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Chapitre 18

Cinq ans plus tard



Naruto déboula à toute allure dans l'appartement, jetant ses chaussures dans l'entrée, avant de se ruer sur le canapé.

- Naruto... Combien de fois je t'ai demandé de ne pas te comporter ainsi dans mon appartement.

- Gomen Kashi nii-chan ! J'avais hâte de te voir pour te raconter un truc génial que j'ai fait aujourd'hui, 'ttebayo ! Où est Obito nii-chan ?

- Je suis là Naruto, annonça le brun en entrant dans l'appartement à son tour.

- Obito nii-chan ! s'exclama le petit blond.

Il se précipita dans les bras du brun qui éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux.

- Viens t'asseoir Naruto, dis-nous cette chose que tu voulais à tout prix nous raconter, lui demanda Kakashi en tapotant sur le canapé pour lui faire signe de s'y poser sagement.

Le blond n'écouta pas son « grand-frère » et commença son récit, surexcité, en agitant ses bras dans tous les sens.

- Je me suis battu avec Sasuke aujourd'hui ! On a fait un sacré combat ! J'ai réussi à lui mettre un coup de poing dans les côtes ! Et en plus devant Sakura-chan, 'ttebayo !

Le shinobi argenté se crispa légèrement à la mention du nom de celle qu'il aimait toujours mais se décontracta rapidement pour ne pas éveiller l'interrogation de la boule d'énergie.

- Et tu as réussi à le battre ? demanda l'Uchiha en se servant une tasse de thé.

- Euh... Presque ! Disons qu'il a profité d'un instant de faiblesse...

- Uh ?

- J'ai regardé une seconde de trop Sakura-chan et il en a profité... bougonna-t-il.

Kakashi émit un petit rire amusé et ouvrit ses bras pour l'accueillir, comme l'enfant en avait l'habitude. Naruto s'y précipita avec joie et se laissa caresser les cheveux par son ainé.

- Il reste ton ami malgré tout, n'est-ce pas ?

- Oui, Sasuke est mon ami, mais j'aurais voulu le battre, dattebayo...

- Tu réussiras une prochaine fois Naruto.

- Tu crois ? demanda-t-il d'une petite voix.

- J'en suis sûr.

L'ANBU hocha la tête devant la petite moue pleine d'espoir du blond qui se mit à réfléchir.

- Dis Kashi nii-chan.

- Hm ?

- Est-ce que tu vas revenir à la maison avec papa et moi ? Je ne te vois pas souvent et tu nous manques...

Le fils de Croc Blanc esquissa un petit sourire attendri sous son masque.

- Je suis encore chez les ANBU, mais un jour j'arrêterai de travailler avec eux et qui sait, peut-être que je serai ton Senseï lorsque tu sortiras de l'Académie ?

Le petit renard se redressa d'un coup, assit sur les genoux de l'argenté, et lui prit son visage entre ses deux petites mains.

- C'est vrai ? Tu seras vraiment mon Senseï, 'ttebayo ? demanda-t-il très sérieux de sa voix enfantine.

- Eh bien, peut-être oui.

- Yataaaa ! Je vais pouvoir rester tout le temps avec toi Kashi nii-chan ! Oh, mais il faut qu'il y ait aussi Sakura-chan. Je suis sûr que tu l'aimerais beaucoup ! Et puis peut-être Sasuke aussi... Mais c'est uniquement si j'arrive à être plus fort que lui !

Obito perçut le malaise soudain de son meilleur ami et prit dans ses bras son petit frère de cœur en le posant sur ses genoux.

- Et moi alors, tu m'oublies ? le taquina-t-il.

- Mais non, Obito nii-chan, mais je te vois plus souvent que Kashi nii-chan. Je te verrai à la maison et pendant les pauses, et Kashi nii-chan, je le verrai en cours. C'est comme ce que dit papa, « la poportionnalité », lui répondit-il d'un petit air savant, tout content d'avoir appris un nouveau mot.

- La « proportionnalité » tu veux dire ? pouffa légèrement le brun.

- C'est ce que j'ai dit, la poportionnalité.

Le brun secoua la tête, amusé, et ébouriffa les cheveux blonds comme il en avait l'habitude.

La fin d'après-midi se déroula tranquillement et quand vint le soir, Kakashi coucha Naruto dans un lit d'appoint qu'il avait acheté pour héberger l'enfant quand son père ne pouvait rentrer chez lui.

Obito s'effondra dans le canapé en poussant un long soupir.

- Fatigué ?

- Oh, plus que tu ne le crois. J'ai enchainé les missions et Naruto est une véritable pile électrique. A croire qu'il ne s'épuise jamais.

- Je te comprends. C'est la même pour moi, dit-il en passant une main lasse dans ses cheveux.

Son ami le scruta intensément de bas en haut d'un regard analyste.

- Qu'y a-t-il ?

- Tu as pris du muscle dis-moi ! Où est passé le gamin tout maigre ?

- Dis pas des choses pareilles, le réprimanda-t-il en lui donnant une tape sur la tête, des rougeurs sur les joues, embarrassé. C'est simplement l'entrainement. Et puis je n'étais pas maigre.

- T'étais pas épais en tout cas. Avec ça tu pourras faire tomber toutes les filles que tu veux, et même ta Sakura, poursuivit le brun avec un clin d'œil.

- Arrête enfin. Sakura n'a que cinq ans pour l'instant, tu veux que je passe pour un pédophile ?

L'Uchiha le regarda perplexe avant de pouffer, moqueur, une main sur sa bouche en le pointant du doigt.

- Rigole pas ! Pff... Qu'est-ce que tu vas imaginer franchement parfois, bougonna-t-il.

- Allez Kashi, je rigole. Je sais bien que ce n'est pas l'actuelle Sakura qui t'intéresse pour l'instant mais celle que tu as connu. Mais...

- Mais ?

- Tu te rappelles de ce que Minato Senseï nous avait dit par rapport au Chiharu Fûin...

- Uh... je sais... soupira-t-il. Même quand elle aura atteint la majorité, je ne pourrai pas l'approcher de cette façon...

- Allez mon vieux, fais pas cette tête. Si ça se trouve, ce sera elle qui tombera sous ton charme, et là, plus de soucis.

Le jeune homme aux cheveux d'argent ne répondit rien, les yeux dans le vague. Son meilleur ami avait peut-être raison, pourtant il ne pouvait s'empêcher de penser que les choses ne seraient pas aussi faciles. Beaucoup trop de choses le reliait à elle sans qu'elle ne le sache. Et ce sceau... S'il s'était activé à la naissance de Sakura, c'est parce qu'il scellait de profonds et sincères sentiments qu'il ressentait envers elle, n'est-ce pas ? Mais elle, comment pourrait-elle éprouver ce genre de sentiments pour lui avec tous ces secrets qui l'entouraient ?

- On verra..., dit-il finalement.

- Ça va aller Kashi. Je te l'ai dit, je t'aiderai.

- Arigatou, Obito.

Ils marquèrent une courte pause, perdus dans leurs pensées avant que le brun ne reprenne.

- Ah, je ne t'ai pas dit la dernière nouvelle ?

- Ça concerne encore Sasuke et Itachi ?

- Uh hu. J'ai eu l'autre version du fameux combat de Naruto avant de venir. Itachi a complimenté Naruto devant Sasuke et il l'a très mal pris. Tu ne peux pas savoir à quel point il est jaloux. C'est très drôle d'ailleurs. Naruto adore Itachi, tu le sais, et Sasuke a dû mal à le supporter par moment, mais bon ça passera avec l'âge.

- Faut espérer, oui. Enfin, leur rentrée à l'Académie ne date pas d'hier, et puis tu m'avais dit que malgré tout, Sasuke aime beaucoup Naruto, même s'il ne le lui dit pas.

- C'est vrai. Ils sont amis... à leur manière on va dire, s'amusa-t-il. Un peu comme nous quand nous étions plus jeunes.

- Pitié, on dirait un vieux qui parle.

- Eh ! Je te signale que t'es pareil ! En plus avec Gaï qui vient sans cesse te parler de fougue de la jeunesse, c'est pas mieux.

- Pas faux, pouffa l'argenté.

Il se leva et s'étira avant de reporter son regard sur son meilleur ami.

- Tu dors ici ce soir ?

- Serait-ce une invitation pour passer une folle soirée romantique ? lança-t-il narquois.

- Eh bien tu peux la passer avec un coussin à mon effigie si tu veux, mais moi je vais profiter du matelas qui m'attend dans ma chambre.

- Pff... T'es pas drôle.

- T'inquiète, je te rendrai la pareille.

Obito le suivit dans la chambre où un lit deux places les attendait.

- Je sens que la soirée va être mouvementée, pouffa-t-il, continuant à taquiner son ami.

- Elle le sera sûrement si tu as des tendances masochistes et que tu prends du plaisir à te faire électrocuter par le contact de mon Chidori. Enfin, chacun ses fantasmes.

- Maintenant tu me prends pour un adepte du BDSM ?! s'insurgea-t-il.

- Tu me cherches et tu te plains parce que je manque de répondant. Tu m'as tendu le bâton pour te faire battre, et non, n'y vois aucune connotation sexuelle là-dedans, pervers.

- Pervers ?! Mais ce n'est pas moi qui lis des livres grivois à longueur de journée !

- C'est toi qui insinue des choses en étant sur mon lit, ne viens pas te plaindre après que je t'appelle ainsi. Et puis, ce sont de très bons livres que Jiraya-sama a eu la gentillesse de me dédicacer. En plus, ils ne sont pas tous à contenu érotique.

Son ami esquissa une moue dubitative, pas convaincu pour un sou, et s'effondra de son côté du lit, suivit ensuite par son ami aux cheveux d'argent.

- N'empêche, il est chouette ton appart. Ça va faire combien de temps que tu l'as maintenant ?

- Dans trois mois, ça fera un an.

- Mmh... Tu ne vois pas souvent Naruto et Minato Senseï du coup...

- Si quand même, mais moins souvent qu'avant, c'est sûr. J'enchaine les missions en ce moment, alors ce serait revenu au même si j'étais resté vivre avec eux. Je fais partie de la section infiltration. Ce n'est pas comme la section assassinat, mais devoir rentrer épuisé, couvert de sang des pieds à la tête devant Naruto... Je n'ai pas très envie de le traumatiser. Et puis... je n'allais pas abuser plus longtemps encore de la gentillesse de Minato Senseï. Il m'a quand même hébergé pendant cinq ans et demi. Je n'allais pas rester sous son toit à profiter de son hébergement pendant encore des années.

- Uh, je comprends. Et qu'as-tu fait de la maison de ton père ?

- Je l'ai vendu. Je ne pouvais pas la garder, je n'y allais quasiment jamais et elle serait tombée en ruine sinon. Trop de souvenirs y étaient rattachés et je t'avoue que j'ai toujours eu beaucoup de mal à être apaisé là-bas après sa mort, soupira-t-il en croisant ses bras derrière sa nuque, reposant sur son coussin. En plus, je me sens bien dans cet appartement...

Obito leva un sourcil intrigué en tournant la tête vers le Ninja Copieur à présent démasqué, avant d'esquisser un petit sourire malicieux.

- N'est-ce pas parce qu'il te rappelle des souvenirs, par hasard ?

- Hein ?

- Oh allons, ne fais pas l'innocent. Je me doute bien qu'il a un rapport avec ton voyage temporel. Quand j'ai vu ta tête lorsque tu y as aménagé pour la première fois, je me suis dit que ça cachait forcément quelque chose.

- En fait... commença-t-il gêné. C'était son appartement.

- Oh ? Tu as réussi à reprendre le même ?

- Uh. J'ai eu de la chance. Dans les journaux d'annonce, il était à vendre et je n'ai pas hésité lorsque je l'ai reconnu.

- T'as bien fait.

Kakashi hocha la tête avant de se relever pour enlever ses vêtements de shinobi, ne gardant que son caleçon et un T-shirt, suivit ensuite par Obito. Ils se glissèrent dans les draps et soupirèrent de concert, ravi de pouvoir profiter du moelleux du matelas et des oreillers.

- Ça t'aide pas trop à surmonter l'attente de vos véritables retrouvailles, Kashi.

- D'avoir le même appartement ?

- Uh.

Non, bien sûr, ça ne l'aidait pas. Mais il n'avait pas envie de mettre cette attente entre parenthèses car celle-ci constituait le but de son existence. Il l'attendrait toute sa vie s'il le fallait. Il lui avouerait son amour sur son lit de mort sinon. Mais il savait bien qu'il ne pourrait attendre jusque-là. La petite fille grandirait de plus en plus pour devenir une belle jeune femme, plus désirable encore que dans ses souvenirs. Comment pourrait-il masquer ses sentiments dans ces conditions ?

- Et toi... ? dit-il en changeant de sujet.

- Oh moi... Tu sais bien que je ne peux effacer Rin de mon cœur... Elle me manque tant... Heureusement que tu es là, parce que sinon... laissa-t-il en suspens, fermant son œil visible douloureusement.

Un petit silence s'installa tandis que le Ninja Copieur regardait son ami qui était très certainement en train de revivre des souvenirs du passé en compagnie de celle qu'il aimait toujours avec la même intensité qu'autrefois.

- Tu te mines le moral en ressassant sans cesse le passé, lança-t-il finalement, rompant le silence.

- Dit-il alors que monsieur fait exactement la même chose, répliqua-t-il en riant légèrement, chassant sa tristesse pour ne pas refroidir l'ambiance.

- C'est vrai, je ne suis pas un exemple, avoua Kakashi en secouant la tête.

- Malgré tout, je sais que tu as raison. Je dois accepter le fait qu'elle soit partie.

- Uh... Elle n'aimerait pas te voir te morfondre...

- ... Je sais..., soupira-t-il. Enfin, depuis la venue au monde de Naruto, j'ai tout de même retrouvé le sourire, n'est-ce pas ?

- C'est vrai. Il a toujours eu un étrange pouvoir sur les autres. Il est capable de te redonner confiance et espoir si facilement. Ça m'a toujours fasciné, je t'avoue.

- Il était comme ça quand tu l'as rencontré pour la première fois ?

- Oh là, oui, sacrément même, ri-t-il. Je pense que c'est pour cela que je me suis rapidement lié d'amitié avec lui, malgré mon sale caractère de l'époque.

- Pour un sale caractère, tu en avais un, se moqua son ami brun. Mais tu as changé en revenant parmi nous. Je ne sais pas si nous aurions pu devenir amis autrement.

- Tu m'aurais forcé à ce qu'on le devienne, ajouta Kakashi, amusé.

- Pas faux.

- Enfin, c'était un sacré ninja. Toujours prêt à faire des bêtises. Ça m'amusait mine de rien. Il me faisait beaucoup penser à toi aussi. Le même caractère, le même entrain, la même joie de vivre, le même rêve.

- Donc si je suis ton raisonnement, je t'amusais aussi, compléta Obito, une lueur espiègle dans son œil ouvert.

- Mmh, je l'avoue oui. Je n'aimais pas trop l'admettre, mais tes pitreries m'amusaient en effet.

- Ouah ! Quelle révélation !

- On dirait que tu n'es pas surpris de l'entendre ?

- Quand il y a quelque chose qui te gêne ou qui te fait secrètement plaisir mais que tu ne veux pas que ça se sache, tes oreilles rougissent.

- M... Mes oreilles ?! s'exclama l'argenté, en portant ses mains dessus, embarrassé.

- Uh hu, acquiesça-t-il, amusé.

Le concerné enfouit son visage dans l'oreiller, en proie à un fort embarras. Si ça se trouve, Sakura s'en était aperçue également. Et vu le nombre de fois où il avait été gêné en sa présence à cause de ses sentiments, les chances pour qu'elle l'ait vu étaient très grandes. Misère...

- Eh, t'étouffe pas, pouffa Obito en le dégageant du coussin.

- Je viens de réaliser que si ça se trouve, Sakura s'en est aperçue.

L'Uchiha écarquilla son œil étonné avant de se mettre à rire, se moquant ouvertement de son ami.

- C'est pas drôle !

- Oh que si ! J'imagine tellement ta petite bouille de l'époque toute gênée et rouge !

Kakashi plissa les yeux en le fusillant du regard et prit l'oreiller pour l'abattre violemment sur la tête du brun.

- Ça t'apprendra à te moquer, grommela-t-il. Et si tu continues, je te fais dormir sur le paillasson.

- Gomen, gomen, s'excusa-t-il en s'essuyant les quelques petites larmes qui avaient perlé de son œil valide. Ah ça fait du bien, dit-il finalement calmé, le sourire aux lèvres.

Le Ninja aux mille techniques, qu'il avait acquises au cours de ses nombreuses missions chez les ANBU, soupira en secouant la tête avant de sourire lui aussi et fermer les yeux, prêt à se laisser emporter aux pays des songes.

- ... ouais, ça fait du bien... murmura-t-il, un sourire sur ses lèvres douces.



Le lendemain matin



Kakashi arpentait les rues de Konoha, le regard dans le vague, ses pensées dérivant vers une belle fleur rose. L'ambiance qui régnait au village était apaisée. Les habitants avaient peu à peu retrouvé leur joie de vivre, les maisons avaient toutes été reconstruites en intégralité au fur et à mesure des années, et aucune trace du terrible incident de Kyûbi ne subsistait.

Naruto lui tenait la main, tout heureux de pouvoir se promener avec son grand-frère. Plusieurs personnes se retournèrent à leur passage et les dévisagèrent. Le petit blond esquissa un large sourire et leur fit un grand signe de la main. Après une légère hésitation, ils lui rendirent finalement son signe avec un regard chaleureux. Le Yondaïme avait bien fait de leur préciser que son fils n'était pas à craindre bien qu'il soit à présent un Jinchûriki comme son père, et sa mère autrefois. Les gens ne le détestaient pas comme ils avaient pu le faire dans ce futur alternatif. Le petit garçon apportait un réel rayon de bonne humeur et dissipait les réticences des uns et des autres.

Une petite voix le tira soudainement de ses pensées alors qu'ils étaient arrivés près de l'Académie.

- Yo, Usuratonkachi !

- Sasuke ! s'exclama le blond en se précipitant auprès de son ami.

Le jeune Namikaze, qui ne s'appelait plus Uzumaki puisqu'il avait hérité du nom de famille de son père, laissa quelques instants son grand-frère pour discuter, surexcité, avec l'Uchiha, content lui de le retrouver lui aussi malgré sa rivalité amicale avec le blond.

Kakashi attendit quelque peu, le regard toujours perdu dans les nuages, lorsque des éclats de voix enfantins se firent entendre.

- On s'amuse bien à ce que je vois, Miss Grand Front. Tu fais la coquette en ce moment. Tu ne te montes pas la tête j'espère ?

Une petite fille aux cheveux blonds répliqua immédiatement en jetant des fleurs dans la bouche de l'autre enfant, protégeant son amie à ses côtés.

- Désolée, t'es tellement fine et belle que je t'avais prise pour une vase, se moqua la petite blonde.

- Ino ! grogna la peste.

- Le poison de l'aconit, la fleur des ninjas, est assez faible... mais t'as quand même intérêt à la cracher vite fait.

La concernée hurla de frayeur et repartit en courant avec ses trois copines.

- Il n'y a que les racines qui sont toxiques, pouffa la dénommée Ino.

- Tu es géniale Ino-chan... s'émerveilla son amie. J'aimerais tellement te ressembler... C'est toi la fleur principale du bouquet, tandis que moi, je ne suis que l'accompagnement.

- Mmh... Tu n'y es pas Sakura. Tu n'es pas une fleur, tu es encore un bourgeon, lui répondit-elle avec un large sourire.

Le cœur du Ninja Copieur rata un battement. Cette petite fille à la couleur de cheveux si particulière et son nom... Sakura ! Il l'avait retrouvée !

La petite blonde continua son discours avant de rentrer dans Kakashi sans faire attention.

- Ino-chan, tu deviens maladroite, shannaro, se moqua gentiment Sakura. Gomenne o-nii-san, s'excusa-t-elle pour son amie.

- H...Haï ! Gomenne !

- Ah, ce n'est pas grave, dit-il avec un petit sourire confus sous son masque, en se passant une main derrière la nuque.

- Viens Sakura, il faut qu'on donne notre bouquet à Senseï !

- Uh !

La petite fille rose s'inclina devant lui avant de repartir avec son amie sur le chemin de l'Académie. Elle s'arrêta au niveau de la palissade quelques instants pour se retourner et fixer Kakashi qui la regardait avec tendresse. Elle rougit quelque peu et détourna le regard, embarrassée, en souriant et rejoignit Ino.

Elle était là... Enfin là... Il la voyait pour la première fois depuis ses douze ans. Elle lui avait tant manqué... Bien sûr, elle n'était encore qu'une enfant et loin de lui toute pensée malsaine comme l'avait laissé supposer son stupide meilleur ami. Mais quel idiot celui-là. Franchement, quand il pensait à elle, c'était bien sûr celle qu'elle serait plus tard, celle qu'il avait aimé. Néanmoins, même si elle n'avait pas atteint cet âge-là, il était tout simplement heureux d'avoir pu la revoir autrement que par le biais de ses souvenirs.

- Kashi nii-chan, Kashi niii-chaaan ! le pressa Naruto en lui secouant légèrement le bras.

- Hm ?

- Je vais rejoindre les autres maintenant, les cours vont commencer. Itachi nii-chan viendra nous récupérer tout à l'heure parce qu'il doit nous montrer comment lancer des shurikens avec Sasuke. Nee Sasuke ?

- Hn. O-nii-san nous l'a promis hier, confirma le brun.

- Uh, d'accord, lui sourit-il. Bonne journée les jeunes.

Il laissa les deux enfants retourner en classe et repartit en sens inverse, flânant dans les rues de Konoha. Il ne l'avait pas réellement rencontré. Il ne pouvait pas qualifier ça de rencontre, naturellement, ils ne s'étaient pas échangés beaucoup de mots hormis quelques excuses, mais c'était déjà un bon début. Sa simple existence non loin de lui donna un baume au cœur.

Pendant les mois qui suivirent, Kakashi s'attela à éloigner les enfants qui venaient l'embêter à propos de son front et qui la faisait souffrir intérieurement. Il apparaissait devant les garnements pour les fusiller du regard, ce qui suffisait amplement à les traumatiser. Si bien qu'ils arrêtèrent peu à peu d'embêter la petite fille aux cheveux roses. Il n'était pas spécialement fier de profiter de sa carrure et de son statut pour faire peur à ces enfants, mais il voulait la protéger et veiller sur elle secrètement, comme un remerciement à ce qu'elle avait fait dans ce futur alternatif. Personne n'était au courant de la mission secrète du mystérieux ANBU au masque de chien qui protégeait la petite fille aux cheveux roses, ni la concernée naturellement.

Néanmoins, elle le croisait de plus en plus souvent par hasard dans la rue, dans une échoppe, dans un parc ou encore près de l'Académie, attendant la sortie de Naruto. Il semblait toujours un peu ailleurs, plongé dans ses pensées, ses beaux cheveux argentés flottant au gré d'une petite brise. Elle l'avait trouvé très beau, malgré le masque qui lui couvrait la moitié basse de son visage, et avait été fascinée par sa couleur si particulière, à l'image de la sienne. Il l'impressionnait beaucoup et dès que leur regard se croisait et qu'il lui adressait un petit signe de la main, elle rougissait fortement et esquissait un petit sourire, gênée. Ce mystérieux ninja occupait ses pensées de petite fille insouciante, rêvant encore de comtes et d'histoires merveilleuses que lui racontaient ses parents et son amie Ino.



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