le début
C'est assez... étrange, ce genre de moment. Il est difficile de penser correctement, d'agir normalement, de se tenir de la bonne manière, lors d'une telle annonce.
Elle rentrait dans la maison, tremblante, et se dirigea au fond du couloir. Commençait à vider son sac, installer ses quelques affaires.
Dans le couloir raisonnait d'un coup la sonnerie du téléphone fixe de ses grands parents. Une sonnerie. Une deuxième. Trois, quatre... elle ne bougeait plus.
Le peu d'espoir qui lui restait venait de s'échapper, et elle entendit son grand-père décrocher et répondre à l'appel, la voix sèche.
Des pleurs. Des cris. L'envie de vomir, de disparaître.
Perde sa maman à 15 ans.
Chaque minute, chaque seconde de vie après ce coup de téléphone donnait l'impression de tomber au fond d'un gouffre, d'essayer de respirer sous l'eau, les oreilles qui se bouchent sous la pression, les yeux qui brûlent...
Chaque vision est inoubliable et encrée sur sa rétine, comme pour lui rappeler ce souvenir toute sa vie.
Aller la voir, à l'hôpital.
Devoir subir les regards de pitié de sa famille.
Écouter leurs paroles quand ils essaient de la rassurer.
Fixer son corps immobile, glacé, figé et exposé à eux.
Sur ce même lit où le matin même elle lui embrassait la joue, lui disant à ce soir. Ce matin où en sortant de la pièce, lui jetant un dernier regard, le sentiment de dernière fois s'engouffrait en elle.
Sa vue brouillée, pas un mot sortant de sa bouche, aucune émotion apparente, sentant tout se déchirer à l'intérieur d'elle. Chaque morceau de peau, chaque os, chaque organe semblait brûler de l'intérieur.
Sa famille lui demandait de l'aider à choisir ses habits, pour la présenter une dernière fois à des amis, de la famille, avant l'enterrement.
"Je m'en fous, dit-elle, ses cernes marquant sa nuit. Ça m'est égal"
Des fleurs. Des fleurs partout, de la part de la police qui soutient son papa. De la part de la famille. Des amis. Peu importe, des fleurs partout dans la pièce. Pièce froide, sombre. L'odeur des si nombreux bouquets de fleurs cacherait presque l'odeur du corps.
Ils l'avaient bien présenté, ces gens qui s'occupent de la morgue, pensait-elle. Elle essayait d'oublier le fait qu'elle était dans un cercueil, et imagina qu'elle dormait paisiblement. Elle était maquillée, avait l'air de sourire. Ses mains entremêlant leurs doigts, posées sur son ventre, sagement.
Ça a duré trois jours. Elle a pu voir bien évidemment sa famille. Des amis d'enfance. Des amies du collège. C'était dur, de se présenter devant eux. Elle n'osait pas pleurer.
Chaque jour de visite était dur, en fait.
Chaque jour, elle refusait de l'embrasser une dernière fois.
Le jour de fermeture du cercueil, par contre, elle s'y obligea. Se dirigea vers elle, les genoux tremblants. Posa sa main sur l'une des siennes, se pencha et lui embrassa la joue. Son corps était froid, solide comme glace.
Peu importe les gens autour d'elle qui lui disaient qu'ils étaient là pour elle. Peu importe la douleur physique.
Peu importe la pluie, ou le soleil qui brûlait ses yeux.
Peu importe la rentrée scolaire dans une semaine, peu importe les notes, le bac, la vie sociale.
Pour elle, en fixant le cercueil se faire glisser dans la tombe, en serrant son cousin dans ses bras, en regardant la rose rouge quitter sa main et se poser tranquillement sur le cercueil au fond du trou, plus rien de comptait.
Respirer, pleurer, marcher, manger, voir autour d'elle, peu importe. Rien de s'arrangera. Rien n'ira. Tout ce qu'elle voulait, c'était sa maman. Tout ce que Mel voulait à cet instant, c'était de rejoindre sa mère, au fond de ce trou, à jamais. Être en paix.
Elle n'avait plus besoin de vivre.
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....voilà. ça sera une histoire sur ça. Sur Mel. Sur comment elle a vécu après ça. Je sais vraiment pas qui va vouloir lire ça, où si même c'est intéressant à lire. J'espère que j'arrive retransmettre certaines émotions. Si vous lisez, dîtes moi au moins ce que vous en pensez... merci ♡
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