CHAPITRE 57 - Retrouvailles et représailles
La journée promettait d'être chargée en émotion pour tout le groupe, si ce n'est pour tous les élèves d'East Highland...
Les résultats des examens de fin d'année étaient tombés et pour les communiquer, l'établissement avait organisé une matinée de remise de notes et de diplômes. Beaucoup d'entre eux avaient déjà choisi leurs universités pour la rentrée prochaine. Les notes et le fameux papier cartonné attestant de leur fin de lycée allaient donc leur permettre de commencer leurs inscriptions en fac et de tourner la page sur la vie adolescente.
Cassie s'était levée de bonheur pour se préparer à ce moment et avait sorti sa plus belle robe d'été pour l'occasion. Elle ne l'avait pas juste choisie pour être jolie sur l'estrade lorsqu'elle recevrait son diplôme, non, elle l'avait aussi choisie pour attirer l'attention d'un garçon dont elle comptait bien récupérer le cœur.
La jeune femme avait été prise dans toutes les villes pour lesquelles elle avait postulé, sauf New York. Elle avait donc arrêté sa décision sur l'université de Chicago. C'était celle qui avait le meilleur programme de commerce, et surtout, celle qui était la plus proche de New York, en avion, en bus ou en train. Elle n'acceptait pas l'idée de quitter son ancien groupe d'amis et Luke, alors qu'au fond d'elle, elle savait que leur amitié n'était pas terminée. Puis, après tout, Lexi allait faire du théâtre à Julliard, ça ferait une excuse de plus pour débarquer à New York de temps en temps.
Une fois complètement apprêtée, elle abandonna sa sœur, mangea à peine son petit déjeuner, déposa un bisou sur la joue de sa mère et s'en alla à toute vitesse, bien déterminée à aller quelque part avant de se rendre au lycée.
D'ailleurs, en parlant de Luke, les retours des universités n'avaient pas été fructueux. Enfin, du moins pour tout ce qui était études de médecine, cela avait été une véritable catastrophe. En revanche, Fordham et NYU, situées à New York, voulaient bien de lui pour des formations dans le sport. Peach et sa copine allaient le suivre pour découvrir la ville pendant une certaine période, puis, elles partiraient faire le tour du monde pour continuer leur année de césure en beauté.
Pour Evan, même si Harvard et Stanford lui faisaient de l'œil, l'université New Yorkaise de Cornell avait eu raison de lui. Il y avait passé un très bon moment lors du voyage scolaire à New York et c'était une fac réputée pour ceux qui comptaient devenir médecin. Ainsi, il serait non loin de son meilleur ami, de Peach, et peut-être des sœurs Perez...
En effet, Maddy avait choisi de tenter la fac de droit, mais ne savait pas encore si elle resterait à Los Angeles, ou si elle finirait à New York. Cela dépendait de Mikaëla. Cette dernière n'avait toujours pas ouvert ses enveloppes, mais comptait bien le faire, juste après la remise des diplômes. Peach avait prévu une sorte réunion à cet effet : elle avait donné rendez-vous à toute la bande sur les toits du lycée pour que Mikaëla lise chacune des réponses à ses candidatures à voix haute. Ce serait drôle et angoissant à la fois. Mais maintenant Mika savait exactement ce qu'elle voulait, elle appréhendait juste ce qui se cacherait derrière chaque lettre venant des universités.
Un Oui ? Un non ? Un peut-être ?
MADDY
« Tu vas arrêter de me lancer des carrés de sucre oui ou merde !? » s'écria assez fort Mikaëla pour que maman l'entende, entre rires et insultes.
Oui, nous étions toutes deux assises autour de la table de la cuisine, et j'étais en train de harceler ma sœur. Elle m'avait déjà raconté à quel point son date avec Evan avait été incroyable, mais moi, je voulais plus de détails. Enfin, c'était surtout pour l'embêter que j'insistais. Alors quoi de mieux que de la torturer pendant le petit déjeuner pour arriver à mes fins ?
Maman faisait la vaisselle et écoutait la radio, elle était dans son monde. Papa dormait encore.
« Tu vas me dire sa taille ou quoi ??? lançai-je un énième carré de sucre sur la tête de Mikaëla,
- Mais tu crois que j'ai sorti une règle pour mesurer, imbécile !? elle attrapa le carré de justesse, On s'en fout de ça, je t'en ai déjà trop dit !
- ALLEEEZ !
- Ok, très bien ! Elle faisait cette taille-là, Mikaëla déplia ironiquement la totalité de ses deux bras, Et ce diamètre-là, elle fit le même geste à l'horizontale, Contente ? C'est la réponse que tu voulais ?
- Pfff, t'es trop nulle ! croisai-je des bras en continuant de lui lancer des trucs au hasard,
- Arrêtez de vous amuser avec la nourriture ! intervint maman en rangeant ses casseroles dans un placard, On dirait deux petites filles de maternelle que j'ai à ma table, pas des futures diplômées ! »
Je m'arrêtai aussitôt, et lorsqu'elle retourna vers l'évier pour continuer son activité, je fis des gestes avec ma main, dans son dos, pour signifier qu'elle parlait trop. Mikaëla se retint en mettant ses mains devant sa bouche pour ne pas s'étouffer de rire, puis elle continua notre discussion.
« Et toi, alors ? chuchota-t-elle, moqueuse, T'as sorti un mètre de ton sac pour Lévy quand t'as décidé de lui faire tes adieux en le chevauchant à l'arrière du Blue Pub ?
- Ce n'était pas nécessaire, il est tellement narcissique qu'il me l'a dit sans que je le lui demande ! fis-je les gros yeux en me rappelant de ce souvenir, Elle fait...
- Je ne veux pas savoir ! me coupa-t-elle en secouant ses mains,
- Moi non plus ! maman se réincrusta à nouveau dans la conversation, J'entends tout ce que vous dites, je fais juste semblant d'être sourde. Maintenant arrêtez de parler de vos histoires de fesses et dites-moi où vous en êtes avec vos avenirs, elle pendouilla son torchon sur le dossier d'une chaise et s'assit à table avec nous. »
Ma sœur et moi rougîmes instantanément à l'idée que maman ait pu écouter tout notre échange peu catholique. Or, fort heureusement, elle nous avait lancé sur un autre débat. Enfin, "heureusement" n'était peut-être pas le bon mot.
Je lui avais déjà montré ce que cela avait donné pour moi, alors sa question était surtout destinée à Mikaëla. Cette dernière était d'ailleurs restée silencieuse, préférant plonger son visage dans son bol de café pour fuir le regard de Sonia.
« Si c'est une histoire d'argent, on a l'argent, l'encouragea maman, Qui plus est, vous serez toutes les deux boursières. Donc tu pourras aller à l'université que tu veux, Mika... Tu as déjà gaspillé trop de temps dans ta vie à te préoccuper de problèmes d'adultes. Alors si c'est l'argent le souci, oublie-le. Ce n'est plus ta responsabilité. Ta seule responsabilité est de faire des études qui te plaisent et de rendre fière ta famille.
- Sonia, Mikaëla posa une main sur la sienne pour la rassurer, Je vais ouvrir mon courrier et prendre une décision juste après la remise des diplômes, avec mes amis. Ensuite, je rentrerais à la maison et je te raconterais tout. C'est promis.
- Je croise les doigts pour toi, maman sourit, reconnaissante de sa réponse,
- Tu verras, on ira toutes les deux à New York ! ajoutai-je en balançant fièrement mes cheveux à l'arrière,
- J'en suis certaine ! maman me pinça la joue, Bon, je vois que vous avez fini de manger. Dépêchez-vous de vous brosser les dents pour aller au lycée.
- On est plus des enfants, m'exclamai-je,
- Pour moi, vous serez toujours des enfants. Allez, oust ! »
Ma soeur et moi nous exécutâmes, faisant presque la course dans les escaliers pour savoir qui se brosserait les dents en premier. Nous finîmes également par nous maquiller et nous coiffer.
Nous étions prêtes à partir, enfin, presque. Mikaëla s'éternisait devant le miroir du salon, à remettre une mèche de cheveux en place pour la dixième fois.
« Tu comptes le draguer à distance, c'est ça ? lançai-je en croisant les bras,
- Oh, ça va ! répliqua-t-elle en me jetant un coup d'œil agacé, C'est toi qui me dis ça, avec tes cils qui battent plus vite que tes paupières.
- Ah, parce que toi, avec tes faux ongles là, tu crois que t'es mieux ? levai-je un sourcil, touchée dans mon amour-propre,
- J'assume parfaitement, elle regarda ses mains et haussa des épaules avec un petit sourire satisfait,
- Arrêtez les filles ! Vous allez être en retard ! nous pressa maman depuis la cuisine. »
Nous nous chamaillions encore alors que je tournais la poignée pour sortir de la maison. Mikaëla était sur le point de continuer à me lancer des piques quand, en ouvrant la porte, nous nous retrouvâmes face à une blonde pulpeuse, vêtue d'une robe rose à volants.
C'était Cassie. Elle avait le poing levée, comme si elle s'apprêtait à toquer à la porte.
Son apparition coupa net nos taquineries. Mikaëla et moi échangions un regard, prises au dépourvu, nous demandant si ce n'était pas l'une de nous deux qui avait invité Cassie à venir chez nous. Mais c'était chose impossible, puisque nous ne lui avions pas reparlé depuis l'internement de Nate.
Cassie se racla légèrement la gorge, avant de nous sourire timidement.
« Salut.
- Salut, répondit Mikaëla en réajustant son sac,
- Salut... répondis-je à mon tour, mes pupilles allant suspicieusement de droite à gauche, Euh... Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je me demandais si... hésita Cassie, Enfin, je sais qu'il y a des tensions depuis tout ce qui s'est passé... Mais je me suis dit qu'on pourrait peut-être... Y aller ensemble ? À la remise des diplômes, je veux dire. Comme avant, vous voyez ? »
Maman interrompit soudainement cet instant d'embarras, venant nous pousser dehors parce que nous traînions trop à partir. Mais lorsqu'elle aperçut Cassie sur le pas de la porte, elle s'emballa.
« Oh, Cassie ! elle l'embrassa, Ça fait si longtemps que je ne t'ai pas vue ! La dernière fois c'était... C'était probablement lorsque tu étais venue à la maison pour aider à retrouver Mika. Tu as été d'un grand soutien ! Toi et tous tes autres amis, d'ailleurs ! Ça m'a vraiment réchauffé le cœur de vous voir aussi soudés. Je suis heureuse que mes filles t'aient, toi, et ce groupe d'amis, dans leurs vies !
- Oh, je... tenta Cassie,
- C'est bon, maman, intervins-je, gênée, C'est toi qui va nous mettre en retard là.
- Oui, allez, partez ! »
Sonia nous fit un dernier bisou, à toutes, puis ferma la porte derrière elle, nous laissant toutes les trois en face à face sous le porche de la maison.
Après un moment de blanc, Cassie reprit son souffle :
« Les filles, je sais qu'on n'a pas parlé depuis longtemps et qu'il y a eu des moments où on ne se comprenait plus. Mais ce que je veux dire aujourd'hui, c'est que malgré tout ce qui s'est passé, on a commencé l'année ensemble, en étant là les unes pour les autres pendant des mois. Au début, c'était compliqué... Il y avait des tensions, des secrets, des non-dits, mais on a réussi à surmonter tout ça. On a grandi. On a construit quelque chose de précieux, une amitié qui, même si elle a été mise à l'épreuve, reste importante. Il y a eu des hauts et des bas, beaucoup d'erreurs de ma part, des erreurs de la part de tout le monde, mais on s'en est toujours relevées. Même quand on a pris des chemins différents, quand les circonstances nous ont éloignées, que j'ai fait les mauvais choix, il y avait toujours ce lien qui nous rattachait. C'est ça que j'ai envie de retrouver aujourd'hui. Je n'ai pas seulement envie de célébrer nos diplômes ou la fin du lycée, mais tout ce qu'on a traversé. Alors, je me disais que ce serait beau qu'on clôture cette année comme on l'a commencée : ensemble. Parce que, quoi qu'il arrive après, on sera toujours ces trois filles qui ont partagé plein de trucs. Et j'ai envie de penser que ce n'est pas la fin de notre amitié, mais juste un nouveau chapitre qui commence. »
Mikaëla et moi échangeâmes un regard mal à l'aise. Le silence s'éternisait.
Il y avait tant de choses que nous aurions pu dire, des reproches, des excuses, des mots non prononcés, mais c'était déjà chose faite et nous n'aimions pas nous répéter. Cela aurait pu même entraîner une dispute, mais ça aussi, c'était chose faite, et plus d'une fois. A cet instant, aucune d'entre nous ne voulait rouvrir toutes ces plaies. Pas maintenant, pas aujourd'hui. Nous avions mûri.
De mon côté, j'avais déjà discuté avec Cassie. Malgré mon entêtement, au fond, je savais qu'elle était sincère et que je voulais la retrouver.
« Je comprends, Cassie, répondis-je en me raclant la gorge, C'est vrai qu'on a traversé beaucoup de choses... »
Je lançai un rapide coup d'œil vers ma sœur, comme pour lui demander son avis sans avoir à le dire à voix haute. Après tout, elle était la première concernée par les mauvaises actions de Cassie, elle avait donc le droit d'avoir le dernier mot.
Elle finit par se racler la gorge à son tour :
« Ouais... Pourquoi pas ? Mikaëla fit un petit sourire, Allons à la remise des diplômes ensemble !
- Super ! le visage de Cassie s'éclaira, Je ne voulais pas forcer quoi que ce soit. Mais je suis contente que vous soyez d'accord. »
Nous nous mîmes en route et chacune semblait perdue dans ses pensées.
Cassie, marchait entre nous et n'arrêtait pas de jouer avec les bretelles de sa robe, comme si elles étaient un moyen de la rassurer. Ma soeur avait le visage un peu fermé, elle se contentait d'aspirer dans sa cigarette électronique, tandis que moi, j'étais la principale à faire du bruit dans les rues avec mes petits talons.
Après quelques minutes de marche, Cassie brisa la glace.
« Je vais faire du commerce à Chicago à la prochaine rentrée ! elle hocha de la tête, toute contente, nous regardant chacune notre tour, Et vous ? Vous avez choisi quoi ?
- Bravo, c'est génial ! la félicita Mikaëla, visiblement soulagée de voir que Cassie tentait d'alléger l'atmosphère,
- Moi, pris-je le relais, Je vais faire du droit ! Soit à LA, soit à Columbia, à New York.
- Wow, c'est génial, tu as trouvé ce que tu voulais faire ! s'exclama Cassie, Et toi Mika ? Psycho à Columbia ? Tu as été prise ?
- Euh, Mikaëla se raidit avant de répondre, Je ne sais pas encore. J'ai décidé d'ouvrir les réponses des universités après la remise des diplômes. On va faire ça sur les toits avec la bande, tu devrais venir aussi... proposa-t-elle, timidement,
- Avec plaisir ! Cassie rangea ses cheveux derrière ses oreilles tout en acquiesçant,
- Au fait, continua ma soeur, Evan et moi, on est en couple.
- Ohhh quelle bonne nouvelle ! Cassie applaudit, Comment ça s'est fait ?
- Hahahah, on te racontera ça plus tard. Mais c'était très hot, et un peu romantique aussi... je fis un regard pervers,
- Oh, intéressant... Et toi ? Avec Lévy ? quémanda Cassie,
- C'est fini ça, dis-je, Enfin, ça n'a jamais commencé, mais on s'est tous les deux mis d'accord pour dire qu'il n'y aurait pas de suite pour nous.
- C'est mieux comme ça, je suppose.
- Je tiens quand même à préciser qu'il y a eu une baise d'adieux sur un lieu public ! se vengea Mikaëla,
- MIKAELA ! m'écriai-je, amusée et honteuse, TAIS-TOI !
- NOOOOOON !? SÉRIEUX !? Cassie ouvrit de gros yeux et éclata de rire. »
L'ambiance pesante du début s'était dissipée, remplacée par une bonne dose de rires et de souvenirs. C'était bizarre comme tout semblait redevenir naturel, mais ça faisait aussi un bien fou.
[...]
Lorsque nous arrivâmes au lycée, Peach et les garçons nous attendaient devant le portail, au milieu de la foule qui entrait déjà dans l'établissement. C'était flagrant sur leurs bouilles qu'ils étaient surpris de nous voir débarquer avec Cassie, mais ils s'adaptèrent de suite à la situation, ne manquant pas de lui faire une bise pour l'accueillir.
D'une seule main, Evan attrapa Mikaëla par la mâchoire, lui pressant ses joues pour lui faire un bisou rapide, comme s'il avait fait ça toute sa vie. C'était mignon de les voir assumer officiellement et publiquement leur relation, mais les autres et moi aimions bien les chamailler en remarquant haut et fort à quel point ils étaient adorables et dégoûtants à la fois. J'aimais voir ma sœur enfin heureuse. Evan lui faisait du bien, ça se voyait, et elle le méritait. J'avais longtemps craint que toutes les histoires passées ne la hantent trop, au point de lui faire passer à côté de cette relation, mais elle s'est ressaisie et a accepté ce que la vie avait de bon à lui offrir.
« Vous devriez aller chercher vos notes avant que la cérémonie commence, conseilla Luke en touillant le contenu du gobelet en carton qu'il avait dans sa main,
- Vous avez déjà pris les vôtres ? répondis-je,
- Oui, Peach secoua un bulletin sous nos nez, Et on a tous eu des notes bien au-dessus de la moyenne, donc tout va bien. Pour vous, ça devrait rouler aussi.
- Je pense que vous allez adorer la personne qui va vous remettre vos notes ! Evan se servit de mon épaule comme accoudoir,
- Eh bien, allons voir ça ! repoussai-je son bras,
- Et nous, on va se mettre dans la salle et vous garder des places. On se mettra devant, conclut Luke, zieutant frénétiquement Cassie. »
Nous nous séparâmes, et les filles et moi nous dirigeâmes vers la queue d'élèves qui voulaient récupérer leurs notes.
Ca avait avancé assez vite pour que nous réussissions à comprendre ce dont Evan parlait : trois membres du comité des élèves étaient installés à une table. L'une checkait les identités, l'autre donnait les bulletins, et la dernière faisait signer un papier. Le comité des élèves s'occupait souvent d'organiser des évènements ou de faire du bénévolat pour quelconque autre activité du lycée. C'était surtout un délire pour gagner des points auprès des profs.
Devinez qui faisait partie du comité ? Nina Langford. Et dans ce cas là, c'était celle qui se chargeait de donner les bulletins.
C'était l'une des dernières personnes au monde à qui nous avions envie d'adresser la parole. Nous l'avions assez supportée comme ça, elle et ses multiples personnalités. Elle ne nous avait été d'aucune aide le soir où Nate avait fait sa tentative de suicide, et en plus, elle avait tout de suite laissé tomber Luke après ça.
Cette meuf était vraiment inutile, mais devoir lui parler me donnait déjà la migraine.
Nous avançâmes malgré tout vers la table où elle et ses acolytes du comité étaient installées. Son sourire hypocrite s'élargit davantage.
« Oh, mais que vois là je ? s'exclama-t-elle, L'iconique trio à nouveau réuni !
- Oui, "iconique" c'est le bon mot ! répliqua Cassie, lui souriant amèrement,
- Je ne le pensais pas. T'es toujours aussi blonde, toi ! Nina dévisagea Cassie,
- Et toi, Mikaëla s'appuya sur sa table pour l'approcher, Tu suces toujours autant les profs à ce que je vois.
- Hahah, très classe, Mika... murmura Nina en se redressant légèrement sur sa chaise,
- Oui, je fais ce que je peux pour le rester, rétorqua ma sœur avec un clin d'œil ironique, Allez, tu fais ton job de suceuse ou quoi ? »
Préférant ignorer l'attitude provocante de Mikaëla, Nina détourna son regard et réajusta son ras-de-cou en perles pour pouvoir respirer. J'étais très amusée par la situation finalement.
La peste nous tendit enfin nos papiers, s'adressant d'abord à Cassie puisque Howard venait avant Perez.
« Bon, voici vos notes... Cassie Howard, bravo. »
Cassie attrapa son bulletin avec un sourire crispé et recula légèrement pour laisser place à ma sœur.
« Mikaëla Perez. Félicitations, tu nages dans les A+. »
Ma sœur récupéra son bulletin sans même le regarder, lançant simplement un petit "Merci" désinvolte avant de le fourrer dans son sac à main.
C'était à mon tour.
« Madeleine Perez, tiens... Un bulletin presque bon. »
Son ton dégoulinait de sarcasme, mais je préférais ne pas m'y attarder. Je pris mes notes avec un sourire poli, et en les observant, elles n'étaient pas "presque bonnes", elles étaient, pour la majeure partie, très bonnes.
Les filles et moi nous apprêtions à partir quand Nina nous lança, d'une voix faussement concernée :
« N'hésitez pas à regarder au fond de la salle lorsque vous serez installées pour la cérémonie. Il y a une surprise pour vous dont vous serez ravies.
- Ok, super-pétasse, répondis-je naturellement puisque l'insulte me pendait à la langue depuis le début,
- Allez, on se casse, les autres nous attendent, Cassie me tira par le bras, entraînant Mikaëla également. »
Nous traversâmes la porte de la salle où nos diplômes nous seraient attribués. L'ambiance était beaucoup plus sereine comparé à l'échange que nous venions d'avoir avec Nina. Les lumières tamisées dessinaient des ombres dans le coin des murs, et les fauteuils rouges, bien alignés, semblaient nous observer, attendant patiemment que tous les élèves soient installés. La pièce aurait facilement fait une salle de cinéma.
La scène était éclairée par un faible projecteur, prête à accueillir les lauréats et leurs discours prévisibles. Quoi que... Je ne comptais pas faire de discours, ça devrait aller.
Luke, Peach et Evan nous attendaient, assis au premier rang. Luke, bien décontracté, avait les yeux rivés sur son téléphone, tandis qu'Evan était en pleine discussion avec Peach, riant sûrement à une blague qu'elle venait de faire.
« Elle est vraiment insupportable ton ex ! déclara Mikaëla en enjambant Luke pour aller s'asseoir,
- Ce n'est pas mon ex... C'est mon "ex", Luke imita des guillemets, Elle vous a dit quoi ?
- Qu'une surprise nous attendait au fond de la salle, ajoutai-je en prenant place sur un fauteuil, Mais bon, ça doit encore être une de ses conneries. Je ne veux même pas savoir. »
Cassie s'assit sur le dernier fauteuil libre de notre lignée. Elle semblait déconcertée par notre manque de curiosité, mais ne dit rien. Discrètement, elle se pencha en avant, faisant semblant de s'étirer et de regarder les autres personnes dans la salle, puis elle jeta un œil au fond. Ce qui devait être une oeillade rapide se transforma vite en regard inerte et choqué.
« Oh-Oh... commença Cassie, Je crois que Nina ne se foutait pas totalement de notre gueule...
- Qu'est-ce-que tu racontes ? Peach prit soin de vérifier aussi. »
Alors que le suspense s'installait dans l'air, chacun de nous nous retournâmes, suivant les yeux de Cassie et Peach vers le fond de la pièce.
Et là, surgissant des ombres, se tenait une silhouette bien familière, l'air à la fois neutre et troublant, comme s'il n'était jamais parti.
EVAN
La salle se remplissait.
Malgré la distance entre lui et nous, ce connard nous fixa un à un, avec son expression stoïque à en faire peur aux psychopathes eux-mêmes, comme s'il n'attendait que ça. Mais ses pupilles vides s'arrêtèrent sur Mika.
Comme avant, toujours elle.
Et là, un rictus à peine visible se dessina au coin de ses lèvres, tandis qu'elle, elle restait paralysée. Je posai mes deux mains sur ses épaules pour détourner son attention de Nate Jacobs et la faire regarder en face d'elle. Les autres redirigèrent aussi leur attention sans tarder.
« Putain. Evan, tu m'avais dit qu'il ne sortirait pas, murmura Mika en se fondant dans son fauteuil, Qu'est-ce qu'il fout là ? Il n'a pas le droit d'être là.
- Calme-toi, serrai-je sa main dans la mienne, Je...
- Il est avec sa mère, paniqua Maddy, Elle a dû le faire sortir !
- Non, je ne pense pas que ce soit... tentai-je,
- Est-ce-que c'est aujourd'hui qu'on va tous mourir ? exagéra Peach,
- Non ! m'imposai-je, Ecoutez-moi ! Il a le droit de sortir... Je veux dire, ça dépend des cas, mais toute personne en HP a le droit de sortir de temps en temps. Sa mère a dû le récupérer juste pour l'emmener à la remise des diplômes, mais il retournera à l'asile dès qu'il aura fait ce qu'il aura à faire. J'ai fait mon possible pour qu'il reste longtemps là-bas et il y restera, je vous le garantis.
- Il ne peut pas nous faire de mal ici... Il y a trop de monde, trop de témoins, essaya de nous rassurer Cassie, Et ça ne ferait qu'empirer son cas.
- Je devrais peut-être en parler aux surveillants, juste au cas où, non ? Luke regarda par-dessus son épaule pour zieuter dans la direction de Nate,
- Non, ne fais pas ça, tu vas juste l'énerver, Mika secoua vivement sa tête, le teint tout pâle, Il ne faut pas attirer son attention. »
Sur ces derniers mots, les projecteurs s'éteignirent en faisant un sombre bruit, ce qui fit sursauter tous les élèves. Désormais, seulement la scène était éclairée et notre directeur, ainsi que certains de nos professeurs, montèrent sur l'estrade. Le supérieur commença à faire un discours dans son microphone, un discours qui durerait une éternité et que personne n'écouterait, évidemment.
Je me penchai vers Mika qui restait figée à mes côtés, les yeux rivés sur la scène, probablement pour ne pas croiser ceux de Nate à nouveau. Elle était tellement tendue que ça me donnait presque mal au ventre.
« Regarde-moi. » chuchotai-je en lui frôlant le bras.
Quand elle finit par tourner la tête vers moi, je pointai un doigt vers le directeur qui se tenait raide comme un piquet à côté du micro.
« Je parie qu'il pense encore qu'on va tous devenir des génies grâce à ses discours inspirants. Si on devait faire un bingo des expressions qu'il va sortir, j'ai déjà coché "réaliser vos rêves" et "les clés du succès". Tu tiens quoi toi ? »
Mika esquissa un léger sourire, ce qui me fit du bien.
« "Ensemble, nous sommes plus forts". Tu crois qu'il a un carnet où il note ce genre de phrases ? me répondit-elle,
- Absolument ! Il doit même suivre une page Facebook dédiée à ça, levai-je les yeux au ciel dramatiquement,
- Il a dû dire le mot "persévérance" 20 fois en 5 minutes, pouffa-t-elle,
- Oh, je te parie qu'il va encore le dire : "Persévérer, mes chers élèves, c'est la clé de la réussite !" répétai-je en imitant sa voix grave, ce qui la fit rire une fois de plus, Et après, il va nous rappeler à quel point il est fier de nous, même s'il ne sait pas qui nous sommes vraiment.
- Je pourrais récupérer le diplôme de Maddy à sa place, il n'y verra que du feu, Mika cacha sa bouche pour ne pas faire de bruit en riant. »
Tout en continuant à faire des blagues sur le discours interminable de notre directeur, je pouvais sentir l'angoisse de ma petite amie s'atténuer petit à petit. Je ne voulais pas qu'elle se sente prise au piège par la présence de Nate. Il était là, et c'était un fait, mais il ne ferait rien du tout. Pas tant que j'étais là. Pas tant que nous restions ensemble.
Le cinquantenaire en costard cravate annonça enfin le moment que nous attendions tous : la distribution des diplômes. Les élèves se levèrent un à un, chacun appelé par leur nom et j'applaudis chacun de mes amis avec enthousiasme. J'observais Mika, qui, malgré l'anxiété, réussit à sourire quand son tour approcha. C'était un moment important pour elle, et je voulais qu'elle se concentre sur ça plutôt que sur la présence de l'autre idiot.
Après une série d'autres remises, le directeur, toujours fidèle à son microphone, finit par annoncer la fin de la cérémonie :
« Mes chers élèves, je vous souhaite à tous une excellente continuation dans vos futurs projets. N'oubliez jamais que... »
Et là, il se lança dans une nouvelle tirade. Mais cette fois-ci, ça n'avait plus d'importance. Nous étions presque libres.
« Une collation vous attend dans la cour du lycée ! » finit-il par dire, avant que les professeurs ne commencent à sortir de la salle, un sourire soulagé sur le visage.
La foule se leva alors, et nous étions tous excités à l'idée de piquer une coupe de mousseux avant de monter sur les toits du lycée.
« Allez, on se faufile et on se taille le plus discrètement possible ! » déclara Luke.
Nous nous levâmes à notre tour, cherchant à nous fondre dans la masse d'élèves qui quittaient les rangées. Je tenais fermement la main de Mika, mes yeux scrutant les lieux, évitant délibérément de croiser l'intrus.
Mais alors que nous approchions de la sortie, une voix nous retint.
« Attendez une seconde, s'il vous plaît ! »
Nous nous arrêtâmes net, déçus d'avoir fait faillite, et nous nous retournâmes pour constater qui nous interpellait.
C'était la mère de Nate. La foule continuait à passer autour de nous, mais elle avait vu notre groupe. Son fils n'avait pas dû manquer l'occasion de lui parler de nous. Il restait d'ailleurs derrière elle, ne semblant pas vouloir se manifester lors de cet échange que sa mère nous imposait.
« Je dois vous parler. » affirma-t-elle.
Mika lâcha ma main, ses bras venant se croiser contre sa poitrine. Les autres, visiblement inquiets, reculèrent d'un pas, à l'exception de Maddy, qui resta aux côtés de sa sœur. Je savais que la situation allait devenir délicate, mais je refusais de laisser la peur prendre le dessus.
« Oui ? répondit Mika sur un ton calme,
- Vous, la femme pointa un doigt agressif en sa direction, Et toi ! elle pointa Maddy, Et toi aussi ! elle visa Cassie, Vous tous en fait... ses deux mains s'ouvrirent pour désigner toute la bande, Vous avez harcelé mon fils !
- Marsha, tu bois encore ou quoi ? répliqua ironiquement Maddy,
- Maddy, je ne suis pas folle, ce n'est pas la première fois tu lui fais des problèmes ! riposta Marsha, Mais là, les limites ont été dépassées. Il a failli se tuer par votre faute à tous et aujourd'hui il est dans un hôpital psychiatrique qui refuse catégoriquement de le relacher.
- Ah ? C'est ce qu'il vous a dit ? Mika haussa un sourcil, Laissez-moi vous raconter la vraie version : c'est Nate qui nous a harcelés toute l'année. On a eu le droit à des armes, à du kidnapping, à des rumeurs, à la diffusion de photos truquées, à des agressions autant physiques que verbales, et j'en passe. Pour rester à la surface, on a dû se battre contre lui avec la même énergie qu'il puisait en lui pour nous persécuter. Il a dit et fait des choses inimaginables pour manipuler et blesser chaque personne de ce groupe d'amis parce qu'il a des obsessions absurdes. Des obsessions qu'il n'est jamais arrivé à toucher du bout des doigts, alors il a enchaîné les caprices jusqu'à ce que tout explose. C'est un gosse, qui, par manque d'amour, de discipline et sûrement d'autre chose, s'est permis de tout faire valser dans nos vies, et dans la sienne au passage. Avec tout le respect que je vous dois, parce que je suis sûre que, en tant que mère, vous avez essayé de faire de votre mieux... Votre fils est un malade. Un malade qui se retrouve aujourd'hui dans un hôpital psychiatrique, et c'est précisément là où il doit être pour trouver l'aide qu'il n'a jamais su demander. »
Je n'aurais pas pu faire meilleur discours avec autant de clairvoyance et une voix aussi posée.
Le silence retomba entre nous tous comme une chape de plomb. La mère de Nate, restait pétrifiée, son visage se déformant sous l'effet d'une nervosité mêlée à de l'incrédulité. Lui, il n'avait pas bougé, mais son visage était désormais teinté d'un rouge écarlate laissant entrevoir les veines de son cœur battre sur son front.
T'es en train de t'énerver, qu'est-ce qui se passe ? Tu te sens mal ? La vérité blesse ? T'es en colère ? :)
« Comment... Comment vous pouvez dire ça ? balbutia Marsha, C'est juste un garçon...
- Un garçon ? l'interrompit Maddy, Non, Marsha, un garçon n'en vient pas à torturer des gens juste parce qu'il a la rage. Tu dois ouvrir les yeux et arrêter de l'idéaliser. Nate a besoin d'aide, mais ce n'est pas en le protégeant de la vérité que tu vas l'y mener.
- Vous ne comprenez pas, cria-t-elle, sa voix résonnant dans l'auditorium presque vide, Mon fils est une victime !
- Sûrement de quelque chose, mais pas de nous, intervins-je solennellement, Et par conséquent, il s'est servi de sa douleur pour faire du mal. C'est tout ce qu'il y a à retenir. Maintenant, si vous voulez bien nous excuser, secouai-je mon diplôme sous son nez, On en a fini avec le lycée, avec Nate et toutes ses conneries, et on a aussi un diplôme à fêter...
- Je ne sais pas quand, ni encore quoi, mais je vais trouver quelque chose pour tous vous faire tomber. Ca ne restera pas comme ça, la femme balança frénétiquement sa tête,
- Telle mère, tel fils, Mika haussa des épaules nonchalamment, Soyez heureuse, Madame. Toi aussi, Nate. »
Je posai mes bras sur les épaules des deux Perez pour les inviter à tourner le dos aux Jacobs avec moi. Avant de me suivre, Mika et Nate se dévisagèrent une dernière fois, et Maddy prononça ses adieux. Cassie et Luke ne prirent pas la peine d'échanger avec qui que ce soit, ils se contentèrent d'en faire de même et tournèrent les talons. Mais Peach... Elle avait toujours besoin de faire un dernier petit commentaire...
« Marsha, n'oubliez pas de ramener votre fils chez lui, à l'hô... bégaya Peach, Vous savez où... Et euh... Nate... Félicitations pour ton diplôme ! Enfin, je suppose que personne ne te le dira, alors je te le dis malgré tout. Tu étais un bon élève en dépit de tout le reste. C'est dommage que tu n'ailles pas à la fac. Voilà... Soigne-toi bien, elle agita une main pour dire au revoir. »
Nous sortîmes de cette pièce où l'atmosphère avait été largement alourdie par la tension de la discussion. En contraste, la cour du lycée était animée, remplie d'élèves rassemblés pour célébrer la fin d'une ère. Des rires résonnaient autour de nous, et ça, ça nous permettait d'aller déjà beaucoup mieux.
« Allez, champagne ! » s'écria Maddy en se frayant un chemin parmi la foule, tandis que nous la suivions.
Au loin, je vis Nate et sa mère quitter l'établissement. Nous pouvions dès à présent être en paix et entre nous sans nous soucier du reste.
Nous prîmes chacun une coupe pour trinquer.
« Bon, avec Maddy, on va chercher les clés pour monter aux toits. Rejoignez-nous là-bas dans 10 minutes, le temps qu'on arrive à soudoyer un surveillant, ok ? nous interrogea Peach,
- Ok ! »
Mika, Cassie, Luke et moi restions donc entre nous, à discuter de tout et de rien. C'était bizarre d'avoir Cassie dans les parages à nouveau et de manière si soudaine, mais j'étais certain que Mika m'expliquerait tout plus tard. Cette dernière finit d'ailleurs son verre et nous annonça :
« Je vais vérifier si je n'ai pas oublié des trucs dans mon casier, elle fit un clin d'oeil à la blonde,
- Tu veux qu'on vienne avec toi ? demanda Cassie, hésitante,
- Non, non, ça va, je serais rapide, insista Mika avec un sourire en coin. »
Sans vraiment y réfléchir, je la suivis. Cette histoire d'aller vérifier son casier avait tout l'air d'un coup monté pour laisser Cassie et Luke en tête à tête, et dans ce cas, je ne voulais pas tenir la chandelle.
Je marchai rapidement pour suivre ses pas dans les couloirs déserts du lycée. Les lumières fluorescentes projetaient des ombres sur les murs et le bruit de nos chaussures résonnait sur le sol en résine. La peinture était vieille, les armoires en métal à moitié vandalisées, mais en fin de comptes, j'aimais cet endroit. Aujourd'hui, il semblait un peu étrange, presque désolé de nous voir partir. Ça allait me manquer tout ce bordel.
Mika se dirigea vers son casier, le regard concentré, et je pris un moment pour admirer le mouvement de ses hanches synchronisé avec celui de ses cheveux détachés. Elle avait mis un bandeau à carreaux assorti avec un top sans manches aujourd'hui, ça lui donnait des airs de poupée.
« T'as oublié quoi dans ton casier ? lui demandai-je,
- Rien, elle l'ouvrit et se posa en face du petit miroir qu'elle avait collé dedans en début d'année, Je voulais juste laisser Luke et Cassie discuter.
- Et m'attirer jusqu'à toi ? je me mis derrière elle et enlaçai sa taille,
- Je ne t'ai jamais dit de me suivre, tu es venu par toi-même, répondit-elle en me faisant la grimace. »
D'un geste gracieux, Mika ouvrit son sac à main et en sortit un petit tube de parfum avec lequel elle s'aspergea, puis un gloss qu'elle appliqua aussitôt tout en s'admirant dans la glace. C'était le même gloss avec lequel je l'avais maintes fois vue se repimper avant d'aller cours. Lorsqu'elle eut fini, elle remit le capuchon dans le tube transparent et le rangea, avec le parfum, dans le casier vide avant de le refermer.
Ma chérie appuya son dos contre mon torse. Je baissai la tête pour la regarder, elle souriait.
« Tu abandonnes ton parfum et ton gloss ? l'interrogeai-je,
- Non, je les laisse là pour que la prochaine Mikaëla arrive à se mettre son Evan dans la poche, plaisanta-t-elle. »
Je souris aussi, amusé par sa réponse. Je la serrai un peu plus fort contre moi, mes bras l'enveloppant tandis qu'elle fermait les yeux un instant, savourant ce moment de calme avant que tout ne change.
« La prochaine Mikaëla et son Evan ? murmurai-je contre son oreille, T'es en train de me dire que nous sommes remplaçables ?
- Remplaçables, jamais ! elle rit produisant un écho léger dans le couloir, puis elle se retourna dans mes bras pour me faire face, C'est juste une métaphore, une façon poétique de dire que cet endroit va toujours avoir une part de nous. Même après notre départ. »
Je baissai la tête et laissai mes lèvres effleurer les siennes. Ce moment était simple, vrai. Loin de tout ce qui s'était passé avec Nate, loin de la cérémonie, loin du futur incertain. C'était juste elle et moi, ici, dans ces couloirs qui avaient vu tellement de nos hauts et bas.
Le goût sucré de son gloss s'imprégna aussitôt sur ma bouche. C'était le gloss qu'elle avait l'habitude de porter au lycée, juste après le temps de midi, celui que je reconnaîtrais entre mille. Ce goût me ramena directement à nos débuts, quand nos échanges n'étaient encore que des promesses d'une relation sans lendemain, sans amour, sans attaches. Et nous voilà en couple.
Sans vraiment m'en rendre compte, je la poussai doucement contre les casiers et continuai de l'embrasser. Le métal froid derrière elle contrastait avec la chaleur de ses épaules dénudées, ce qui la fit frissonner. Je l'embrassai encore, un peu plus passionnément cette fois, comme pour marquer la fin de cette histoire d'amour compliquée entre deux lycées chaotiques. Il n'y avait plus cette insécurité de savoir si on finirait ensemble ou non. Maintenant, c'était clair. Et pourtant, nos baisers avaient encore ce goût d'interdit, de secret, d'urgence, d'adrénaline contenue, comme si la flamme ne voulait jamais s'éteindre. C'était exquis, je ne voulais plus que ses lèvres se détachent des miennes.
Nous étions tellement absorbés l'un par l'autre que nous n'entendîmes même pas les pas qui s'approchaient. Ce n'est qu'au moment où une voix familière résonna dans le couloir que nous nous rendîmes compte que nous n'étions plus seuls.
« Oh... Euh... Merde... Pardon les amoureux ! »
Je me figeai, Mika aussi. Nous tournâmes la tête pour voir Peach qui se tenait à l'entrée du couloir, une expression mi-amusée mi-gênée sur le visage. Elle se tourna vivement vers le côté pour ne pas nous regarder directement, sa main levée comme pour se protéger du spectacle.
« Je ne vous interromps pas, hein ? Bon, en fait si, je vous interromps clairement, mais il faut qu'on y aille, les gars. On peut aller sur les toits maintenant. Pas besoin de vous précipiter, hein, mais... Enfin... Quand vous aurez fini ce que vous faites... »
Mika éclata de rire, laissant tomber sa tête contre ma poitrine, tandis que je levais les yeux au ciel, faussement agacé. Peach resta plantée là, tapotant nerveusement le sol du bout de ses baskets, attendant visiblement un signe de notre part pour s'éclipser.
« On arrive, Peach ! » dis-je.
Je me tournai vers Mika, nos yeux se croisant dans une complicité comique.
« Faut croire que même les casiers du lycée ne nous appartiennent plus. » sourit Mika en remettant une mèche en place.
Alors qu'on s'éloignait, main dans la main, je laissai mes doigts glisser sur toute une rangée de casiers jusqu'à ce que nous quittions les couloirs.
MIKA
« Rue, Jules, Lexi ? Salut ? m'exclamai-je, confuse, en les voyant sur les toits avec le reste de la bande,
- Ouais, je les ai invitées aussi ! Peach me sépara d'Evan et m'entraîna au centre des attentions,
- J'ai promis de payer ma tournée de joints, voilà ce qui explique mon humble présence ! se justifia Rue, Mais j'avoue que je suis aussi curieuse de savoir si tu vas finir sans université, comme moi, elle me sourit, les yeux à moitié fermés,
- Ah ! je ris jaune, joignant nerveusement mes deux mains, Me voilà rassurée ! SLAY RUE ! répondis-je ironiquement,
- Tout le plaisir est pour moi ! elle me fit une révérence,
- Ça n'a aucun sens ce que tu racontes, tais-toi ! Lexi lui mit un coup de coude. »
Jules haussa des sourcils, agacée par le manque de tact de sa copine, puis agita une main derrière mon épaule comme pour s'excuser de sa part. Elle s'assit ensuite par terre, tapotant à côté d'elle pour tous nous appeler à venir nous asseoir aussi.
« Désolée si tu as l'impression qu'on tape l'incruste, Jules s'adressa à moi en se protégeant du soleil qui donnait sur son visage, Peach voulait vraiment fumer, et on t'aime bien. Je vais en école de mode à New York, Lexi sera à New York aussi... Si tu viens à New York, ça serait vraiment cool qu'on passe plus de temps ensemble. »
Sacrée Peach, prête à n'importe quoi pour de l'herbe. Si mon stress n'était pas en train de prendre le dessus, je l'aurais volontiers engueulée, mais un regard noir suffirait pour cette fois.
Ça ne me dérangeait pas spécialement que les filles soient là, je les aimais bien aussi. J'étais juste surprise car je pensais que l'ouverture de mon courrier universitaire se ferait en petit comité. Mais bon, trois personnes de plus, trois personnes de moins... Ca faisait déjà beaucoup en fait. Il n'en fallait pas plus.
Et puis, Rue qui lance la meilleure blague de l'année...
Et Jules qui m'apprend qu'elle-même, ainsi que la moitié de la planète, va à New York...
J'avais la pression.
« Aucun souci, Jules, je m'assis à ses côtés, Et oui, ça serait vraiment marrant d'être voisines !
- Bon, on s'assoit et on forme un cercle pour ouvrir toutes ces lettres ? proposa Luke,
- Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'on va faire une sorte de rituel ? se stupéfia Rue,
- Non, tu vas rouler des joints pendant que nous autres, nous mènerons des discussions tout à fait normales, d'accord ? la manipula Peach,
- Fascinant... Rue acquiesça, D'accord. »
Tout le monde s'installa en cercle, un peu à la va-vite, mais je pouvais sentir que la tension montait crescendo. Le moment que j'avais le plus redouté approchait à grands pas.
C'était le moment d'ouvrir ce foutu courrier !
Je me retrouvai entre Jules et Luke. Je donnai alors pour mission à l'un de tenir les enveloppes encore fermées, et à l'autre de récupérer les ouvertes à venir. Mon petit ami, ma sœur et Cassie se tenaient pile dans mon champ de vision avec leurs sourires optimistes en encourageants... Je ne pouvais pas être mieux entourée.
Rue avait pris au pied de la lettre ce qu'avait dit Peach et avait déjà entamé son affaire tout en marmonnant des trucs bizarres. Jules se pencha vers elle pour tenter de la réprimander le plus discrètement possible.
« Sérieusement, Rue ? Tu ne peux pas attendre deux minutes avant de commencer ?
- Eh bien, le stress, ça se gère, ma chère. Je fais ce que je peux pour vous soutenir moralement ! répondit-elle avec son air habituel de "je m'en fous". »
J'avais six lettres en main. J'avais donné mes roues de secours à ma sœur, alors toutes visaient la psycho et uniquement la psycho. L'une de ces six universités allaient potentiellement changer ma vie. Parmi elles, trois en Californie, deux dans des États voisins, et une seule à New York : Columbia. Mon cœur battait fort, et je me sentais oppressée par la chaleur, le stress et tous ces regards fixés sur moi.
« Allez Mika, on est avec toi ! lança Cassie, Tu n'auras que des réponses positives !
- Ouvre Columbia en dernier... Le meilleur pour la fin comme on dit ! Maddy fit une petite danse enthousiaste avec ses épaules,
- Bon, je me lance ! »
Jules rangea Columbia en bas de la pile et me tendit une première enveloppe. Mes mains tremblaient un peu, mais je fis de mon mieux pour l'ouvrir proprement. Le papier craqua sous mes doigts, et le bruit fit redoubler d'impatience tout le groupe. Je dépliai le contenu, mes yeux parcourant les lignes et mon cerveau essayant de traiter les informations le plus rapidement possible. Puis, je souris doucement.
« Acceptée ! »
Des éclats de joie fusèrent autour de moi. Ça commençait plutôt bien. Une première victoire.
J'étais à peine remise de cette première réponse que je me lançai sur la deuxième. Même processus : mes yeux glissèrent sur les lignes, mon cœur battant un peu moins fort maintenant.
« Acceptée aussi ! »
Un cri collectif monta, et je ne pus m'empêcher de sourire. Rue, qui suivait l'ouverture de mes lettres d'un œil plus ou moins attentif, leva son joint, l'air de dire "on le savait tous". Je roulai des yeux en rigolant.
« Ça s'enchaîne très bien tout ça ! » Evan me fit un clin d'œil.
Les trois enveloppes suivantes défilèrent dans une sorte de transe : l'une m'indiquait la liste d'attente et les deux autres des réponses positives.
Les portes des Etats voisins m'étaient ouvertes et je pouvais rester en Californie, à Los Angeles, si je le voulais.
Mais il restait encore Columbia. Celle que tout le monde attendait. Celle qui me faisait vraiment flipper. Mes mains étaient moites, et je devais lutter contre l'envie de garder cette enveloppe fermée. Comme si ne pas savoir la réponse me donnait encore un peu de contrôle sur la situation.
Je savais déjà ce que je voulais, Columbia n'avait qu'à me dire oui. Et si c'était un non, je n'avais vraiment pas anticipé ce qu'il en adviendrait pour moi... Certes, j'avais le choix sur 5 autres universités, mais... C'était Columbia ou rien.
Je pris une dernière inspiration, et cette fois, c'était la bonne.
J'ouvris Columbia.
Je m'emparai de la lettre et plaquai instantanément l'enveloppe vide contre le torse de Luke.
La lumière du soleil tapait fort, mais je ne la sentais plus. Tout ce que je voyais, c'était ce bout de papier et l'encre noire qui dessinait des mots que j'appréhendais.
« Tu l'as, je le sens ! » souffla Maddy pour me rassurer.
Je lissai la lettre un peu plus, le papier se promenant entre mes doigts comme s'il pesait des tonnes. Les premières lignes étaient toutes les mêmes : "Chère Mikaëla Perez...". Mais c'était là, un peu plus bas, que tout se jouait. Un simple mot. Juste un seul.
Mes yeux balayèrent la phrase en essayant de la deviner avant même de lire vraiment.
Puis, je l'ai vue.
"Nous regrettons..."
Mon cœur s'arrêta. Littéralement, il s'arrêta.
J'avais beau lire et relire la phrase, essayer de comprendre autrement, la réalité était là. Columbia ne voulait pas de moi. Ils voulaient Maddy dont les candidatures avaient été faites par moi, mais moi, ils ne me voulaient pas. Alors que c'étaient les mêmes mots, les mêmes phrases à quelques lignes près... Où avais-je déconné ?
La boule dans ma gorge grossissait de plus en plus, me rendant presque la respiration difficile. Je voulais parler, dire quelque chose, n'importe quoi, mais aucun mot ne venait. J'étais juste là, à fixer cette foutue lettre.
Ce n'était pas possible... Pourquoi !?
Je relevai les yeux, et je croisai le regard de Lexi en premier. Elle fronçait des sourcils, inquiète.
« Alors ? demanda Evan, prêt à me voler le papier,
- C'est un non, je tentai de sourire, mais ce fut plus un rictus qu'autre chose,
- T'inquiète, c'est qu'un nom propre sur une enveloppe. Le vrai kiff, c'est la vie qu'on mène, pas là où on la commence, Rue prit une bouffée du joint qu'elle venait d'allumer puis me le tendit,
- Non, merci ! refusai-je, me retenant de la monter en l'air et de me servir de ses yeux comme cendrier,
- Ok. Tu mens ! Maddy balança sa manucure dans ma direction,
- Je ne mens pas, je vais devoir rester à Los Angeles. »
Maddy ne perdit pas une seconde pour m'arracher le document des mains afin de le lire elle-même. En constatant que je ne bluffais pas, elle écrasa la feuille blanche et la jeta sur le côté, menaçant de s'énerver sous peu. Toujours vexée, elle ne se laissa pas abattre et attrapa l'enveloppe encore vide que Luke tenait. Elle la secoua dans tous les sens comme une folle, peut-être dans l'espoir que le mot "admise" en tomberait par magie.
« S'il te plaît, Maddy, arrête, ça ne sert à rien ! » l'implorai-je, mais elle ne m'écoutait pas.
C'est alors qu'un petit objet tomba au sol.
Cela ressemblait à un pin's, une sorte de petit badge rond. Je le ramassai et plissai mes yeux pour mieux comprendre. Il était bleu et blanc, c'étaient les couleurs de Columbia. Au centre, une belle calligraphie affichait la lettre J.
Ça ne me disait rien, ça n'avait aucun sens, je n'avais jamais vu ce truc de toute ma vie, alors ça ne changeait strictement rien non plus. Quelqu'un avait dû le mettre dans l'enveloppe par inattention.
Je déposai l'objet au centre de notre cercle pour que les autres puissent le regarder s'ils en avaient envie. Moi, ma seule envie était de disparaître, d'être seule...
Je me levai et Evan me regarda, cherchant à savoir s'il pouvait venir me consoler. Je secouai de la tête et il n'insista pas. J'avais mal parce que non seulement je voulais aller à New York pour moi, pour ma sœur, mais aussi pour lui. Alors devoir le regarder en face me brisait encore plus.
Je ne comptais pas m'enfuir, non, juste me poser sur l'un des murets du toit pour essayer de me vider l'esprit. Mais à mi-chemin, Rue m'interpella.
« Mika !
- Quoi, encore, Rue !? me retournai-je attendant qu'une prochaine connerie sorte de sa bouche pour pouvoir la baffer,
- Tout doux le loup... elle fit un petit geste avec ses mains pour m'indiquer de me calmer,
- Tu veux quoi !?
- Ces trucs-là, elle fit rouler le pin's entre son indicateur et son pouce, J'en ai vu quand on avait été à New York avec le lycée. Je ne sais plus quelle université j'avais visité, mais les étudiants qui nous accueillaient avaient tous ces machins accrochés à leurs vêtements. La go qui m'avait fait faire le tour de sa fac s'appelait Sarah et elle avait un pin's rouge avec la lettre S. Ça doit être un truc qu'ils utilisent pour se distinguer.
- Oui, c'est vrai, reprit Lexi, A Julliard, c'était pareil. Le garçon qui m'avait fait visiter s'appelait Dan et il avait un pin's avec la lettre D.
- Alors J comme qui ? conclut Jules. »
Les autres ne comprennaient pas ou avaient oublié, mais Cassie et Peach rivèrent leurs regards sur moi. Elles étaient présentes pour la visite de Columbia et savaient très bien de qui pouvait être J. Cette fille avait clairement réussi à marquer notre séjour à New York. Enfin, surtout le mien. Mais je ne pensais pas avoir à aborder son sujet à nouveau un jour.
« J comme Jessie ? prononça innocemment Cassie,
- Jessie... LA Jessie !? Peach fit les gros yeux,
- Où est le rapport ? interrogea Evan. »
Et le problème était qu'il y avait très sûrement un rapport entre le refus de ma candidature et le J comme Jessie...
« Oui, Jessie, Jessie voulait coucher avec moi... » dis-je ayant moi-même du mal à croire en mes propos.
Oui, j'avais eu tort de flirter avec cette fille et de la lâcher à la minute où elle avait voulu conclure, mais était-ce vraiment nécessaire d'en arriver là ? Pour une affaire de drague qui avait duré à peine deux jours ? Pour une baise que j'avais déclinée, la meilleure chose qu'elle avait trouvé à faire c'était de riposter en gâchant mes plans pour l'avenir ? Ça voulait dire que pendant des mois, elle avait pensé à moi et attendu la réception des candidatures pour pouvoir se venger ? Elle était tombée amoureuse ou quoi ? En tous cas, elle avait vraiment du temps à perdre. J'ai moi aussi l'esprit de vengeance, mais je ne me serais jamais donnée autant de mal pour si peu.
Et mettre son pin's dans l'enveloppe pour me faire comprendre que c'était elle qui était derrière ce refus, c'était vraiment petit de sa part. J'aurais préféré ne jamais savoir. Je voulais la retrouver pour lui faire bouffer son truc et qu'elle s'étouffe avec.
Jessie devait faire partie du conseil des élèves, d'un comité de recrutement ou un bail du genre... Encore une suceuse de profs qui essayait de me la mettre à l'envers. Génial. Bravo. C'était réussi.
« Je ne comprends rien là... Tu as couché avec Jessie !? lança Peach,
- Mais alors, pourquoi elle aurait fait ça ? ajouta Cassie avant que je n'ai le temps de rétorquer,
- Le sexe lesbien c'est pas ton fort, mmmh ? Rue fit une moue navrée,
- MAIS FERME-LA, RUE ! la secoua Jules,
- Je n'avais aucune idée que ça s'était fait... Evan joua avec ses bagues pour éviter de croiser mon regard,
- Euh Evan, vous n'étiez pas encore en couple je te rappelle ! me défendit Maddy,
- Donc tu as vraiment couché avec... Peach essaya de terminer sa phrase,
- PUTAIN, MAIS NON ! explosai-je finalement, Je ne l'ai même pas touchée ! J'ai refusé de coucher avec elle et elle m'en a voulu ! FIN DE L'HISTOIRE !
- Chaud, Rue secoua sa tête comme si j'avais fait la plus grosse erreur de ma vie, Pourquoi t'as refusé ? Regarde, maintenant, tu ne peux plus aller à Columbia. »
Je plaquai mes mains contre mon front, autant dépassée par la situation que par les remarques de Rue. Jules prit alors l'initiative de partir avec elle et Lexi, nous laissant sa trousse de pétards en guise d'excuses.
J'étais complètement sonnée. Toute cette énergie, cette attente... Pour quoi ? Pour un refus basé sur de la rancune. Columbia ne voulait pas de moi à cause d'une fille que j'avais à peine fréquentée... Sérieusement ? C'était ça mon karma ?
Est-ce qu'elle leur avait laissé le temps de lire ma candidature au moins ? Ou est-ce qu'elle s'en était accaparée pour se dépêcher de me coller un "non" à la gueule ?
« Attends une seconde, tu vas me dire que c'est à cause d'une meuf jalouse et frustrée du cul que tu n'as pas été prise ? C'est quoi ce délire ? On ne peut pas laisser ça passer ! » Maddy commença à s'emballer, prête à partir en guerre contre Jessie elle-même.
Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Evan prit la parole.
« On peut encore s'en occuper, il se redressa, ne regardant que moi, Columbia n'a pas pris sa décision sur des bases justes. Ils doivent savoir ce qui s'est passé et je vais m'assurer qu'ils l'apprennent.
- Mais... On parle de Columbia là. C'est une université de l'Ivy League, c'est l'élite ! Tu crois vraiment qu'ils vont nous écouter pleurnicher juste parce qu'on leur dit qu'une étudiante de leur propre fac a influencé ma candidature !? En plus, à part ce foutu pin's inutile, on a aucune preuve.
- On s'en fout, Mikaëla ! Que ce soit Columbia ou la NASA ! insista ma soeur, On a fait face à des trucs bien pires. Si c'est vraiment New York que tu veux, on devrait au moins essayer. »
Le groupe resta silencieux un instant après les paroles de Maddy. J'étais à la fois touchée par son soutien et sceptique sur ce qu'elle proposait. Mais, quand je la regardais, je voyais cette détermination dans ses yeux. Elle n'allait pas lâcher l'affaire, et honnêtement, une partie de moi ne le voulait pas non plus.
Evan me fixait, les yeux plissés sous le soleil, comme s'il cherchait une réponse plus profonde que celle que j'avais sur le bout de la langue. Il se leva soudainement pour venir jusqu'à moi et enlacer ses deux mains dans les miennes.
« Est-ce que c'est New York que tu veux, Mika ? » posa-t-il.
Les autres se levèrent aussi pour entendre ma réponse et je savais exactement ce que j'avais envie de dire.
« Oui. » acquiesçai-je.
Après tout, Nate n'était pas arrivé à me faire couler. Alors ce n'était certainement pas Jessie qui allait le faire.
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Hey you :)
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Ta partie préférée ?
On se doutait que Nate ou Jessie referaient leur apparition dans l'histoire ou pas ? Hihi...
CHAP -3 :(
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