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Chapitre 15

Dix octobre, naissance de Naruto



Kakashi et Gaï se promenaient dans les rues de Konoha. Le village baignait sous les lueurs d'un ciel étoilé et celles des petites échoppes qui n'avaient pas encore fermées leur porte.

- Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement régler ça par un Pierre-Papier-Ciseau ce soir ? lança Kakashi au fauve de jade qui se pressait autour de lui pour un énième défi.

- Pas encore ça ! Pense à quelque chose de plus excitant ! s'exclama Gaï. Et tu oses te dire mon rival ?

- On commence tôt demain. Je passe mon tour pour ce soir, renchérit le shinobi aux cheveux d'argent, un petit sourire fleurissant sous son masque tandis qu'une goutte de sueur perlait de son front.

- Ne prends pas le travail comme excuse ! Toi et moi, nous sommes dans la fleur de l'âge ! c'est le moment ou jamais de s'entraîner sérieusement ! Ces efforts quotidiens conduiront à la réussite de nos missions futures !

Kakashi s'était arrêté, intrigué par un sentiment étrange qui le tiraillait.

- Oï ! Tu m'écoutes quand je te parle ?!

- Dis-moi plutôt, Gaï. Tu n'as pas une impression bizarre ? Comme si l'atmosphère s'était refroidie.

- Evidemment ! C'est à cause de ton attitude ! s'exaspéra le ninja à la coupe au bol. On n'a qu'une jeunesse, tu sais !

Une immense détonation rompit leur dialogue. Un épais nuage de fumée provenant de la source de l'explosion se propagea peu à peu dans l'air et, à travers la brume de poussière, une silhouette sombre et menaçante apparue. Un géant de plusieurs mètres de haut, des yeux rouges comme le sang, des crocs et des griffes plus affûtés que l'épée de Kusanagi, et neuf queues dont les coups provoquaient des rafales si gigantesques qu'elles pouvaient rayer de la carte des villes entières, provoquer des raz-de-marée et même abattre des montagnes. Un titan parmi les titans. Le démon à neuf queues. Kyûbi.

- Kakashi... Qu'est-ce que... ?

- Gaï, c'est Kyûbi... !

Des dizaines de villageois couraient dans tous les sens, attrapant leurs enfants et leur femme, fuyant à toute vitesse le monstre à forme de renard. Les habitants hurlaient d'épouvante, cherchaient par tous les moyens d'éviter les coups de queue, les rafales de vent que provoquaient ses hurlements sonores, et les déflagrations monumentales que causaient ses énormes pattes. Ce n'était encore que le début. Le démon venait tout juste de s'éveiller et il n'allait pas se priver de déchaîner toute sa haine et sa fureur sur Konoha.

- Saleté de démon renard ! Que la puissance qui bouillonne en moi explose !

- Calme-toi Gaï.

- Amène-toi ! Je serai ton adversaire ! s'écria Gaï en prenant une pause de combat.

- Attendez ! les stoppa une voix masculine. Rejoignez immédiatement les autres membres de votre promotion dans la zone prévue à cet effet !

- Pourquoi ? interrogea Kakashi.

- Ce sont les ordres du Sandaïme, les informa-t-il. Allez !

A contre cœur, les deux shinobis s'exécutèrent et partirent en sens inverse en direction de la forêt, accompagné par celui que se trouvait être le père de Kurenaï.
Tout autour d'eux, des shinobis s'élançaient en plusieurs divisions, espérant repousser le démon, en vain. Les maisons brûlaient peu à peu, les débris volaient, projetés par les coups puissants de Kyûbi provoquant des secousses cataclysmiques qui secouaient violemment la terre. Les corps des civils jonchaient le sol, exposés ou cachés par les débris. Des explosions retentissaient dans tout le village, répandant le feu et les braises sur les corps calcinés des villageois. Les moindres mouvements de la bête fouettaient l'air, et les arbres s'écroulaient un à un, occultant les points de repli pour les shinobis.

Le chaos, la panique, le déchaînement de la fureur du démon. L'ambiance était apocalyptique et ils n'étaient même pas en mesure de venir en aide aux autres.

- Minna ! A terre ! hurla le Jônin qui les accompagnait.

Ils eurent juste le temps de s'abaisser de justesse pour éviter une bombe bijû qui vint détruire la périphérie du village d'un seul souffle de la bête démoniaque en furie, rasant les maisons et détruisant d'autres édifices importants.
Un cri féminin alerta Kakashi qui tourna la tête vivement pour apercevoir une femme blessée qui marchait avec peine en se tenant le bras. Il se précipita dans l'allée pour la sauver, la prit dans ses bras et se dépêcha de rejoindre les deux autres qui repartaient au niveau de la forêt.

- Kakashi-san ?

- Uh ? Mebuki-san ?

- Vous m'avez sauvé, merci du fond du cœur.

- Je vous en prie, je n'allais certainement pas vous laisser seule face à ce démon. Où est passé votre mari ?

- Les autres shinobis l'ont emmené dans un autre refuge. Nous étions ensemble au départ, mais des mouvements de foule nous ont brusquement séparé. J'espère qu'il n'aura rien, dit-elle dans un murmure, sa mine s'assombrissant.

- ... Je suis sûr qu'il s'en sortira, lui répondit Kakashi.

- Uh ? Comment pouvez-vous en être sûr ?

- ... J'y crois... C'est tout.

Le jeune shinobi argenté la déposa près de l'endroit où tous les villageois survivants s'étaient retranchés, momentanément à l'abri de la fureur de Kyûbi, et repartit avec le père de Kurenaï et Gaï.

Ils arrivèrent finalement à l'endroit prévu où plusieurs membres de leur promotion étaient déjà rassemblées ainsi que plusieurs Chûnin et Jônin de la précédente génération qui protégeait le lieu, leur occultant toute possibilité de sortie pour aller se battre.

- Les jeunes, vous ne devez pas approcher Kyûbi.

- Comment ça ? interrogea Kurenaï en fronçant les sourcils.

- Nous ne sommes pas en guerre, vous n'êtes pas mobilisés. C'est une affaire de maintien de l'ordre. Vous n'avez pas à risquer vos vies pour ça.

- Ne dis pas n'importe quoi ! fulmina la Kunoïchi.

- Du calme Kurenaï, la stoppa Asuma.

- Tu es un shinobi, reprit-il. Tu ne vivras pas éternellement. Mais tu es ma fille. J'aimerais que tu transmettes la Flamme de la Volonté à mes petits-enfants. Promets-le-moi, au moins. Je compte sur toi.

Sur un signe de la main, leurs gardiens s'évaporèrent, laissant quatre Chûnins pour les surveiller.
Kakashi réprima un soupir intérieurement et ferma ses poings de frustration. Il n'était certainement pas comme Gaï qui brûlait de montrer ses capacités, mais il voulait rejoindre les autres. Il était membre de l'ANBU, bras-droit du Yondaïme selon Minato Senseï, un ninja aguerri et puissant grâce au Sharingan d'Obito, et... Obito ?

- Obito ? appela-t-il en cherchant son meilleur ami du regard. Obito ? Gaï, Kurenaï, Asuma, avez-vous vu Obito ?

- Hm... réfléchit le futur Senseï de la team dix. Non, je ne crois pas. En tout cas, il n'était pas avec nous au moment où on nous a rameuté ici.

- Je ne l'ai pas vu non plus, ajouta Kurenaï.

- Pareil, lui répondit le ninja à la coupe au bol en secouant la tête négativement.

- C'est pas vrai... Mais où peut-il être ? Obito ? Obito ? Est-ce que quelqu'un a vu Obito ? héla-t-il.

Le groupe de jeunes shinobis se regarda, interloqué, cherchant du regard celui qui répondait à ce prénom. Mais nul ne répondit à l'appel.

- Il n'est pas là ! s'exclama Kakashi, l'inquiétude le gagnant peu à peu. Mais où est-il ? Où est-il, bon sang ?

- Calme-toi Kakashi, asséna Asuma en posant une main sur son épaule. Tu n'arriveras à rien si tu t'agites ainsi. Et puis, il a sûrement dû se planquer quelque part, c'est pas un très grand courageux.

- Ne dis pas n'importe quoi ! s'écria le jeune Ninja Copieur avec hargne, la panique se mêlant de plus en plus à son souffle pressant. Obito est mon meilleur ami, il n'est pas un lâche ! Il est même bien plus courageux que la plupart d'entre nous ! A tous les coups, il a voulu rejoindre le combat ! Il faut que j'aille le récupérer ! Il faut que j'aille le protéger !

- Kakashi, arrête, poursuivit Kurenaï en fronçant les sourcils devant l'étonnante perte de sang-froid de son ami. On ne peut pas partir.

- Encore une fois, c'est mon ami, grogna-t-il. Je ne le laisserai pas s'exposer à une mort certaine. J'ai perdu Rin, je ne le perdrai pas lui. Lâche-moi Asuma. Je vais le chercher.

Le fils du Sandaïme poussa un soupir et le lâcha.

- Bon très bien... Vas-y. On te couvre.

- Merci, dit-il en hochant la tête, reconnaissant, la mine grave.

Grâce à son entrainement d'ANBU, il contourna la surveillance des quatre Chûnins aussi furtivement et discrètement que possible, et disparut dans les bois sombres.



Quelques instants plus tard, partie Nord-Ouest de la forêt



Minato atterrit sur le parterre herbeux de la forêt où de multiples kunaïs à trois branches étaient plantés dans le sol meuble. Son ennemi masqué avait utilisé une technique redoutable qu'il ne connaissait pas. Il pouvait disparaître à souhait et son attaque l'avait traversé sans qu'il ne comprenne pourquoi.

Un bruit le tira de ses réflexions tandis qu'il se relevait difficilement.

- Tu ne m'échapperas pas, affirma l'homme masqué, son seul œil visible plissé de joie et d'amusement tel un prédateur devant sa proie qui s'affaiblissait peu à peu.

Sauf qu'il ne serait pas la proie. Il était Hokage, il devait protéger son village, ses amis, sa famille. Ce n'était pas un démon et un shinobi qui le stopperait dans la réalisation de son but !

Son ennemi maîtrisait très probablement le ninjutsu temporel lui aussi. C'était sûrement cela qui lui avait permis d'emmener Kushina avec lui pour extraire Kyûbi. Ce type avait anéanti les trois ANBU qui devait surveiller l'antre où accouchait sa compagne, traversé le champ de force imperméable, et savait que l'accouchement fragiliserait le sceau. Il avait également réussi à briser le sceau et à contrôler le bijû... Comme lui autrefois... Il avait pu rentrer et sortir de Konoha sans que les barrières ne le détectent. En d'autres termes, il n'y avait qu'un seul ninja capable de faire cela...

- Es-tu Uchiha Madara ?

L'individu enleva sa capuche qui maintenait son masque dans l'ombre, révélant une touffe de cheveux noirs étrangement familière à Minato. Le blond fronça les sourcils. Madara était de la même génération que le Shodaïme, il était impossible qu'il paraisse aussi jeune. D'autant plus que...

- Non, ça ne se peut pas. Il est mort.

- Va savoir... Tout est possible, le nargua-t-il en penchant sa tête sur le côté de manière enfantine.

- Pour le moment, je me fiche pas mal de savoir qui tu es. Pourquoi t'en prends-tu à Konoha ?

- Par pur caprice, je dirai. Par intérêt pour la guerre aussi. Et pour la paix... termina-t-il en laissant tomber de ses manches d'imposantes chaines de métal qu'il scella à ses poignées.

Ce type n'était pas n'importe qui. Il fallait qu'il se méfie. Il était en mesure de dompter Kyûbi et son ninjutsu spatio-temporel était supérieur à celui du Nidaïme et au sien. Tout cela en plus de son esprit criminel affuté. Il devait impérativement le stopper ou il ferait bien plus de dommages que le démon. Il ne pourrait donc pas retourner au village, ou le supposé Madara le suivrait et la situation empirerait. Dans tous les cas, s'il s'agissait réellement de Madara, il ne pourrait maintenir bien longtemps l'invocation du bijû. Il ne serait pas en mesure d'aider le village directement, le Sandaïme s'en chargerait. Quant à lui, il s'occuperait du ninja renégat.

- Avec Kyûbi libéré de ses entraves, il n'y a plus d'espoir et tu le sais !

Les deux shinobis se précipitèrent l'un sur l'autre, le regard emplis de haine et de colère. Minato se précipita sur sa cible, le transperçant de son kunaï. L'homme masqué activa sa technique et se laissa traverser de part en part par le Yondaïme, pour finalement refermer ses chaines sur son thorax. Pris au piège, le blond ne perdit pas une seconde et se téléporta avec son Hiraishin no jutsu.

Le corps de cet homme était définitivement étrange. Ses attaques lui passaient au travers, et il ne se matérialisait que lorsqu'il attaquait. Il allait donc devoir ouvrir sa garde pour l'inciter à le frapper. Mais il était loin d'être stupide. Il savait pertinemment que l'attaquer le rendrait vulnérable. D'un autre côté, il ne serait pas en mesure de contrôler Kyûbi bien longtemps encore. Il allait donc forcément chercher à écourter le combat. Autrement dit, l'action gagnante serait celle qui frapperait une fraction de seconde avant l'autre.

Le blond se précipita à nouveau sur son ennemi, un de ses kunaï en main. Il le lança à toute vitesse et celui-ci vint traverser la tête de son adversaire. Les deux combattants étaient très proches l'un de l'autre. De plus en plus. Madara était sur le point de frapper le Yondaïme. Minato activa un puissant Rasengan dans sa main droite et, alors que celle du Nukenin était à quelques millimètres de son épaule, il se téléporta et enfonça son attaque dans le dos du ninja masqué. Une puissant déflagration souffla les arbres aux alentours et la terre se souleva en vague rocheuse.

- Hiraishin no jutsu. Niveau deux.

Le blessé se reporta sur un arrête de pierre qui s'était soulevée du sol, profitant de la confusion du nuage de poussière. Il haletait à travers son masque en se tenant le bras qui se mit à saigner abondamment.

- Tu m'as bien eu. Tu m'as littéralement filé entre les doigts. Ça m'apprendra à baisser ma...

Il ne put finir son discours car la paume puissante du Namikaze le percuta de plein fouet dans l'estomac, coupant son souffle, et des lettres d'encre commencèrent à parcourir son corps.

- Un pacte Sigillaire ? Tu veux soustraire Kyûbi à mon contrôle ?

- Oui, car Kyûbi ne t'appartient pas.

Au même moment, les rugissements sonores du démon à queue s'arrêtèrent un instant. Ça y est, le démon renard reprenait ses esprits. Ils n'étaient pas encore tirés d'affaire, loin de là, car sa colère serait encore terrible, mais au moins, le renégat ne mettrait plus la main sur lui.

- Senseï ! s'écria une voix qu'il connaissait.

- Kakashi ? Que fais-tu là ?! C'est dangereux !

- Je ne trouve pas Obito ! Je ne sais pas où il est passé ! J'ai ressenti son chakra tout prêt alors je suis venu.

Au même moment, l'homme masqué profita de l'occasion pour s'échapper de la poigne de Minato et s'avancer dans la forêt, tenant son bras et marchant difficilement, la respiration sifflante. Le Yondaïme se précipita sur sa cible et avant qu'il ne se saisisse du corps de son prisonnier, une aura sombre et malfaisante quitta le corps du shinobi au masque zébré pour s'engouffrer dans les profondeurs des bois.

- Ton âme est faible et ta rancœur n'est pas assez forte pour que je puisse rester, gronda une voix d'outre-tombe avant de s'évaporer.

- Qu'est-ce que... ? murmura-t-il en fronçant les sourcils, en tenant le corps inanimé, son regard ayant suivi l'aura.

- Qui est-ce Senseï ? interrogea le jeune Ninja Copieur en s'approchant.

- Je crois qu'il s'agissait d'Uchiha Madara.

- Uchiha Madara ?! Mais il est mort à la suite de son combat contre le Shodaïme !

- C'est ce que je croyais... Mais il semble être revenu de l'au-delà visiblement. C'est étrange... Cette voix... Ces propos étranges, et cette énergie noire qui s'est échappée de son corps... On aurait dit qu'il l'abandonnait comme un marionnettiste qui abandonne son pantin.

- On devrait lui enlever son masque, Senseï.

- Uh, acquiesça-t-il.

D'une main lente, il se saisit du masque de son adversaire inanimé et le lui enleva. La stupeur se peignit sur les traits des deux shinobis en observant le visage inconscient de leur ennemi.

- O...Obito ?! s'exclamèrent-ils.


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