- J'espérais que tu reviendrais.

Jimin avait bien fait d'espérer, d'y croire. Il ne s'était pas forcé à le faire. Il était comme ça, un peu rêveur, c'était dans sa nature. Oui, Jimin rêvait beaucoup. De jours meilleurs, bien souvent, sans en avoir une définition précise en tête pourtant.

Jimin rêvait d'amour aussi, a défaut d'en avoir dans sa vie. Il en avait vécu les prequels mais il s'était arrêté aux prémices. C'était avec la jumelle de cupidon, le frangine de la passion, l'usurpatrice de l'amour, qu'il partageait sa vie. Le désir.

Une soeur dangereuse qui savait user et abuser d'artifice pour se faire passer pour ce qu'elle n'était pas. Faisant croire que du désir à l'amour il n'y avait qu'un pas.

Mais c'était un labyrinthe tout entier à franchir, un labyrinthe pièce par pièce à détruire, pour les faire se rencontrer et, peut-être, coïncider. Un labyrinthe où le risque de ce perdre est grand, quand le désir prend une fausse identité, celle de ce fameux grand A, aussi beau que terrifiant.

Le beau de nuit entra dans la chambre louée par son client ténébreux. Une heure avait-dit le brun au réceptionniste. Et Jimin espérait bien que chaques minutes payées, il puisse les passer à ses côtés, desireux de se donner, de prendre son temps. Tout le temps qui lui était donné de prendre.

Ils allaient faire l'amour. Une expression bien trompeuse. Jimin en était conscient. L'amour ne se fait pas, il se vit. Il ne se fabrique pas comme une solution chimique, il ne se créer pas à l'aide de formule magique. Il naît, prend vie, tout simplement. Tout simplement, mais de la plus complexe des façon, celle à vous en faire perdre la raison.

Jimin était rêveur oui. Peut être un peu trop. Certain dirait pas assez. Mais il était amoureux de l'amour, de cet étrange étranger qu'il rêvait néanmoins de rencontrer. C'était tout le problème avec les rêves, souvent bien plus beaux quand ils restent irréel. Quand ils sont fantasmés. Pas encore consommés. Abstraits. Indolores puisque infondés.

Le client de Jimin était plus ivre que la nuit passée. Son aura était elle aussi plus prononcée, plus noir. Mais le beau de nuit n'avait pas peur de Jungkook. Il avait connu pire, subi bien davantage qu'un homme malheureux au lever de coude généreux. Tellement pire, presque épouvantable, plus mal que le mal.

Mais Jimin ne s'en formalisait pas, il s'en était relevé. Chaque fois. Les risques du metier se disait-il pour relativiser, pour ne pas se dévitaliser. Il était comme ça, rêveur et optimiste. Il avait peut-être l'apparence chétif et le cœur d'artichaut, mais il était fort et robuste, capable d'endurer et de subir sans s'écrouler. Il n'avait donc pas peur de son client, non, il était intrigué. Presque mordu.

Jungkook avait ce quelque chose dans les yeux, dans l'attitude, qui ne le laissait pas indifférent. On aurait pu croire que c'était le mystère qui planait autour du brun qui le rendait terriblement attirant, mais pas pour Jimin. Le secret de son image, ce n'était pas ça qui le rendait particulier. Sa gueule d'ange semblant sortir tout droit des enfers en une longue et périlleuse traversée, c'était ça, ce truc en plus, qui le boulversait, littéralement. Ce que le blond ignorait c'était que Jungkook était toujours dedans. Il n'en était jamais sortit, de ce brasier ardent.

Jungkook avait l'air abîmé, et d'une étrange façon cela ne le rendait pas moins beau. Il en était presque magnétique. Oui, c'était ça. Jimin était charmé, envoûté, quasiment ensorcelé par le noir de ses yeux qui n'en restaient pas moins étincelant.

Jimin prit place sur le lit, prenant soin d'emmener le brun avec lui par la main cette fois ci. Il sentit un anneau froid autour du doigt de son client, un froid qui se rependit dans sa poitrine, un froid douleureux bien qu'imperceptible. Mais Jimin se reprit bien vite. Il était professionnel. C'était de la chaleur qu'était venu acheter son client, il n'avait pas le droit de se glacer au simple touché de cet objet. Cette alliance.

Jungkook se pencha révérencieusement sur le corps du plus jeune, laissant mourir son souffle liquoreux sur sa nuque. Jimin sentit son client humer son odeur, et le blond aima ça, que le brun s'imprègne de lui. Il en profita pour en faire de même, laissant les cheveux ébène de son amant lui chatouiller le nez. Jungkook sentait le whisky tourbé, l'odeur des embruns salés, celle d'une clémentine à peine pelée, d'un feu de bois parsemé de tabac, d'une bougie d'hiver...

Un mélange viril et sexué. Unique. Addictif.

C'était plaisant. Nombreuses étaient les fois où Jimin c'était confondu en odeur. Ils suffisaient qu'une effluve connu lui parviennent pour qu'il plonge des jours, des mois, voir des années en arrière. Il se faisait submerger par une vague de souvenirs et il associait malgré lui les défauts et vertu d'une personne qu'il avait déjà connu à une qu'il n'avait jamais vu. Son côté rêveur prenait souvent le dessus. Il le laissait prendre le dessus.

Et croyez le, il vallait parfois mieux rêver dans ce milieu.

Son client était a demi avachi sur lui, le lit en ayant vu d'autre grinçant déjà. La nuque de Jimin était humide, sans qu'il ai sentit les lèvres du brun si déposer pourtant. Il devina alors les larmes de son amant, coulant de sa joue jusqu'à la peau de son cou.

Pourquoi pleure-tu ?

Ce n'était pas tant qu'il voulait connaître la réponse, Jimin souhaitait juste qu'il ne le fasse plus. Qu'est ce qu'un homme de son acabit avait-il bien pu perdre pour être dans ce lit avec lui ? Son chemin, fut la seule réponse que Jimin trouva à ce donner.

Il n'y avait pas d'autre explication pour lui. Jungkook était beau et déjà pris, en témoignait l'or autour de son doigt. Alors oui il devait être perdu, Jimin s'en rassura et il en fut ravi. Ravi qu'il se perde jusqu'à lui. Qu'il s'égare dans ses bras.

Oui Jimin était comme ça. Optimiste et rêveur. Peut-être un peu trop, certain dirait pas assez. Mais quoi qu'il en était, il avait bien fait d'espérer.