Les mains plus agrippées que jamais au volant, Mikaëla plaquait fortement la pédale de l'accélérateur de la petite Fiat de Luke. Et si cet appui se limitait au sol de la voiture c'était parce qu'elle ne pouvait pas aller plus loin. Mais elle ne le faisait pas exprès, c'était son corps qui était d'une extrême et incontrôlable lourdeur à cause de la fatigue, de l'alcool, des stupéfiants, et surtout des émotions. Sa tête tombait sans arrêt vers l'avant par des gestes de sursaut, comme si elle était en train de s'endormir et de se réveiller toutes les secondes. Ses yeux se tournaient en arrière, mais cela ne venait pas de son tic habituel de regarder en l'air. Quelque chose se passait dans son organisme, elle n'était pas dans son état normal.

Il était minuit passée et les routes n'étaient que peu éclairées, la visibilité était quasi nulle. Surtout en n'ayant pas son permis et beaucoup de grammes dans le sang, Mikaëla ne savait plus où étaient les feux adéquats pour éclairer son chemin. Même son copilote n'arrivait pas à la guider, il était dans un état de panique, tout comme le reste des passagers.

Le véhicule avait largement dépassé la vitesse kilométrique autorisée et les fenêtres étaient grandes ouvertes. Le vent décoiffait donc les chevelures les plus garnies et un brouhaha d'enfer résonnait entre toute la bande qui suppliait la conductrice de s'arrêter et un remix électronique de la musique Without Me de Halsey (remix de Jawmill :)) qui se faisait entendre au volume maximum. Luke adorait les remix électro. Or, une fois de plus, l'ambiance d'affolement collectif faisait perdre les moyens de chacun et personne n'arrivait à éteindre ou baisser cette foutue musique qui n'était absolument pas appropriée à la situation.

« Si on crève sur ce remix de ces morts, je reviendrais hanter vos proches les plus chers !!! » cria Maddy entre les larmes et l'épouvante.

Evan et Cassie se retrouvaient séparés par l'ouragan Maddy. Et s'ils avaient été efficaces pour la calmer après les scandales causés par Nate au bal d'hiver, à présent, plus aucune douce parole ne pouvait la rendre paisible à nouveau. Après tout, sa sœur était à deux doigts de causer un grave accident et personne ne pouvait y faire grande chose : tous étaient dans un état de défonce et d'ivresse sans nom.

En secret, chaque jeune assis à bord de ce véhicule était en train de visualiser les derniers plus beaux instants de leurs vies et leurs rêves qui se brisaient en morceaux... à cause de Nate Jacobs.

Cassie se remémorait son baiser avec Luke et se disait qu'elle n'aurait jamais l'occasion de connaître le véritable amour, ou le bonheur éternel en matière d'amitié.

Maddy regrettait chaque mauvais moment qu'elle avait fait subir à sa sœur, parce qu'au fond, elle l'aimait bien et qu'aucune autre personne ne l'avait jamais autant guidée dans son existence.

Evan réalisait, avec plus ou moins de conscience, qu'aussi tordue et mystérieuse qu'elle pouvait paraître, Mikaëla lui plaisait plus que comme une amie, mais il ne pourrait jamais le lui prouver comme il s'était convenu de le faire un jour. Et quelle situation de merde : il avait une cheville dans le plâtre !

Luke se lamentait mentalement sur le fait qu'il n'avait jamais connu de relation amoureuse sérieuse, mais aussi sur le fait qu'il n'avait pas eu le temps de dire aurevoir à sa plus belle et fidèle acolyte, Peach. Celle-ci était d'ailleurs toujours au bal avec sa petite amie et attendait d'avoir des nouvelles de son groupe.

Mikaëla ? Mikaëla. Elle. Elle n'avait plus le temps de réfléchir à quoi que ce soit. Son esprit était déjà à des milliers de mètres au-dessus de son corps et même si elle essayait de se débattre contre cela, elle avait perdu tout contrôle.

« Ne vous en faites pas, les amis, je vais nous sortir de là... » marmonna-t-elle presque évanouie sur le volant.

Sur ces dernières paroles, elle mit un léger à-coup sur le volant qui fit basculer la Fiat grise de Luke vers la file d'à côté. La file qui roulait dans le sens inverse.

La voiture valsa d'un mouvement si délicat et les routes étaient si sombres que personne ne se rendit compte de rien sur le moment.

Une.

Deux.

Trois.

Quatre.

Cinq.

Cinq secondes.

Cinq secondes seulement.

Cinq courtes secondes ont suffi.

Cinq courtes secondes ont suffi pour que Mikaëla se retrouve face à un énorme poids lourd.

Un énorme poids lourd qui a tout fait pour alerter sur sa présence : appels de phare et coups de klaxon à répétition.

Ce fut le dernier coup de klaxon qui réveilla Mikaëla pour de bon.

Et une seconde.

Une seconde de plus.

Une seconde de plus et ils crevaient tous.

Le court instant de lucidité de Mikaëla, celui juste avant le moment où les deux véhicules allaient se retrouver nez à nez, a été celui où la jeune brune a eu le réflexe de tirer son volant vers la gauche avec force. Ce geste entraîna la voiture dans un drift violent sur plusieurs mètres, dans un vaste champ de blé.

La Fiat désormais immobilisée, la musique avait enfin été coupée et les cinq adolescents se retrouvaient bouche bée, dans un état de choc et un silence assourdissant. Nous n'entendions plus que leurs respirations saccadées.

« Ok... Comment tout le monde va ? » intervint Luke sous un air inquiet.

Aucun mot ne sortit de la bouche de quiconque, ils se contentèrent d'acquiescer de la tête pour apporter une réponse positive à la question de leur ami. Sauf Mikaëla, dont le regard bien ouvert restait bloqué sur le volant.

Ses amis s'attardèrent sur elle pour la faire réagir. Ils avaient peur que l'événement ait été traumatisant pour elle ou qu'elle ait pris un coup quelque part pendant sa manœuvre.

« Mika !... Mikaëla !... Réponds... Tu te sens bien ?... Il ne faut plus jamais qu'on conduise dans cet état... Eh... T'es sûre que ça va ?... Réponds bordel !... Tu fais flipper ! » se confondaient toutes les voix.

C'est alors que Mikaëla sortit de la voiture et se précipita en courant dans le champ de blé qui venait d'être amoché par son drift. Cassie la suivit pour comprendre ce qui se passait et retrouva sa meilleure amie en train de se vider de ses tripes à l'abri des regards.

Cassie mit sa main sur son cœur pour exprimer son soulagement : Mikaëla allait bien, elle avait juste besoin de vomir. Elle s'approcha donc de cette dernière pour lui tenir les cheveux.

« Quelqu'un m'apporte une bouteille d'eau, s'il vous plaît ? » s'écria Cassie pour se faire entendre des autres qui étaient non-loin, dans la voiture.

Maddy arriva en quelques secondes avec la bouteille d'eau demandée. A la vue de sa sœur, elle eut de la peine et décida de la soutenir aux côtés de Cassie. Elle lui caressait le dos pour la réconforter.

« Tiens, bois un peu d'eau, conseilla Maddy à Mikaëla une fois que cette dernière se releva,

- Merci... Mikaëla s'attacha les cheveux et but plusieurs grandes gorgées,

- Ça va mieux ? demanda Cassie,

- Oui, merci les filles.

- On ferait mieux de rentrer maintenant, déclara Maddy,

- Non ! s'exclama Mikaëla, J'ai dit qu'on allait passer une meilleure soirée ailleurs, alors on va le faire.

- Regarde-toi, regarde-nous, regarde ce qu'on vient de vivre, on n'est pas sortables, ajouta Cassie,

- Justement, la vie est trop courte pour aller se coucher après avoir frôlé la mort, affirma Mikaëla. »

L'adolescente s'en alla et s'installa au volant de la Fiat sous les yeux ébahis de sa sœur et de son amie, qui la suivirent peu de temps après. Avant de redémarrer le moteur, cette fois-ci beaucoup plus lucide qu'au départ, Mikaëla se retourna vers chacun de ses camarades.

« Je suis profondément désolée pour les aventures de ce soir, je n'étais plus maîtresse de mes actes, mais maintenant ça va beaucoup mieux. J'avais seulement envie de vomir, pas de nous tuer... Je vous aime, elle regarda Maddy à travers son rétro, tous, sans exception. Et pour cette même raison, on va continuer de nous amuser tous ensemble ce soir... Si vous le voulez bien... »

Personne ne protesta, bien au contraire, c'était leur façon d'accepter les excuses de Mikaëla. Après tout, chacun avait sa part de responsabilité dans ce presque-accident. Elle reprit donc la route plus calmement, vers un endroit que Maddy ne manquerait pas d'apprécier.

MADDY

Ce soir, nous avions tous failli mourir à cause de Nate Jacobs. A force de me retrouver piégée par lui, le pire finissait toujours par arriver et j'entraînais les autres avec moi, dans ma chute. J'avais épuisé toutes les larmes de mon corps pour cet homme ce soir, bien plus que toutes les autres larmes qui avaient pu couler dans le passé. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal par sa faute, tout ce que j'avais envie de faire actuellement était de l'effacer de ma mémoire.

Si je n'avais pas eu ma sœur, je serais encore coincée dans cette réserve, à me faire des illusions. J'adorais Kat et BB, mais elles ne savaient pas remplir leur rôle d'amies, la preuve étant qu'elles ne m'avaient pas cherchée malgré mon temps d'absence. Et même maintenant, je n'avais eu aucun message de leur part. La vérité était que j'étais bien seule lorsque Mikaëla et ses amis n'étaient pas là. Rien ne les obligeait à s'occuper de moi maintenant et dans les autres moments que j'ai pu traverser, mais ils avaient toujours été là. Surtout ma sœur.

Après une dizaine de minutes à rouler, la voiture se gara enfin. Je sortis du véhicule tout en aidant Evan avec ses béquilles, et lorsque je me rendis compte de l'endroit où nous étions, je ne pus m'empêcher de sourire bêtement en regardant Mikaëla.

Tous avancèrent vers l'entrée du Sueño Latino, laissant ma sœur et moi entre nous.

« Merci, prononçai-je timidement,

- Merci ? m'interrogea-t-elle,

- Merci de m'avoir sauvée de Nate et ses conneries, merci de me laisser m'échapper de ce bal avec toi et tes amis, merci de m'emmener ici. Merci pour tout finalement.

- C'est normal, elle baissa la tête et esquissa un petit sourire, On va te créer de meilleurs souvenirs dans ce bar que tu aimes tant. »

Soudainement, nos téléphones se mirent à enchaîner les vibrations dans nos poches, signe que nous avions à nouveau du réseau. Je regardai mon écran dans l'espoir que ces notifications viennent de mes amies, mais ce n'était rien d'autre que Nate Jacobs qui cherchait à savoir où nous étions passées. Je jetai un œil à ma sœur qui me fit comprendre que ses milliers de notifications venaient de la même personne que moi.

« On éteint nos téléphones ? suggéra-t-elle,

- Oui ! »

Nous fîmes cette même action avec un sourire complice. Puis, elle commença à s'avancer vers l'entrée du lieu où nous nous apprêtions à continuer de faire la fête. Je la retins.

« Attends !

- Quoi ? elle se retourna et me regarda,

- J'ai envie de partager ça avec toi... je sortis le petit sachet de LSD que j'avais caché dans mon décolleté quelques heures plus tôt. »

Je coupai le cachet en deux à l'aide de mes faux ongles et tendis une moitié à ma sœur.

« C'est ta façon de me dire que tu m'aimes bien ? m'interrogea-t-elle,

- On peut voir ça comme ça si ça te fait plaisir... bégayai-je. »

Mikaëla me fit un dernier sourire et nous avalâmes nos demi-pilules de LSD en rythme.

Oui, bien que maladroite et encore remplie de fierté, c'était ma manière d'être reconnaissante envers ma sœur et tout ce qu'elle m'apportait.

Nous finîmes par entrer dans le Sueño Latino et rejoindre la bande qui était déjà sur la piste de danse pour certains et assis pour d'autres.

Cette escapade était pour moi une très bonne occasion de laisser de côté tout le drama qui était arrivé dans ma vie ces derniers temps.

CASSIE

Manquer de frôler la mort m'avait fait cogiter à propos de mon avenir. J'étais une personne qui manquait de confiance en elle, qui n'osait pas faire les choses avant d'hésiter infiniment ou d'être bousculée par son propre sort, et cela me freinait certainement pour des tas de trucs, dont l'amour. C'était également probablement l'effet de tout ce que j'avais consommé qui me poussait à voir la vie en mode ''one life'', mais cet état d'esprit me plaisait bien.

Et puis, ce soir, Nate avait aussi réussi à prouver qu'il était un grand malade capable de tout. Plus j'avais les yeux ouverts sur ses actes, plus il me dégoûtait. Je me mettais à la place de Maddy, enfermée dans cette réserve pendant des heures... J'aurais sans doute été retrouvée évanouie dans ma propre angoisse. Oui, ça aurait pu être moi si j'avais continué à songer de donner de nouvelles chances à Nate. Mais je ne pouvais pas me permettre de juger Maddy sur ce coup-là. Je comprenais ce qu'elle vivait, surtout qu'elle le vivait avec une intensité bien plus élevée que moi j'avais pu le vivre. Heureusement que Mika était là.

Outre cela, Maddy, Mika et moi dansions toutes les trois ensembles sur les musiques espagnoles du bar. Le lieu était d'ailleurs bien rempli, de quoi rendre l'ambiance davantage plus gai.

Peach ne nous avait pas rejoint, elle avait préféré rentrer à la maison avec sa copine, juste après nous avoir téléphoné pour prendre de nos nouvelles. Elle nous avait d'ailleurs expliqué que Nate n'avait pas tardé à disparaitre du bal une fois que nous nous étions enfuis.

Les garçons, Luke et Evan, étaient assis à table et buvaient une bière chacun. Ils discutaient vivement et se moquaient de nous parce que nous arrivions à peine à rester debout lorsque nous dansions.

Pendant un moment, Maddy et Mika avaient l'air tellement proches lorsqu'elles dansaient que je n'avais pas envie de briser toute cette complicité crée entre elles. Je dansais alors de mon côté tout en observant Luke.

Tout ce qui m'entourait défilait au ralenti et mon champ de vision était concentré sur Luke. Sa chemise, dont la cravate avait sûrement disparu lors du quart d'heure de folie, était déboutonnée indécemment. Cela laissait apparaître le début de son torse légèrement musclé grâce à toutes les heures qu'il consacrait au sport. J'avais envie de plonger ma tête dans ce que ce tissu dévoilait afin de sentir son odeur et ce qu'il en restait de son parfum. Dans des gestes automatiques, il passait sa main dans ses cheveux pour remettre quelques mèches brunes en place, mais il avait l'air assez agacé par ces dernières qui ne semblaient pas vouloir se tenir. Cela se voyait par le petit rictus crispé que faisait sa bouche à cet instant précis, ça le rendait encore plus charmant à mes yeux. Son regard bleu océan se perdait dans les lumières colorées du bar, mais il ne me remarquait pas.

Dans ma tête résonnait en boucle ''one life, one life, one life, one life, one life !''. C'était à moi de me faire remarquer et lui faire comprendre que le baiser que nous avions échangé dans les toilettes du lycée n'était pas seulement un baiser d'amitié.

Je me dirigeai vers lui, déterminée.

« Luke, tu danses ? » dis-je sans perdre de temps.

Evan et lui sursautèrent surpris par mon apparition soudaine et mon interruption de leur conversation.

« Désolé Evan, je t'abandonne un peu ! » répondit Luke.

Evan acquiesça et me sourit de la même façon dont souriait Peach quand elle constatait que j'essayais de draguer Luke. Lui aussi avait tout compris.

Luke et moi dansions désormais ensemble, pas très loin de notre duo de sœurs préféré. Je le regardais dans les yeux avec insistance et il avait l'air assez perdu, mais amusé par mon comportement. J'espérais ne pas être trop directe et surtout pas trop lourde.

« Tu te sens bien, Cassie ?

- Oui, super ! »

Nous échangeâmes une fois de plus des regards gênés.

« On dort ensemble ce soir ? sortis-je de façon spontanée,

- Quoi !? il tendit l'oreille. »

Quelle conne je faisais à proposer ça. J'avais dit tout haut ce que je pensais tout bas. Mais c'était trop tard, il avait très bien compris ce que j'avais demandé, il était juste abasourdi par mes propos.

« J'ai dit... On dort ensemble ce soir... ?

- Mais... il se mit à rire gentiment, T'es sûre de ce que t'es en train de me demander là ?

- Oui... J'ai envie... Laisse tomber ! me braquai-je,

- Non ! Ce n'est pas que je ne veux pas, c'était juste inattendu venant de ta part, me rassura-t-il,

- Ça veut dire quoi ? je souris timidement,

- Ça veut dire qu'on verra où la fin de soirée nous mène et on avisera ensuite... confirma-t-il, Je t'adore Cassie, mais on est trop défoncés et submergés par nos émotions pour prendre des décisions précipitées. Ça pourrait briser notre amitié.

- Ha ? C'est une blague ? j'agitai mon verre de mojito pour faire comprendre mon mécontentement, Pourtant, ça ne t'a pas dérangé qu'on s'embrasse tout à l'heure !

- Ce n'est pas pareil... J'aurais aussi bien pu embrasser Mika, Evan, ou qui sais-je d'autre.

- Quoi !? m'énervai-je davantage,

- Bah oui, tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais embrassé Maddy ou d'autres de tes amis, juste pour le fun ?

- Si, mais... je devenais confuse, Tu veux en venir où au final ?

- Il y a une différence entre embrasser ses amis et coucher avec ses amis, il posa une main sur mon épaule, Je ne couche pas avec mes amies habituellement, ça peut rendre l'amitié trop bizarre.

- Je te rappelle que t'étais prêt à coucher avec Mika il y a quelques mois de ça, crachai-je en enlevant sa main de mon épaule,

- Et moi, je te rappelle que tu m'as fait croire que Mika avait des sentiments pour moi à ce moment-là ! riposta Luke,

- Et alors ? Qu'est-ce que ça change ? Tu t'imaginais quand même coucher avec elle alors que c'était ton amie.

- Comme je croyais que je lui plaisais, je l'envisageais autrement que comme une amie, voilà ce que ça change ! Luke haussa des épaules,

- Et moi, merde !? Tu me plais et je n'ai pas le droit d'être envisagée autrement que comme une amie ou quoi !? m'écriai-je sans contrôler mes paroles. »

Je plaquai de suite mes deux mains sur ma bouche. Je venais vraiment de dire ça à voix haute ? Il fallait à tout prix que je désactive le mode ''one life''. Luke m'avait clairement fait comprendre que j'étais dans la friendzone et moi j'osais encore dévoiler mes sentiments naissants sur la place publique.

Je m'apprêtai à m'enfuir, mais il me retint par le bras.

« Je te plais ?

- Oublie ça, tu veux ? je détournai mon visage pour cacher les larmes qui commençaient à monter,

- Cassie, t'as pas besoin de me proposer de coucher avec toi pour me séduire, il me prit de force dans ses bras, Tu as bien plus que ça à offrir. J'ai... »

Je me détachai de son étreinte avant de le laisser terminer sa phrase. J'avais beaucoup trop honte de moi-même et tout ce dont j'avais envie était de pleurer. Je m'empressai donc de m'isoler dans les toilettes féminines pour laisser couler mes larmes. Luke resta planté sur la piste de danse, seul.

Sur le chemin, j'avais bousculé Maddy qui m'avait suivie, livrant sa sœur à Evan.

Elle s'appuya sur le lavabo des toilettes, les bras croisés, tandis que je pleurais déjà comme une Madeleine devant la glace. Maddy prit son expression autoritaire et je savais qu'elle attendait que je lui explique les raisons de mon malheur actuel.

« Parle-moi Howard, et que ça saute ! » déclara-t-elle face à mon silence.

Sans ne plus tarder, je lui expliquai en détails ce qui venait de se passer avec Luke. C'était bon de me confier à Maddy, j'avais l'impression de retrouver mon amie d'autrefois. Et je savais que cette amie était prête à tout pour moi quand elle prenait cet air sévère lorsqu'elle m'écoutait me lamenter. Je savais qu'elle était prête à enclencher une bagarre ou une dispute juste pour me revoir sourire et donner une bonne leçon à la personne qui m'avait fait du mal.

Lorsque je finis mon discours, Maddy prit le temps de réfléchir. A ma plus grande surprise, elle n'exprima pas le besoin d'aller frapper Luke.

« Mais Cassie ! Réveille-toi ! Luke n'avait juste pas compris que tu l'aimais bien, c'est pour ça que le bisou ne signifiait rien pour lui. Puis, même après avoir appris qu'il te plaisait, il a refusé de coucher avec toi... Il te respecte !

- Mais, on ne refuse jamais de coucher avec moi... insistai-je,

- Pas lui ! Je pense que c'est un garçon qui préfèrerait mieux te connaître et voir si ça vaut le coup de passer de l'amitié à l'amour. Enfin, je suppose.

- C'est super bizarre... Mes relations ne se sont jamais passées comme ça avant.

- Il est temps de connaître ce que tu mérites vraiment, Maddy me sourit. »

Je n'avais jamais entendu Maddy avoir des paroles aussi raisonnables et mâtures. Dans tous les cas, elle avait su me réconforter. En revanche, j'étais encore trop intimidée par la situation pour reparler à Luke. Je décidai donc d'accorder une danse à Maddy pour me distraire.

« Dis, on est amies ? interrogeai-je Maddy sur la piste de danse,

- Non, je reste polie avec toi parce que tu es l'amie de Mikaëla, elle détourna son regard, pleine de fierté,

- Et donc ta sœur, tu l'aimes bien ?

- On ne choisit pas sa famille ! »

Je me mis à sourire, mais je n'insistai pas plus avec mes questions pour ne pas gâcher l'un de ces rares bons moments avec Maddy.

EVAN

La seule chose qui avait égayé ma soirée après la mésaventure avec la voiture de Luke avait été de voir Mika et Maddy aussi soudées. Au fond, je savais que c'était ce que Mika souhaitait, ou mieux, ce dont elle avait besoin dans sa vie. Même si elle prétendait détester Maddy parfois, elles avaient besoin l'une de l'autre. Lorsqu'elles s'unissaient, elles étaient plus fortes contre tout, et surtout contre Nate Jacobs. Et puis, plus leur entente s'améliorait, plus les chances que Mika s'éloigne de ce pauvre type augmentaient.

Bref, s'il y avait une chose que j'avais bel et bien compris ce soir, c'était que je voulais essayer d'aller plus loin avec Mika. Il n'y avait plus de temps à perdre. Avoir une jambe dans le plâtre et ne pas pouvoir danser m'avait donné le temps de réfléchir à tous les signes, toutes les choses qui faisaient que notre relation actuelle ressemblait beaucoup plus à celle d'un couple qu'à celle de deux amis qui flirtaient de temps en temps. Puis, pour finalement ne plus me mentir à moi-même : je tenais énormément à Mika... Elle me plaisait peut-être un peu... Beaucoup... Pour être plus clair, il suffisait de sa simple présence dans une pièce pour que toute mon âme et mon corps se mettent à vibrer bizarrement. C'était la première fois depuis longtemps que je ressentais ça et que j'avais envie d'officialiser les choses avec une femme.

Après tout, moi aussi, j'avais le droit à un happy ending pour cette nuitée.

Luke était au comptoir du bar et discutait avec des inconnus. Mika était assise à côté de moi à table et observait Maddy et Cassie danser. Elle riait, toute joyeuse de voir deux personnes auxquelles elle tenait s'amuser ensemble.

Je décidai de lui mettre un petit coup de coude pour attirer son attention sur moi. Elle se pencha de suite en ma direction avec grand enthousiasme, son visage dans ses deux mains et à quelques centimètres du mien.

« Oui, beau-gosse ?

- Tu es en train de perdre ton chouchou et tes cheveux sont dans un état pas possible à force de danser comme une folle avec les filles, la taquinai-je en remettant quelques mèches derrière ses oreilles,

- C'est facile de critiquer quand on est handicapé d'une jambe. Allez, tu vas refaire mon chignon, je veux évaluer tes capacités en coiffure ! Mika s'assit dos à moi et me tendit son élastique à cheveux. »

J'avalai ma salive trois fois avant de commencer à toucher ses cheveux. J'étais nerveux à l'idée de voir sa nuque de près, ainsi que les frissons qui se créeraient lors du contact entre nos peaux. J'avais un sérieux problème avec la nuque et les frissons de Mika, je trouvais ça tellement attirant et ça me rappelait également notre première rencontre. A vrai dire, la forme de sa nuque me donnait envie de glisser mes mains sur tout son corps et de sentir son odeur, quant aux frissons, c'était une preuve de l'effet que mon toucher lui faisait, je trouvais ça très sensuel.

Je m'appliquai donc à lui faire une jolie queue de cheval et ne pas trop me distraire sur sa peau.

« T'as fini ? dit-elle en retournant soudainement sa tête,

- Eh mais c'est qu'elle est pressée en plus ! répondis-je en tenant fermement ses cheveux dans une main et en tirant légèrement sur ceux-ci pour approcher son visage du mien,

- AHHHH, gémit-elle en roulant des yeux vers le ciel, C'est dangereux de jouer à me tirer les cheveux !

- Pourquoi ça ? je fis un sourire narquois,

- Parce que j'aime ça... Mika me rendit mon sourire. »

Je sentis mes joues chauffer, j'étais en train de rougir et Mika se mit à rire d'un ton moqueur face à ma réaction. Je lâchai enfin ses cheveux et lui mis une petite tape derrière la tête.

« T'es bête ! » déclarai-je intimidé.

Elle se remit aussitôt à rire et à l'entente du son de son esclaffement qui représentait pour moi l'une des plus belles mélodies que j'avais déjà entendue dans ma vie, je me rappelai que j'avais envie de lui demander d'être ma copine. La nervosité regagna alors mon esprit, mais je pris mon courage à deux mains.

« Mika, il faut que je te parle de quelque chose... je repris mon sérieux et ma respiration,

- Je t'écoute ? elle se mit face à moi pour m'écouter attentivement,

- Je... bégayai-je, Je trouve qu'on a bien avancé dans notre délire de flirt... Mais... Aujourd'hui, j'ai envie... J'ai envie qu'on soit plus que ça... Je me demandais si toi aussi... ?

- Quoi ? elle fronça des sourcils, Je n'ai rien entendu de ce que t'as dit, parle plus fort ! »

Effectivement, le DJ avait augmenté le volume de la musique juste au moment où je parlais. Il avait mis une musique de Bad Bunny et tout le monde avait commencé à s'affoler sur la piste de danse. Je voyais déjà Maddy et Cassie accourir pour entraîner Mika dans leurs déhanchés endiablés. J'essayai de me dépêcher de répéter ce que j'étais en train de dire.

« Je... Merde... Tu veux sortir avec moi ? m'écriai-je nerveux,

- Je n'ai pas compr... »

C'était trop tard, sa sœur et sa meilleure amie l'avaient déjà kidnappée.

Ce n'était probablement pas le meilleur endroit, ni le meilleur moment pour demander ça à Mika, et le destin essayait de me le faire comprendre. J'avais malgré tout eu une poussée d'adrénaline pour le faire et j'écoutais mes pulsions. J'espérais pouvoir retrouver le courage de le refaire une autre fois. Mais je me connaissais beaucoup trop bien, et l'échec, quelle qu'en était sa nature, me faisait peur, et lorsqu'il se présentait à moi, je reculais d'un pas.

[...]

« J'ai un peu décuvé, il est 6h du matin, on rentre ? proposa Luke,

- Ouais, ramène-moi bien CHEZ MOI, s'il te plaît ! acquiesça Cassie d'un air arrogant envers Luke,

- C'est une bonne idée, ajouta Maddy tombant à moitié dans les bras de Mika,

- Let's go ! répondit cette dernière en accrochant sa sœur à son épaule,

- Tu me déposeras avec les Perez, je n'habite pas trop loin de chez elles et ça sera plus pratique pour toi, mec, dis-je à mon tour,

- Ca marche, on y va les amis, Luke sortit les clés de sa Fiat de sa poche. »

Je n'habitais pas si près que ça de chez Mika et Maddy, je voulais juste souhaiter une bonne nuit à Mika avant d'aller me coucher, béquille ou pas béquille.

Dans la voiture, Cassie s'était mise devant avec Luke, tandis que Mika et moi nous retrouvions derrière, séparés par Maddy qui dormait nonchalamment sur l'épaule de sa sœur. Le trajet avait été effectué avec beaucoup plus de sérénité qu'au départ et nous arrivâmes sains et saufs devant le domicile des Perez. Luke nous fit signe de la main et s'en alla avec Cassie pour la ramener chez elle.

Sur le palier de la maison, Mika avait toujours sa sœur à moitié endormie et accrochée à son cou.

« Je pense que tu vas devoir m'aider à mettre Maddy dans sa chambre... On ne dirait pas comme ça, mais elle est super lourde, chuchota-t-elle,

- Je vais essayer, répondis-je. »

Je pris l'un des bras de Maddy pour apporter le maximum de mon aide. Avant de franchir la porte, Mika me regarda dans le blanc des yeux.

« J'ai envie que tu restes avec moi ce soir.

- J'ai envie de rester avec toi ce soir, confirmai-je en la regardant également. »

Ce moment de silence intense et d'échanges de regards sur le pas de la porte furent interrompus par Maddy qui se mit à parler une langue incompréhensible pendant son sommeil.

« Bon, il faut qu'on essaye d'être discrets en montant les escaliers. » m'expliqua Mika.

Nous entrâmes dans la maison à pas de loup et les parents semblaient dormir étant donné que nous pouvions entendre les mouches voler. Seuls les grincements du bois au sol comblaient le vide.

Soudain, une lumière s'alluma et nous nous arrêtâmes net. Madame Perez, vêtue de sa robe de chambre, se tenait debout en haut des escaliers et croisait les bras. Elle les descendit pour nous rejoindre et ne tarda pas à exprimer son mécontentement.

« C'est une heure à rentrer à la maison ça ? Qu'est-ce qu'elle a Maddy ? Et c'est qui lui !? murmura-t-elle énervée,

- On s'est trop bien amusés, c'est pour ça qu'on rentre que maintenant... Maddy s'est endormie sur le chemin du retour, voilà tout... Et lui... C'est Evan, un ami, il va m'aider à mettre Maddy dans son lit, argumenta Mika en faisant une tête innocente,

- Dépêchez-vous alors ! La prochaine fois que vous rentrez tard comme ça sans prévenir, je vous fais dormir dehors toutes les deux !

- Oui, c'est compris, pardon, répliqua Mika en baissant la tête, Au fait, Evan peut dormir ici ? Il habite loin... Et regarde sa cheville... »

Madame Perez me scruta de haut en bas et je lui fis un sourire confus.

« Dans le canapé ! ordonna-t-elle,

- Mais Sonia ! C'est mon meilleur ami et il est gay en plus... Laisse-le dormir dans ma chambre, ça ne se fait pas... mentit Mika. »

Madame Perez me reluqua à nouveau et je lui refis un sourire.

« Hors de ma vue tous les trois ! » chuchota-t-elle sévèrement avant de disparaître.

Mika et moi nous regardâmes et éclatâmes de rire en silence. Je me sentais privilégié par le fait qu'elle ait osé mentir à sa ''mère'' juste pour être avec moi.

Nous montâmes jusqu'à la chambre de Maddy et la mîmes dans son lit. Cette dernière attrapa sa couette comme un précieux doudou et continua son sommeil tranquillement.

« Elle est mignonne quand elle est calme, hein ? plaisanta Mika,

- Hahah, allez, montre ta chambre à ton meilleur ami gay ! dis-je avec ironie. »

Je suivis Mika jusqu'à la porte blanche qui était en face de la chambre de Maddy. Avant d'ouvrir, elle s'adossa à celle-ci et me regarda d'en bas.

« Ne fais pas attention au bordel, ok ?

- Ok. »

Je profitai de sa position contre la porte et face à moi pour m'approcher de son visage et caresser ses joues avec délicatesse. Je n'en avais rien à faire de l'état de sa chambre, je voulais juste être avec elle. Je ne l'avais pas embrassée depuis la contre-soirée dans les toilettes du lycée pendant le bal, et pourtant, j'avais l'impression que cela faisait des siècles que je n'avais plus senti le goût de ses lèvres. Mika se laissa faire comme si nos embrassades lui avaient autant manqué qu'à moi.

Sans que jamais nous ne nous détachions, elle ouvrit la fameuse porte et nous entrâmes, puis elle la referma aussitôt à clés.

Nous nous embrassions avec passion et sans faire de bruits afin de ne pas réveiller les autres.

Ses mains brûlantes s'aventuraient à m'inviter à quitter ma veste et ma chemise, ce qu'elles ne tardèrent pas à faire. L'excitation me montait déjà au cerveau - et ailleurs - face à cet instant d'intimité qui était en train de se créer entre nous. Je me dépêchai ensuite de quitter mon pantalon, j'avais trop chaud.

Comme Mika était en robe, lorsque je la lui ôtai, elle finit presque nue puisqu'elle ne portait pas de soutien-gorge. Seule une fine culotte en dentelle noire et deux petits bouts de métal à l'extrémité de chacun de ses seins lui servaient de lingerie. J'étais agréablement surpris par ses piercings aux tétons, ils lui allaient si bien. A la vue et au contact de son corps, j'avais l'impression de toucher le paradis du bout des doigts. C'était donc toute cette merveille qu'il y avait après la nuque et les frissons ?

Lorsque je passai ma langue dans son cou et mes mains sur sa poitrine, Mika devint davantage embrasée. Elle me poussa sur son lit, tout en faisant attention à ma jambe, et se mit à califourchon sur moi, pile assise sur mon érection. J'avais encore mon caleçon et elle sa culotte, mais à cette sensation, mes mains serrèrent ses cuisses et elle se remit à m'embrasser tout en s'appuyant sur mon torse et en faisant des va et viens avec son bassin.

De toute évidence, nous avions tous deux ardemment envie de coucher ensemble. Cependant, quelque chose me perturbait encore.

« Attends, stop Mika...

- Oh, tout va bien ? s'inquiéta-t-elle,

- Oui, mais ça ne va pas le faire... Pas ce soir.

- Aucun problème ! Mais... Ça va ? J'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-elle, confuse,

- Non, tout était génial, tu sens bien que je suis droit comme un piquet, blaguai-je, Mais c'est juste que ce n'est pas comme ça que j'imaginais notre première fois... »

Mika recula le haut de son corps, perturbée par ce que je venais de dire. Se rendait-elle compte que cela représentait bien plus qu'un plan cul ou qu'une simple baise pour moi ?

« Notre première fois ?

- Ouais... Je veux dire... Il est 7h du matin, on est sales après avoir fait une longue soirée, on est encore à moitié bourrés et défoncés... Et je ne peux pas assurer comme je veux avec une jambe dans le plâtre... Je pense qu'on peut faire mieux pour notre première fois ensemble.

- T'as raison, elle se mit à rougir et à glissa un petit sourire mignon,

- Tu es magnifique ! avouai-je en passant mes mains sur ses bras,

- Toi aussi, elle caressa mon visage. »

Même si elle n'avait pas l'air de totalement comprendre mes motivations, j'étais content qu'elle n'ait pas pris ma demande mal. Je pensais que nous méritions de meilleures conditions pour faire ça, en tous cas j'avais envie de faire les choses bien avec elle.

Mika se trouvait encore assise sur moi, j'en profitai pour la taquiner en passant mes mains sur les piercings argentés qui décoraient le bout de ses tétons. Elle secoua sa tête en riant, comme pour réprimander un gamin qui faisait une bêtise.

« Tu les a faits à quel âge ? l'interrogeai-je,

- 14 ans.

- 14 ans !? Tu étais super jeune ! Ta mère a dû vouloir t'égorger.

- Non, justement, soupira-t-elle, J'ai fait ces piercings pour la contrarier, mais elle n'en avait rien à foutre. Elle était trop occupée à donner tout son amour et son temps à un homme qui n'en valait pas la peine. »

Mika éteignit la lumière et changea de position pour venir se blottir contre moi, la tête sur mon torse. Je passai une main dans ses cheveux pour lui faire des papouilles et apaiser le feu qui nous animait quelques minutes plus tôt.

Je ne pensais pas que parler de ses piercings me feraient toucher une corde sensible.

« Tu te rendais déjà compte de ce genre de chose à seulement 14 ans ? alimentai-je la conversation,

- J'ai grandi avec ça. Entre ma mère et moi, c'était moi l'adulte.

- Pourquoi ?

- Elle enchaînait aveuglément les relations et pendant ce temps, je m'occupais de moi-même, et d'elle, lorsqu'elle se faisait larguer. Le pire c'était quand elle gardait un mec pendant longtemps... Elle le faisait déménager à la maison au bout de quelques semaines de couple, sans forcément me prévenir. Ces hommes jouaient avec elle, parfois avec moi, et devenaient toxiques avec le temps : violents, profiteurs, arnaqueurs, machos, menteurs... J'ai tout vu. J'ai passé ma vie à essayer de sauver ma mère et attirer son attention pour recevoir l'amour que je méritais, mais je n'ai jamais réussi. Alors, j'ai aussi une constante impression d'inachevé qui me pèse sur le dos. Puis j'ai essayé de me sauver moi, et j'essaye encore, tous les jours... Désolée, j'ai tendance à en dire trop avec quelques coups dans le nez...

- Non, j'aime quand tu parles, tu ne parles pas souvent de toi... l'encourageai-je, Si tu as envie de m'en raconter plus, je suis prêt à t'écouter. On t'a fait du mal, Mika ?

- Non, elle se braqua comme d'habitude,

- Très bien... Mais dis-moi, est-ce que tu as peur de donner ou de recevoir de l'amour... ?

- J'ai peur pour moi, j'ai peur Pour les gens que j'aime. Mon bouclier est le leur. »

Tout ce que Mika venait de me confier en disait long sur sa personnalité et sur ses relations avec les personnes de son entourage. C'était une enfant qui avait grandi trop vite et avec une image très péjorative de l'amour : celle que lui donnait sa mère à travers ses amants et à travers leur relation mère-fille quasi inexistante. Mika avait peur que ce même schéma se reproduise avec elle à l'avenir ou avec les gens qu'elle aimait. Donc elle ressentait le besoin de se protéger et de protéger les autres en permanence. Et une chose était sûre, quelqu'un lui avait fait du mal.

Je ne pouvais pas l'obliger à parler davantage pour ne pas la bousculer, mais j'avais quand même envie de la rassurer.

« Tu sais Mika, tu n'es pas obligée de vivre constamment dans la peur. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire et que je ne peux pas comprendre ce que tu as vécu, mais je pense qu'il existe des personnes bien dans ce monde qui ont plein d'amour à t'offrir. Regarde autour de toi, Maddy et sa famille, ils t'adorent, et même si ta sœur est capricieuse, elle t'aime, ça se voit. Cassie, Luke, Peach et... moi ! On t'aime très fort. Et à vrai dire, moi, j'ai envie de te montrer que l'amour ce n'est pas ce que tu as toujours connu, c'est bien mieux que ça... elle me coupa la parole,

- Evan, je n'ai plus envie de parler de ça, ok ? Je ne sais même pas pourquoi j'ai ouvert ma bouche, ça ne regarde personne... On peut tout oublier et dormir, s'il te plaît ? demanda-t-elle froidement,

- D'accord. »

La jeune dame à moitié nue s'enfonça davantage dans mes bras comme pour chercher du réconfort et de la paix pour rejoindre Morphée. Je la serrai fort pour lui apporter ce qu'elle cherchait, mais surtout pour profiter de ce moment si unique entre nous.

Je m'endormis dans l'espoir de pouvoir la comprendre et l'aider à avancer un jour.

_______________________________________

Et voici un (long) petit chapitre pour fêter mon retour de vacances :)

Pas très joyeux sur la fin hein ? Mais bon, il en faut bien un peu...

Ceux qui ont cru qu'il y aurait un accident de voiture, vous allez bien ? Hahahah

Bon, racontez-moi ce que vous avez à dire sur ce chapitre !

Sinon : LA DROGUE ET L'ALCOOL EN EXCÈS C'EST MAL, alors ne prenez pas exemple sur les personnages de mon histoire hein...

Psssst, toi qui est arrivé au bout de ce chapitre, oublie pas ton p'tit vote si ça t'a plu ;)

Mon insta : @sarcxztica111

♡♡♡