9~La vérité - Première partie
Cela faisait déjà une semaine que j'avais été transformée. Une semaine que j'étais à l'écart de la meute, juste parce que je ne voulais pas qu'il y est plus de morts. Être rejetée ne me faisait rien, j'étais habituée. Mais j'avais l'impression que la meute toute entière avait peur de moi, or, c'était de Daïkan que les loups devraient avoir peur.
Je n'avais toujours pas trouvé que lui dire pour qu'il les laisse en vie. « S'il te plaît, épargne la meute ! » Cela faisait trop pitié. « Si tu veux tuer la meute, tu devras me passer sur le corps ! » Avec ça, Daïkan me rira au museau ! Je n'avais aucune chance de l'arrêter. Pas toute seule.
C'était pour ça que j'étais revenue sur ma décision. J'avais finalement tout avouer à Vaïlou et Nazar... en omettant que Daïkan était Noah, qu'il avait dit que j'étais une louve-renarde et que je m'appelais Jay. En gros, je leur avais juste dit que le monstre était un démon-loup, qu'il avait tué tous les loups et qu'il ne comptait pas s'arrêter là.
On était dans le pétrin.
Tous les jours, mes amis et moi partions dans la clairière aux symboles pour parler de Daïkan, mais aussi pour résoudre le mystère du triskèle, que j'avais presque oublié avec l'arrivée du monstre. Je l'avais vu briller au fond du lac, puis plus rien. Nous ne comprenions pas.
– Du coup, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Nazar, perdu.
– On continue de se battre, crétin !
La seule chose qui n'avait pas changer, c'était les disputes entre Vaïlou et le loup gris. Des fois, on aurait dit des amoureux qui se chamaillaient. Mais ça, je le gardais pour moi, bien évidemment. Je n'avais pas vraiment envie que Vaïlou se jette sur moi (elle était très impulsive).
– Il nous faut un plan, les interrompis-je. Ça ne servira à rien si on avance dans le noir.
– Et t'en as un, peut-être ?
Je fronçais les sourcils. Ces temps-ci, Vaïlou commençait vraiment à être désagréable. Elle remettait nos décisions en question, elle crachait pour montrer son mécontentement (au moins une fois par jour) mais elle ne parlait jamais. Elle ne nous aidait pas, Nazar et moi, pour trouver un moyen de faire partir le démon-loup.
– J'en ai marre, moi ! continua-t-elle. Dans une semaine, ton Daïkan va tuer Daylo ! Et celui qui le remplacera, c'est Goto ! Il est nul ! C'est le monstre qui tient les cartes ! On joue dans son jeu, tu n'as pas vu ? Non, peut-être que tu es aveugle parce que tu l'aimes ? J'ai vu comment tu le regardes !
Je rêve ou elle vient de dire que j'aime un monstre ? Bon, d'accord, normalement, c'est Noah, mais ça, elle ne le sait pas !
– Non mais ça va pas, dit ! grondai-je. Comment oses-tu dire que je peux être amoureuse d'un monstre qui aime tuer ?
– J'ose le dire parce que je t'ai vu le regarder comme un chien perdu !
– Tu l'a peut-être vu, mais tu as mal compris ! Je voulais des information, coûte que coûte ! La manière forte ne marche pas, alors j'ai essayé de lui faire pitié.
– Il a tué des centaines de loups ! Tu crois que tu va pouvoir lui faire pitié ? s'exclama-t-elle. Là, c'est toi qui me fait pitié.
– Qui ne tente rien n'a rien, comme on dit. Maintenant, tu sais que je ne l'ai pas regardé comme ça parce que je l'aimais mais parce que je voulais des informations. La prochaine fois, réfléchis un peu avant d'accuser !
Je soufflai bruyamment par le museau pour lui signifier que j'en avais ras-le-bol et leur tournai le dos. Je partis m'asseoir au bord du lac. Je ne comprenais rien à rien. Vaïlou en avait après nous, nous accusait pour un oui ou pour un non ; maintenant que Daïkan avait fait « apparition, disparition », nous étions tous les trois très tendus, au point de ne presque plus dormir la nuit, de peur de le voir surgir n'importe où ; et ce triskèle... j'avais l'impression qu'il nous narguait, qu'il disait : « Vous ne me trouverait jamais ! »
Nazar s'approcha de moi, clopinant sur ses trois pattes valides. Il était tellement silencieux que j'oubliai toujours qu'il était handicapé.
Il se trempa sa patte tordu dans le lac. Je me rappelai très bien la fois où j'avais mis les pattes dans l'eau pour voir la profondeur, et où j'avais aperçu pour la première fois le triskèle.
– Mais, c'est ça ! m'exclamai-je en comprenant.
– Hein, quoi ? dit Nazar en relevant la tête vers moi, surpris.
Sans prêter attention au loup gris, je m'approchai de l'eau. Je n'avais pas du tout envie de toucher ce liquide, mais il fallait bien que je me prouve que ce n'était pas pour rien que le triskèle était apparu après ma chute dans l'étang. Je mis donc juste le bout de la patte dans l'eau. Je frissonnai, mais je n'y pensai pas. J'évitais aussi de penser à cette eau qui avait failli m'engloutir...
Je clignais plusieurs fois des yeux et me concentrais sur l'endroit où devrait réapparaître le triskèle. Sauf que les minutes passaient, et toujours aucun signe du fameux symbole. Je retirai ma patte en la secouant et me mis à faire les cents pas en expliquant à mes amis :
– La première fois que j'ai vu le symbole, c'était après ma chute dans cet étang. Mais ça ne marche plus.
J'étais déçu. Moi qui avais enfin crut voir un mystère de moins ! C'était raté. Je me rassis, baissant la tête. Je ne comprenait pas. J'avais glissé dans l'eau, c'est tout !
– Et si..., commença Vaïlou. Non, ce serait impossible
– Et si quoi ? On en n'est plus à une hypothèse de plus, qui est sûrement la bienvenue.
– Mais c'est impossible ! C'est de la pure magie.
– Et de nous voire transformer en animal, c'est pas de la magie peut-être ? rétorquai-je, sarcastique.
– Très bien, céda Vaïlou. Quand tu es tomber dans l'eau, pour ressortir, tu as eu besoin d'un objet, de quelque chose de dur. Est–ce tu ne te...
– Mais oui ! l'interrompis-je.
Je venais de me rappeler.
– Je m'étais coupée avec une pierre en voulant sortir ! Ce serai donc mon sang qui ferait apparaître le symbole ?
– Peut-être.
Je n'avais pas très envie de me couper, mais s'il fallait, je le ferais. La louve noir ramena une pierre pointue entre ses mâchoire et la lâcha devant moi. Pour une fois qu'elle était plus sympa. C'est sûrement parce qu'on va bientôt percer un mystère ! Cette pensée me donna le courage d'appuyer ma patte sur la pierre. Je faillis l'enlever en sentant la piqûre, mais je ne bougea pas. Lorsque que je sentis comme une brûlure au niveau de mon coussinet, je retirais ma patte et la plaçai au dessus de l'étang pour que les goutte de sang tombent dans l'eau. Sous nos yeux ébahis, mon sang pris la forme du triskèle avant de couler, puis de disparaître. Mais au moment où mon sang s'est dissipé, le vrai triskèle est apparu, brillant, tout au fond.
– Oh !... s'extasia Nazar. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi beau !
N'hésitant plus une seconde, Vaïlou sauta dans l'eau, nous éclaboussant. Je posais ma patte blessée et la frottai sur l'herbe, un peu plus loin. Le louve trempée remonta quelques secondes plus tard.
– Herrya, tu dois venir voir. C'est très important, expliqua-t-elle.
Je secouai la tête.
– Non, merci, je vais rester ici, déclinai-je.
– Quoi, pourquoi ?
Elle sortit de l'eau pour venir m'examiner.
– C'est ton sang qui a fait apparaître ça, et il y a quelque chose que tu dois voir par toi-même.
Je baissai la tête. Est-ce que je pouvais leur dire que j'avais peur de l'eau ?
– Quoi, tu as peur de l'eau ?
Je relevai la tête vers Nazar en faisant les gros yeux. Comment avait-il su ? Bon... c'est vrai que je n'avais pas non plus essayé de la cacher...
– Ça se voit, tu sais, quand quelqu'un a peur, ajouta-t-il. Alors c'est ça ? L'eau est ta phobie ?
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