Chapitre XVI - Cocon
Où suis-je ?
Cette question était née dans l'esprit de Jungkook au lever du jour, quand les premiers rayons du soleil lui avait permis de voir les couleurs qui peignaient les murs à l'entour.
Poudrées et pastel. Du rose, du blanc, du gris. Agréables. Bien loin du camaïeu de beige qui ornait communément les chambres du Motel, et auquel Jungkook avait fini par s'habituer au fil des nuits.
En s'appercevant de ces tendres nuances, le brun avait donc compris qu'il n'était pas dans une de ces piaules sans âme et où il damnait la sienne.
Après avoir frotté une de ses paupière à l'aide de sa paume, l'avocat se redressa sur un coude, désireux de s'imprégner au mieux de son nouvel environnement.
Son regard n'eut pas le temps de se balader bien longtemps puisqu'il s'arrêta net en remarquant un cadre posé sur le table de chevet à sa gauche. Ses yeux devinrent ronds en détaillant la photographie. Il y avait une femme, au visage aussi radieux que celui des deux petits garçons qu'elle serrait fort contre elle.
L'un des enfant, le plus âgé des deux, Jungkook le reconnut aisément, de par ses lèvres pleines et ses joues bien rebondies, bien plus rebondies qu'elles ne l'étaient aujourd'hui...
Jimin.
Il avait les cheveux de jais, tout comme son cadet, et ils étaient tout deux le portrait craché de la jolie brune au centre ; leur mère. Les trois figurants, dont l'identité n'était dorénavant plus un secret pour l'avocat, arboraient un fin sourire éclatant. Leurs yeux étaient ainsi à peine visible, contrairement à leur bonheur.
Les lèvres de l'avocat se courbèrent discrètement, attendri par cette image qui était à n'en pas douter un merveilleux souvenir.
C'était vraiment une belle photo, une de celle où les émotions semblent avoir le pouvoir de s'en échapper.
Puis, le rictus léger de Jungkook disparut finalement quand il se remémora le sort de cette famille.
Quoi qu'il en était, ce portait familial avait tout de même sut répondre à la question du veuf. Il savait où il se trouvait dorénavant. Et si quand bien même la photo n'aurait pas suffit à Jungkook pour le lui faire deviner, un dernier détail aurait eu raison de son ignorance.
Cette odeur, de poudre et de fleurs, elle était partout. Celle de Jimin.
Jungkook jeta alors un coup d'œil à son beau de nuit toujours endormi derrière lui, comme si la raison de sa venue ici allait être inscrite sur le jolie front du blondinet...
Finalement décidé à se lever sans savoir, Jungkook agrippa lentement la couverture tout juste tiédie par les deux corps chauds qui y étaient emmitouflés. Quand il s'en découvrit, il prit soin de laisser le blondinet convenablement bordé.
Après avoir glissé ses jambes hors du lit, les pieds nus du brun atterirent sur un tapis molletonné, d'un rose très claire, presque blanc. Ses orteils jouèrent inconsciemment avec ce touché réconfortant.
Tout était rassurant ici, d'un certaine façon. Jungkook ne sut le nier. Cette chambre était chaleureuse. Le veuf ne s'y sentait pas mal, bien au contraire. Mais il en restait néanmoins mal à l'aise d'être chez son régulier.
D'un pas lent, Jungkook explora maladroitement l'habitat de son beau de nuit, les yeux encore plissés par son mauvais sommeil.
Dans un coin de la pièce se trouvait un petit bureau bourré de livre. A l'opposé, une coiffeuse ensevelie de produit de beauté tandis que le rebord de la fenêtre était garni de plante verte savamment entretenue.
Au premier regard, cette chambre n'avait aucun drame à déclarer.
L'avocat s'étira de tout son long avant d'aviser ses affaires personnelles posées sur la chaise du bureau. Il s'y dirigea alors.
Il lui fallait une cigarette.
Il s'empara donc du paquet ainsi que de son téléphone qui était posé au dessus.
- Merde, chuchota le brun, les yeux rivés sur son portable.
Son visage soucieux n'était éclairé que par la lumière de l'écran, mélangé aux lueurs de l'aube.
Ce fut en dépit de beaucoup de chose que Jungkook lut finalement le message qu'il avait reçu et qui venait de le faire jurer à voix haute.
Bogum : Tu pourrais répondre au moins... Est-ce que tu vas bien ? La mère de Tae aimerait te voir, elle espère que tu seras là... Je ne sais pas quoi lui dire. Qu'est-ce que je suis censé lui dire, Kook ? Dis le moi... s'il te plaît.
Jungkook étouffa un soupire, ne souhaitant pas déranger le sommeil du blondinet, alors qu'il avait déjà verrouillé son téléphone à la hâte.
Devait-il aller au cimetière ?
Il reposa son portable puis se dirigea vers la fenêtre afin d'y savourer son petit déjeuner.
Il lui fallait vraiment une cigarette.
Une fois la vitre ouverte, il ferma les yeux, et laissa la brise balayer son visage, sa tige de tabac aux bords des lèvres.
L'avocat n'avait pas revu la mère de son époux depuis l'enterrement, ni Bogum d'ailleurs. À vrai dire, il n'avait revu personne, donné des nouvelles vaguement, jusqu'à finir par s'isoler complètement.
Débraillé, le veuf tenta de sortir de ses pensées en contemplant le calme extérieur. Sa fumée s'envolait vers le ciel de plus en plus clair, là où les étoiles avaient cessées de briller.
Ce fut finalement sans même finir sa cigarette que Jungkook la jeta. Trop de pensées l'incombaient pour qu'il ne puisse savourer le silence du matin duquel il n'était de toute façon plus coutumier.
Il referma ensuite la fenêtre avant d'offrir un second coup d'œil plus concerné à la chambre de Jimin.
Parmis les œuvres qui étaient empilés sur le bureau, certain titre avait interpellé l'avocat. Alors que la plupart des ouvrages avaient pour thème la romance, d'autres parlaient de psychologie, de prostitution, de tumeur cérébrale. Un panel aussi éclectique que dérangeant.
Sur le meuble à coiffer, les fonds de teints étaient sales, débouchés, éventrés. Quant au miroir ovale, des mots semblaient y avoir été inscrits puis durement effacés, laissant ainsi des traces grasses de maquillage largement visibles.
L'armoire, quant à elle, débordait de vêtement bon marché, noir et blanc pour la plupart, de mauvaise qualité dans l'ensemble.
Oui, au premier coup d'œil cette chambre n'avait eu aucun drame à déclarer. Elle était juste pure, comme pouvait l'être celle d'un enfant. Mais au second, elle était finalement le reflet d'un garçon qui avait du apprendre à grandir trop vite.
Jungkook se detesta soudain, pour en quelque sorte participer à cela. Au mal être de son beau de nuit.
Comme pour s'occuper, alors qu'il était tourmenté par ses actions et par la décision que le message de Bogum lui imposait de prendre, ses doigts se mirent à parcourir les ouvrages présents devant lui.
Jungkook frôla la tranche des livres, un à un, se distrayant des différentes textures qui passaient sous la pulpe de son doigt. Jusqu'à ce que son mouvement s'arrête subitement, une fois son attention inconsciemment sollicitée.
Coincé entre Le petit prince et Geisha, un morceau de papier dépassait allègrement. L'avocat le pinça alors entre son pouce et son index puis tira dessus pour le libérer. Très vite, ses yeux se mirent à lire les écritures manuscrites qui s'y trouvait.
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Dans la rue, un cœur fendu errait, cherchant à acheter ce qui ne devrait jamais se marchander.
๑๑
Sur le trottoir d'en face, un être perdu se vendait, alors qu'il aurait pourtant voulu s'offrir à une âme capable de l'aimer.
P. Jm
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Le papier toujours entre ses doigts, Jungkook ne put se retenir de relire.
Au delà des tâches humides, semblable à des larmes qui semblaient s'être écrasées sur le papier, chaque mot irradiait de douleur.
Le genre de douleur qui vous coupe du monde, qui vous pousse à vous écrire à vous même tout en sachant que personne ne vous lira.
Mais voilà, Jungkook était là.
Et il l'avait lu.
Il avait lu cette douleur qu'on est persuadé être le seul à ressentir, jusqu'à ce que l'on rencontre quelqu'un qui la partage...
- J'ai toujours voulu avoir du talent et m'en servir, entendit Jungkook derrière lui.
L'avocat se retourna alors, la mine coupable, avant de dévisager Jimin qui lui avait les yeux rivés sur le papier lui appartenant.
- Pouvoir en vivre, ce genre de chose, poursuivit le blondinet en riant presque. Mais la vie est très forte pour réduire à néant vos idées préconçues.
Le beau de nuit releva ensuite le regard vers son client qui lui tendit alors son recueil de maux.
- Désolé, s'excusa immédiatement l'avocat alors que la feuille changeait de main. Je ne voulais pas... fouiller, dans tes affaires, s'expliqua-t-il en se rendant seulement compte de ce qu'il venait de faire.
Les lèvres généreuses du plus jeune s'étirèrent.
- Si j'avais peur que tu vois ça, je ne t'aurais pas emmené ici.
Sous le regard circonspect de Jungkook, le blondinet rangea sa feuille.
- Personne n'entre dans ma chambre habituellement, se confessa Jimin en remettant sa pile de livre en ordre. C'est mon cocon. Mon p'tit coin à moi.
Les épaules du blondinet se haussèrent légèrement à ses propres mots. Quand il refit face à son client, ce dernier laissa déborder sa soudaine culpabilité.
- Si tu t'es senti obligé de m'amener ici à cause mon état, alors je.. -
Jimin pouffa tendrement.
- Ce n'est pas le cas, rassure toi. Si je t'ai fait venir ici, c'est parce que... je ne sais pas. J'avais peut être juste envie que tu vois, ça, s'expliqua le blondinet en écartant les bras devant son client.
Perdu, Jungkook ne sut où regarder. Il se mit à observer tout et rien à la fois.
- Que je vois quoi ? Chercha-t-il à comprendre.
Les yeux bruns de Jimin de mirent à briller d'une étrange lueur.
- Moi.
Les lèvres de l'avocat formèrent immédiatement un petit o. Jimin baissa les bras tout en gloussant de voir cette expression sur le visage de son client.
Il piqua ensuite une cigarette au brun, avec son accord, avant de partir se poster à la fenêtre.
Le vent frais soulevait les voilages laiteux ainsi que quelques mèches de cheveux dorées.
Tandis que le blondinet avait commencé à fumer de manière bien silencieuse, Jungkook resta en retrait un moment.
Il observait Jimin.
Il tachait de le voir. De le voir vraiment.
Mais certaine chose reste invisible, même à la lumière du jour.
Jungkook voyait le sourire bien pâle qu'arborait son beau de buit, mais il était loin d'en deviner le cause.
La cause étant Tae ; un prénom que Jungkook n'avait cessé de pleurer cette nuit là, et que Jimin n'avait pu qu'entendre...
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Hello ! Désolé pour l'attente :3 surtout pour un chapitre où il ne se passe finalement pas grand chose. Promis, les choses bougent bientôt :))
Et, sinon, vous avez reconnu le texte de Jimin ? :P
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