Ben et moi étions dans le salon, en train de jouer au Uno. Je n'aimais pas ce jeu avant, mais ça c'était avant.

Tu es amoureux ?, me demanda Ben.

Hein ? De qui ?

De Anastasia bien sûr !

Quoi ? Non ! C'est juste mon amie.

D'accord... Tu as déjà eu une amoureuse ?

Oui, plusieurs même.

Alors comment on fait les bisous avec la langue ?

Tu verras plus tard mon grand !, cria Chuck.

Comme d'habitude Chuck était arrivé au bon moment pour me sauver la mise. Comment expliquer à un enfant de cet âge là comment rouler une pelle ? Même encore aujourd'hui je ne sais pas vraiment comment m'y prendre.

Quoi de neuf ? demanda Chuck.

Liam a dormi avec Ana cette nuit !, hurla Ben.

Chutttt Ben !

Quoi ? Ah ouais je vois..., répondu Chuck.

Non non, on s'est juste endormis devant la télé mec !

Si tu le dis.

Mais c'est vrai !

Si tu le dis.

Rho... Et toi avec Mia, c'en est où ?

Je suis sorti au bowling avec elle hier. Et... je l'ai ramené chez elle, m'avoua Chuck.

Tu lui as fait des bisous ?, demanda Ben.

Ouais... toute la nuit !

T'es trop fort Chuck !, cria Ben.

Et après ça dit de moi... Vous l'avez fait ?

Ouais, deux fois, avoua Chuck.

Fait quoi ?, demanda Ben.

Euh... Tu comprendras rapidement Ben.

Mais.. On me dit jamais rien, c'est pas juste !

Je peux jouer au Uno avec vous ?, demanda Chuck.

Oui !

Commencez sans moi, je reviens, annonçai-je.

Je roula le plus vite possible pour rattraper Ana qui venait de passer dans le couloir.

Ana !

Elle se retourna mais ne prêta pas attention à moi. Au lieu de ça, elle a continué son chemin d'un pas vif vers la porte de sortie.
Est-ce qu'elle m'en voulait pour cette nuit ? Alors que je n'y étais pour rien ?

*

J'étais désormais en tête à tete avec Amy, dans la salle d'exercices.

Vous avez virée Ana ?

Non, je l'ai juste renvoyé chez elle pour la journée. Elle n'avait pas à faire ce qu'elle a fait avec vous. Nous ne devons avoir uniquement des relations professionnelles voire parfois amicales avec nos patients.

Mais il y a rien de plus entre elle et moi Amy. C'est mon ami, c'est tout.

Elle ne remplie pas sa mission en faisant cela, c'est tout.

Sa mission ?

Je ne peux pas te dire ce que c'est. Reprenons l'exercice de la balle de tennis.

Je ne savais pas si elle était déçue ou en colère après Ana. Je pensais que Amy était le genre de femme qui ne s'énervait jamais et qui était douce. Mais ce jour là j'avais appris que j'avais tord.

Les exercices de ce jour étaient plutôt compliqués. J'avais beaucoup de mal à les réaliser et j'avais encore plus de mal à me concentrer. Je suais comme jamais je n'avais sué auparavant.

Lorsque j'arrivai dans la chambre, je me précipitai dans la salle de bain pour me doucher. En entrant dans la salle de bain, je découvris un petit morceau de papier avec un mot dessus.

« Amy m'a viré pour aujourd'hui mais je ne suis pas sûre de revenir demain, ni même après-demain. N'essaye pas de me contacter s'il te plaît. Laisse moi tranquille tant que l'on ne se revoit pas. »

Je ne comprenais pas pourquoi elle m'avait laissé ce message. Est-ce qu'elle me reprochait quelque chose ? Pourtant dans mes souvenirs je n'avais rien fait de mal...

*

J'étais à présent sur mon lit, je n'étais pas tombé cette fois-ci. Mon portable en main, je lisais le nombre incalculable de mails, de sms et d'appels manqués.

Ensuite, je me suis baladé un peu sur Facebook. J'ai ouvert mes nombreuses notifications puis j'ai prévenu tous mes amis que je m'étais enfin réveillé.

J'aurais aimé trouver Ana sur Facebook mais j'ignorais son nom de famille. De toute façon elle voulait imposer une distance entre nous deux visiblement.
Quelqu'un toqua et entra, je n'avais jamais une heure de tranquillité ici...

Salut fiston !

Papa, ça me fait plaisir de te voir !

Moi aussi ! Tu as une permission de sortie, tu viens déjeuner à la maison ce midi !

C'est vrai ? C'est génial !

Il ne pouvait pas me faire plus plaisir. J'allais enfin retourner chez mon ancien chez moi, retrouver ma chambre d'ado... et celle d'Helena

*

Je reconnaissais parfaitement cette maison. Elle n'avait pas changé en deux ans. Elle était toujours aussi blanche et grise, et l'allée fleurie était toujours aussi colorée.

Mon père m'aida rapidement à m'assoir sur mon fauteuil puis me poussa jusqu'à la porte de la maison.

En entrant à l'intérieur je fus surpris de voir toute ma famille réunie. Mes parents, mes grands-parents, mes oncles et tantes, mes cousins... J'étais très heureux.

Je n'avais jamais fait autant de câlins dans la même journée. J'ai fait la connaissance de deux petites cousines qui n'avaient pas encore un an. Elles étaient jumelles.

J'étais incroyablement surpris de voir que toute ma famille était là, sauf Helena... Personne n'avait changé. Ils étaient tous aussi gentils, drôles, bavards... Cela m'avait manqué.

*

La journée fut épuisante. J'étais désormais dans la chambre de Helena. Tout était comme elle l'avait laissé. Mais parents n'avaient rien touché. Ses livres d'écoles étaient encore ouverts, son lit n'avait pas été refait, son placard était toujours ouvert.

J'avais envie de mettre un peu d'ordre dans sa chambre. Helena n'a jamais eu une chambre rangée, alors pour une fois elle allait en avoir une.

Je fermai ses placards, rangeai son bureau... J'aérai sa chambre en ouvrant sa fenêtre et à ce moment là mon père arriva.

Tu sais, ta mère n'a jamais réussi à faire ce que tu viens de faire et... moi non plus.

Ce n'était pourtant pas compliqué... Ça fait mal certes, mais il fallait le faire papa.

Tu as raison. Il est l'heure que je te ramène au centre, je suis désolé...

Allons-y alors...

*

Une fois de plus, j'étais seul sur mon lit. La télévision était en face de moi et je n'avais rien d'autre que ça. Il faisait déjà nuit depuis plusieurs heures et tous les patients du centre devait dormir à poing fermé.

Je n'osais pas allumer la télé, de peur de me faire entendre. Je devais dormir moi aussi à cette heure si tardive mais je n'étais pas fatigué.

Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Anastasia. Pourquoi avait-elle réagi comme ça ? Je pensais que nous étions amis elle et moi, tout comme avec Ben ou Chuck. Je ne comprenais pas pourquoi elle m'avait demandé de ne pas vouloir la recontacter ? Est-ce qu'elle ne m'aimait pas à cause de mes deux roues ? Est-ce qu'elle me rejetait à cause de ce que j'étais ?

*

Ben me tira de mon sommeil. Dehors il faisait déjà jour.

On va faire nos exercices ensemble ce matin !

Oh... cool.

Tu dormais encore ? Mais il est bientôt 10 heures. Debout !

C'est ça que j'aimais chez Ben, il était toujours de bonne humeur et toujours excité. Un peu comme Chuck au final. J'étais content d'avoir Ben à mes côtés.

Je m'étais préparé assez rapidement afin de ne pas faire attendre Ben trop longtemps. Il était tout content à l'idée de faire ses exercices avec moi et à vrai dire je l'étais pas autant que lui. En effet lui et moi sommes très proches désormais mais je ne me vois pas passer tout mon cycle de rééducation avec lui...

*

T'es pas très fort... Et puis tu as l'air triste. Ça va ?

T'inquiète ça va bien, attrape !

La balle de tennis venait de lui rebondir sur le nez et nous rigolions tous les deux sans réussir à nous arrêter. Si un aide soignant nous avait pas demandé de nous taire nous ne nous serions pas tû.

Nous avons passé la matinée à faire des exercices tous les deux, tous aussi mal réussis les uns que les autres... dû au manque de sérieux de notre part...

Lorsque nous avons pris le chemin de la salle commune, Ben a voulu faire une course... Évidemment il m'a encore battu. J'étais arrivé au moins 10 secondes après lui.

Il faudra vraiment que je m'entraîne ! Je te promet que je vais te battre un jour ou l'autre ben !

Alors Ben et Nuts, on s'éclate dans les couloirs ?, nous demanda Chuck.

Salut mec ! Ça t'arrive de travailler en ce moment ?

Moi aussi je suis content de te voir Liam.

Après avoir pouffé de rire j'ai tapé dans la main de mon ami qui, encore une fois, se joignait à nous pour le déjeuner.

Quelques minutes plus tard nos plateaux repas étaient arrivés. C'était assez banal. Des crudités, des pâtes et de la charcuterie, un petit fromage, un yaourt et un peu de pain.

On va pas s'étouffer avec ça !

Te plains pas Liam, tu ne sais pas manger de toute façon, répondu Ben.

Il n'a pas tord, ajouta Chuck.

Mais de quoi vous vous mêlez ? Je vous signale que je me suis un peu entrainé en cachette et désormais je suis assez à l'aise avec une cuillère !

C'est ce qu'on va voir !

Je ne leur avais pas menti. Je m'étais entraîné la nuit dernière, lorsque je m'étais réveillé au beau milieu de la nuit. Certes ça m'avait pris plus de deux heures mais le résultat était satisfaisant puisque j'avais cloué le bec de mes deux amis.