate,

- Et alors ? Pourquoi tu t'intéresse autant à elle ? »

Maddy et Nate partirent dans un débat que j'aurais eu envie d'entendre pour savoir la réponse de Nate. Mais au lieu de cela, j'en ai profité pour suivre Mika discrètement. Elle monta deux étages et entra dans une pièce au hasard, soit dans le bureau de mon père. Elle laissa la porte à moitié ouverte et j'en profitai pour la surveiller, histoire de vérifier qu'elle ne s'évanouirait pas à tout moment. Mika s'assit sur un fauteuil et feuilleta un livre tout en buvant dans sa bouteille. Elle avait l'air épuisée.

Je me trouvai distrait par sa personne, par sa façon de joindre ses jambes pour lire le livre et ses doigts qui ne pouvaient pas s'arrêter de titiller l'angle des pages pendant qu'elle lisait attentivement. J'étais tellement concentré sur elle que j'en fis tomber mon téléphone par terre, ce qui la surprit et lui fit comprendre que j'étais là.

« Putain ! J'avais dit que je voulais être seule ! Dégage ! »

Elle se leva pour essayer de me fermer la porte au nez, mais je bloquai celle-ci avec mon pied.

« Mika, qu'est-ce que t'as !? »

Je réussis à entrer dans la pièce. Elle essaya de me pousser pour me faire sortir, mais je ne bougeai pas. Pour mettre fin à ses gestes, je la pris de force par ses deux poignets, elle était désormais bloquée contre mon torse et tout près de mon visage. J'en profitai pour la regarder dans les yeux, alors qu'elle essayait de se débattre avec peu de conviction.

« T'as vu la taille de tes pupilles ? T'as pris quoi ? lui demandais-je en l'engueulant,

- Un truc avec Rue et Jules.

- T'es en train de redescendre là... Comment tu te sens ?

- Vide. Crevée. Je vais rentrer chez moi.

- Non non non, tu n'iras nulle part, c'est 6h du matin, tu vas dormir ici.

- Non, tu n'as pas le temps pour moi, souviens-toi ! C'est bien ce que tu m'as dit, non ? Tu étais en bonne compagnie tout à l'heure, tu n'aurais pas dû la laisser seule, juste pour venir m'espionner !

- T'as raison, je devrais peut-être appeler Nate pour s'occuper de toi, ça devrait mieux te plaire ! répondis-je sur un ton sarcastique,

- Vous me cassez tous les couilles avec Nate.

- Allez, viens... »

Je la pris par la main et l'emmenai dans ma chambre. Elle s'assit sur mon lit et observa ma décoration dans le silence. Je lui sortis un tee-shirt un peu large pour lui servir de pyjama et mis une bouteille d'eau sur la table de chevet.

« Derrière cette porte il y a une salle de bain si tu veux prendre une douche ou autre. Je te laisse mon tee-shirt pour te changer et être bien. Tu vas dormir dans ma chambre et je dormirais dans celle de mes parents, c'est juste à côté. Je vais mettre les gens dehors, j'en ai marre de faire la fête pour ce soir.

- Merci... répondit-elle en baissant la tête,

- Envois-moi un message si t'as besoin de quoi que ce soit, je serais en bas. »

Je m'apprêtais à quitter la pièce, mais Mika me retint, se leva et se mit face à moi. Elle approcha son corps et son visage du mien et d'une voix tremblotante, elle me demanda :

« Embrasse-moi encore. »

Nos lèvres étaient si proches, je sentais une fois de plus son souffle chaud se mélanger au mien. Nos nez se frôlaient. J'étais en train de fondre sur place. Elle me regardait dans les yeux avec son maquillage noir étalé sur ses petites cernes. Et bordel, même comme ça elle était belle. J'avais terriblement envie de faire ce qu'elle me demandait, mais je me sentais encore irrité. Alors quand elle a fermé ses yeux et approché davantage son visage, je me suis reculé d'un pas.

« Non... Bonne nuit Mika.

- Bonne nuit, Evan, elle recula sans me regarder. »

Elle prit sa cigarette électronique et se mit à fumer à la fenêtre. Je quittai la pièce et fermai la porte derrière moi, quelque peu attristé. J'étais contrarié contre elle, et je savais sans vraiment savoir pourquoi. Ca m'énervait de lui faire la gueule, mais c'était incontrôlable. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien trouver à Nate ? Il y avait plein d'autres gars bien dans ce lycée.

Je descendis dans la salle principale et coupai la musique : « Tout le monde dehors ! »

Mes camarades se mirent à râler, mais partirent petit à petit. Je m'allumai une clope dehors, à l'entrée, en observant les fêtards partir. Maddy et Nate vinrent vers moi avant de s'en aller définitivement.

« Où est Mikaëla ?

- Elle dort à l'étage. Je crois qu'elle a pris de la MD avec Rue et Jules, mais elle redescend, donc ça devrait aller. Je lui ai proposé de dormir ici parce qu'elle avait l'air crevée.

- T'as bien fait, elle marchait pas droit... De toute façon j'aurais pas supporté de rentrer avec elle. Merci Evan !

- Pas de quoi ! je lui sourit,

- Des blagues... Elle dort ici parce que tu veux te la faire, dis-le ! intervint Nate à fleur de peau,

- Nate, arrête de faire une fixette sur Mika et moi. On est amis. Et même si on couchait ensemble ce soir ou une autre fois, je ne vois pas en quoi tu serais concerné.

- Je vois clair dans ton jeu, rétorqua Nate,

- C'est bien. Casse-toi maintenant, dis-je en acquiesçant de la tête. »

Maddy regarda Nate de travers et les deux s'en allèrent ensemble. Je les observai partir et même lorsqu'ils étaient assez loin, Nate se retourna une dernière fois pour me lancer un regard noir. Ce à quoi je répondis par un doigt d'honneur.

Bref, il était temps pour moi aussi d'aller me coucher.

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J'espère que ces chapitres sur la soirée déguisée vous a plu ! J'étais pas mal inspirée :)

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