Chapitre 61 [FIN]
Bonsoir les amis... Voilà la fin de Suprématie. Ceci est le dernier chapitre, il n'y aura pas d'épilogue puisque ce chapitre est en fait un épilogue d'une certaine manière ^-^
Je suis vraiment émue et, évidemment, très triste d'en être à la fin. C'est la dernière fois que je publie un chapitre de Suprématie, et l'émotion est présente. Je ne vais pas discuter ici de tout ça, il y aura de toute façon, dans très exactement une heure à partir de maintenant (21h) une update qui s'appellera "remerciements et informations", merci de prendre le temps de la lire car elle est très importante pour moi, et surtout il y aura des infos pour la suite des choses (futures fictions, bonus Suprématie, etc).
Les amis, je vous souhaite une très agréable lecture, j'espère qu'elle sera douce. Je vous aime. ♥
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Ma tête se laissa tomber vers l'arrière, et je détendis ma nuque un instant, les yeux clos. L'eau coulait sur ma peau, dans mes cheveux, chaude et agréable, et je savais que ses pupilles ne me quittaient pas.
"Vas-tu cesser de me dévorer du regard ?" Souris-je, sans relever les paupières.
J'entendis son léger rire.
"Dépêche-toi un peu. J'ai déjà eu le temps de m'essuyer et de m'habiller.
-Oui, monsieur."
Je me tournai vers lui, et posai un pied au sol, attrapant ma serviette à la volée pour l'enrouler autour de mes hanches. Il était en train d'arranger ses cheveux blonds, qui retombaient sur ses yeux, humides. Je croisai son regard dans le miroir et, sensuellement, je vins glisser mes mains sur ses hanches fines.
Il ne perdit pas son petit sourire.
"Ca fait un moment que tu ne m'as pas appelé comme ça."
Je hochai la tête.
"Quoi, tu voudrais... ?" Chuchotai-je, glissant ma bouche dans son cou.
Il baissa lentement les bras et posa sa brosse à cheveux pour laisser sa tête retomber vers l'arrière, sur mon épaule, alors que je l'embrassai tendrement. J'entendis un léger soupir de sa part.
Mais, soudainement, Taehyung fit volte-face et m'attrapa les épaules. Je me fis plaquer contre le mur, et son visage souriant se présenta face au mien, à seulement quelques centimètres.
Je fis mine d'être surpris.
"Tu es bien insolent, ce matin, mmh ?"
Je souris à mon tour, et mes doigts se mélangèrent à ses cheveux.
"Juste pour toi."
Il me regarda intensément, puis, sans plus attendre, ses lèvres fondirent sur les miennes. Il ne me laissa pas le temps de dominer le baiser ; j'étais emporté par sa fougue, par sa langue qui caressait la mienne, par l'une de ses mains qui glissa le long de mon torse ferme, pour encercler ma gorge.
Lorsqu'il se recula, je fis glisser mes mains vers ses hanches, pour les prendre fermement.
Je voulus le retourner mais il renforça sa prise sur moi pour m'en empêcher.
"Tu crois que je devrais te punir pour ça ?" Me questionna-t-il.
Mon ventre s'enflamma. Je glissai ma langue sur mes lèvres, le coeur battant, sans jamais le lâcher des yeux. Il arborait une expression plus sérieuse, et lubrique.
"Dois-je te rappeler qui a crié mon nom hier soir dans la voiture ? Qui me chevauchait sur la banquette arrière, mon amour ?" Susurrai-je, taquin.
Il serra les dents, une étincelle amusée dansant dans son regard noir, alors que ma propre phrase me rappela des souvenirs.
Oh, oui, lui en train de sauter sur mes genoux, la tête inclinée vers l'arrière, le souffle coupé. Il avait presque tourné de l'oeil pendant son orgasme. Seigneur, moi aussi, moi aussi j'avais manqué de m'évanouir tant ça avait été intense, la nuit dernière. Nous l'avions fait dans sa voiture, après avoir dîné dans un restaurant où je l'avais invité.
Sa chemise légère, ses fines et longues jambes enfermées dans un pantalon noir, et il avait osé porter un peu de maquillage. Je m'étais juré d'attendre jusqu'à chez nous. Mais je n'avais pas pu. Alors je lui avais intimé de se garer dans un coin tranquille. Je lui avais détaché sa ceinture et je l'avais pris sur moi. Je l'avais déshabillé entièrement sans rien enlever de mes propres vêtements. J'aimais beaucoup faire ça ; qu'il soit nu, et pas moi. J'aimais le soumettre de cette manière, juste de cette manière. Et je savais qu'il aimait ça, lui aussi, car jamais il ne me demandait d'ôter un seul vêtement quand c'était moi qui faisais.
"Dois-je te rappeler qui a pleuré, la semaine dernière, quand j'ai-"
Je posai une main sur sa bouche, gêné.
Il me fit un clin d'oeil, comprenant qu'il avait gagné cette petite guerre.
Oui. J'avais pleuré. Bon sang, j'avais pleuré de plaisir la semaine dernière. C'était rare quand ça m'arrivait, et surtout maintenant que nous avions l'habitude de faire l'amour. Mais il y a quelques jours, ce qu'il m'a fait a été particulièrement intense. La sur-stimulation. Il adorait me faire subir cette torture. Et il s'est délecté de mes pleurs, la semaine dernière, car il savait que c'était des larmes de plaisir -trop- intense. C'était le principe même de la sur-stimulation. Alors il ne s'était pas privé.
Je le regardai avec colère, et il se mit à rire assez fort, embrassant rapidement mon front avant de se reculer.
Je lui tournai le dos, boudeur, tout en m'essuyant correctement le corps.
"Je t'attends en bas. Grommelai-je, grincheux.
-C'est ça, oui, enfuis-toi." Sourit-il.
Je l'ignorai volontairement, terminant d'enfiler mon sweat à capuche dans les escaliers, et arrivai en bas. J'allais chercher mes chaussures et, tout en les enfilant, observai la petite dizaine de cartons qui restaient.
Aujourd'hui, c'était le grand jour.
Je me redressai et m'approchai des cartons ouverts pour les fermer correctement, tout en entendant Taehyung descendre les escaliers.
"Il en reste sept ?
-Six. Répondis-je, après les avoir rapidement compté.
-Ca rentrera dans la voiture. Affirma-t-il alors, tout en allant ouvrir la porte d'entrée.
-Ouaip."
J'empilai deux cartons et le suivis. Il ouvrit le coffre de sa voiture et me laissa déposer les cartons. A son tour, il en amena deux autres, et je m'occupai des derniers. Quatre entrèrent dans le coffre, et deux terminèrent sur la banquette arrière.
Taehyung n'avait pas voulu faire détruire cette maison. Alors il en était devenu un locateur. Et, bien vite, la maison avait été récupérée par une famille plutôt aisée, qui venait de s'installer sur Séoul. Le blond les avait rencontrés il y a trois semaines, et ils avaient été vite séduits par l'endroit.
Je regardai mon aîné, qui referma la portière arrière après avoir bien calé les cartons. Il me rendit mon regard un peu perdu.
C'était maintenant.
Nous devions faire nos Adieux à cette maison.
Cette incroyable maison.
Celle dans laquelle il y avait tant de souvenirs.
J'attrapai la main du blond, le tirant à mes côtés. Nous nous retrouvâmes de nouveau dans le salon vide.
"Je vais chercher les dernières affaires dans la salle de bain." Lui soufflai-je, pour le laisser un peu seul.
Il acquiesça, silencieux.
Je montai les escaliers et pris les deux serviettes que nous avions utilisé ce matin, ainsi que nos brosses à dents, et toutes les petites choses de dernière minute que l'on avait laissé ici et qu'on comptait prendre en dernier.
J'empilai le tout dans mes bras, jetai un dernier coup d'oeil à la pièce, puis à la douche.
"Je t'aime. Je t'aime, Taehyung, je suis fou amoureux de toi."
Je secouai la tête, un petit sourire naissant au coin des lèvres en me remémorant mon premier "je t'aime", ma première déclaration, ici, dans cette douche.
Lentement, j'attrapai la poignée de la porte et fermai derrière moi. Je restai immobile un instant, les yeux clos, respirant profondément.
Mes yeux se relevèrent vers la porte à ma droite.
La chambre.
La gorge nouée, je m'y approchai doucement, avant de pousser la porte blanche, et mes yeux tombèrent sur la pièce, sur le lit bien fait, les armoires vides.
Je restai à l'entrée, et je savais que les larmes arrivaient lorsque mes pupilles se déposèrent sur le grand lit double.
J'essuyai mes larmes naissantes d'une main tremblante, sans lâcher ce que j'avais dans les mains.
"Quel âge avez-vous... ?"
"Pourquoi tu veux savoir ça ?"
"Je... Je n-ne sais pas. Désolé, c'était sûrement indiscret, m-monsieur."
"J'ai vingt-quatre ans."
J'eus un petit rire, avant de laisser mes paupières se clore, les souvenirs envahissant mon esprit.
"Je suis désolé que tu aies eu à entendre tout ça."
"Je suis désolé que tu aies eu à subir tout ça."
Un soupir douloureux m'échappa.
"Mais moi j'ai envie de jouer, monsieur..."
Un ricanement, cette fois.
Je retins comme je le pus mes émotions. Comme toujours, mes larmes ne se faisaient pas prier pour envahir mes prunelles. Mais je les retins. J'avais trop pleuré. Il n'était plus l'heure pour pleurer.
Après avoir récupéré les dernières petites bricoles qui traînaient dans la chambre également, je posai une main sur la poignée, les lèvre pincées.
Puis je fermai la porte. Définitivement.
Je secouai la tête pour reprendre mes esprits.
C'était douloureux.
Cette maison abritait des souvenirs, mais surtout des secrets. Elle gardait intimement mon histoire avec Taehyung, nos mots, nos regards, nos pleurs et nos sourires.
Les doigts de ma main libre glissèrent sur la rampe d'escalier. Une fois en bas, j'aperçus Taehyung, qui n'avait pas bougé mais qui, cette fois, fixait les fauteuils. Il avait décidé de les laisser ici, comme le lit et quelques autres meubles. Et, à présent, il les regardait silencieusement.
Je sus alors que lui aussi, il se remémorait tout, juste là, debout et bien droit, les mains dans les poches.
A mon tour, je jetai un oeil vers le sofa en face de la télévision.
"Bonne nuit, petit Roi."
Mon coeur s'emballa. Cette phrase, je l'avais entendue comme dans un rêve. Je l'avais entendue aux portes du sommeil. Mais elle était gravée dans mon esprit, dans mes souvenirs les plus tendres.
Lentement, je passai derrière lui, glissant une main sur sa taille.
"Allez, viens." Soufflai-je.
Il détendit les épaules, et hocha la tête. Je sortis le premier, et il mit encore deux bonnes minutes avant de me rejoindre.
Ce fut une émotion plus forte encore qui me submergea lorsque la porte d'entrée se vit être définitivement close.
J'aperçus ses lèvres remuer légèrement, les yeux figés sur sa maison. Mais de là où j'étais, je n'entendis pas ce qu'il dit, et tant mieux ; ça le regardait, lui et lui seul.
Je me détournai alors et mis comme je pus les derniers objets sur la banquette arrière, les faisant tenir entre les cartons pour ne pas qu'ils tombent durant la route.
Une fois dans la voiture, il y eut un drôle de silence.
Un silence d'Adieux, et de renouveau à la fois.
Je le regardai, et déposai une main sur sa cuisse, un sourire triste aux lèvres.
"Jungkook, je ne me suis jamais excusé." Souffla-t-il.
Je penchai la tête sur le côté.
"Comment ça... ?"
Il me fixa. Son expression concernée me surprit.
"Pour le début. Mon comportement. Pour la façon dont j'ai voulu te contrôler.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne m'as jamais contrôlé Taehyung.
-Oui, mais je..."
Il secoua la tête.
"Je n'avais pas l'esprit assez clair pour m'engager avec quelqu'un.
-C'est pour ça qu'on ne s'est pas engagé au début.
-Arrête. Tu sais très bien de quoi je veux parler. Tu avais peur de moi."
Je pris une grande inspiration.
"J'ai eu peur quelques temps de toi, en tant que patron.
-Tu avais peur de mes réactions.
-Je n'ai jamais eu peur de toi physiquement. Je savais que tu ne me toucherais pas.
-Je t'ai giflé."
Le souvenir de cette claque, à Ulsan, me revint en pleine face. Mais je fronçai les sourcils, en désaccord avec ce qu'il disait.
"J'ai mis en danger tout le monde.
-As-tu pensé que tu la méritais ?" Murmura-t-il.
Je le regardai sans comprendre.
"As-tu pensé, ne serait-ce qu'un instant, que tu méritais cette gifle ? Que c'était normal ?"
Ma joue se fit maltraiter par mes dents. Malgré moi, je hochai la tête.
"Oui, je... Sur le moment, je l'ai pensé. Avouai-je.
-Tu avais tort. Je n'aurais jamais dû te toucher. Tu ne méritais pas cette gifle, peu importe ton erreur. Et je te... Je te présente mes excuses pour ça. Ca ne se reproduira plus jamais."
Je posai deux mains sur ses joues pour qu'il me regarde. Il semblait torturé par ce douloureux souvenir. Mes lèvres embrassèrent les siennes, tendrement.
"Je ne te pardonne pas toi, car ce n'est pas toi qui m'as giflé. Mais je pardonne mon ancien patron." Lui souris-je.
Il clôt les paupières.
"J'avais eu peur pour toi. Je t'ai giflé parce que j'ai eu peur que tu refasses une bêtise qui puisse te coûter la vie, Jungkook, je t'aimais déjà à ce moment-là, j'étais fou de t-"
Je le coupai pour l'embrasser profondément, touché d'entendre de tels mots de sa part. Mes mains agrippèrent ses cheveux, les siennes mes hanches, et l'on s'échangea, là, aux portes d'une nouvelle vie, un baiser qui en annonçait tous les changements, toute la nouveauté, tout le bonheur.
Après cet échange fougueux, nos regards s'accrochèrent, et j'embrassai doucement son nez.
Il démarra enfin la voiture, et je pouvais sentir de là où j'étais ce soulagement qui émanait de son attitude, comme si ses excuses lui enlevaient le tout dernier poids qu'il avait sur les épaules.
Enfin, Taehyung et moi quittâmes cet endroit, et je ne sentis pas le besoin de me retourner pour observer la maison. C'était fini, et c'était parfait ainsi.
Sur la route, je trouvai un dossier coincé dans ma portière. Je l'attrapai, curieux, et Taehyung le vit.
"C'est un dossier très important, ne mélange pas les documents qui sont à l'intérieur.
-Oui, monsieur maniaque." Grommelai-je.
Il ne répondit pas et j'ouvris ce dernier.
Oh, le testament, bien sûr.
"Tu mets ça dans la portière ?
-Juste le temps de la route."
Je haussai les sourcils, avant de m'y pencher de nouveau.
Le testament de Kang-Dae.
Après que Taehyung ne soit rentré, nous avions passé presque deux mois ensemble mais aussi avec les autres, avec ma mère, chez qui nous étions d'ailleurs en train d'aller, et tout s'était déroulé à merveille ; de la sortie d'hôpital de Jimin, à la vente du réseau de Taehyung. Ce dernier s'était servi de cet argent pour payer les fameux agents d'élite qu'il avait eu sur le dos depuis la fin de la mission, ceux que Jin avait recruté sur le darkweb. Ces gens-là ne rigolaient pas ; ils avaient harcelé mon ancien supérieur jusqu'à enfin recevoir leur argent. Une fois cela fait, on n'avait plus entendu parler d'eux. Le réseau avait été vendu à un autre. Les derniers employés y travaillaient toujours, mais avaient été prévenus que ce n'était plus Taehyung leur grand patron.
C'est à ce moment-là qu'on s'était mis à s'inquiéter, Taehyung et moi, car il ne restait presque plus rien sur le compte du blond ni sur le mien ; même après avoir vendu la maison, les dernières armes qu'on possédait, et quelques affaires de la boîte -ainsi que l'annexe-. Tout ceci avait renfloué quelque peu son compte en banque, mais nous avions bien vite compris que ça n'allait pas être illimité.
Jusqu'à ce que Taehyung ne reçoive un appel de la police.
[FLASHBACK]
"Ma mère a appelé, au fait. Elle nous invitera bientôt à un dîner, avec tout le monde. Expliquai-je à Taehyung, tout en mâchant ma boulette de viande.
-Ce sera quel j-"
Mon aîné se fit couper par la sonnerie de son téléphone.
"Excuse-moi une minute."
Il décrocha, sans sortir de table, déposant ses baguettes métalliques sur son assiette.
"Oui ?
-Monsieur Kim Taehyung ? C'est le commissariat de police." Entendis-je à travers le cellulaire.
Mon ancien supérieur me fixa, intrigué, et mit le haut parleur pour que je puisse entendre correctement.
"J'écoute. Fit-il.
-Bien. C'est assez spécial, comme nouvelle. Et c'est à propos de Kang-Dae.
-Je ne veux pas avoir à vous aider en quoi que ce soit, laissez-moi hors de cette affaire. Trancha immédiatement le blond.
-Attends." Chuchotai-je, mécontent qu'il n'écoute même pas ce qu'avait à dire l'agent de police.
Il haussa les sourcils et laissa alors l'homme parler.
"Monsieur Lee Kang-Dae, avant sa mort, avait écrit un testament. Il l'a même rédigé la veille de son décès."
Là, on se regarda l'un l'autre, surpris au plus haut point.
"Un testament ?
-C'est bien cela, monsieur Kim. Et... C'est-à-dire que vous êtes la seule personne à qui il destine tous ses biens."
L'incompréhension régna sur le visage de mon ancien supérieur, jusqu'à ce que, petit-à-petit, il ne semble réaliser de quoi il était question.
"... il me lègue son manoir ?..."
J'avais la bouche entrouverte de choc. C'était inattendu, et je n'arrivais pas à afficher une autre expression que celle de l'incrédulité.
"C'est bien cela, monsieur Kim. Et selon nos estimations, ce manoir vaudrait autour d'un million sept-cent milles euros, notamment par le simple fait qu'il se trouve à Gangnam. Il en vaudrait deux millions à la base, mais les dégâts causés le soir de la mort de Kang-Dae a fait baisser son prix, il y a beaucoup de réparations à faire. A vous de voir monsieur Kim, vous pouvez accepter ce manoir, le vendre, ou refuser. Passez au commissariat dès que possible."
Taehyung était bouche bée. Il n'était vraisemblablement pas préparé à recevoir une telle nouvelle.
Après cela, ce fut bien rapide. Le jour-même, mon aîné s'était rendu au commissariat, et avait signé son accord sur la vente du manoir. Bien vite, ce dernier avait été racheté par l'état ; le manoir était à présent en travaux, et allait devenir une université.
Taehyung y avait alors investi un peu de sa nouvelle fortune et, à présent, il en était considéré comme le co-fondateur, et en posséderait des parts par la suite, lorsque l'université ouvrira ses portes dans deux ans.
Voilà que l'homme de ma vie était de nouveau riche. Aussi simplement que cela, comme si chez lui, être aisé était un trait de caractère qu'il n'arrivait pas à perdre.
Taehyung avait cependant fait une requête. Sans m'en parler au préalable, il a écrit une lettre dans laquelle il voulait décider du nom de l'université. Il m'a mis au courant quelques jours plus tard, lorsque ce fut accepté.
J'avais été profondément ému et touché lorsque j'avais appris que dans deux années, le manoir sera transformé en "l'Université Yong Dongwoon de Gangnam", et qu'elle allait pouvoir accueillir près de six milles étudiants.
[FIN FLASHBACK]
Je rangeai le testament dans le dossier de couleur vert, que je remis dans la portière. Mes yeux se déposèrent de nouveau sur le visage de mon ancien patron, qui passait une main dans ses cheveux blonds pour les remettre en arrière.
"Est-ce que tu penses que c'est de la chance ?" Me demanda-t-il alors, sans me regarder, et je savais qu'il parlait de la vente du manoir.
Je haussai les épaules, et fixai la route à mon tour.
"Tu es destiné à être riche, on dirait." Lui fis-je, souriant.
Il eut un léger sourire à son tour, et je clos les paupières, sachant la route encore longue jusqu'à chez ma mère, qui nous attendait tous.
**
"Ah, vous voilà enfin ! Entrez !" Nous sourit ma mère.
Je l'embrassai sur la joue, et Taehyung se laissa faire lorsqu'elle lui passa une main affectueuse dans le dos. On se déchaussa et on ôta nos vestes, avant de rejoindre le salon, là où l'on découvrit tous les autres.
"Bonjour à tous." Fit le blond.
Namjoon se courba mais réussit à lui adresser un léger sourire. Mon petit-ami le lui rendit et je fus étonné de voir les rougeurs sur les joues de mon ancien collègue, toujours aussi gêné. Ava salua à son tour Taehyung, Jin lui offrit son éternelle étreinte, et j'eus un grand sourire en découvrant Insoon, en train de grignoter un gâteau.
"Jungkook !
-Hey toi !"
Je l'attrapai sous les bras pour la porter contre moi. Elle se mit à rire quand je la fis tourner dans les airs, avant de la poser au sol et de lui caresser les cheveux, accroupi devant elle.
"Tu vas bien ?
-Oui ! Tu as vu le papier ? Tu as vu tu as vu ?!" S'excita-t-elle.
Je haussai les sourcils, pour feindre la surprise.
"Un papier ? Quel papier ? Souris-je, alors que je savais très bien de quoi elle parlait.
-Jinie m'en a fait une photocopie parce que je voulais toujours le garder dans ma poche.
-Comme un porte-bonheur ?
-Oui !"
Elle déplia la feuille et me la tendit, toute heureuse.
Je la parcourus rapidement des yeux car je savais déjà ce qu'il y avait dessus.
L'acceptation de la demande d'adoption de Jin. Ce dernier était à présent considéré comme un parent d'Insoon, et il en avait l'entière garde.
Je me redressai vers Jin, qui discutait avec Taehyung.
"Félicitations." Lui fis-je, la voix basse.
Il me regarda, et m'adressa un clin d'oeil.
"Elle crie victoire trop vite. Elle oublie que dès septembre prochain elle ira à l'école.
-Lalala j'entends rien..." Chantonna-t-elle en bouchant ses oreilles.
Je croisai le regard de l'homme que j'aimais, plus beau que jamais, avec ses cheveux bien coiffés, ses boucles d'oreille, sa chemise fine et son pantalon en toile blanc.
Le plus beau d'entre tous.
Il vit mes yeux appuyés et détourna le regard, comme s'il n'avait rien vu, acceptant un verre d'alcool que ma mère lui proposait.
Je rendis la feuille à Insoon et elle alla plus loin. Je la suivis du regard lorsqu'elle tendit le papier vers...
"Jimin." Soufflai-je.
Mon ami s'approcha de moi, un bras plié dans une sorte d'attelle bien fixée. On s'observa un instant l'un l'autre, jusqu'à ce que je ne puisse m'empêcher plus longtemps de le prendre contre moi, tout en faisant attention à ne pas appuyer sur son bras et sa clavicule.
Il posa sa tête contre mon épaule. Je clos les paupières, heureux et, il fallait le dire, encore soulagé.
Lorsque l'on se recula l'un de l'autre, l'émotion dans nos regards était si forte que je ne sus quoi dire.
"Salut. Entendis-je de Yoongi, qui venait d'arriver.
-Hey." Souris-je.
Il passa un bras autour de la taille de Jimin pour le ramener contre lui.
"Comment tu vas ? Demandai-je à mon ami, qui ne me quittait pas des yeux.
-Je vais bien. Très bien. Et toi ?
-Mieux que jamais."
Je le vis ensuite regarder Taehyung. Je compris sa question silencieuse.
"Il va très bien.
-Vous avez quitté la maison aujourd'hui, non ? Intervint Yoongi.
-Juste avant de venir, oui."
Il hocha la tête, et bien vite, je sentis un bras passer autour de ma propre taille. Je souris sans regarder qui c'était.
"Bonjour patr- hum..."
Yoongi se gratta les cheveux, gêné. Taehyung ricana, ce qui fit se raidir mes anciens collègues, peu habitués à le voir ainsi.
"Tu peux m'appeler Taehyung.
-Oh- Très bien, je vais essayer, alors..."
Je ris à mon tour.
"Au fait, merci pour-
-Ne me remerciez pas. L'argent de ce manoir nous revient à tous. Il est normal que je le divise entre chacun d'entre vous.
-Grâce à vous nous allons vivre aisément jusqu'à la fin de nos jours. Souffla Jimin, reconnaissant.
-Grâce à vous je suis heureux." Répondit Taehyung, le ton sérieux.
Dans les yeux de Yoongi et de Jimin, je vis de la gratitude, du bonheur et je pus réaliser à quel point ils étaient touchés par les mots de Taehyung. Ils se courbèrent d'ailleurs devant lui, et mon ancien supérieur eut un sourire fier en les regardant, ainsi heureux, ainsi changés.
Ava, à son tour, remercia mon aîné, puis ce fut au tour de Namjoon, et de Jin qui appela Insoon pour qu'elle le remercie aussi. Ma mère prit les mains de Taehyung dans les siennes et lui adressa un sourire et un regard bourrés de reconnaissance.
Avec tout l'argent touché du manoir, le blond avait décidé d'en donner une assez grosse part à chacun d'entre tous. Il avait même envoyé assez d'argent à sa mère pour qu'elle ne vienne plus jamais le voir. Quand j'avais appris qu'il avait fait cela, le soir où il me l'avait annoncé il y a déjà presque un mois, je lui avais profondément fait l'amour, sans trop savoir pourquoi, comme si tout le bonheur avait explosé précisément ce soir-là. Je l'avais fait crier de plaisir, et je m'étais juré de lui faire pousser ces hurlements éternellement, que jamais je ne m'arrêterais de lui faire voir les étoiles maintenant qu'il y avait goûté. J'avais toujours su qu'il avait un coeur démentiellement grand. Je ne m'étais pas trompé.
Enfin, parfois, je devais avouer que me faire violemment plaquer contre un mur et me faire malmener par son côté dominant me plaisait tout autant. Car bien entendu, monsieur avait toujours besoin de me voir me tordre sous lui, quand bien même à présent, il se tordait aussi sous moi. Tout ceci rendait notre relation délicieuse, pleine de surprise. Tout était encore plus explosif, encore plus extraordinaire, mais surtout et paradoxalement, tout était devenu si doux, si paisible.
Je rougis en réalisant ce à quoi je pensais en public.
Ma main ne put s'empêcher d'attraper sa hanche et de la presser entre mes doigts. Je le sentis se raidir et tenter de m'échapper mais je me positionnai derrière lui, agissant devant les autres comme s'il ne se passait rien, alors que mes doigts pressaient sa taille avec force.
Mais soudain, la sonnerie retentit, et je lâchai mon aîné, angoissé.
Je savais qui c'était. C'était moi qui avais demandé à ma mère de l'inviter dans sa nouvelle maison.
"Oh, bougez pas, je reviens."
Et, en effet, lorsqu'elle revint, il était bien là.
"Hey... Ca fait beaucoup de monde... Sourit-il, gêné.
-Hoseok." Soufflai-je, en lui tendant la main.
Il me vit enfin, et m'adressa un regard timide, avant de tendre sa paume. Amusé, je m'empressai de le tirer contre moi et de le prendre dans mes bras, ce qui fit rire Ava et Jimin devant la surprise de mon ami.
"Tu n'étais pas obligé de venir, si tu n'en avais pas env-
-Jungkook, si je suis là c'est que ça va." M'assura-t-il en se reculant.
Sa réaction me fit plaisir, et je hochai la tête, soulagé.
"C'est votre nouvelle maison, madame Jeon ?
-Mais que suis-je bête ! Je vais vous faire visiter à tous ! Seuls Jungkook et Taehyung l'ont déjà vu, le reste, suivez-moi il faut absolument que je vous montre la salle de bain.
-La salle de bain... ? S'étonna Yoongi.
-J'ai acheté tout un set de rangements cosmétiques vous ne pouvez pas rater ça."
Hoseok m'envoya un regard amusé et suivit ma maman, toute joyeuse, qui entraînait tout le petit groupe à sa suite.
Seuls Taehyung et moi restâmes dans le salon, et à l'instant même où on n'entendit plus de voix, je sentis deux mains fermes m'attraper la taille. Je sursautai et hoquetai lorsqu'il me colla à lui, face à face.
"Tu le fais exprès ?
-Peut-être bien."
Je léchai ses lèvres et attrapai ses fesses. Il me repoussa cependant et attrapa plutôt les miennes.
"Tu m'énerves. Grogna-t-il.
-Tu m'excites." Répondis-je.
Je le voulais. Oh, Seigneur, je le voulais.
Mes dents se plantèrent dans sa gorge et, immédiatement, il perdit tous ses moyens. C'était son point faible, que j'avais découvert depuis bien longtemps, et maintenant j'en abusais, je le savais, mais à chaque fois cette réaction surprise, ce couinement, ça me rendait dingue.
Je reculai pour le regarder.
Voilà.
Maintenant j'étais sûr qu'il serait à moi ce soir.
"Démon. Fit-il, les yeux clos.
-Je sais que tu en as envie."
Il émit un léger son lorsque je glissai deux doigts contre pantalon, mais entre ses deux fesses, les faisant légèrement coulisser, tout en m'assurant que personne ne revenait. Ses mains s'agrippèrent à mon haut et il colla son front contre mon torse.
"Demande-le moi. Demande-moi ce que tu veux ce soir." Murmurai-je, tout près de son oreille.
Il déglutit et je plongeai mes mains dans ses cheveux pour les tirer en arrière, afin qu'il puisse me regarder.
"Je veux que tu me... Que tu me...
-Que je te... ?"
On aurait dit un démon, c'est vrai, j'avais la sensation d'en être un, parfois, quand je le faisais me supplier de la sorte. Mais c'était si bon, et il était si beau à n'être qu'à moi, à se laisser aller dans mes bras.
"Je veux que tu me fasses l'amour ce soir."
Je sautai sur sa mâchoire, que j'embrassai à pleine bouche, le faisant soupirer et tourner le visage sur le côté.
Puis, lentement, je glissai mes lèvres contre son oreille.
"Taehyung... Tout ce que tu veux, tu l'auras."
**
"Vous êtes sûr que vous ne voulez pas d'aide ?
-Non, ne t'inquiète pas. On a déjà tout fait la semaine dernière, là il ne nous reste que quelques cartons dans la voiture, on saura se débrouiller.
-Ok ! Faites nous visiter quand tout sera en place ! Me sourit alors Jimin.
-Aucun problème pour ça, dès la semaine prochaine ça devrait être bon." Répondis-je, tout en faisant de grands signes de main.
Taehyung démarra enfin la voiture. J'adressai un grand sourire à ma mère, constatant, alors que le véhicule s'engageait sur la route, à quel point sa nouvelle maison était mignonne. J'étais heureux. Elle était bien installée, et elle reprenait chaque jour un peu plus confiance en elle, confiance en la vie.
"J'ai hâte de la revoir." Avouai-je, en parlant de notre propre maison.
Mon aîné ne répondit rien, mais je savais qu'il était du même avis.
Le trajet fut long. Je m'étais même assoupi, bercé par la conduite experte et douce de l'homme que j'aimais. Et c'est une tendre caresse contre la peau de ma joue qui me réveilla, suivie d'un baiser sur ma tempe.
"On est arrivés." Me souffla-t-il.
J'entrouvris les yeux, émergeant de ces quelques heures de route.
"Busan est encore plus jolie le soir." Murmura-t-il.
Je lui souris, et jetai un oeil à la fenêtre, redécouvrant ma nouvelle maison.
Notre nouvelle maison.
J'adressai un regard émerveillé à mon aîné, qui me tendit la main, silencieusement. Je la saisis avec une drôle de gêne. Oui, j'étais légèrement embarrassé, car tout ceci était nouveau pour moi. Je savais que cette fois on ne venait pas la visiter ou la remplir de nos affaires ; non, cette fois, on y entrait pour ne plus en sortir. J'allais enfin dormir ici avec Taehyung.
Il y avait un petit grillage, qui nous arrivait à l'abdomen. Je le poussai et nous entrâmes enfin. Je redécouvris le chemin de pierres blanches, l'herbe bien taillée et bien verte, le petit pavillon au fond qui abritait une table et des chaises neuves. Ce n'était pas plus grand que l'ancienne maison de Taehyung. Et c'était parfait ainsi.
Ce fut lui qui ouvrit la porte blanche. Une fois à l'intérieur, on se déchaussa dans l'entrée. Le salon, que je fus heureux de revoir, était rempli de cartons non déballés, mais ce n'était qu'un détail.
Il était vraiment magnifique. Mon aîné avait un don pour la décoration épurée. Mais à contrario de sa première demeure, qui n'était que moderne, ici c'était à la fois classe et chaleureux. Il y avait des détails en plus, qu'il n'y avait pas avant.
Une table et des chaises grises, luxueuses, mais recouvertes d'une nappe rouge. Des cadres couleur or mais parfois avec nous, avec l'ancien réseau, il y avait aussi une photo de ma mère et de Daejung. Une photo où j'étais seul, tout sourire. Une autre image que j'avais prise de Taehyung, le regard fixé sur l'objectif, les yeux pétillants.
Je me pinçai les lèvres.
Le canapé était en tissu, d'une jolie couleur mauve. Il était en face d'une grande télévision qu'on avait accroché au mur. Plus loin trônait une cheminée moderne, malgré le motif en faux bois. Mon aîné s'affaira d'ailleurs à l'allumer tandis que je redécouvrais mon nouveau chez moi.
Le sol était du faux parquet sombre, et j'avais insisté pour qu'il y ait des tapis un peu partout. Je veux dire, qui n'aime pas les tapis ? C'est doux, chaleureux et confortable. Il fallait être fou pour ne pas penser en acheter.
Je laissai Taehyung dans le salon pour me diriger vers la salle de bain. La maison était très grande mais il n'y avait pas d'escaliers ; nous n'avions pas souhaité en avoir. Tout était sur le même étage. Et j'en étais très content.
La salle de bain respirait le neuf et la propreté. Il y avait une douche blanche, assez grande pour nous deux. A sa gauche, une baignoire qui épousait l'angle de la pièce. Les lumières étaient des néons bleutés. Je les avais moi-même choisi, et j'en adorais les effets.
Je jetai un rapide coup d'oeil à la chambre d'amis, basique, pour me diriger vers notre chambre ensuite. C'était Taehyung qui avait tenu à la décorer. Et j'avais tellement ajouté mon grain de sel pour le salon que j'avais accepté, bien malgré moi, de lui laisser champ libre pour notre chambre à coucher.
J'eus un léger sourire en découvrant le fameux plaid vermeil que le blond avait voulu acheter. Il l'avait simplement mis sur la moitié basse du lit, pour ajouter une sorte de parrure, une touche de couleur car nos housses et draps étaients principalement blancs ou noirs. On avait recouvert les murs d'une tapisserie aux motifs simples ; tout était blanc à l'exception d'une longue bande noire horizontale, qui entourait la chambre. On s'était d'ailleurs disputé de nombreuses fois car on pensait que l'un, puis l'autre, ne savait pas bien mettre une tapisserie et que la bande noire ne serait pas parfaitement droite et coordonnée de mur en mur. Mais on avait finalement réussi (parce que c'était moi qui l'avais fait).
Il y avait une petite table de chevet rouge nacrée, de la même couleur que le plaid. Elle avait coûté super cher. Vraiment.
Et enfin, une gigantesque armoire noire, sur laquelle le blond avait placé deux grands miroirs, comme dans son ancienne maison.
Je secouai la tête, et fermai la porte pour retourner dans la pièce à vivre. Je passai devant la cuisine moderne, dans les tons gris ; mon ancien supérieur y préparait déjà le dîner.
Je me dirigeai vers le sofa mauve et m'y installai, jetant un oeil vers la cheminée dans laquelle le feu s'agitait.
Je serrai les dents en sentant mon coeur se serrer. A chaque fois que je regardais du feu, il n'y avait que le manoir qui me revenait en tête. Le manoir, Kang-Dae, Dongwoon, Daejung, le sang, les cris, les balles, Taehyung qui m'échappe, Jimin qui m'échappe, le contrôle qui m'échappe.
Je me détendis instantanément lorsque deux mains se posèrent sur mes yeux.
"Arrête." Souffla-t-il.
J'expirai, et laissai mon visage se pencher vers l'arrière. Il ôta ses mains de mes paupières et je croisai son regard.
"J'aimerais les ramener. Murmurai-je.
-Je sais."
Il contourna le fauteuil, et prit place à mes côtés. Je vins l'embrasser, une main dans sa nuque.
"Je suis désolé d'avoir agi comme ça avec Daejung." S'excusa-t-il soudain.
Je me reculai pour mieux le voir. Il continua.
"J'avais un mauvais comportement Jungkook, je le sais. Mais ce n'était ni de la jalousie, ni un désir de te soumettre à mon contrôle, quand bien même c'est ce que je voulais bien te faire croire."
Je penchai le visage sur le côté, surpris et intrigué. Il détourna le regard vers les flammes emprisonnées derrière la petite porte en vitre de la cheminée.
"... Je n'avais confiance en personne. J'avais peur qu'on te fasse du mal. J'avais l'impression que c'était une trop grosse coïncidence que quelqu'un entre dans la vie de ta mère.
-Taehyung... C'est rien, je te pardonne tout, tu le sais."
Il clôt les paupières et prit mes mains dans les siennes pour les embrasser.
"Je te pardonne tout sans exception. C'est du passé. Tu as changé. Et même si ton comportement était parfois un peu trop protecteur, je sais que le seul et unique but derrière tout cela c'était que je reste en vie.
-Et pourtant, quand j'y pense, je n'aurais jamais accepté que tu entres dans le réseau si je-
-Si tu m'aimais ? Tu ne me connaissais pas Taehyung. Tu ne voulais pas que ton réseau coule, alors tu m'as forcé à rester. Tu aurais fait ça avec n'importe qui.
-Tu m'as sorti de là."
Il rouvrit les yeux, et me fixa.
"Tu m'as aidé à abandonner tout ça. Jungkook je me sentais tellement seul."
Je pris son visage dans mes mains.
"Il y avait moi, le chef de réseau. Et il y avait Taehyung, à l'intérieur, qui était spectateur de toute cette vie dangereuse. Ce n'était pas un masque c'était encore plus profond que ça." Se livra-t-il.
Heureux de l'entendre se confier, je gardai le silence et me contentai de lui montrer que j'étais là, que j'étais à l'écoute.
"On me regardait avec peur, admiration ou obéissance. J'avais juste envie qu'on me trouve, j'étais caché derrière toute cette fausse distance, cette fausse Suprématie.
-Shhh, je suis là." Murmurai-je.
Je déposai mes lèvres contre son front. Il posa ses mains sur ses cuisses et serra son bas dans ses poings. Ses pupilles fixaient à présent mon torse. Il semblait perdu dans ses démons, ceux encore présents, et les anciens, plus puissants.
"Je m'engouffrais dans un puits tout noir, j'étais accroché à une corde que je faisais moi-même descendre. Et chaque jour je tombais un peu plus. Je me sentais vide, et j'avais beau être entouré de gens fidèles, dans ce cas de figure, la fidélité n'est pas ce que l'on a besoin quand on se sent sombrer."
Puis il leva le regard vers moi de nouveau.
"Tu es arrivé avant que je ne lâche la corde."
Cette phrase provoqua un horrible choc dans mon corps.
Je venais de comprendre ce qu'il essayait de me dire.
"Oh mon Dieu, tu..."
Il avait voulu... en finir ?
Quand il vit que je compris son allusion, il voulut regarder ailleurs mais je l'attrapai plus fort encore. Mes mains pressaient sa mâchoire. Nos deux paires d'yeux se remplissaient de larmes.
"Tu as voulu te... Te sui-
-Tu es arrivé juste avant. Peut-être quelques jours avant. Peut-être quelques heures. Mais tu es arrivé tout juste avant."
Mes lèvres tremblaient. Je m'imaginais soudain un Taehyung seul, dans sa grande maison vide et froide, s'attacher une corde au cou et... Et...
"Non..." Pleurai-je.
Je le tirai contre moi. Il se laissa faire tandis que je le serrai de toutes mes forces.
"Tout va bien Jungkook. Ca va.
-Tu... Oh, mon Dieu..."
Il me poussa doucement et ce fut à son tour de prendre mon visage en coupe.
"Tu m'as sauvé la vie."
Je papillonnai des yeux pour chasser mes larmes, et eus un sourire à travers mes pleurs. Son sourire fit écho au mien.
"Taehyung tu es... Tu es..."
Il clôt les paupières. Nos visages se rapprochèrent.
"Tu es l'amour de ma vie." Fit-il à ma place.
Mon coeur sembla cesser de battre, pour reprendre de plus belle.
Ce soir là, on fit l'amour passionnément. On se donna l'un à l'autre, dans notre nouvelle chambre qui sentait le neuf, entre nos nouveaux draps. Je lui ai même ligoté les poignets pour qu'il ne contrôle rien, pour qu'il me laisse l'aider, le porter, le guider vers la détente la plus absolue et la plus intime de lui-même.
A son tour, il m'a empêché de parler, de respirer, de bouger, décuplant les sensations, il a fait rougir la peau de mes fesses, il m'a fait crier mon plaisir et les huit délicates lettres qui composaient son nom.
Et tout ceci sans jamais qu'un seul instant, qu'une seule seconde, nos regards ne s'abandonnent.
Je caressai son visage lorsqu'il fut épuisé, tout autant que je l'étais.
Il me regardait de ses yeux noisettes, qui brillaient dans la pénombre de la pièce. Mais je les voyais.
Même dans le noir, j'arrivais à le trouver, comme lui m'avait trouvé il y a un an, juste avant de toucher le fond du puits, juste avant de lâcher la corde.
Dans le noir de ma pauvreté, de mon immaturité et de ma peur du monde, Taehyung était venu me sauver.
Dans le noir de la solitude, de l'extrême de lui-même, de la suprématie abusive et dévastatrice, j'étais venu sauver Taehyung.
Le roi de l'échiquier était le malheur. Le roi de l'échiquier pouvait anéantir un pion.
Alors les pions s'étaient liés, s'étaient attachés, se sont partagés leurs peurs, se sont sacrifiés, se sont aimés, se sont détestés, mais ne se sont jamais abandonnés.
Maman, Jimin, Namjoon, Yoongi, Jin, Hoseok,
Daejung, Dongwoon,
Kang-Dae,
Taehyung,
et moi.
Nous avions tous, à notre manière, tenté de protéger la personne ou la chose la plus précieuse à nos yeux. Ce n'était pas un désir égoïste de nuire à autrui, mais une volonté d'être heureux dans nos souhaits les plus chers.
Certains ont perdu la vie, d'autres sont des rescapés, et d'autres encore avaient pensé à se la ôter, ou bien à donner tout son possible pour la préserver.
Mais, dans le fond, nous avons tous réussi à la vaincre. Qu'elle soit sociale, ou comportementale, la seule chose qui détruit notre monde, qui nous plonge dans les ténèbres, qui déshumanise, c'était Elle...
...La Suprématie.
Fin de Suprématie.
[01/11/2020]
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Je ne sais pas trop quoi dire, c'est fou et irréaliste de me dire que c'est terminé. 1 an et 9 mois d'écriture.
Je ne vais pas trop m'étaler ici, sinon ça risque de ne pas en finir, mais je vous invite très fortement à aller lire les remerciements et informations que je vais publier à 21h.
Merci du fond du coeur pour les 3.05M de vues, pour les 218K de votes, pour les 750K de commentaires. Merci de m'avoir fait vivre une chose pareille.
Je vous aime infiniment. ♥
A dans une heure! ;)
En souvenir de cette histoire, je vous mets ici les 3 couvertures de Suprématie (la première ayant été rapidement remplacée par la deuxième, la deuxième est restée très longtemps, et la dernière vous la connaissez tous) :
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