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CHAPITRE 28 - Un week-end à New York (Partie 2)

Après qu'Evan se soit enfui, Peach était restée plantée devant l'entrée du Paradise Club pendant quelques minutes, dans l'espoir qu'il revienne. En fait, elle était surtout apeurée par la situation car New York était une ville immense, avec des quartiers très différents les uns des autres, alors tout pouvait arriver à son ami, surtout dans l'état dans lequel il était. Il ne lui restait qu'une solution : en parler avec le reste de la bande. Sur ce, pour prendre son courage à deux mains, elle ajusta sa petite robe noire et enleva ses escarpins vernis pour pouvoir se déplacer plus vite à l'intérieur de la soirée qui battait son plein.

Peach hésita entre d'abord annoncer la nouvelle à Luke ou à Mikaëla, les deux étaient bien occupés avec leurs partenaires respectifs après tout. Mais il s'agissait d'Evan, c'était bien plus important que qui que ce soit actuellement.

D'un côté, elle était un peu contrariée contre Mikaëla, parce que c'était en partie un peu de sa faute si Evan était parti. D'un autre, ce n'était de la faute à personne.

Peach décida finalement de s'adresser d'abord à Luke. Luke était ce qu'on pouvait qualifier de ''l'homme de la situation''. C'était une personne de confiance, il était toujours présent pour ses amis et gérait tous les problèmes rencontrés avec calme et patience. Puis, elle ferait d'une pierre deux coups étant donné que Luke était avec Cassie. Donc, la jeune femme aux cheveux de feu se dirigea vers le couple qui dansait encore sur la piste de danse.

Lorsqu'elle arriva devant eux, elle se sentit gênée de les déranger, mais l'inquiétude qui pouvait se lire dans ses yeux les alerta.

« Peach ? C'est quoi ce regard ? Qu'est-ce-qui se passe ? tout en gardant Cassie dans ses bras, Luke arrêta leur valse,

- On a un problème...

- Quoi ? Accouche ! insista-t-il,

- Evan n'était pas bien et a pris la fuite parce que... Cassie lui coupa la parole,

- Mika et Jessie ? soupira Cassie,

- Je crois bien, oui, Peach baissa la tête, J'ai essayé de le retenir, mais vous savez comment il est quand il s'énerve, il veut être seul. Mais là c'est dangereux de le laisser gambader, avec une bouteille de whisky qui plus est ! »

Luke regarda Mikaëla pour essayer de saisir la situation. Elle s'amusait comme personne dans les bras d'une blonde aux cheveux courts. Cela le surprit, mais ne l'étonna pas plus que ça, alors il ne perdit pas de temps à essayer de comprendre le pourquoi ou le comment. Il inspira un grand coup, puis développa à l'oral ce qui lui passait par les pensées.

« On ne laissera pas Evan passer la nuit dehors, déclara-t-il, Il faut qu'on sorte d'ici pour pouvoir s'entendre parler et trouver une solution. Il faut qu'on le harcèle d'appels ou qu'on trouve un moyen d'avoir sa localisation. Mais dans tous les cas, il faut aussi prévenir Mika.

- Je m'occupe de Mika, se proposa Cassie, Attendez-nous devant la boîte. »

Luke et Peach s'exécutèrent et Cassie traversa la foule pour atteindre sa meilleure amie.

En voyant Cassie, le visage de Mika s'illumina. Jessie lui fit un sourire pour la saluer à nouveau.

« Mika, il faut que je te parle... En privé ! » murmura Cassie au creux de son oreille.

Mika se détacha de sa partenaire de danse en s'excusant poliment et s'éloigna, tirée par Cassie, vers un coin moins agité.

« Tout va bien ? s'inquiéta Mika,

- Evan est parti, on ne sait pas où il est.

- Quoi !?

- Oui, je te laisse imaginer pourquoi... Cassie prit un air sévère,

- Noooooon, mentit Mika, C'est ridicule, entre lui et moi ce n'est...

- Ca suffit maintenant ! l'engueula Cassie, C'est Evan et toi qui devenez ridicules à force ! Mais ce n'est pas le sujet ! Il faut qu'on le retrouve ! Cassie commença à emporter Mika vers la sortie,

- Wow ! Non ! Attends ! elle la stoppa, Et Maddy ?

- On n'a pas vraiment le temps. Elle est cachée quelque part avec son mec.

- Je ne la laisserais pas toute seule ici ! insista Mika,

- Kat et BB sont là.

- Tu parles ! elle pouffa, agacée. »

Mikaëla s'en alla, déterminée à retrouver Maddy dans les 5 minutes qui suivraient, et Cassie n'eut pas d'autre choix que de l'aider. Au fond, elle était très préoccupée par Evan, mais il lui était inconcevable d'abandonner sa sœur dans cette boîte, avec un grand nombre d'inconnus.

Après avoir fait le tour des différentes pièces du Paradise Club, ainsi que d'avoir appelé le numéro de Maddy plus d'une dizaine de fois, les deux amies prirent quelques secondes de pause pour reprendre leurs souffles.

« Tu sais Mika, il n'y a qu'un seul endroit où on n'est pas allées... déclara Cassie, légèrement gênée,

- Où ça ?

- Les toilettes des mecs...

- Bah let's go !

- Comment ça ''let's go'' ??? dit Cassie, stupéfaite, On va se faire jeter dehors si on entre là-bas !

- T'avais qu'à pas me donner l'idée ! Allez viens ! Mika prit Cassie par le bras. »

Les filles montèrent les escaliers qui menaient vers les toilettes masculines. Il s'agissait d'une pièce comportant plusieurs WC individuels fermés, comme dans les grands centres commerciaux. Une file énorme attendait de pouvoir y accéder.

« On va perdre trop de temps ! rappela Cassie,

- On ne sortira pas d'ici sans Maddy ! rappela également Mika. »

Tout en s'assurant de toujours avoir Cassie accrochée à son bras, Mikaëla doubla tous les garçons qui faisaient la queue. Certains rouspétaient, mais elle les ignorait et faisait semblant de ne pas parler leur langue. Quant à Cassie, elle était rouge écarlate, morte de honte face à ce dans quoi son amie l'embarquait, mais ne faisait aucun bruit.

Une fois dans les toilettes, malgré la pagaille laissée derrière elles, Mika donna des instructions à son binôme.

« Aide-moi à regarder sous chaque porte. Si tu vois deux paires de pieds, c'est qu'on a trouvé notre chère Maddy.

- Mika, c'est extrêmement gênant ! T'es complètement tarée ! Cassie recula d'un pas,

- Ok, alors, laisse-moi faire... »

Mika s'adonna à la tâche avec efficacité et au bout de la cinquième porte, elle tomba sur les talons aiguille dorés de sa sœur, gracieusement accompagnées de baskets Nike taille 46. Elle s'écria ''Bingo !'' et se mit à toquer vivement.

« Maddy ! On s'en va ! On a un problème ! » cria Mika.

Personne ne répondit.

« Ne fais pas la morte, j'ai vu vos pieds, et j'arracherai cette porte s'il le faut ! menaça-t-elle,

- Holala j'espère pour toi que c'est grave ! répondit Maddy en ouvrant la porte et laissant son ''ami'' s'en aller tandis qu'elle se recoiffait,

- Charmant ! dit ironiquement Mika en regardant le garçon sortir. »

Cassie avait observé la scène de loin car elle était mal à l'aise, mais aussi parce qu'elle était un peu perturbée que Maddy ait passé la soirée avec le garçon qu'elle-même avait trouvé mignon au départ. Non pas qu'elle aurait voulu être à sa place, après tout elle essayait déjà quelque chose avec Luke. Mais c'était très bizarre de constater que leurs goûts en matière d'homme étaient une fois de plus les mêmes. C'était en fait pour ça que plus tôt elle s'était étouffée avec sa propre salive en découvrant que Maddy flirtait avec ce garçon. Mais pas d'inquiétude, Cassie avait compris la leçon, et cette fois-ci, elle ne jetterait pas son dévolu sur le footballer aux cheveux frisés.

Mika expliqua le problème à sa sœur dans les grandes lignes et cette dernière n'hésita pas à la suivre dehors avec Cassie, afin d'essayer d'aider à retrouver le fugitif.

Luke et Peach avaient déjà essayé d'appeler Evan, mais cela tombait tout le temps sur son répondeur. Chacune des filles qui venaient de les rejoindre tentèrent leur chance également, mais ce fut sans succès.

« Vous seriez allés où si la fille dont vous étiez amoureux était en train de fricoter avec quelqu'un d'autre sous votre nez ? provoqua Peach,

- Peach, ce n'est vraiment pas le moment de donner ton avis sur ce que tu ne sais pas ! la réprimanda Luke. »

Mika dévisagea Peach, mais ne releva pas sa remarque, elle se contenta de lui faire un faux sourire tout en plissant des yeux. Elle tentait de garder son sang froid pour trouver une solution au problème dont il était réellement question. En regardant autour d'elle, Mika vit les deux gardes du corps qui se tenaient plantés devant l'entrée du Paradise Club et décida de demander renseignement auprès d'eux.

« Excusez-moi, auriez-vous vu un jeune homme assez grand, un peu musclé, aux cheveux très courts et bouclés, sortir de la boîte il y a une vingtaine de minutes ? Il portait un tee-shirt rouge large, un pantalon noir, une chaîne en argent autour du cou... Et il a une boucle à l'oreille gauche ! Il avait une bouteille de whisky avec lui.

- Non, désolé ma jolie, on voit beaucoup de gens passer, répondit le premier grand gaillard en ajustant son smoking,

- Essayez de demander aux conducteurs de taxis, la plupart d'entre eux reviennent ici après leur course. Ça se trouve ils ont conduit votre ami quelque part, répondit le deuxième,

- Merci ! »

Mika et ses amis se précipitèrent aux fenêtres de tous les taxis qui étaient garés sur la chaussée de l'établissement pour faire la description d'Evan et demander si ce dernier n'avait pas été leur dernier client. Malheureusement, aucun d'entre eux ne put apporter une réponse positive à leur requête... C'est alors qu'un conducteur arriva et se gara. Maddy fut la première à le voir et à se ruer sur sa fenêtre.

Le groupe d'amis restait loin, à observer Maddy, dans un suspense sans nom. Ce taxi était leur dernier espoir. Lorsqu'elle se retourna et revint vers ses amis, elle brisa le silence.

« C'est bon, on prend ce taxi ! Evan est à l'Empire State Building. »

Ils se dirigèrent directement vers le véhicule en question, mais Luke arrêta la foule par un geste de la main.

« On ne rentrera jamais à cinq dans ce taxi. Il faut faire les choses intelligemment.

- Et qu'est-ce-que tu proposes, Einstein ? intervint Peach,

- J'y vais avec Mika, et vous, vous allez à l'hôtel. On ne sait jamais si Evan aurait pu rentrer entre temps. Puis, si on le ramène, vous serez déjà là-bas pour nous aider. S'il s'est enfilé une bouteille de whisky, il ne doit pas être dans son meilleur état. »

Cassie, Maddy et Peach acquiescèrent, tandis que Luke et Mika ne perdirent pas une seconde de plus pour se rendre à l'Empire State Building. 

MIKA

Luke et moi fîmes le trajet de taxi dans le plus grand silence. Je n'avais pas la tête à discuter, j'étais dévorée par l'inquiétude. Je m'imaginais le pire. L'Empire State Building faisait plus de 300 mètres de haut, quelle idée de monter là-bas pour se bourrer la gueule ? Je ne me doutais pas qu'il y avait un système anti-suicide ou de quoi protéger les visiteurs qui se pencheraient un peu trop pour regarder en bas, mais une personne ivre et contrariée était capable de tout.

Même si on me l'avait clairement fait comprendre, je ne voulais pas être la coupable de la prise de fuite d'Evan. Cela voudrait dire qu'on aurait atteint ce stade de notre relation que je redoutais tant. Ce stade où le flirt ne marcherait plus parce qu'autre chose était en train de prendre place. Cette chose dont je ne prononcerais pas le nom, parce que même le simple mot m'effrayait aussi. Finalement, que je reste auprès de lui ou que je m'en éloigne, nous finirions tous les deux par souffrir si ça continuait comme ça.

Pourtant, nous n'avions pas le droit d'avoir des sentiments l'un pour l'autre, ça faisait partie des règles de cette relation. Alors j'osais espérer que cette fugue était seulement un caprice, et non pas une preuve de... cette chose.

Le taxi nous déposa au pied de l'Empire State Building et s'en alla. Nous prîmes l'ascenseur pour arriver à la cime plus vite, et bien évidemment parce qu'il fallait être fou pour monter par les escaliers.

En arrivant sur ce qui s'apparentait à un balcon géant, nous constatâmes quelques touristes qui prenaient des photos. Le vent soufflait, me décoiffant assez pour que je me décide à attacher mes longs cheveux. Il faisait très froid. Nous pouvions observer tout New York, encore vivant à une heure pareille. Mais nous pouvions aussi contempler les étoiles, puisque le ciel était dégagé. Je compris pourquoi Evan avait choisi de venir là : admirer la vue et se laisser réchauffer par quelqu'un... En l'occurrence, l'alcool... Mais ça aurait dû être moi.

Luke et moi parcourûmes l'endroit à la recherche d'Evan parmi les différents visages présents.

Mon ami s'arrêta un instant, avec une expression légèrement exaspérée.

« Qu'est-ce-qu'il y a ? demandai-je,

- Baisse la tête. »

Evan était presque couché au sol, sa bouteille à moitié vide sous le bras, ses écouteurs dans ses oreilles, et une cigarette éteinte au bout des lèvres. Il divaguait, à deux doigts de s'endormir. Le voir ainsi me serra le cœur.

Luke me fit un signe de la tête et s'éloigna pour me laisser un instant seule avec Evan.

Je me baissai pour être à son niveau et passai ma main délicatement sur son visage pour le réveiller pleinement et en profitai pour jeter sa cigarette. Il était glacé. J'enlevai alors mon blouson pour le lui passer sur les épaules.

Lorsqu'il ouvrit ses deux yeux, il me regarda avec difficulté, comme s'il essayait de comprendre qui j'étais. Il tendit ses mains vers mon visage et mes épaules pour prendre conscience de ma présence, et sa voix abimée par les effets de l'alcool prononça quelques mots.

« Mika ? C'est toi ?

- Oui, comment tu te sens ?

- Oh non... Je... Je voulais t'oublier... Je ne savais pas que ce whisky donnait aussi des ha... des ha... des ha... des hallucinations, il approcha la bouteille de son visage pour essayer de lire l'étiquette,

- Je suis vraiment là, je m'emparai de la bouteille et la posai loin de lui,

- Je veux être seul, tu peux t'en aller, s'il-te-plaît ? Enfin, non... Reste... Je veux dire... Pars... Mais reste... C'est possible ?... Pars et reste... Sans ta copine décolorée... C'est possible ? dit-il en se tenant la tête et en fermant les yeux, Mais tu sais, moi aussi je peux me décolorer les cheveux, ce n'est pas... ce n'est pas... compliqué !

- Et si Luke et moi te ramenions à l'hôtel ? Ça sera mieux, tu seras au chaud, je soupirai,

- Luke ? Luke c'est toi ? demanda-t-il entre deux hoquets, Au chaud ? Il n'y a que... que dans les bras de Mika que je suis... je suis au chaud...

- Arrête de dire n'importe quoi ! je roulai mes yeux en arrière, On va te relever et rentrer. »

Luke revint vers nous et m'aida à relever Evan. Il pouvait se déplacer seul, mais deux épaules étaient indispensables pour qu'il puisse marcher totalement droit.

Nous rappelâmes un taxi pour nous ramener à l'hôtel. Luke passa sur le siège de devant et prévint les filles que tout était rentré dans l'ordre. Moi, j'étais à l'arrière avec Evan. Il s'était endormi sur mon épaule pendant le trajet.

Arrivés à bon port, Cassie, Peach et Maddy, nous aidèrent à monter Evan, encore dans les vapes, dans sa chambre. Il n'avait pas l'air assez en forme pour prendre une douche ou faire autre chose que dormir.

Maddy ouvrit la porte, posa une bouteille d'eau sur la table de chevet, Cassie prépara le lit, Peach lui enleva ses chaussures, et Luke et moi le posâmes confortablement sur son matelas. Les yeux déjà fermés, il se mit automatiquement sur le ventre et agrippa son coussin. Il était désormais aussi paisible qu'un bébé prêt à faire une nuit complète de sommeil.

« On descend au bar de l'hôtel pour grignoter quelque chose ? On en a besoin, pour se remettre de tout ça. » proposa Cassie.

Tout le monde était d'accord et se mit à quitter la pièce. Je regardai une dernière fois derrière moi avant de fermer la porte. J'étais plus que soulagée qu'Evan soit en sécurité, malgré une partie de moi qui se sentait coupable.

« Mika ! » un chuchotement rauque retint mon attention.

Evan avait les yeux grands ouverts.

Je jetai un regard à Maddy pour lui faire comprendre que je n'allais finalement pas les suivre et elle leva un pouce en l'air pour montrer qu'elle avait compris.

J'approchai de nouveau le lit d'Evan, ayant la boule au ventre par appréhension de l'échange qui s'apprêtait à avoir lieu. Nous étions dans le noir, seules les lumières extérieures reflétaient à travers la fenêtre de la chambre.

« J'ai trop chaud, tu peux m'aider à me relever un peu pour que j'enlève mes vêtements ? » me demanda-t-il.

Il était bien plus lourd que moi, alors je l'agrippai de mon mieux pour l'aider à se mettre assis. Il essaya de déboutonner son pantalon, puis ôter son tee-shirt, mais le taux d'alcool qui circulait dans son sang rendait ses capacités motrices et visuelles défectueuses. J'eus de la peine pour lui et décidai de le faire à sa place.

Je fis d'abord glisser son pantalon, puis son tee-shirt, et lui proposai un peu d'eau. Je posai ensuite mes deux mains sur ses épaules pour essayer de le pousser délicatement pour l'encourager à se recoucher. Son corps se crispa, il usait expressément de sa force pour pouvoir rester assis.

« Ton odeur me plaît toujours, Mikaëla Perez. La cerise te va si bien, c'est mon parfum préféré depuis que je te connais. Je ne savais pas qu'il était possible d'autant aimer une simple odeur. » déclara Evan en profitant de ma proximité avec lui pour sentir mon cou et mes cheveux,

L'entendre prononcer mon nom en entier, pour la première fois, me fit frissonner.

« Tu es bourré, Evan, il faut te reposer, répondis-je en essayant de rester distante,

- Les ivrognes disent toujours la vérité, il me regarda dans les yeux malgré la difficulté à laisser les siens ouverts,

- Tu n'es pas un ivrogne.

- Mais je suis un peu ivre ! Et toutes les vérités sont prêtes à sortir de ma bouche, il fit un petit sourire en coin,

- Tais-toi ! je le fixai avec sévérité et peur,

- Haha, il ricana puis reprit son sérieux, Ne t'en fais pas, je ne vais pas te dire ce que tu n'es pas prête à entendre. »

Sa force avait été décuplée en quelques minutes puisqu'Evan m'avait soudainement tirée par le bras pour me faire assoir sur le matelas à côté de lui, épaule contre épaule, peau contre peau.

« Rassure-moi, je ne t'ai pas gâché ta soirée au moins ? demanda-t-il sur un ton sarcastique,

- Non, parce qu'il n'y avait rien à gâcher. Tu es bien plus important que... il me coupa la parole,

- Toi, il pointa son doigt vers moi, Toi, tu as bien gâché la mienne par contre.

- J'apprécie très peu le Evan bourré et méchant, chuchotai-je, Je n'ai rien fait qui m'ait été interdit.

- Excuse-moi, c'est vrai, je ne peux pas t'en vouloir pour ça. Mais tu ne peux pas m'en vouloir non plus d'être amou... je lui coupai la parole à mon tour,

- Je veux juste que tu ailles bien.

- Ne t'en fais pas pour moi, il secoua sa tête en souriant tristement. Ce n'est pas parce que tu m'empêches de prononcer le mot que ce n'est pas réel, tu sais ? »

Je restai dans un silence assourdissant, la tête baissée, tandis qu'il me regardait encore. Je ne savais plus quoi dire. Finalement, c'était bien moi la seule et unique coupable de son chagrin, je ne pouvais plus me forcer à rester dans le déni. Et voilà qu'il souffrait et cela me fendait le cœur. C'était la seule chose que j'avais à lui offrir. De la souffrance. Alors à quoi bon ? A quoi bon continuer tout cela ?

Tout ce que je voulais actuellement c'était qu'il me déteste profondément, pour mettre fin à tout ce chaos au plus vite.

« Elle veut me faire visiter la ville demain après-midi, annonçai-je en faisant référence à Jessie,

- Et tu y vas ? il releva sa tête vers moi,

- Je n'en sais rien.

- Pourquoi tu me dis ça ? répondit-il tranquillement,

- Je n'en sais rien, répétai-je,

- Mauvaise réponse, il tourna mon menton vers lui, Tu as envie que je te déteste, mais ça n'arrivera pas.

- Mauvaise réponse, mentis-je, la voix tremblotante et les yeux déjà rouges et humides,

- Non, continua-t-il d'une voix calme et posée, Je sais que tu fais tout ça pour te rassurer, pour essayer de te convaincre qu'il n'y a rien entre nous. Alors, même si je pense que tu connais déjà le résultat, vas-y. Je ne t'en voudrais pas. Je ne fuguerais plus. Ce soir, je n'étais juste pas mentalement prêt à te voir aussi proche de quelqu'un d'autre. Mais maintenant j'ai compris beaucoup de choses. Alors vas-y. Prends le temps qu'il te faut pour chasser tes peurs. Mais reviens-moi quand tu auras fini. »

Evan avança mon menton vers son visage très doucement. Je restai figée, laissant les larmes couler les unes après les autres, tandis que j'essayai de garder une expression stoïque. Tout ce qu'il venait de me dire était véridique. Ses paroles me prouvaient à quel point il serait difficile de faire marche arrière, de lui demander de me détester, mais cela me prouvait surtout à quel point il tenait à moi. Il était prêt à se bousiller pour et à cause de moi, mais aussi à m'attendre. Tous contextes et genres de relations humaines confondues, personne n'avait jamais fait ça pour moi, personne ne s'était jamais autant sacrifié pour moi. Bref, le pire dans tout ça, c'était que cela ne faisait qu'augmenter l'ampleur de cette chose que je ressentais et que je finirais par ne pas savoir comment gérer.

Il observa quelques secondes de plus mon visage, toujours avec ce léger sourire en coin un peu béat et ses petits yeux fatigués. Il passa ses pouces sur mes joues pour essuyer les larmes qui coulaient, tandis que j'appuyai mes mains sur son buste, m'accrochant à poings fermés au bijou en argent qu'il portait autour du cou. Ce geste n'avait rien d'érotique, m'accrocher à quelque chose était pour moi une manière de soutenir mes émotions, de ne pas les laisser sortir. Et Evan l'avait bien saisi, puisqu'il prit mon visage entre ses deux mains et chuchota, tout en me regardant dans les yeux :

« Explose petite bombe. Ça ne sert à rien de tout laisser enfoui à l'intérieur. »

Puis, il posa ses lèvres sur les miennes pour me donner un baiser aussi lent que chaud, le plus doux qu'il ne m'ait jamais fait. Ce court instant de connexion entre nos lèvres apaisa mes angoisses et fit accélérer mon cœur comme personne d'autre n'avait réussi à le faire auparavant.

Il était envahi par les larmes, les peurs, les incertitudes et quelques gouttes d'alcool, mais c'était probablement l'un des meilleurs baisers qu'Evan et moi avions échangé jusqu'à présent.

Nos lèvres se séparèrent ensuite pour laisser place à deux regards plongés l'un dans l'autre, seulement éclairés par le semblant de faisceau de lumière artificielle qui traversait les vitres de la fenêtre.

« On a besoin de se reposer, Evan, dis-je d'une voix fragile,

- Oui, il caressa mon bras, enlaça ma main dans la sienne et déposa un bisou dessus, Bonne nuit.

- Bonne nuit, je lui fis un petit sourire. »

[...]

Je me réveillai vers 12h, le visage encore bouffi de la veille. En me frottant les yeux, je vis Cassie et Peach assises au pied de mon lit, elles me regardaient comme si elles attendaient impatiemment que je me réveille.

« Alors ? demanda Peach,

- Alors quoi ? dis-je perdue,

- Evan et toi ? ajouta Cassie,

- Tout va bien. »

Je pris mon téléphone et j'avais déjà un message de Jessie m'indiquant de la rejoindre vers 14h à Times Square.

« Tout va bien ? C'est tout ? insista Peach,

- Oui...

- Voyons voir... Cassie arracha mon téléphone de mes mains. »

Mes deux amies se mirent à lire le message de Jessie. Je n'avais pas la force de me battre pour récupérer mon téléphone et je n'avais pas non plus quoi que ce soit à cacher, alors je les laissais faire. Elles me regardèrent d'un air stupéfait.

« Tu vas sortir avec elle aujourd'hui !? se choqua Peach,

- Evan est au courant si c'est ce qui vous préoccupe.

- Mais aujourd'hui c'est journée en sororité pour les filles et fraternité pour les garçons, avec les universitaires ! Genre, on va faire la fête... Tu vas rater ça pour rester avec Jessie ? Cassie jeta mon téléphone sur le lit, Sérieusement, tu ne veux pas plutôt visiter New York dimanche avec tout le groupe, ça sera plus fun !

- Je ne serais pas longue avec Jessie, je vous rejoindrai dès que j'en aurais fini. Et oui, on visitera New York dimanche, ne vous en faites pas.

- J'espère qu'Evan tombera sur une jolie fille aujourd'hui ! me provoqua Peach,

- J'espère aussi, Peach ! Tu ne sais pas de quoi tu parles, alors je me passerais bien de tes commentaires, je me levai pour prendre une douche. »

Lorsque je sortis de la douche, les filles étaient déjà parties. Je m'habillai chaudement avec une simple robe bordeaux à col roulé, des collants à motifs et des bottes compensées noires. Par flemme, je ne fis aucun effort pour me maquiller et laissai mes cheveux libres.

En me regardant dans le miroir de la chambre d'hôtel, je constatai un post-it rose et je le décollai pour le lire de plus près : ''Escucha a tu corazón'' ce qui signifiait ''Ecoute ton cœur'' en espagnol. C'était Cassie qui avait écrit ça, je l'avais reconnu grâce au dessin de petite fleur qui suivait la phrase. Et puis, je savais qu'elle s'entraînait à apprendre l'espagnol pour un jour pouvoir faire un road-trip au Mexique avec moi, encore une idée farfelue que nous avions eu un dimanche après-midi aléatoire. Son attention me fit sourire et je rangeai le post-it dans la coque transparente de mon téléphone, décidant qu'il m'accompagnerait pour la journée.

Je pris les escaliers pour descendre dans le hall de l'hôtel et croisai Maddy.

« Tu vas revoir la fille d'hier ?

- Oui, et toi ? Tu vas faire quoi ?

- Journée sororité. Je pensais que tu serais là, avoua-t-elle quelque peu déçue,

- Je viendrais, mais plus tard, je me grattai la nuque, Reste avec Cassie et Peach, pour moi ?

- Pourquoi ?

- Je pense que vous allez bien vous amuser... Et si un certain Nate Jacobs décide de se pointer et faire de la merde, j'aimerais que la femme la plus forte que je connaisse soit là pour épauler mes amies, je lui fis un sourire complice,

- Très bien ! Maddy me sourit également et s'en alla. »

Je traversai le hall, déterminée à appeler un taxi, et vit mon groupe d'amis en train de discuter. Aucun d'entre eux ne m'avaient aperçue à l'exception d'Evan. Nous échangeâmes un regard lointain avant que je passe la porte, puis je tournai finalement le dos, le cœur serré, prêt à me sortir par la gorge.

Tout était mélangé dans ma tête, ça me donnait mal au crâne. Je devais mettre de l'ordre dans tout ça.

J'étais arrivée à 14h pile à Times Square. Mais il y avait beaucoup trop de monde pour que j'arrive à trouver ou reconnaître Jessie. Alors j'essayais de l'appeler et de lui envoyer des messages. Je tournais sur moi-même au milieu de la foule dans l'espoir de voir une tête blonde quelque part. Mais rien.

Soudain deux mains se posèrent sur mes yeux et une petite voix chuchota :

« Devine qui c'est !

- Jessie ? répondis-je,

- Oui !!! »

Elle me retourna par les épaules et à ma GRANDE surprise, elle m'embrassa de suite sur la bouche. Les événements s'étaient enchaînés beaucoup trop vite, je n'avais pas eu le temps de calculer son geste ou de le refuser. Puis elle me tira par la main et m'entraîna en plein milieu de la place, en plein milieu de là où les voitures et les gens pressés passaient, et nous nous arrêtâmes là.

« Jessie, c'est de la folie, on va se faire écraser ! dis-je désespérée avec les voitures qui passaient à quelques mètres de moi,

- Tout le monde s'en fout de tout à New York ! »

Jessie sortit deux casques de son sac à main. Elle en mit un sur sa tête et un sur la mienne, puis connecta une musique que je ne connaissais pas, grâce à son téléphone. Et elle se mit à danser comme si nous étions dans un film, et à essayer de m'encourager à le faire aussi en attrapant mes mains. Mais j'étais bloquée. Tout avait été trop soudain et je ne me sentais pas en sécurité au milieu de toute cette circulation, surtout que je ne me sentais pas non plus au top de ma forme de base, cela n'améliorait pas mon état. Cependant elle avait raison sur un point, tout le monde s'en foutait de tout à New York, personne ne prêtait attention à nous. J'aurais pu me mettre à faire des roulades que personne ne m'aurait regardé, c'était effrayant.

Je décidai de lui ôter son casque pour l'interrompre dans son délire.

« Je suis sûre que ça partait d'une bonne intention, mais je préférerais qu'on aille ailleurs et qu'on fasse des choses un peu plus tranquilles...

- Oh, excuse-moi... Je voulais juste te surprendre ! elle me sourit, Mais je comprends. Bougeons d'ici ! »

J'étais plutôt soulagée qu'elle respecte ma demande, j'avais peur qu'elle veuille faire la dingue toute l'après-midi, et ce genre de tempérament me mettait plutôt mal à l'aise.

Le reste de la journée s'était donc passé à merveilles et ça m'avait presque vidé l'esprit. Nous avions visité la Statue de la Liberté, un musée d'arts, nous avions également fait un tour au Central Park, et pour finir sur une note pleine de douceur, nous avions bu une boisson chaude dans un coffee shop très sympathique. Jessie avait été un excellent guide de visite touristique. Elle était née et avait grandi à New York, alors cette ville n'avait aucun secret pour elle. Et sans parler de tout cela, c'était une personne très intéressante, même si je la préférais largement dans ses moments calmes, ce n'était pas désagréable de passer du temps avec elle. De plus, c'était une jolie fille, c'était indéniable.

Il était bientôt 18h et nous marchions tranquillement sur les trottoirs de la ville, à discuter de tout et de rien.

« Je pense que je ne vais pas tarder à m'en aller. Mes copines doivent m'attendre pour la soirée en sororité, affirmai-je,

- Oh tu vas à celle de Columbia ?

- Je ne sais pas, ça dépend d'où mes amies sont.

- On pourrait y aller ensemble, Jessie me fit un clin d'œil, Accompagne-moi juste chez moi que je me change et on y va !

- Euh... D'accord... répondis-je par politesse. »

Nous étions à une rue à peine de l'appartement de Jessie. Nous nous arrêtâmes devant la porte de son immeuble, face l'une à l'autre. Elle commença à me regarder avec désir et timidité en battant des cils, je savais exactement ce que cela voulait dire. Comme dans la plupart des films romantiques et leurs scènes clichés, après une journée de rêve ensemble, les deux partenaires s'embrassaient sur le pas de la porte. C'était perturbant de penser à ça au moment même où cela devait se faire, mais je n'y pouvais rien.

« J'ai vraiment bien aimé ta compagnie, avoua Jessie en ajustant son serre-tête,

- Moi aussi ! je lui fis un sourire. »

Elle attrapa mes mains pour m'attirer vers elle. Je savais ce qu'il me restait à faire, mais ce fut à cet exact instant qu'Evan revint dans mes pensées. Merde. Embrasser quelqu'un d'autre n'avait jamais été aussi difficile.

Si elle ne faisait pas le premier pas, je n'aurais pas la force de le faire, et nous resterions toutes les deux bloquées là, comme deux connes à se regarder dans le blanc des yeux, sur le palier, et je ne saurais pas quoi lui dire. Très gênant.

Jessie se mit alors sur la pointe des pieds pour atteindre mes lèvres et nous nous embrassâmes pendant une bonne minute.

Rien. Aucune sensation, à part celle du plaisir personnel, celle du plaisir égoïste. Chose que j'avais pu ressentir avec toutes les personnes avec qui j'avais flirté dans le passé. Sauf une.

Lorsque Jessie se détacha de moi, elle sourit bêtement, et continua de m'observer. Mais cette fois-ci, son regard avait un truc en plus. La luxure. Comment avais-je pu oublier ce qui suivait le baiser cliché au pied de l'immeuble !?

« Tu veux monter boire quelque chose ? » me demanda Jessie.

Mon téléphone que je tenais fermement dans mes mains, glissa et tomba au sol. Je me baissai alors pour le ramasser, très maladroitement.

''Escucha a tu corazón'', disait le post-it rose coincé dans la coque de mon téléphone.

J'avalai ma salive en prenant cela pour un effrayant message du destin.

Que disait mon cœur ?

« Je ne peux pas.

- Quoi ? m'interrogea Jessie, confuse,

- Je ne peux pas, Jessie...

- J'ai fait quelque chose de mal ? s'inquiéta-t-elle,

- Non, je roulai mes yeux en arrière, Puisqu'on est dans les clichés, laisse-moi te dire que ce n'est pas toi... C'est moi.

- Je ne comprends rien, Mika !

- Laisse tomber, je me fais des films... je soupirai, Ecoute, ce que j'essaie de te dire c'est que je ne peux pas. Je ne peux pas monter avec moi. Je ne veux pas monter avec toi. Parce que je n'ai pas envie de faire ça avec qui que ce soit d'autre que lui.

- Lui ? Lui qui ? elle fronça des sourcils,

- Merci ! Merci, Jessie ! je la serrai une dernière fois dans mes bras tandis qu'elle resta dans l'incompréhension. »

Je pris donc mes clics et mes clacs et partis à toute vitesse en abandonnant la jeune femme. Je partis sans vraiment savoir vers où à vrai dire. J'avais trop d'adrénaline dans mon corps après avoir dit ce que j'avais dit à voix haute. Tout ça à cause d'un maudit post-it.

Je mis mes écouteurs et marchai de manière pressée et déterminée avec Original Me de YUNGBLUD dans les oreilles.

Je m'arrêtai dans une première boutique au hasard et m'achetai une flasque d'alcool fort quelconque. Je la bus de suite et d'une traite. Ce n'était pas assez pour me monter à la tête, je voulais juste boire cette bouteille miniature pour me défouler.

Deuxième boutique. Un tatoueur.

Les clients déjà présents me regardèrent surpris et le professionnel derrière son comptoir me dévisagea.

« Je veux ça sur mon avant-bras, et après, j'irais faire la fête avec mes amis ! » déclarai-je en posant violemment le post-it sous les yeux du hipster barbu qui me fixait encore de façon troublée.

C'était mon quart d'heure de folie à moi. Mon trop plein d'émotions incontrôlables.

EVAN

Luke et moi avions décidé de passer la journée avec la fraternité de Cornell. Malgré le fait que nous avions fait connaissance avec plein de gars très sympas, Mika ne sortait pas de ma tête. Je me demandais ce qu'elle faisait avec cette fille, si elle avait déjà rejoint Cassie, Peach et sa sœur, si elle pensait à moi comme je pensais à elle. J'essayais toutefois de faire semblant d'être un minimum heureux pour ne pas inquiéter Luke. Je ne voulais pas lui gâcher sa soirée et encore moins celle des mecs avec qui nous étions en train de traîner pour aujourd'hui.

La fraternité était un lieu rempli d'étudiants masculins de tous âges. C'était comme une énorme maison qui avait pour but d'accueillir et renseigner les nouveaux arrivants sur le campus. Mais en réalité ça ressemblait plus à un terrain de jeux qu'à autre chose. Il y avait un babyfoot, un billard, une table spécialement dédiée au bière-pong, une cuisine avec plus de stock d'alcool qu'un bar, des pièces dans un bordel sans nom, et surtout de la musique forte toute la journée. Bref, un squat entretenu par des étudiants.

Si on pouvait penser que c'était seulement réservé aux garçons comme le voulait le mot ''fraternité'', les étudiants n'hésitaient pas à ramener des filles. Tout était permis finalement.

Est-ce-que dans les sororités c'était pareil ?

La nuit était tombée, une soirée allait commencer.

Luke et moi étions assis dans un canapé en compagnie d'une bande de potes avec qui nous avions fait amis-amis plus tôt, à boire des bières dans ces fameux gobelets rouges.

J'avais des moments de haut et de bas. Des moments où j'appréciais d'être là et d'autres où j'avais juste envie de disparaître pour déprimer tout seul dans mon coin. Mais j'avais promis à Mika que je ne ferais rien de tout ça ce soir.

Alors que j'étais perdu dans mes pensées, Luke donna un petit coup de coude sur mon bras. Il regardait au loin en face de lui.

« C'est une blague, t'as vu qui est là ? dit Luke,

- Ce n'est pas vrai... m'agaçai-je,

- On ferait mieux de l'ignorer et l'éviter toute la soirée.

- Je suis bien d'accord. »

Il s'agissait de Nate Jacobs, entouré d'un groupe de filles auquel il devait raconter tout et n'importe quoi pour se faire passer pour un gentil garçon. Il n'avait pas intérêt à m'adresser la parole ou jouer avec mes nerfs ce soir, car dans mon état actuel, tout pouvait se passer. Du mec silencieux dans son coin à celui prêt à lui foutre un coup de poing, la ligne était fine.

Je trouvais d'ailleurs qu'il avait été particulièrement calme ces derniers temps, ça ne présageait rien de bon.

« Je vais re-remplir nos verres. Tu restes toujours sur de la bière ? proposai-je à Luke,

- Yep ! Merci ! »

Sur ce, je me dirigeai vers la cuisine et remplis tranquillement nos verres. J'en profitai pour vérifier mon téléphone, et surtout mes notifications. Je savais que je n'en aurais aucun, mais j'attendais un signe de vie de sa part. J'attendais un message incroyable me disant ''C'est toi que je veux, viens, on s'enfuit tous les deux et on va être heureux !''. Mais les probabilités pour que cela arrive dans un futur proche étaient très faibles.

Je posai mes deux mains sur le rebord de la table et soufflai un coup pour reprendre ma bonne humeur et mon souffle avant de rejoindre Luke à nouveau.

Lorsque je me retournai, je tombai nez à nez avec Nate, ce qui fit éclabousser quelques gouttes de bière sur mon tee-shirt tout neuf, un Jacquemus plutôt cher. Cela ne me facilitait pas la tâche pour rester aussi serein que Bouddha. Le plan d'ignorer Nate pour la soirée était foutu.

« L'époque où les distanciations de sécurité étaient encore imposées me manque là tout de suite, dis-je sur un ton aigri,

- Très drôle ! répondit-il avec un sourire narquois, agitant son verre dans sa main, T'as pas l'air très en forme ce soir, Evan Cole.

- Merci de t'en inquiéter... Tu es médecin ? soupirai-je,

- Non, mais je peux dire que t'es abattu comme un petit fragile parce que Mika est avec la belle blonde de Columbia, il leva son verre comme pour porter un toast puis but une gorgée,

- Ne parle pas de ce que tu ne sais pas.

- Tu devrais arrêter de chouiner pour elle et aller voit d'autres meufs. Mika est une perte de temps, elle joue avec toi. Et dès qu'elle en aura marre de s'amuser et de se prendre pour Mère Thérèsa avec Cassie et Maddy, elle reviendra vers moi.

- Quoi ? je me mis à rire, Mais tu tournes à quoi, mon pauvre ?

- Je la veux, je l'aurais.

- T'es vraiment trop con, j'essayai de le pousser pour passer,

- Je n'ai pas fini, il barra mon chemin, J'ai un jeu. On se fait un bière-pong avec des mélanges d'alcools forts différents. On aura nos équipes, mais chaque verre atteint, ça sera toi ou moi qui devra le boire. Le premier qui perd ou qui tombe raide ivre perd aussi Mika.

- T'as quel âge Nate ?

- Tu sais que je vais gagner, c'est pour ça que tu ne veux pas jouer, déclara-t-il satisfait. »

Ce que proposait Nate ne servait à rien. Dans tous les cas, je savais que Mika ne voulait pas de lui, il n'y avait pas de débat là-dessus, mais il n'était pas prêt à l'entendre. Cependant sa confiance en lui au sujet de Mika m'agaçait énormément, alors si ce jeu stupide pouvait permettre de l'empêcher de continuer à l'emmerder, j'allais le faire. Puis ça mettrait un peu de piment dans ma soirée, histoire de me distraire.

« Tu dis ça à un gars qui a descendu un litre de whisky pur tout seul pas plus tard qu'hier soir ? me vantai-je, Défi accepté.

- Parfait ! répondit-il. »

Il tourna enfin les talons pour aller annoncer à ses pseudo potes ce qui s'apprêtait à se passer, tandis que je me dirigeai vers Luke pour lui expliquer également. Il faillit recracher sa bière sur moi en apprenant la nouvelle.

« Mais ça ne va pas !? m'engueula-t-il en chuchotant, T'es à peine remis de la cuite d'hier ! Tu veux faire un coma éthylique ou quoi !?

- T'en fais pas ! Ça va être marrant ! Si je ne peux pas tabasser ce mec gratuitement, laisse-moi au moins le plaisir de lui foutre la raclée de sa vie au bière-pong ! »

Luke me regarda avec jugement, puis me suivit tout de même jusqu'à la salle où le duel allait avoir lieu. Quelques gars de la fraternité remplissaient les verres et montaient le son de la musique. La foule commençait déjà à s'exciter et se placer autour de la table de bière-pong, et Nate et moi, aux extrémités opposées. Il me méprisait du regard avec son sourire en coin sadique habituel.

Ce mec me donnait envie de le tuer dans son sommeil. Alors je comptais bien gagner.

Lorsque tous les verres remplis furent placés sur la table et les équipes furent formées, un universitaire monta sur celle-ci pour annoncer le début de ''l'événement''.

« Votre attention, s'il-vous-plaît ! s'écria-t-il, J'ai le plaisir de vous annoncer ce bière-pong où ces deux monsieurs, lycéens de Los Angeles, s'affrontent pour les beaux yeux d'une jolie demoiselle...

- Ah non ! cria une voix féminine, perdue au milieu des adolescents, Moi, c'est madame ! »

Tout le monde se retourna pour essayer de comprendre qui était la personne qui venait d'interrompre le discours.

Était-ce elle ?

Soudain, un groupe de garçons s'écarta pour céder le passage à une jeune femme, une brune ténébreuse et ses trois acolytes qui firent leur entrée au son de You Know I'm No Good d'Amy Winehouse.

C'était elle. Elle était revenue. Elle était là.

« Je joue aussi ! Et je bois ! » elle se plaça fièrement de mon côté de la table et les filles n'hésitèrent pas à en faire de même.

La clope que j'avais allumé il y avait 5 minutes de cela pour me détendre tomba de ma bouche maladroitement.

Elle me lança un regard rempli d'audace et un sourire en coin téméraire. J'avalai ma salive nerveusement, intimidé et à la fois content par sa présence à mes côtés. C'était comme si j'étais en train de rêver. Et le plus hilarant dans tout ça, c'était la tête de Nate Jacobs, stupéfait par l'ironie de la situation.

Je ne savais pas ce qui s'était passé pendant la journée, ni comment cela se faisait qu'elle s'était retrouvée là, au bon endroit au bon moment. Tout ce que je savais c'était que je me sentais beaucoup mieux quand elle était là, avec moi. Même avec toutes les complications que nous avions rencontrées ces derniers temps, avec elle, je me sentais plus fort, je me sentais entier.

« Petite bombe explose toujours. » murmura-t-elle.

MADDY

J'avais passé la journée avec Cassie et Peach comme me l'avait demandé Mikaëla. En réalité, ça n'avait pas été désagréable. Je m'étais sentie intégrée, comme une personne à part entière avec qui on échangeait différents points de vue. En général, avec Kat et BB c'était tout le contraire, elles me suivaient beaucoup dans tout, dans les opinions, le style, les choix... Bref, j'étais clairement à la ''tête'' du trio quand j'étais avec elles. Ce rôle ne me déplaisait pas pour autant et j'aimais de tout cœur mes amies, mais avec Cassie et Peach, j'avais l'impression d'être prise au sérieux et d'être unique, d'être moi-même, tandis qu'elles, elles aussi étaient elles-mêmes. Être quelqu'un, sans avoir à être dominée ou dominante dans un groupe d'amis, c'était plutôt cool. Toute cette prise de conscience m'avait également permis de voir à quel point Cassie avait changé en bien grâce à ses nouveaux amis. Etais-je moi aussi en train de passer par-là ?

Nous avions passé la journée à la sororité de Columbia, un lieu rempli exclusivement d'étudiantes. C'était aussi beau que toxique d'avoir autant de femmes unies dans une seule et même gigantesque maison. D'une bande de filles à l'autre, ce n'étaient pas les mêmes mentalités, alors quand il s'agissait de faire des commérages ou des histoires pour des choses futiles, c'était la guerre. Si seulement les femmes pouvaient mettre de côté la rivalité que la société imposait entre elles dès la naissance, la sororité serait un lieu vraiment magique. Bref, heureusement que toutes ces universitaires ne vivaient pas ensemble tous les jours.

Oui, c'était bien moi, Maddy, qui pensait comme ça. Marrant, n'est-ce pas ?

J'avais quand même relevé une chose de bien dans la sororité de Columbia : c'était très propre et très bien géré, malgré les nombreuses soirées alcoolisées qui avaient régulièrement lieu.

Ce soir, il y en avait d'ailleurs une qui allait avoir lieu, mais Peach, Cassie et moi n'avions pas pu en profiter longtemps. En effet, une tornade appelée Mikaëla était débarquée de nulle part et nous avait kidnappées

Elle nous avait rejoint et nous avait tout simplement dit :

« Venez, on rejoint les garçons ! On n'aura pas l'occasion de faire la fête à New York tous ensemble tous les jours ! »

Nous n'avions pas eu plus d'explications que ça, mais nous ne nous étions pas faites prier plus que ça pour partir avec elle. Ce qu'elle avait dit n'était rien de plus que vrai.

Ma sœur avait l'air totalement euphorique et très agitée à la fois. Un pansement cellophané faisait le tour de son avant-bras, mais elle ne nous avait pas laissé le temps de lui demander ce qu'il lui était arrivé. Seule Peach avait réussi à glisser une question.

« Et Jessie ?

- Je ne sais pas, je crois qu'elle est chez elle, répondit Mika,

- Ah oui ? Tu t'es rendue compte que ce n'était pas ce que tu voulais ? ajouta Peach avec un brin d'ironie,

- Aucune idée, je crois que j'ai juste écouté mon coeur, pour une fois.

- Oh... Cassie lui fit un sourire complice, C'est une bonne nouvelle ça ! »

Ce fut comme ça que nous nous incrustâmes à la soirée de la fraternité de Cornell.

En arrivant, il y avait presque autant de filles que de garçons. Finalement c'était bel et bien comme dans les films américains pour ados, personne ne respectait ce truc de rester entre "frères" ou entre "sœurs". Puis, à cet âge-là, la plupart d'entre nous avaient les hormones en feu, alors c'était presque impossible de séparer les filles et les garçons.

Le bruit que deux lycéens de Los Angeles s'apprêtaient à faire un duel au bière-pong pour une fille arriva très vite à nos oreilles. Nous comprîmes de suite de qui il s'agissait. Raison pour laquelle nous nous étions dépêchées de rejoindre le spectacle.

D'un côté, Nate et ses recrues. De l'autre, Evan, nous et quelques mecs de Cornell. Autour, une foule d'adolescents assoiffés de chaos.

Depuis que j'avais été piégée par Nate au bal d'hiver, je ne lui avais plus parlé, je ne l'avais plus confronté, mis à part pour défendre Mikaëla pendant le vol pour venir à New York. Mais à ce moment-là, il s'agissait de ma sœur, pas de moi. Moi, j'avais été traumatisée une fois de plus. Et c'était la fois de trop. Une fois que j'ai dû digérer en partie seule. Même si ma sœur avait été là pour m'épauler, il y avait toujours la partie immergée de l'iceberg, celle de la souffrance intérieure que personne ne pouvait comprendre ou réparer en un claquement de doigts. Cette partie où il fallait être confronté à soi-même, au problème, et se poser plein de questions, dont celle qui impliquait la culpabilité.

Nate avait réussi à jouer avec mon état psychologique. Le simple fait de l'avoir en face de moi, à l'opposé de la table, me provoquait une panique indescriptible. C'était comme si je craignais qu'à tout instant il puisse décider de devenir violent avec moi et que je n'aie aucun contrôle sur ça, aucune force pour me débattre, personne pour m'aider. Parce qu'après tout j'avais toujours accepté l'idée qu'il puisse faire ce qu'il voulait de moi, alors cela restait ancrée en moi. Je n'aurais jamais pensé en arriver à ce point, c'était anormal mais c'était un fait, et je me sentais impuissante face à tous ces ressentis. Face à Nate.

Pour en revenir à ce qui était en train d'avoir lieu actuellement, Nate était tout simplement en train de mener une bataille dont il était le perdant dans tous les cas. Rien que le fait que Mikaëla se soit mise aux côtés d'Evan en disait long sur le fait qu'elle ne voulait pas de lui. Il était aveuglé, il pensait que c'était un jeu d'échecs dont il était le roi, mais il oubliait que la reine était toujours l'élément le plus puissant de la partie. Et elle avait réussi, elle avait tout réussi d'avance, elle avait réussi à faire tomber Nate, à l'avoir sous son emprise tout comme lui l'avait longtemps fait avec moi ou Cassie.

Je regrettais de l'avoir sous-estimée, je regrettais d'avoir pensé qu'elle voulait me piquer Nate, je regrettais d'avoir pensé qu'elle voulait voler ma vie, alors qu'inconsciemment ou non, elle voulait juste l'améliorer.

Alors que je m'étais mine de rien longtemps perdue dans mes pensées, la partie de bière-pong était en train d'avoir lieu. J'aurais pu y participer, mais sans m'en rendre compte, je m'en étais éloignée et m'étais retrouvée dans le public plutôt que dans les participants du jeu. C'était mon corps qui avait naturellement refusé de se retrouver en face de Nate Jacobs.

Il ne me restait plus qu'à encourager mes amis.

Je me rendis compte que l'équipe d'Evan faisait exprès perdre. Ils lançaient la petite balle à côté des verres ou carrément sur Nate, et en riaient aux éclats. En fait, maintenant que Mikaëla était là, Evan n'avait plus rien à perdre, ce jeu stupide n'avait plus aucun sens. Donc à chaque fois que l'équipe adverse atteignait un verre de leur équipe, ils buvaient  avec grand plaisir et trinquaient, plus heureux que jamais.

Lorsqu'il ne leur restait plus qu'un verre avant de perdre, ils se mirent à encourager Nate pour qu'il vise comme il faut. Ce dernier devint rouge écarlate, colère parce qu'il se rendait enfin compte qu'on se foutait ouvertement de sa gueule.

« Allez Nate ! ... On a soif ... Vise comme il faut ! ... Putain tu vas gagner mon champion ! ... » se confondaient les diverses voix.

Nate soupira et mitrailla Evan et Mikaëla du regard. Mais il mit sa mauvaise foi de côté, rendit les armes et lança, d'un geste très mou, la petite balle dans leur dernier verre.

Toute la salle se mit à crier comme si une équipe de foot venait de remporter la coupe du monde.

Ma sœur sauta dans les bras d'Evan. Ils étaient sûrement déjà pompettes après avoir bu autant de gobelets rouges. Et pour la première fois, sans essayer d'être discrets ou dans leur intimité, ils s'embrassèrent devant tout le monde comme s'il n'y avait plus de lendemain.

Et rebelote, tout le monde se remit à crier. Les trois quarts des personnes présentes ne les connaissaient pas, mais étaient quand même heureux pour eux. C'était incroyable !

Quant à Nate, à la vue de cette scène, il tapa un grand coup sur la table et disparut, comme un enfant auquel on n'aurait pas cédé à son caprice.

Il venait de gagner la partie, mais aussi de la perdre.

Souffre bien, Nate. Ait mal. C'est tout ce que je te souhaite.

Le reste de la soirée se déroula à merveilles. Entre danses, jeux, alcool et nouvelles rencontres, Cassie, Peach, Mikaëla, Evan, Luke et moi, nous amusâmes tous ensemble. Sans parler des problèmes existants et sans également rencontrer d'autres problèmes. Ce fut l'une des rares fois où nous avions pu terminer une fête dans le ''calme'' et la joie.

Nous finîmes par nous approprier une pièce de la fraternité pour dormir sur place. Nous n'étions même pas en état d'appeler un taxi pour nous ramener à l'hôtel tellement que cette soirée avait été bonne.

Ahh New York... Inoubliable New York.

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Ça y est notre Mika s'est remise de son coup de mou !? Qu'en dites vous ?

Dites-moi tout ce que vous voulez à propos de ce chapitre :)

Bon, l'aventure à New York c'est finiii ! Retour à Los Angeles dans les prochains chapitres... Et beaucoup de surprises vous attendent !

Ehh les lecteurs fantôme, je vous aime mais : petit vote ou petit commentaire pour me faire plaizzz ?

Mon insta : @sarcxztica111

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