Chapitre 20
Kakashi regardait le combat qui se déroulait en-dessous de lui du haut d'un arbre à l'épais feuillage, le cachant des yeux des habitants. Les deux enfants se battaient férocement, de leur force juvénile, sans laisser le moindre répit à leur adversaire, voulant la victoire à tout prix. Les coups de pieds et poings pleuvaient, leurs lèvres retroussées et leurs sourcils froncés sous la rage de vaincre.
- C'est moi qui vais gagner cette fois !
- Dans tes rêves !
Une silhouette sauta près de lui et vint le rejoindre sur sa branche, tandis qu'il observait la scène qui se déroulait dans la cour de l'Académie.
- Du nouveau ? demanda le Jônin gris de vingt-deux ans.
- Minato Senseï parlemente avec l'assemblée des Uchiha. Itachi les accompagne et Shisui m'a dit que Hiruzen-sama et les conseillers sont également présents.
- Huuu... soupira Kakashi. Je pensais pourtant qu'il avait décidé de ne pas les mêler à cela.
- Tu sais bien qu'il a fait le plus gros du travail sans eux et qu'ils ne sont pas au courant pour Madara. La réunion a uniquement pour but de signer un compromis pour la réhabilitation de mon clan.
- Je sais. J'espère que cela se fera sans trop de difficultés... Sinon, nous sommes bons pour la guerre civile.
- Ouais, maugréa Obito.
Ils fixèrent leur regard sur le duo qui se battait et le brun esquissa un petit sourire triste.
- Et ces deux-là seront obligés de se quitter...
- Ils ne pourront se résoudre à prendre partis.
- Ce n'est pas le problème. Ils seront forcément séparés. Sasuke ne comprendra pas ce qu'il se passera mais quand il verra que le village s'en prend aux siens, il cherchera forcément à aider son clan et à protéger sa famille, même si Naruto se dresse contre lui...
- ... ça ne se passera pas ainsi...
- Comment peux-tu en être certain ?
- ... je le sais, c'est tout. Ça ira, tout va s'arranger... Minato Senseï est là...
Obito sourit légèrement, touché par le dévouement presque enfantin de son ami pour le Yondaïme. Mais en réalité, la nature de sa réaction était tout autre. Il ne savait pas ce qui s'était passé dans le futur concernant l'affaire Uchiha, mais il savait que Sasuke était parti du village pour se venger d'une personne importante à ses yeux. Il ne savait pas qui pouvait bien être cette personne, ni ce qu'elle avait pu accomplir pour qu'il ait des envies de meurtre dès son plus jeune âge, mais une chose était certaine. Le blond n'avait pas été présent lors de cette affaire, en raison de son décès, il n'avait pu essayer de gérer la situation. Sandaïme-sama était certes puissant et sage, il n'en était pas moins influencé par les conseillers dans l'exécution de sa politique... et connaissant leurs méthodes et leur mode de pensées, il se doutait fortement que la solution qui avait été trouvée n'avait pas été un compromis à l'amiable.
- Je sais qu'il trouvera une solution. Forcément...
Un cri enfantin les sortit de leur discussion et ils reportèrent leur attention sur les enfants.
- Gagné ! Je t'ai battu Sasuke ! Regarde Sakura-chan ! s'écria le petit blond, tout heureux de sa victoire.
Le frère d'Itachi grommela en essuyant d'un revers de la main les gouttelettes pourpres qui perlaient au coin de sa lèvre inférieure.
- Ce n'est pas la peine de te vanter !
Naruto se retourna et le fixa perplexe avant d'esquisser un large sourire.
- Je ne me vante pas. Je sais que tu es fort Sasuke ! Tu es le plus fort pour moi ! Et un jour, lorsque je serai Hokage, tu seras mon bras droit, dattebayo !
Le brun écarquilla légèrement les yeux de stupeur avant de détourner le regard. Finalement, un minuscule sourire apparut aux coins de ses lèvres, tandis que ses joues se teintaient d'une légère ombre rosée, dont seuls Naruto, Kakashi et Obito s'en aperçurent.
- Urusaï, Usuratonkachi, murmura-t-il en prenant la main de son ami blond.
Il bouda encore un peu, malgré l'étrange effet positif qu'avait eu sur lui les paroles de son meilleur ami. Naruto était le fils du Yondaïme. Il pouvait à tout moment faire ses yeux de renard battu à ce-dernier pour que son père cède à toutes ses requêtes, il avait la côte avec les filles malgré son caractère un peu fou, bien que lui aussi en face les frais à son plus grand regret, il était très apprécié par Itachi nii-san et Shisui, ainsi que par Obito et Kakashi, et il avait tout un tas de défauts qui l'horripilaient, mais il ne pouvait s'empêcher d'être proche de lui. Oui... il avait peut-être du mal à l'avouer oralement, par fierté mal placée caractéristique de son clan, mais Naruto était vraiment son meilleur ami. Le seul capable de le considérer comme ce qu'il était. Sasuke, juste Sasuke. Pas le fils de Fugaku Uchiha, le petit frère d'Itachi, l'Uchiha, le beau brun ténébreux ou le second, le reclus, le cadet. Seul Naruto le voyait tel qu'il était réellement. Alors ces quelques paroles qu'il lui avait prononcées après leur combat n'étaient pas simplement des mots de réconfort, ni des mots de gentillesse. C'était bien plus que ça. Il le considérait comme son égal, comme un shinobi fort et capable de le devenir encore plus. Ils avaient beau être âgés seulement de huit ans, n'être même pas des ninjas confirmés, ces mots avaient leur importance dans son cœur, et c'était tout ce qui comptait, car Naruto était comme lui. Ce n'était pas le fils du Yondaïme, le démon comme certains opposants au Yondaïme l'appelaient, sans qu'il ne comprenne d'ailleurs véritablement pourquoi, ou encore le garçon turbulent selon leur précédent professeur avant Iruka Senseï. Non, il s'agissait de Naruto, juste Naruto. Naruto et Sasuke.
Il poussa un petit soupir en croisant les bras, avant de faire une petite moue qu'il réservait habituellement à son frère quand il boudait.
- Eh bien... Je suppose que je serai obligé de surveiller tes arrières. Baka comme tu es, tu risquerais de pouvoir te faire attaquer à tout instant.
- Sasuke ! murmura Naruto, ému.
Il lui enroula un bras autour de son cou et esquissa un sourire éclatant dont il avait le secret.
- On serra les plus forts Sasuke et on le sera même plus encore que Kakashi nii-chan, Obito-nii-chan, et Itachi nii-chan ! On sera la prochaine génération du duo aux Sharingans !
- Tu n'as pas de Sharingan, dobe, souffla le brun.
- Euh. AH ! Je n'ai pas de Sharingan !
Sasuke soupira à nouveau en secouant la tête, toujours aussi étonné du manque flagrant de clairvoyance dont pouvait parfois faire preuve le blond.
- Le combat est terminé, annonça Iruka en finissant de noter ses deux jeunes élèves. Sasuke, Naruto, félicitations. C'était un beau combat.
- Arigatou Iruka Senseï !
- Hn...
Comme à la fin de chaque combat, Naruto et Sasuke tendirent leur index et leur majeur en un signe de réconciliation, affichant un air déterminé et complice sur le visage. L'un avait perdu, mais ce ne serait que partie remise, comme à chaque fois. Des dizaines de cris féminins s'élevèrent dans les rangs des enfants.
- SASUKEEEE-KUUUUUNNN ! NARUTOOOOO-KUUUUNN ! s'écrièrent les petites.
L'Uchiha perdit son petit sourire pour arborer à nouveau son air suffisant et méprisant pour s'éloigner le plus possible de ses groupies et les faire taire, ce qui eut l'effet inverse et l'agaça doublement. Il partit s'asseoir sous un arbre en fusillant le groupe d'élèves du regard. Naruto riait à gorge déployée autour des autres enfants qui voyaient en lui le fils du héros.
Sasuke souffla, irrité, en reportant son regard sur les hauteurs des branches et s'aperçut de la présence de Kakashi et d'Obito. Il se releva et sauta les rejoindre sans que son instituteur ne s'en aperçoive.
- Nice Fight Sasuke, lança Kakashi en levant son pouce en l'air.
- Hn.
- Allez, ne fais pas cette tête, tu le battras la prochaine fois comme toujours, ajouta Obito en lui faisant un clin d'œil.
Le petit brun leur rendit un petit sourire avant de hausser un sourcil.
- Dîtes, que faisiez-vous là au juste ?
- On observait un peu comment vous vous débrouillez tous les deux. Après tout, peut-être que je serai votre Senseï un jour.
- Hn, souffla-t-il en souriant avec témérité. Et je suppose que tu vas nous mener la vie dure ?
- Exactement, acquiesça l'argenté avec un sourire sous son masque.
- Etudier les faiblesses de l'ennemi pour pouvoir mieux contre-attaquer ensuite... Logique. Itachi nii-san m'a promis de m'entrainer après les cours, tu ne pourras te procurer de nouvelles informations, le nargua-t-il.
- Qui sait ?
- Sasuke ! héla Iruka. On rentre en classe !
Le concerné se retourna pour fixer son Senseï et fit un signe de la main aux grands frères de cœur de son meilleur ami avant de les quitter pour rejoindre son groupe.
- Où est-ce que tu étais passé, 'ttebayo ? demanda Naruto en le réprimandant légèrement.
- Ça te concerne pas, Usuratonkachi ! grommela-t-il de sa petite voix enfantine.
- Beuh ! rétorqua Naruto en lui tirant la langue, chose que Sasuke imita immédiatement. T'façon, c'est moi qui suis resté avec Sakura-chan. Elle était là pour moi tout seul, le nargua-t-il.
Le brun plissa les yeux avant de détourner le regard. Il se fichait pas mal de ces filles qui leur tournaient autour pour toutes les raisons qu'elles s'étaient inventées, mais cela l'agaçait réellement de voir que Naruto en tenait compte et accordait des minutes d'attention à ses admiratrices au lieu de les passer avec lui. Il n'était pas jaloux. Un Uchiha ne se rabaissait pas à ça. Il ne comprenait pas pourquoi le blond préférait perdre son temps à de telles futilités envahissantes et insupportables au lieu de les passer à s'entrainer et jouer avec lui.
- Sasuke-kun ! s'écria une petite voix.
L'interpella leva les yeux au ciel en soupirant intérieurement et fit mine de n'avoir rien entendu, mais Naruto s'arrêta en ayant reconnu la voix de l'interlocutrice. Le petit brun se retourna finalement et posa sur elle un regard suffisant.
- Sakura, dit-il d'une voix hautaine.
- Je voulais te féliciter pour tout à l'heure, lui dit-elle en rougissant.
- Sakura-chan, c'est quand même moi qui ai gagné, 'ttebayo !
- Oui, mais ce n'est pas à toi que je voulais parler, baka Naruto, gronda-t-elle d'une moue agacée. Tu as gagné parce que tu as profité d'un moment d'inattention de Sasuke-kun.
Sasuke plissa les yeux et pointa un doigt vers la petite fille de huit ans.
- Oï. Si tu n'es pas capable de voir que Naruto a réussi à percer mes défenses sur sa simple stratégie, tu n'es pas digne de me parler. Une fille qui se prétend future shinobi doit être en mesure de savoir reconnaître une situation de faiblesse dont l'ennemi tire profit ou d'une faille dans la défense de l'adversaire. Travaille un peu plus ton observation des combats et à ce moment-là tu pourras te permettre d'émettre des critiques à notre égard.
- ... Sasuke-kun... dit-elle en haussant les sourcils de surprise.
- C'est rien Sasuke, c'est rien, tempéra Naruto avec un petit rire gêné. Sakura-chan voulait simplement être gentille avec toi, c'est tout... Gomen Sakura-chan.
- Hn. Elle pourra l'être quand elle nous traitera tous les deux de la même manière.
Il se détourna des deux autres et repartit rejoindre sa place, sous leur regard éberlué. Sasuke n'avait pas pour habitude de prendre la défense de quiconque, mais Naruto était son meilleur ami, son frère de cœur qu'il côtoyait depuis la naissance. Ils avaient créé un respect mutuel pour chacun et il ne permettrait pas qu'une personne le rabaisse ou nie ses compétences. Encore moins une petite idiote. Il savait que Sakura n'était pas méchante et qu'elle aimait bien Naruto malgré les apparences, mais elle était comme les autres, une groupie. Il la tolérait simplement parce que le blond en était secrètement amoureux, à son plus grand désespoir.
Iruka rentra à son tour dans la salle et chacun rejoignit son banc du petit amphithéâtre de la classe. Naruto s'assit à côté du brun et lui adressa un sourire pour qu'il arrête de faire la tête. Le brun ferma les yeux en chassant peu à peu son agacement et lui rendit à son tour un petit sourire qui enchanta le blond. Ça lui suffisait. Il ne voulait pas gâcher leur complicité pour des futilités. Seule leur amitié comptait.
Quelques heures plus tard, demeure des Namikaze
- 'To-chan ! 'Tooo-chaaaaan !
- Haï, haï, Naruto, qu'y a-t-il, répondit Minato en sortant de la cuisine, un plat à la main.
- Est-ce que Kakashi nii-chan, et Obito nii-chan vont venir ce soir, 'ttebayo ?
- Oui, ils ne vont plus tarder maintenant.
Le petit blond acquiesça, une lueur sournoise dans le regard. Le Yondaïme poussa un petit soupir amusé en secouant la tête et retourna à ses occupations. Qu'allait encore préparer son infatigable fils ? Il était heureux que ses deux anciens élèves puissent venir de temps en temps chez lui. L'ambiance sereine et insouciante des années précédentes lui manquaient. Kushina lui manquait. Terriblement. Il avait Naruto bien entendu et en était extrêmement heureux, mais il ne pourrait remplacer la présence de sa femme. Ses prunelles océans pleines de vie, pétillantes de malice et de bonté. Ses accès de colère, ses rires, ses baisers qu'elle lui donnait dans l'intimité de leur chambre. Sa présence lui manquait tant...
Son fils déboula à toute allure dans la cuisine et aspergea son père, armé d'une bombe à eau. Le père ne put l'éviter, plongé dans les souvenirs de sa femme et de l'ambiance de son appartement quand il avait recueilli Kakashi. Il se retrouva arrosé et son haut était trempé.
- Naruto ! le réprimanda-t-il en se retournant.
- Je vais les arroser avec ça ! Ils finiront tout mouillés aussi ! ricana-t-il.
- Non, arrête tes bêtises, Naruto. Tu n'es plus un enfant, tu vas sur tes neuf ans ! Range ça.
- Mais je m'en fiche d'avoir bientôt neuf ans ! Obito nii-chan m'a dit qu'il n'y avait pas d'âge pour s'amuser, et ça m'amuse, 'ttebayo !
- J'ai dit non Naruto ! gronda son père en adoptant un air sévère.
Le petit renard écarquilla les yeux de surprise et recula d'un pas. Une aura menaçante s'élevait peu à peu du corps de l'Hokage, accentuant son regard appuyé. Il recula à nouveau et trébucha pour finir par terre. Minato se pencha pour l'aider, mais son fils prit peur et partit à toute allure dans sa chambre qu'il ferma brutalement.
Le Namikaze fronça les sourcils d'incompréhension. Il n'avait jamais vu une telle expression chez son fils auparavant. Que lui avait-il pris ? Il n'avait pourtant pas mal agi, non ?
Il fut interrompu dans sa réflexion par des bruits à la porte. Kakashi et Obito franchirent le perron pour enlever leurs chaussures et entrer dans l'appartement.
- Konbawa Senseï ! s'exclama l'Uchiha, d'une mine enjouée.
- Yo Senseï !
- Konbawa Kakashi, Obito.
- Où est Naruto ? demanda Kakashi, en prenant place dans la salle à manger dans laquelle les attendait des plats chauds, suivit par les deux autres.
- Oh... Il boude dans sa chambre, soupira Minato en passant une main lasse dans ses cheveux.
Ses deux élèves arquèrent un sourcil.
- Ils voulaient vous arroser avec des bombes à eau qu'il a fabriqué cette après-midi avec Sasuke. Du coup je l'ai grondé et il est parti dans sa chambre.
- Ah oui, je vois, répondit Kakashi, soulagé d'échapper à ça, et de ne pas finir trempé.
- Quelles sont les nouvelles Senseï ? demanda Obito.
Il avait été nerveux tout l'après-midi pendant la réunion interminable qu'avait eu son clan avec l'Hokage et les conseillers, et n'attendait que le compte-rendu de cet événement, en espérant qu'aucun incident diplomatique serait à prévoir.
- Ça a été compliqué et long, très long.
- Senseï, ne me faites pas attendre s'il-vous-plait, implora le brun, gémissant presque sous le stress.
- Nous avons discuté pendant des heures du statut des Uchiha, des rumeurs qui circulaient dans le village au propos de ton clan et d'autres points administratifs un peu moins intéressant mais importants aux yeux de ton oncle.
- Et ? le pressa-t-il encore.
- Eh bien, heureusement que Fugaku et moi étions amis pendant notre enfance et que le Sandaïme n'est plus Hokage, malgré tout le respect que je lui dois et que j'éprouve envers lui, parce que les conseillers non cessés d'être insupportables et d'envenimer les choses.
- Et alors ? poursuivit-il, au bord de la crise de nerf, tandis que Kakashi lançait un regard compatissant à son ami brun.
- Ils n'ont cessé de rappeler oh combien le pouvoir de votre Dôjutsu pouvait être dangereux, de faire des insinuations douteuses quant à leur possible implication sur Kyûbi. J'ai dû reprendre leurs mots à chaque fois et les couper en gardant tout mon sang-froid possible pour ne pas les renvoyer de la réunion. J'ai réussi à rétablir la situation en démontrant qu'il n'était pas possible aujourd'hui qu'un Uchiha de notre génération puisse contrôler un démon à queue, encore moins le plus puissant des neufs, qu'il n'était par conséquent pas possible qu'ils soient mêlés à tout cela, et que leur innocence était évidente. Les conseillers ont donc accepté à contre-cœur en mettant ça sur la folie du démon-renard et sa haine invétérée pour les humains. Je leur ai dit que le sceau s'était brisé et c'est en apparaissant qu'il a tué la garde de Kushina pour finalement se diriger vers le village. Personne n'est au courant que Kyûbi a bien été manipulé avant qu'il ne soit libéré de son emprise hormis le Sandaïme. Puisque leur innocence a été prouvée, Fugaku a demandé des indemnités pour propos diffamatoires envers ton clan et des prérogatives plus importantes au sein du village, sinon...
- ... Sinon... ?
- Il déclenchera la guerre... termina-t-il.
Obito déglutit difficilement, sachant pertinemment à quel point son oncle pouvait être sincère, surtout dans l'exécution de ses menaces.
- Quelles sont ses demandes, Senseï ? interrogea Kakashi.
- Il souhaite que les Uchiha puissent être en mesure d'accéder au poste de conseillers ainsi qu'aux branches principales du village et que leur quartier soit déplacé au centre de Konoha et non plus à la périphérie, comme des parias. Il souhaite aussi qu'une déclaration publique soit faite par le Sandaïme et moi-même pour que nous reconnaissions la valeur primordiale du clan Uchiha ainsi que notre vœu d'adopter leur politique.
- Adopter leur politique ? souligna Kakashi, perplexe.
- Ils veulent qu'à présent tous les futurs Genin soient issus de clans ninjas.
- Comment ça ? Vous voulez dire que ceux qui appartiennent à des familles de civils...
- Ne pourront rentrer à l'Académie, oui, compléta Minato, en hochant la tête d'un air sombre.
- Mais pourquoi souhaite-t-il cela ? s'exclama Obito, avec véhémence. Plein d'autres shinobis qui ne sont pas issus de milieu clanique sont tout aussi bons et compétents pour devenir des ninjas aguerris !
- Je sais, soupira le blond. Je suis entièrement d'accord avec toi. Fugaku souhaite cela pour conserver la pureté des lignées ninjas et la transmission de Dôjutsu et de techniques ancestrales...
- La « pureté » ? C'est répugnant, gronda-t-il.
Kakashi baissa les yeux en proie à la réflexion. Si le clan Uchiha réclamait la conservation de cette « pureté », ce n'était sans doute pas pour rien. Fugaku Uchiha était un homme intelligent et calculateur, il le voyait mal agir ainsi pour une simple raison de rang. Il laissait sûrement croire cela au commun des mortels, mais pour ceux qui le connaissaient véritablement, cette raison devait cacher quelque chose d'autre...
- Senseï... Que pensez-vous de cette politique ?
Minato plissa légèrement ses yeux azurs en fixant son élève. Il savait que Kakashi avait quelque chose derrière la tête, restait à savoir... qu'était-ce ?
- Je ne suis pas d'accord avec cette prétendue pureté de rang bien entendu. Mais malheureusement, si nous voulons arriver à pacifier les relations avec les Uchiha, il faut que je sois en mesure de faire des compromis... Je vais naturellement en rediscuter avec Fugaku.
- Fugaku-san était votre ami d'enfance, n'est-ce pas ?
- C'est exact.
- Partageait-il les mêmes convictions que vous ?
- Dans la plupart des cas oui.
- Est-ce que pendant votre réunion avec le conseil et les Uchiha, Fugaku-san a clairement exprimé le fait qu'il voulait adopter cette politique ?
- Eh bien non, mais...
- Il ne vous l'a pas dit de vive voix ? coupa Kakashi.
- Non, en effet. Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Minato Senseï, qui vous a rapporté les paroles de Fugaku-san ?
- Mais enfin, je ne vois pas en quoi...
Le Yondaïme eut un soudain mouvement de recul et écarquilla les yeux. Mais bien sûr ! Comment avait-il pu être aussi négligent ! C'était trop évident pour être ça, trop facilement compréhensible, mais pourtant... c'était sûrement ce qu'il avait fait. Oui, il avait dû en conclure que son action était bien trop perceptible pour être appréhendée comme étant de la manipulation et qu'ainsi, personne ne le soupçonnerait. Théorie risquée mais envisageable et plausible. Il aurait dû s'en douter !
Son regard se durcit et se reporta sur son ancien élève qui avait eu une longueur d'avance sur lui. Kakashi avait véritablement un esprit acéré alors qu'il n'était pas au courant des modalités de la réunion, ni de ce qui s'était déroulé en son cours. Il pouvait parfois même égaler les Nara.
- Je comprends, dit-il enfin, la mine sombre.
- Alors c'est bien ce que je pensais... murmura Kakashi, adoptant la même mine que son Senseï.
Obito, n'ayant pas suivi le raisonnement, les regardait tour à tour comme deux étranges énergumènes, incapable de comprendre ce qui les taraudaient autant.
- C'est bien plus grave que ce que j'imaginais...
- Quoi ? Qu'est-ce qui est bien plus grave ? Senseï, Kakashi expliquez-vous, je ne vois pas où vous voulez en venir ! s'agaça-t-il.
- Obito, expliqua le Jônin gris. Si Fugaku-san n'a pas exprimé directement son souhait de changement de politique à Minato Senseï, cela signifie donc que quelqu'un a retranscris ses paroles, à l'écrit ou à l'oral. Par conséquent, elles sont susceptibles d'être déformées et encore plus lorsqu'elles passent entre les mains de certains individus favorables à ce genre de réformes... N'ai-je pas raison, Senseï ?
- Uh. Tu as tout à fait raison, Kakashi, acquiesça le concerné.
- Et quelle est la personne qui vous a retranscrit ses paroles ?
Minato poussa un soupir, et esquissa une grimace, très embêté d'avoir été si peu attentif à ce « détail ».
- Danzô... C'est Danzô qui m'a retransmis ses paroles. Il m'a dit qu'il avait eu une discussion avec lui quelques instants avant la réunion. Sur le moment, ça ne m'a pas interpellé car j'étais trop choqué par le contenu de cette discussion et sur la politique de formation des Genin. Je n'ai donc pas réagi quant au fait que Fugaku n'aurait jamais voulu parler à Danzô seul à seul, la réciproque étant également vraie. D'autant plus que je sais qu'il n'aurait pas été aussi radical dans ses pensées. J'aurais dû réagir sur le moment ! Je tenais Danzô !
- Attendez, vous voulez dire que Danzô est derrière tout ça ? souligna Obito, interloqué.
- ... Je pense qu'il est le traitre que nous cherchions... Il veut tout autant que Madara que la guerre civile éclate.
- Oui, mais Madara souhaite la victoire des Uchiha, et par conséquent la sienne. Danzô ne supporte pas les Uchiha et encore moins Madara.
- C'est exact, Obito, mais deux options s'offrent à lui grâce à cette situation bancale : s'il y a une guerre civile, le village entier se liguera contre les Uchiha et il y aura de forte chance pour qu'il soit massacré en représailles par les autres clans, tels que les Hyûga. A ce moment-là, à la fin de cette guerre, il sera débarrassé du clan et le village sera en ruine. Ainsi, il sera très probablement aidé par les conseillers et pourra influencer le Seigneur du pays du feu pour souligner ma soi-disant incompétence en tant que Hokage afin que je démissionne ou qu'on me remplace de force.
- Mais c'est injuste ! s'écria le brun. Il voudrait alors que Minato Senseï démissionne ? Mais pourquoi ? Pour lui prendre la place ?
- Uh... C'est tout à fait envisageable, acquiesça le shinobi aux cheveux d'argent.
- Il souhaite que les Uchiha soient considérés comme des parias. C'est lui qui a influencé le Nidaïme pour les installer dans ce quartier et leur confier uniquement la direction de la police de Konoha, qui constitue un poste réducteur pour l'importance du clan dans la vie du village. Mais il souhaite aussi la paix et prendre la direction d'un village en ruine lui serait certes profitable, mais il préfèrera sûrement éviter un bain de sang. Ce qui nous amène à la deuxième option...
Minato fronça les sourcils en réprimant un frisson qui monta le long de sa colonne vertébrale.
- Il peut tout à fait monter le clan contre le village avec cette politique austère et alimenter la haine envers les Uchiha... Ce qui le forcerait à les faire imploser de l'intérieur pour la sécurité du village...
- Q... Quoi ?! s'exclama Obito, sous le choc. Imploser de l'intérieur ?! Comment ça ? qu'est-ce que vous voulez dire Senseï ?
- Je pense que supprimer la présence physique des Uchiha du village est une option qu'il est tout à fait capable d'envisager... dit-il dans un murmure.
Le brun fut incapable de prononcer le moindre mot, trop choqué par les révélations du Yondaïme. Il n'avait pas rêvé, n'est-ce pas ? Son aîné venait bien de lui dire que le troisième conseiller, chef de la Racine, envisageait peut-être de condamner son clan à une mort certaine ? Comment Danzô pouvait-il être capable de vouloir cela ?! Etait-il fou à ce point ? Et quel rapport avec Madara ? Comment pouvait-il s'allier avec un tel individu en sachant qu'il était membre du clan qu'il détestait ?
- Senseï, pourquoi s'allierait-il à Madara dans ce cas ? souligna-t-il, blanc comme un linge, tandis que le Ninja Copieur posa une main rassurante sur son épaule. Ils n'ont aucun but commun.
- Si, celui de prendre les rênes du village. Je suppose que Madara a dû réussir à le contacter d'une manière ou d'une autre et lui proposer l'anéantissement du clan.
- Mais vous aviez dit que Madara voulait la victoire des Uchiha !
- Effectivement, il la souhaite très probablement, mais si on y réfléchit bien, il n'a finalement pas besoin que le clan survive pour qu'il puisse mener à bien ses plans de conquête. Seul le nom du clan a besoin de persister, ses membres n'ont sûrement aucune valeur pour lui, d'autant qu'aucun d'entre vous n'égale la puissance des Uchiha de son temps... Il pourrait tout à fait récupérer les corps des Uchiha pour se régénérer à chaque fois sans avoir besoin de votre présence vivante... En reprenant le contrôle du village, les deux espèrent sûrement le modeler à leur façon. Madara aura sa revanche sur Hashirama-sama et Danzô pourra enfin devenir Hokage comme il le souhaite.
- Comment pouvez-vous être sûr qu'il souhaite ce poste ?
- C'est le seul qui s'est opposé à ma nomination en tant que Yondaïme, et il s'est proposé à ma place. Sa candidature a été rejeté et il en a été fortement contrarié.
- Mais Senseï, reprit Obito en reprenant peu à peu contenance suite au contrecoup des informations qu'il avait apprises. Les deux veulent prendre le contrôle du village, seul l'un d'entre eux pourra en être capable s'ils mènent à bien leur plan !
- Cette alliance doit être basée sur la promesse d'une guerre civile ou d'un changement drastique pour le village, appuyé par le problème Uchiha qui n'est qu'un prétexte. L'un des deux viendra à trahir l'autre au moment opportun...
Les deux anciens élèves froncèrent leurs sourcils sous l'inquiétude et l'apparition des nouvelles pièces du puzzle qui s'assemblaient et composaient le mystère de Madara Uchiha.
- Danzô aurait accepté de s'allier avec un Uchiha alors... ? relança Kakashi.
- Uh... Il est capable de tout visiblement pour mener à bien ses plans...
- Mais comment a-t-il fait pour le contacter ? Enfin, je veux dire, Madara n'est plus que l'ombre de lui-même, il doit investir des nouveaux corps pour ne pas mourir. Comment Danzô a-t-il pu le reconnaître dans ces conditions ? souligna Obito.
- Je suppose que nous avons à faire à un nouvel homme masqué..., soupira Minato. Cependant, je tiens tout de même à vous rappeler qu'il ne s'agit là que de spéculations sur les agissements de Madara et de Danzô. Inutile de s'alarmer pour de simples théories basées sur des faits qui ne peuvent constituer des preuves intangibles.
Les deux Jônin hochèrent la tête, conscients qu'ils ne pouvaient se permettre de porter des accusations contre le conseiller sous prétexte qu'il avait retranscris les paroles de Fugaku et qu'il était possible que celui-ci n'ait jamais dit cela...
- Néanmoins, poursuivit le blond, je le ferai surveiller. Ces moindres faits et gestes doivent me parvenir tant que le problème de ton clan n'est pas réglé. Cette affaire est très sérieuse, et je ne peux prendre le risque qu'un élément perturbe les négociations.
- Qu'allez-vous faire Senseï ?
- Discuter avec Fugaku, et seul à seul. Hors de question que les autres conseillers soient au courant. Danzô est le principal suspect, et les deux autres ne m'inspirent pas plus confiance... Cette discussion, que nous aurons tous les deux, ne sortira pas du cadre de mon bureau.
- Qu'allez-vous faire avec les conseillers... ? S'ils désapprouvent votre verdict... ? interrogea le Jônin argenté.
Minato marqua une pause, en proie à la réflexion avant de reporter son regard sur ses deux cadets, un fin sourire calculateur sur le visage.
- Je crois qu'il est temps de faire un peu de ménage dans l'organisation administrative de notre village...
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