Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

CHAPITRE 35 - She's a Fighter

« Mais c'est quoi ce bordel ? Que s'est-il passé ici !? » s'écria Ana en passant la porte de son domicile.

En voyant le piètre état dans lequel était son salon, Ana Jones se stupéfia. Ses meubles avaient été déplacés, certaines de ses décorations avaient été cassées et ses murs étaient tâchés de rouge. Elle jeta ses courses et ses clés au sol et se dépêcha de chercher les coupables de tout ce vacarme. Sa cuisine était dans un désordre encore plus inquiétant. Puis, en traversant le couloir, elle surprit son conjoint, une main ensanglanté protégée par un tissu quelconque et la respiration saccadée, en train d'essayer d'ouvrir de force la porte de la chambre de sa fille.

« Benjamin ! Qu'est-ce que tu fais ? »

L'homme se retourna vers elle et changea soudainement d'expression. Il passa de la colère au désarroi, se faisant passer pour la victime de ce qui avait eu lieu quelques minutes plus tôt. Il sauta dans les bras d'Ana, arrivant presque à faire couler des larmes, prêt à déballer n'importe quel mensonge pour rejeter la faute sur Mikaëla.

« Ta fille deviens folle, Ana ! il secoua sa compagne,

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ? répondit-elle désespérément tout en attrapant la main blessée de Benjamin pour la regarder de plus près,

- Elle était en train de se préparer à manger dans la cuisine et j'ai eu le malheur de venir dans la même pièce qu'elle pour me servir une tasse de café. Je me suis juste installé à table pour boire tranquillement et d'un coup, alors que je ne lui avais même pas adressé la parole, elle s'est retournée vers moi et a piqué une crise d'hystérie ! il grimaça pour accentuer sa douleur, Elle a planté le couteau dont elle se servait pour cuisiner dans ma main, alors que je n'avais rien fait !

- Cette gamine est complètement tarée ! déclara Ana,

- Je voulais la punir, mais elle m'a obligé à lui courir après dans toute la maison, puis elle s'est enfermée dans sa chambre et n'assume pas les conséquences de ses actes ! surrenchérit-il,

- Je suis désolée mon chéri ! s'excusa Ana en regardant son amant avec peine, Je ne peux pas m'absenter deux secondes d'ici qu'il arrive des tragédies ! elle se plaça face à la porte de Mikaëla et se mit à toquer violemment, Sors de cette chambre tout de suite, jeune fille ! C'est très grave ce que tu as fait ! »

Derrière la porte, Mikaëla était fiévreuse. Elle pleurait sans relâche et arpentait sa chambre de droite à gauche, agonisée par la situation. Elle était encore sous le choc d'avoir subi cette agression et d'avoir dû commettre un crime pour se défendre, oubliant presque qu'elle aussi avait été touchée par ce coup de couteau. Malgré tout, elle pensait également sans arrêt au fait que ses amis ne devaient pas être très loin, alors elle s'arrachait les cheveux de la tête pour essayer de faire les choses intelligemment. Mais à cet instant précis, c'était très dur de gérer ses émotions, de contrôler ses états d'esprit comme elle avait si bien l'habitude de le faire. Mika avait toujours été celle qui maîtrisait ses états d'âme, celle qui réfléchissait stratégiquement face à l'adversité, mais cette fois-ci, la situation la dépassait. Les images de son attouchement tournaient en boucle dans sa mémoire. Elle s'efforçait de comprendre comment tout avait pu dégénérer à ce point, comment elle avait pu penser que c'était une bonne idée de mettre un putain de short.

Pourtant, même au milieu de tous ces tourments Mika n'oubliait pas la courte apparition de Peach, elle n'oubliait pas son regard abasourdi, mais pourtant rempli de soulagement et d'espoir. C'était l'une des seules choses qui l'aidait à retrouver un peu de motivation et de détermination pour ne pas se laisser pleinement submerger par sa détresse.

Et c'est aussi en entendant les mensonges de Benjamin et la naïveté de sa génitrice qu'elle décida d'essuyer ses larmes et affronter ses deux bourreaux. Mika prit donc le petit miroir posé sur son bureau et regarda son reflet pendant quelques secondes. Elle scruta son visage marqué par les épreuves qu'elle traversait en ce moment et le méprisa. Elle n'aimait pas ce visage, ce visage ne l'aidait pas à avancer, ce visage ne définissait pas ce qu'elle était vraiment. Ce visage lui rappelait le passé et ne définissait plus du tout celle qu'elle était devenue depuis ces cinq derniers mois. Alors pour détruire ce visage à jamais, elle le fixa une dernière fois et brisa le miroir contre la porte en le lançant avec déchaînement.

Elle allait forcer son cerveau à éteindre les détails les plus traumatisants de son agression pendant quelques temps, afin de pouvoir être assez forte pour sortir de là.

Intrépide et révoltée, elle traversa les éclats de verre brillant à ses pieds, écrasant ce vieux reflet qu'elle détestait tant, et ouvrit enfin la porte de sa chambre.

Un silence s'installa un instant, les regards d'Ana, Benjamin et Mika se croisant dans une atmosphère tendue.

« QUOI ENCORE !? Mika brisa le silence,

- Tu as disjoncté ou quoi, Mikaëla !? s'énerva Ana, Regarde ce que t'as fait, merde ! Tu trouves ça normal !?

- A toi de me le dire, Ana. Imagine que tu as à peine 18 ans, qu'un homme bien plus vieux que toi essaye de te violer et que tu as un couteau à proximité, tu fais quoi ? Mika croisa paisiblement ses bras,

- Quoi ? bégaya-t-elle en regardant sa fille et Benjamin à tour de rôle, Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est n'importe quoi ! Il ne ferait jamais ça ! Hein ? Benjamin ?

- Tu es incroyable, Ana ! Un vrai phénomène et ça ne changera jamais, hein !? ricana nerveusement Mikaëla, Toujours du côté de la mauvaise personne !

- Je t'ai dit la vérité Ana, si tu ne veux pas me croire, c'est ton problème, Benjamin leva ses bras en l'air pour s'innocenter, Dans ce cas, je partirais et tout sera fini entre nous. Je ne veux pas vivre sous le même toit qu'une petite merdeuse qui ment et m'agresse, et une femme qui ne croit pas en moi.

- Ah ! Le fameux discours de tous les pervers narcissiques ! T'as pas honte ? rétorqua Mikaëla, Et toi ? elle regarda sa mère et sa voix tremblota, Tu vas encore céder comme la pauvre conne que tu es ? »

Ana avait le cul entre deux chaises, mais elle savait très bien quel serait son choix final. Même si une infime partie d'elle avait conscience que sa fille disait probablement la vérité, Benjamin était trop important à ses yeux, elle ne voulait pas le perdre. Elle savait qu'il pouvait être virulent et qu'il était totalement capable de commettre ce dont Mikaëla parlait, mais elle préférait mettre ça sous le tapis pour pouvoir le garder auprès d'elle. Elle était amoureuse de lui depuis des années, et malgré les autres hommes qu'elle avait pu fréquenté, Benjamin était le seul qui occupait son cœur et contrôlait son cerveau. Sa loyauté envers lui était inébranlable, et elle refusait de voir les défauts que d'autres pouvaient souligner. Son amour était un bouclier qui protégeait sa vision de lui, et elle était prête à tout sacrifier pour le préserver.

La place de Benjamin était unique dans le monde d'Ana, personne ne pouvait la prendre, même pas sa propre fille. C'est dire si Mika avait vraiment une place qui lui était dédiée.

« Je ne peux pas tolérer la violence dans ma maison, peu importe qui en est la cause. Je ne veux plus entendre parler de cette histoire, il ne s'est rien passé ! Ana regarda ailleurs pour ne pas affronter le regard de sa fille, Mikaëla, tu vas arrêter d'exagérer les faits et t'excuser tout de suite. »

Benjamin arbora un sourire satisfait, tandis que Mika s'efforça de retenir ses larmes et garder son expression confiante pour répondre aux exigences de sa mère.

« Non. Je ne m'excuserais pas. Je n'ai rien à me faire pardonner.

- T'es sacrément bornée, ma pauvre, remarqua Benjamin,

- Ca suffit, vous deux ! intervint Ana en haussant le ton, Benjamin, je vais soigner ta main, et Mikaëla, tu vas t'occuper de nettoyer le bordel que tu as foutu dans la cuisine et dans le salon.

- Oh oui, bien sûr, maman, on va passer l'éponge sur tout ça, on va juste ignorer toutes les crasses, comme d'habitude ! Mikaëla leva un sourcil, un sourire sarcastique étirant ses lèvres, Parce que Benjamin, évidemment, il est tellement immaculé qu'on doit jouer les aveugles pour le protéger et alimenter les illusions du couple de rêve que vous formez. Rien ne peut ternir le brillant Benjamin, n'est-ce pas ? C'est dingue comme tu t'accroches à cette mascarade parfaite, même quand elle pue le mensonge. Chapeau bas, vraiment ! »

Ana se contenta de fusiller sa fille du regard, impuissante devant son insolence. Il n'y avait plus rien à dire, et même si elle ajoutait quelque chose, Ana ne ferait que s'enfoncer plus bas que terre. Alors, elle tourna le dos et tira Benjamin avec elle pour lui faire un pansement à la main. Il était hors de question d'aller à l'hôpital, ils ne voulaient pas répondre à l'interrogatoire d'un médecin et risquer de devoir raconter cette fameuse histoire d'agression.

Mika, quant à elle, elle s'occupa elle-même de la légère entaille qu'elle avait au ventre en la nettoyant et en y mettant un bandage provisoire pour bloquer le sang qui coulait. Si elle sortait de cette maison d'ici demain, elle irait chez un médecin pour éviter l'infection. Puis, comme Ana le lui avait demandé, elle se mit à ranger le chaos qui se trouvait dans les autres pièces. Elle ne le faisait pas pour le plaisir et encore moins pour obéir à sa mère, mais bel et bien pour pouvoir distraire ses colocataires infernaux et agir rapidement si ses amis mettaient quelque chose en place.

NATE

Le trajet de Los Angeles jusqu'à Malibu avait été long. Concrètement ça ne l'était pas, mais avec des gars cagoulés qui contrôlaient tous mes faits et gestes alors que j'étais pieds et mains liés à l'arrière d'un fourgon, ça, ça rendait le voyage plus long. A l'avant, Peach et Evan ne s'échangeaient pas un mot. Lui, se concentrait sur la route, tandis qu'elle passait des coups de fil pour rassurer Maddy et les autres.

Je ne m'étais pas débattu longtemps à l'intérieur du véhicule. Une fois que le moteur avait démarré, je savais que je n'avais plus le choix que de les suivre et accepter mon sort. Le comble avait été lorsqu'Evan avait passé une main à l'arrière pour gentiment me la tapoter sur ma tête.

« Tu t'es calmé ? Bon toutou ! » avait-il dit ironiquement pendant que Peach pouffait de rire.

Je m'étais contenté de souffler et rouler les yeux en arrière, tout en gardant ma haine pour Evan bien enfouie à l'intérieur de moi. Je ne supportais pas ça, mais en même temps, je ne pouvais pas y faire grande chose.

Lorsqu'Evan se gara, non loin de la maison d'Ana Jones, Peach et lui me rejoignirent à l'arrière du fourgon et quelques uns des mecs s'en allèrent pour leur faire de la place. Contre toute attente, Evan m'agrippa brutalement par les cheveux et me plaqua la tête contre la vitre teintée de la voiture pour me donner accès à la vue extérieure.

« C'est ici que Mika habite ? demanda-t-il en me forçant à regarder une maison,

- Oui, je jure que c'est ici ! répondis-je, Maintenant lâche-moi, s'il te plaît, tu me fais mal.

- Ok, Peach va aller vérifier ça, j'espère qu'on ne sera pas déçus, sinon tu vas prendre cher, m'expliqua-t-il, puis il me laissa tranquille. »

Et en effet, Peach était allée frapper à la porte du 705 Cross Creek Road en se faisant passer pour une adolescente qui faisait du porte à porte pour vendre des gâteaux. Cette ruse n'avait pas duré longtemps car en à peine quelques minutes Peach était revenue dans le fourgon, une expression ahurie collée au visage. Les mots ne sortaient plus de sa bouche. Evan la secoua un coup pour la faire parler.

De mon côte, j'essayais de ne pas le faire paraître, mais une inquiétude grandissante me gagnait petit à petit.

« Qu'est-ce que tu as vu, Peach ? Tu l'as vue, elle !? insista Evan,

- Oui, je l'ai vue, mais dans l'état dans lequel elle était, j'aurais préféré qu'elle ne soit pas là du tout !

- C'est elle qui t'a ouvert la porte ?

- Non, c'était un vieux type, il était très grossier. Mika, elle était un peu plus loin, derrière, Peach frissonna, Elle était méconnaissable, avait l'air faible, n'était pas du tout bien maquillée, coiffée ou habillée comme on a l'habitude de la voir, et surtout... elle hésita, Elle avait plein de sang sur elle, sur son visage, ses mains et sur le pull qu'elle portait. Une chose est sûre, elle n'est pas du tout heureuse et en sécurité chez sa mère.

- Putain de merde les gars ! intervins-je désespéré, Je suis vraiment désolé pour tout ça ! Je ne pensais pas qu'elle allait vivre avec des gens aussi malade mentaux. Si je pouvais revenir en arrière, je n'aurais jamais foutu tout ce bordel. Personne ne mérite ça et elle encore moins ! Je... »

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'Evan me coupa dans mon élan. Dans un excès de rage, il m'attrapa par la gorge et serra sa main autour de mon cou avec une force surhumaine. J'agonisai entre ses doigts, perdant mon souffle, et le suppliant du regard pour qu'il me lâche.

« Tais-toi Jacobs ! Tu me fais sortir de mes gonds à chaque fois que tu ouvres ta bouche de sale hypocrite ! Tout est de ta faute, connard de merde ! » Evan grogna sur moi.

Dans cet instant où la pression d'Evan sur ma gorge devenait insupportable, je me confrontais à l'amère réalité de mes erreurs. Rien de ce que je disais n'était faux, je le pensais vraiment. Si seulement j'avais su dans quelle horreur elle serait plongée, jamais je ne l'aurais laissée partir, jamais je n'aurais contacté Ana. Dans ce moment de chaos, tout ce qui importait était la détresse de Mika, maltraitée et marquée par la violence de ses parents. Mais mes excuses sonnaient faux pour Evan, alors si je devais mourir asphyxié de ses propres mains, là, tout de suite, je l'accepterais car cela m'empêcherait de regarder en face les conséquences de mes actes. Et lui, il était digne de mettre fin à mes jours, parce que je réalisais finalement que l'amour qu'il portait à Mika dépassait de loin mes propres sentiments.

Alors que les portes de l'enfer semblaient s'entrouvrir pour moi, Peach s'interposa pour éloigner Evan et mettre fin à cette étreinte.

« Evan ! Stop ! Là c'est trop ! elle le tira pour l'arrêter, On ne veut pas aller en prison ! Nate va nous aider à sortir Mika de là ! Oublie pas qu'on a un plan ! »

Sous l'influence de Peach, Evan me lâcha, me laissant tousser et tenter de retrouver l'oxygène. Son regard dégoûté me transperçait.

« Oui, je vais vous aider, je ferais tout ce que vous voudrez ! » lançai-je entre deux respirations laborieuses.

Evan me reluqua une dernière fois avec dédain, puis il fit un signe de la tête à Peach pour lui indiquer qu'elle pouvait parler.

« Evan et toi, vous allez vous faire passer pour des gars de la police, et moi, je serais la vendeuse de gâteaux qui a contacté la police parce qu'elle a vu une personne en danger dans la maison. Ils vont flipper, c'est certain, parce que ce sont des putain de junkies et ils feraient n'importe quoi pour protéger leur came, exposa Peach, Est-ce qu'ils ont déjà vu ton visage, Nate ?

- Oui, une seule fois, répondis-je honteux, Je suis venu chez eux il y a quelques mois pour parler avec Ana... Après avec un peu de chance, ils étaient tellement défoncés qu'ils ne se souviendront pas de moi.

- Il faut toujours que tu nous mette des bâtons dans les roues ! Evan s'agaça, Tu enfileras des lunettes de soleil et une casquette en plus de la tenue. Je ne vois pas ce qu'on peut faire d'autre. »

Evan défit les cordes qui attachaient mes poignés et mes chevilles et me jeta un sac rempli de vêtements sombres, un faux badge et de quoi se défendre en cas d'attaque. Je me dépêchai de me changer.

« Et après ? Vous vous rendez bien compte qu'il ne nous suffit pas juste de récupérer Mika et partir ? On va s'attirer des ennuis, répondis-je,

- J'ai pensé à tout, Nate, tu me prends pour qui ? s'exclama Evan, Juste après avoir récupéré Mika, on va porter plainte contre Ana et son copain. On va tout faire pour emmener cette affaire en justice ! Dans l'idéal, les deux déglingos iront derrière les barreaux et Mika fera officiellement partie de la famille Perez puisque c'est Ted qui deviendra son tuteur légal.

- Je trouve l'idée vraiment géniale, mais t'es au courant que les Perez n'ont pas les moyens pour se payer un avocat et mener des combats devant la justice ? remarquai-je,

- Ouais, mais moi j'en ai, il me regarda avec supériorité.

- Ok, très bien, je mis la casquette sur ma tête.

- Trêve de bavardage, il faut qu'on s'y mette, la nuit est en train de tomber, ajouta Peach, Nate, t'as pas intérêt à déconner. »

La porte du fourgon s'ouvrit, et nous nous préparions à affronter l'incertitude qui nous attendait chez Ana Jones. Chaque pas que nous faisions vers cette maison traduisait la détermination, mais aussi la peur.

EVAN

Sur le pas de la porte, Peach se tenait entre Nate et moi, incarnant le rôle du témoin effrayé. Tandis que l'autre imbécile et moi-même essayions d'arborer une expression assurée, intimidante et sérieuse. Nous formions une étrange trio, une alliance inhabituelle motivée par un seul et même objectif : sortir Mika de là. La nervosité imprégnait l'air, chacun des battements de mon cœur résonnait comme un compte à rebours.

Je fis pression sur la sonnette avec la boule au ventre et le cœur coincé dans l'œsophage. Les secondes qui suivirent parurent interminables, un silence pesant s'étendant entre nous et la porte verrouillée. Peach maintenait son rôle avec brio, et Nate gardait son visage neutre habituel qui apeurait même les esprits. Tout était parfait.

La porte s'ouvrit enfin, dévoilant une mère de "famille" usée, les cernes creusées et une cigarette entre les doigts. Ana nous observa tour à tour, s'attardant brièvement sur Nate, mais son regard ne traduisait aucune inquiétude réelle face à notre présence. Malgré cela, elle referma presque entièrement la porte derrière elle, créant une barrière entre nous et l'intérieur de sa demeure, signalant clairement sa réticence à nous laisser entrer.

Je ne connaissais pas cette femme, je ne savais pas exactement ce qu'elle avait pu faire subir à Mika, mais je savais que je la haïssais.

« Oui ? dit-elle nonchalamment,

- Bonjour, nous sommes de la police. Cette jeune fille nous a signalé qu'il se passait des choses étranges dans votre domicile, nous avons donc jugé bon de venir vérifier cela, répondis-je autoritairement,

- Quelles choses étranges ? elle ferma totalement la porte, se mit à l'extérieur avec nous et fixa Peach méchamment,

- Je suis venue frapper à votre porte pour ma vente de gâteaux et j'ai vu une femme qui avait l'air en danger ! protesta Peach sur un ton accusateur,

- C'est faux ! Il ne se passe rien ici, vous avez dû halluciner, mademoiselle !

- Dans ce cas, vous ne verrez aucun inconvénient à ce que nous vérifions ça de nous-même ? plaça Nate, posant la question avec un calme apparent. »

Ana dévisagea Nate, méfiante, oscillant entre l'hésitation et la défiance. L'idée de laisser des inconnus, et qui plus est des policiers, pénétrer dans son univers secret semblait la perturber, et il y avait de quoi.

« Je n'ai rien à cacher, et votre histoire est ridicule. Vous devriez dégager d'ici avant que je ne vous fasse dégager moi-même, lança-t-elle avec arrogance, cherchant à masquer une certaine nervosité,

- Madame, nous avons le devoir d'assurer la sécurité de tous. Si tout est en ordre, vous n'avez rien à craindre de notre rapide inspection, répliquai-je avec une voix grave. »

Après un soupir résigné, Ana ouvrit sa porte, laissant entrevoir un aperçu de l'intérieur obscur de sa maison. Cependant, ses gestes renvoyaient toujours une hostilité palpable, de toute évidence, elle consentait à contrecœur à cette intrusion. Nate, Peach et moi nous échangeâmes un regard rapide, puis nous pénétrâmes tous les trois chez Ana Jones.

Dans le salon, les choses avaient l'air tout à fait normales. Nous retrouvâmes le fameux Benjamin assis dans le canapé, devant la télévision, une main grossièrement bandée. Il fumait, mais Ana n'hésita pas deux secondes à lui arracher sa cigarette des mains pour l'écraser dans le cendrier, puis elle cacha un sac et d'autres objets quelconques dans une pièce voisine. C'était sûrement de la drogue qu'elle essayait de planquer. Au fond, nous n'en avions rien à faire, mais nous étions obligés de faire un remarque en vue des rôles que nous étions en train de jouer.

« Madame, la discrétion ce n'est pas votre fort visiblement. Et vous monsieur, vous étiez en train de consommer du cannabis, si je me fie à l'odeur qui plane dans l'air ? déclarai-je en sortant un petit carnet pour faire semblant de prendre des notes,

- Vous êtes qui et qu'est-ce que vous faites chez moi ? s'agaça Benjamin,

- La police, Nate montra son badge, Et on fait une petite inspection. Madame ressortez tous les sacs que vous avez déplacés et montrez-nous ce qu'ils contiennent. »

Nous n'étions clairement pas là pour ça, mais tout ce cinéma était nécessaire. Peach restait légèrement à l'écart, mais observait tout ce qui se passait.

Bien que commençant à s'énerver, Ana respecta les ordres de Nate sans broncher, preuve que nous étions crédibles et qu'elle nous craignait. Elle posa les affaires demandées sur la table basse du salon et nous les fouillâmes. Il y avait de tout et en grande quantité : cannabis, cocaïne, héroïne, meth, ecstasy, LSD, champignons et j'en passe. Même les stocks des dealers de Los Angeles n'étaient pas aussi fournis. Le couple commençait à suer face aux regards que Nate et moi nous jetions tout en restant dans le silence. Nous faisions cela pour leur mettre la pression et ça marchait.

« Je croyais que vous n'aviez rien à vous reprocher, Madame, affirmai-je en regardant Ana, Ces produis sont illégaux, vous savez ce que cela veut dire ?

- Oui, mais on peut s'arranger, vous savez... elle paniqua, La dernière fois que la police est venue à la maison, on a trouvé un accord... Dis-leur, chéri... elle donna un coup de coude à Benjamin,

- On peut vous donner ce que vous voulez, faites votre choix ! il tendit une main vers les substances illicites, Mais ne nous arrêtez pas, et surtout, ne nous confisquez pas nos drogues, supplia-t-il,

- Vous essayez de corrompre deux flics ? Ca fait un deuxième délit ! répondit fermement Nate,

- Où est le troisième ? lançai-je, Vu comment on est bien partis, je pense qu'il ne serait pas étonnant qu'il y ait réellement une personne en péril dans cette maison.

- Non, ça non, nous pouvons vous l'assurer ! affirma Ana en tripotant nerveusement ses bracelets. »

Au-delà de la tentative de négociation qui était absurde, le mensonge que venait ouvertement de dire Ana me fit lever les yeux au ciel. Les poings serrés, je me trouvai à la limite de la maîtrise de soi, mon regard fixé intensément sur cette femme dont les paroles perfides résonnaient comme une insulte à la vérité. Je m'imaginai un instant en train de lui rouler dessus avec le fourgon qui était garé dehors, puis je me reconcentrai sur la situation.

« Et comment vous expliquez ce pansement horriblement mal fait autour de votre main, Monsieur ?

- Je me suis fait mal en bricolant, il secoua sa tête en souriant, Je suis très maladroit !

- Assez discuté, on va vérifier les autres pièces ? me pressa Nate,

- Ce n'est vraiment pas nécessaire ! Ana se leva comme pour nous bloquer le passage, Prenez ce que vous voulez dans la came et rentrez chez vous, il commence à se faire tard ! elle nous fit un faux sourire, Evitons de nous fâcher pour aujourd'hui, oublions ce mal entendu, je...

- Qui est là ? une voix féminine coupa la parole d'Ana. »

Nous nous retournâmes tous vers ce doux timbre de voix sorti de nulle part. C'était Mika. Elle se tenait timidement sur le pas d'une porte qui menait à une autre pièce.

Le temps s'arrêta. Mon cœur s'emballa à la vue de son visage et ma respiration se coupa. Je sentis le vide en moi se remplir. Sa simple présence à quelques mètres de moi comblait un manque que je ressentais depuis de longues et interminables semaines, et ça faisait un bien fou. Malgré sa petite mine, j'aimais toujours ce que je voyais. Non, j'aimais ce que je voyais encore plus que ce que je ne l'aimais déjà. Sous ses longs cils ébènes, ses yeux semblaient refléter à la fois la surprise et le soulagement, mais ils ne quittaient pas les miens. Le silence était suspendu dans l'air, mais mon regard ne pouvait se détacher du sien, capturant chaque détail et chacune de ses expressions pour s'en imprégner pleinement. Nous étions comme dans une connexion intense où nous nous disions tout ce que les mots ne pouvaient exprimer. L'avoir là, en face de moi, alors que je pensais l'avoir perdue à jamais, c'était comme si l'univers entier avait choisi ce moment précis pour se fondre dans un tableau parfait.

Et ce tableau aurait pu dépasser la perfection si Mika n'avait pas des tâches de sang séchées sur ses vêtements et sur certaines parties de son corps. Une partie de moi se brisa à la pensée de l'avoir laissée subir ce cauchemar pendant tout ce temps. 

Ana m'arracha de ce moment de contemplation en ouvrant sa bouche à nouveau.

« Mika ! Je t'avais dit de rester dans ta chambre !

- J'ai entendu du bruit, je suis venue voir qui était là, c'est tout, se justifia-t-elle innocemment tout en roulant ses yeux au ciel,

- C'est elle ! s'écria Peach, C'est elle que j'ai vu tout à l'heure ! »

Je constatai que, tout comme moi, Nate était à deux doigts de perdre pied. Il était obnubilé par l'apparition de Mika, alors que Peach venait de nous tendre la plus grosse perche possible pour pouvoir résoudre le problème en quelques secondes. Fort heureusement, Nate réussit à se ressaisir avant moi et se remit dans la peau du policier qu'il faisait semblant d'être.

« Mika ? C'est ça votre prénom ? s'adressa-t-il à elle en espérant qu'elle joue le jeu, Nous sommes de la police... Est-ce que vous allez bien ?

- Non ! répondit-elle avec une voix perçante, Je suis me suis faite agresser par...

- Tais-toi, Mikaëla ! s'interposa sévèrement sa mère, Il ne s'est rien passé du tout ! Tout va bien ! Prenez ce que vous voulez et cassez-vous ! C'est tout ce qu'on vous demande !

- Pourquoi perdez-vous votre sang froid comme ça !? Nate tapa des poings sur la table pour confronter Ana,

- C'est notre fille ! Tout va bien ! On n'a rien fait ! manquant d'arguments, Benjamin se dépêcha de prendre Mika dans ses bras, Nous vous demandons de partir maintenant, s'il vous plaît !

- Nous avons du mal à vous croire malheureusement ! Nate avança sur le couple pour les intimider, Nous avons des collègues dehors qui viendront vous passer les menottes à notre signal, mais votre fille part avec nous, elle est clairement en danger et nous devons la l'interroger ! »

Peach se réfugia vers la porte par laquelle nous étions rentrés quelques minutes plus tôt. Elle se tenait prête à devoir l'ouvrir à n'importe quel moment.

Mika essayait de repousser son beau-père tandis que celui-ci la forçait à apprécier cette étreinte imposée et remplie de fausse affection. La voir se débattre ainsi dans les bras de ce vieux porc fit remonter un goût amer dans ma gorge. Ce fut ainsi que je sortis enfin de mon moment d'absence, poussai, Nate, puis Ana, de mon passage, et tentai de séparer Mika et Benjamin. Ma force le plaqua contre un mur et j'en profitai pour appuyer un bon et long coup sur sa main blessée pour le faire souffrir davantage. Il hurla de douleur et glissa jusqu'à se mettre assis au sol. Son bandage se gorgea de sang. 

Ensuite, Mika vint immédiatement dans mes bras. Elle me serra fort, très fort. Elle ferma ses yeux et enfonça sa tête contre ma poitrine, comme une enfant qui avait trop peur du noir pour dormir toute seule. Mais au fond, je savais que cette étreinte faisait partie de nos retrouvailles tant attendues. Je l'entourai de mes bras, une main cramponnant le tissu de son pull et l'autre caressant ses cheveux. Malgré tout, je sentais une certaine tension dans son corps, ainsi que chaque frisson, chaque sanglot réprimé et chaque respiration saccadée. Elle était brisée et n'attendait que nous pour l'aider à se sortir de là.

Elle avait mal et j'avais mal avec elle. C'était l'une des premières fois que je ressentais ça et c'était tellement puissant que que cela éclipsait presque tout le reste.

En constatant que sa fille s'accrochait à moi comme à une bouée de sauvetage, Ana s'indigna et fit de son mieux pour essayer de nous détacher l'un de l'autre. A bout de nerfs, Mika se retourna brusquement et protesta tout en lançant des insultes tranchantes. 

« Lâche-moi, Ana ! Tu ne comprends rien, rien du tout ! cria Mika, empreinte de frustration et de colère, 

- Comprendre quoi Ela !? On ne va pas laisser la police t'embarquer pour quelque chose qui ne s'est pas passé ! insista-t-elle, Si c'est comme ça que tu comptes t'échapper d'ici, sache que je ne te laisserais pas faire ! elle se défoula sur moi avec une force inattendue pour une femme de sa stature, mais je ne bougeai pas, 

- NE LE TOUCHE PAS ! cracha Mika, les yeux brillants de détermination, puis elle fit face à sa mère, Je t'en supplie, Ana, arrête de te voiler la face sur ce qui m'arrive. Tu as envie de te voiler la face sur ta relation avec Benjamin, très bien, fais-le, mais fais le toute seule, ne m'emporte pas avec toi. J'ai assez souffert pour toi et avec toi. Tu crois que tu as besoin de moi, mais c'est faux. Je ne t'apporte rien et tu ne m'apportes rien non plus. Tu ne m'aimes pas. Pour toi, je suis seulement un objet qui encaisse à tes côtés les cruautés de la vie que tu as décidé de mener, une chose qui te rassure parce que tu as peur de crever seule ou de crever à cause de lui. Mais je ne suis pas obligée de vivre ça avec toi, je mérites mieux que ça, que cette vie de merde. Regarde-toi, tu en est au point où tu préfères le croire lui plutôt que moi, alors que j'ai subi une putain d'agression. Moi aussi j'ai été blessée, regarde, elle leva légèrement son pull dévoilant un bandage tâché de sang, Et qu'est-ce que tu en as à foutre ? Rien ! J'ai du sang sur ma peau, sur mes vêtements ! Et qu'est-ce que tu en as à foutre ? Rien ! On est où là ? C'est quoi ce genre de mère ? Ce n'est pas une mère ! Une mère c'est celle qui protège, qui écoute, qui comprend, qui conseille. Pas celle qui ferme les yeux sur la vérité, qui choisit de rester aveugle plutôt que de voir la réalité de ce que je vis pour satisfaire sa petite personne. Pas celle qui prend sa fille en otage et l'empêche de vivre comme un être humain normal, Mika marqua une pause, cherchant une compréhension qu'elle ne trouvait pas dans les yeux d'Ana, Je refuse de continuer d'être le pion dans ce jeu malsain que vous appelez "famille". Si tu veux rester dans ce déni, alors fais-le, mais fais-le seule. J'ai choisi de me sauver, de me reconstruire, car, ma vie, ma dignité, valent bien plus que ce que tu me fais croire depuis trop longtemps. »

- Tais-toi ! C'est faux ! Tout ce que tu dis es faux ! des larmes enragées coulèrent de ses yeux, Tu ne peux pas me laisser comme ça. Tu n'as aucune idée de ce que c'est que d'être mère, de tout sacrifier, de tout donner, et de recevoir en retour ces accusations odieuses ! elle pointa un doigt menaçant vers Mika, Je ne peux pas te laisser partir, Mikaëla. Je ne peux pas te perdre. Pas maintenant. Pas de cette façon. Nous pouvons traverser cela ensemble, guérir en famille !

- C'est trop tard, Ana, la police est là. Je vais m'en aller pour de bon cette fois et je ne veux plus jamais te revoir, la voix de Mika s'effaça presque à cause de sa faiblesse et son épuisement, Tout ce que tu dis là me rentre par une oreille et ressort par l'autre. Et tu sais pourquoi ? Parce que, malheureusement, ce sont des paroles en l'air. »

Benjamin, qui était calme depuis un peu trop longtemps, commença à s'agiter pour se relever et défendre son binôme, mais Nate l'en empêcha en plaquant une arme contre sa tempe. Rien qu'à l'entente du petit cliquetis du pistolet, il se résigna et ne bougea plus d'un poil. Il n'y avait qu'aujourd'hui que j'appréciais ne serait-ce qu'un peu la présence de Nate Jacobs. Ses talents de psychopathe pouvaient s'avérer utiles dans certains cas. Il nous devait bien ça.

J'avais décidé de ne pas intervenir lors de ce dialogue entre Mika et Ana. Il semblait nécessaire. Ana devait entendre la voix de sa fille, même si elle refusait d'admettre qu'elle était en tort, au moins, maintenant, elle connaissait les tourments intérieurs de Mika et aurait ce lourd poids sur sa conscience jusqu'à la fin de ses jours. J'avais d'ailleurs trouvé toutes les déclarations de Mika très déchirantes. Sa force et sa résilience m'impressionnaient. Le chemin vers la guérison allait être long, mais cela ne me faisait pas peur, j'étais déterminé à être là pour elle.

Tout au long de cette confrontation, elle avait dû éloigner son corps au départ blotti contre moi, mais elle avait laissé son petit doigt délicatement enlacé au mien. Mika semblait avoir peur d'être loin de moi à nouveau et trouver du réconfort et de la sécurité dans ce simple contact.

POV EXT

Derrière son visage stoïque, ses paroles et gestes intimidants de faux flic, Nate se maudissait en secret. Il était exposé à tout le mal qu'il avait fait subir à Mika pour un stupide jeu de "séduction" qu'il s'était lui-même inventé tout seul. A chaque fois que Mika ouvrait la bouche pour débattre avec Ana, exposant un peu plus les souffrances infligées par sa mère et son compagnon, Nate ressentait une douleur perçante à la poitrine. Il n'avait qu'une envie, pointer l'arme à feu qu'il appuyait sur la tête de Benjamin sur la sienne. C'était la première fois qu'il plongeait dans une culpabilité aussi profonde. C'était l'amour. Nate était véritablement amoureux de cette fille. Même s'il était malsain, l'amour qu'il ressentait pour Mika était authentique, mais le karma avait décidé que cela ne serait pas réciproque. L'ironie de la situation creusait davantage le gouffre dans son âme. Cependant, il ne regrettait plus du tout d'être là et d'aider Evan et Peach à ramener Mika. 

En parallèle, Evan, qui avait réussi là où Nate avait échoué, restait discrètement aux côtés de Mika pour la soutenir face au monstre maternel qui essayait de lui tenir tête. 

Mikaëla avait tout dit. Ana voulait seulement la retenir avec elle car elle ne voulait pas être seule avec ses choix de vie et surtout pas seule avec Benjamin. Elle avait été habituée à ce que sa fille soit toujours là pour l'aider et c'était uniquement ça qu'elle avait peur de perdre. Quant à Benjamin, c'était simplement un connard qui voulait jouer aux connards. Il aimait pourrir la vie de Mika, c'était une source de plaisir pour lui, et aujourd'hui, il avait réussi à faire tomber la goutte de trop, celle qui faisait déborder le vase. De plus, l'idée que des policiers emmènent leurs drogues, et leur prisonnière en plus, les désespéraient car ils ne voulaient pas aller derrière les barreaux et avoir à supporter un sevrage forcé.

Malgré tout, les dires de Mika avaient aussi impacté Ana. Elle ne l'exprimait pas car c'était une personne qui montrait très peu ses véritables sentiments et émotions, mais elle se rendait tout à fait compte du poids que sa fille portait sur son dos. Elle était juste égoïste.

Un moment de silence plana dans l'air suite aux derniers mots de Mika. Mais la jeune femme reprit la parole, cette fois plus émue et fragile qu'au départ.

« Laisse-moi partir, maman. Laisse-moi connaître autre chose. Promets-moi de ne plus me chercher, promets-le. »

C'était la première fois depuis très longtemps que Mika appelait Ana "maman". Cette demande de promesse était un cri du cœur, une sollicitation d'autorisation à faire des adieux définitifs.

Le mot "maman" avait résonné dans les oreilles d'Ana comme un comme un écho lointain, une mélodie mélancolique qui faisait remonter à la surface des souvenirs de l'enfance de Mika, une époque où cette dernière était innocente et ne comprenait pas encore que sa mère était anormale. Une époque où elle l'appelait encore "maman" parce qu'elle ne connaissait pas le véritable sens de ce mot. Alors Ana avait l'impression d'entendre une petite fille en détresse et se sentit condamnable.

Son regard se perdait, et elle retenait difficilement ses larmes. Cependant, en observant plus attentivement son environnement, Ana s'aperçut que les doigts de Mika et Evan étaient entrelacés. Ce simple geste révélait une connexion profonde entre eux. Ana comprit alors que ces trois personnes qui avaient réussi à entrer chez elle se faisaient passer pour ce qu'ils n'étaient pas dans le seul but de sauver sa fille. De ce fait, elle réalisa que Mika avait des gens qui l'aimaient, qui tenaient à elle et avaient été prêts à prendre des risques pour mettre en place tout un plan pour la récupérer. L'amour et le soutien que Mika réclamait était à l'extérieur de cette maison.

Puis, Ana scruta tour à tour Evan, Nate et Peach, chaque regard exprimant une facette différente de cette situation tendue.

Evan la fusillait du regard et se tenait derrière sa fille comme son ombre, prêt à la protéger du moindre événement.

Nate se cachait derrière des lunettes sombres, mais son agressivité était palpable.

Peach était effrayée et n'attendait qu'une chose : sortir de là avec Mika.

Ana prit la décision de se taire et faire semblant de n'avoir rien compris. C'était également un moyen de ne pas alerter Benjamin. 

« Dégage d'ici Mikaëla ! Fous le camp ! Dehors ! Prends tes affaires et disparaît avec tes policiers ! » hurla Ana.

La voix de cette dernière se brisa sous ses cris, portés par une colère mêlée au désespoir, comme si chaque syllabe exprimait la déchirure d'une réalité qu'elle refusait d'admettre. Laisser partir Mika était la meilleure chose à faire. Cependant Ana avait trop de fierté pour admettre qu'elle se sentait coupable de chaque peine qu'elle avait infligé à Mikaëla, c'était aussi pour cette raison qu'elle répondait de manière si virulente.

Les garçons et Peach restèrent dans le salon pour surveiller les deux parents, mais Mika ne prit pas la peine d'hésiter. Elle se précipita dans sa chambre et rassembla une grande partie de ses affaires dans les sacs avec lesquels elle était arrivée dans la maison de ses pires cauchemars il y avait quelques semaines de cela. Elle pleurait toutes les larmes de son corps car elle ne réalisait pas ce qui était en train de se passer, mais aussi parce que quelque part ces adieux avec sa mère étaient comme une libération qu'elle avait attendu depuis trop longtemps. 

Le son de ses pleurs résonnait jusque dans le salon, contrastant avec les injonctions furieuses d'Ana et Benjamin qui commençaient à se disputer. Evan échangea un regard avec Nate pour lui faire comprendre qu'il devait garder un œil sur le couple, puis il se glissa doucement dans la chambre de Mika.

Elle était assise dans son lit et remplissait nerveusement ses sacs, submergée par ses propres émotions. Evan s'agenouilla devant elle et prit délicatement ses mains tremblantes.

« On va te ramener à la maison, Mika. C'est fini tout ça, ok ? » murmura-t-il avec une douceur rassurante.

Elle acquiesça longuement de la tête entre quelques sanglots. Evan se leva, prit sa tête entre ses deux mains et déposa un baiser sur son front, puis il l'aida à remplir ses sacs.

Lorsqu'ils rejoignirent à nouveau le salon, les cris d'Ana et Benjamin commençaient déjà à monter crescendo. Peach ouvrit la porte d'entrée, Evan sortit en premier, suivi par Mika. La jeune femme se retourna une dernière fois sur Ana et Benjamin, sans expression apparente et elle ne dit rien. Ne rien dire était digne d'un dernier au revoir, car en effet, elle ne ressentait rien pour ces deux personnes. Mika voulait tourner pour de bon la page sur cette partie douloureuse de sa vie, et c'est sur cette décision qu'elle tourna enfin le dos à ses démons, et suivit Evan dans le fourgon.

Peach tenait toujours la porte pour Nate. Avant de quitter le lieu, il rangea son arme et adressa quelques derniers mots aux deux amants. 

« On se reverra. Et vous allez prendre cher. » il partit.

A son tour, Peach intervint. 

« Vous êtes dans la merde. » elle leva doucement son majeur, puis claqua la porte et disparut.

La porte se referma subitement, symbolisant la fin d'un chapitre sombre et l'aube d'un nouveau départ. 

[...]

Le moteur ronronnait doucement tandis que le véhicule s'éloignait de la sinistre demeure d'Ana Jones. Contre toute attente, lors de ce trajet de retour pour Los Angeles, Nate prit l'initiative de conduire avec Peach pour copilote, afin de laisser Evan s'occuper de Mika à l'arrière du véhicule.

La jeune femme n'avait pas souhaité parler de quoi que ce soit pour le moment, elle était épuisée physiquement et mentalement. Elle avait tout de même mille fois remercié le trio d'être venu la chercher, mais il ne lui avait pas fallu longtemps avant de s'endormir dans les bras d'Evan.

La tête appuyée contre son torse, elle semblait enfin paisible. Les heures de silence qui s'ensuivirent furent empreintes d'une atmosphère calme et apaisante. Evan caressait doucement les cheveux de Mika, veillant à ce qu'elle se sente en sécurité dans son sommeil. Sa respiration régulière et ses traits détendus signalaient enfin un répit pour son esprit tourmenté. Si elle se sentait mieux, lui aussi, il se sentait mieux.

La lueur des lampadaires défilant à travers les vitres du fourgon soulignant la quiétude de la nuit. Même si des questions sans réponses planaient encore, l'instant présent était une pause bien méritée pour chacun d'eux. 

« En fin de compte, je ne regrette rien, je suis content que Mika ait survécu à tout ça assez de temps pour qu'on puisse lui venir en aide, murmura Nate en jetant un œil à ses passagers installés à l'arrière, 

 Non, je crois que tu n'as pas compris, Evan marqua une pause pour admirer le visage paisible de Mika, Mika n'est pas une survivante, c'est une battante. Elle n'a besoin de l'aide de personne. On a fait ce qu'on avait à faire. »

Peach se retourna, fit un sourire complice à Evan et appuya sur le bouton pour allumer la radio.

______________________________________

Hello you all :)

J'espère que ce chapitre aura su vous satisfaire... Surtout que Mika est de retour !!!

Qu'avez-vous pensé du plan du trio ? De Nate !? Et d'Evan ?

Bon, je vous demande pas ce que vous avez pensé des parents, je pense qu'on est tous d'accord là-dessus... Ew

Un gentil mot pour Mika ? 

N'oublie pas de voter aussi ;)

Mon insta : @sarcxztica111

♡♡♡

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro