Chapitre 60
Hello les amis! ^-^
Ok, alors ce chapitre est officiellement le plus long de Suprématie. Il fait 12 500 mots, je vous préviens d'avance, histoire que vous sachiez qu'il vous faut au moins une demi-heure pour le lire. ^^"
Je vous ai mis une petite musique en média, celle que j'ai essentiellement écoutée durant l'écriture de ce long chapitre. (clic droit + "lire en boucle" ! ^-^)
Ceci est l'avant-dernier chapitre de Suprématie. J'espère du fond du coeur qu'il vous plaira.
Bonne lecture à toutes et à tous~ <3
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Je poussai les doubles portes de mes deux mains avec assez de puissance pour que ces dernières ne résistent pas une seule seconde. Je croisai une infirmière qui sursauta à ma vue, avant de se décaler.
"Excusez-moi." Murmurai-je rapidement, sans trop prêter attention à elle.
Je me retenais de courir, mais ce n'était pas l'envie qui manquait.
Ce matin, voilà le message que nous avions tous reçu de Yoongi.
Venez à l'hôpital dès que possible.
J'avais lu le message deux heures après son envoi, car mon collègue nous l'avait envoyé assez tôt.
Alors, dans l'angoisse intense et la panique, je m'étais douché et habillé à la vitesse de l'éclair. Je n'avais pas pris le temps de discuter avec ma mère, qui s'était contentée de m'observer, sa tasse de café à la main, les yeux grand ouverts. Elle avait bien compris que me parler me ralentirait.
J'étais sorti à la hâte, ajustant mon sweat à capuche dans les escaliers, et j'avais couru vers les transports en commun comme si ma vie en dépendait.
Je ne savais pas de quoi il était question. Ce que le message de Yoongi signifiait. Mais j'avais la boule au ventre, et le coeur qui battait la chamade.
Après une demi-heure interminable, j'étais sorti de la bouche de métro, et m'étais enfin retrouvé devant l'hôpital.
Une fois au bord des portes, je m'étais arrêté net, comme si un mur s'était présenté devant moi.
C'était le mur de l'appréhension. Celui qui s'était dressé devant moi pour me rappeler que j'allais devoir peut-être encaisser la pire nouvelle en dix-huit ans de vie. Alors j'avais pris une grande inspiration et, enfin, j'étais entré, ce qui me ramenait à l'instant même ; je traversai les nombreux couloirs à la recherche de la chambre dans laquelle reposait mon ami. L'un des plus chers amis de ma vie.
Mon coeur manqua un battement lorsque j'arrivai au bout du couloir où se trouvaient absolument tout le monde.
Même Ava était là.
Namjoon tourna la tête et j'échangeai un regard avec lui. Il avait une expression indéchiffrable.
"Jungkook." Souffla Ava.
Elle me tendit la main de loin alors, lentement, j'approchai. Elle arborait une expression fatiguée -sûrement qu'elle s'était levée à la hâte aussi-.
"Qu'est-ce qui se passe ?" Soufflai-je, à bout de souffle, la peur me dévorant le ventre.
Jin me salua d'un signe de tête, puis regarda Namjoon, avant de me regarder à nouveau.
"Je pense que tu devrais entrer à l'intérieur. Ce n'est pas à nous de te dire ce que tu y trouveras."
Ma respiration se coinça dans ma gorge. Mes oreilles bourdonnaient, tandis que ma main frôlait la poignée de la porte. Je jetai un oeil à l'intérieur à travers la petite fenêtre, mais tout ce que je vis fut le dos de Yoongi, figé, devant Jimin, de qui je ne voyais pas le visage à cause de son petit-ami posté juste devant.
Une main se posa sur la mienne.
"Ava...
-Entre Jungkook." Murmura-t-elle.
Elle accompagna ses paroles d'une légère caresse dans le bas de mon dos. Je déglutis et hochai la tête.
Enfin, je pénétrai la pièce, et l'air me sembla étouffant à l'instant même où la porte se ferma derrière moi.
"... Yoongi ?"
Ma voix avait été faible, nouée, et mon collègue ne répondit rien.
J'approchai d'un pas, puis d'un autre, jusqu'à arriver près du lit. Yoongi me cachait toujours la vue. Je n'osais pas me décaler de moi-même. Je n'osais pas comprendre.
Cependant, lorsque Yoongi se tourna vers moi, les yeux larmoyants, et que je découvris enfin le lit, je crus sentir mon estomac exploser d'adrénaline.
"Oh mon Dieu..." Chuchotai-je, sous le choc, une main posée sur mes lèvres.
Deux petits yeux noirs, faiblement ouverts, se posèrent sur moi.
Immédiatement, je tournai le dos au lit, et me couvris le visage de mes mains, les larmes coulant silencieusement, pourtant lourdes, dévastatrices.
"J-Jungkook..." Chuchota Jimin.
Je fis volte-face de nouveau, les joues mouillées, et m'approchai de deux grands pas vers le lit. J'attrapai vivement la main de mon ami, qui semblait faible, mais qui avait néanmoins les yeux ouverts, qui avait repris conscience.
"Jimin, je... Oh seigneur... Souris-je.
-Selon les médecins son état est stable. Il a bien réagi à son réveil, ils s'attendaient à pire." M'informa Yoongi, la voix calme malgré les sanglots retenus que je pouvais entendre.
J'échangeai un regard soulagé à souhait avec mon collègue, qui s'éloigna un peu, sans sortir de la chambre.
"Jungkook...
-Jimin ne parle pas. Garde tes forces. Seigneur je suis si heureux de te v-voir."
Je secouai la tête tant je n'y croyais pas. Mon ami me fit un léger sourire et ça me donna davantage envie d'exploser dans un torrent de larmes.
Mais je n'avais plus de raison de pleurer, à présent.
"C'est bon j-je peux parler, je s-suis pas en sucre..." Souffla-t-il.
Je vis Yoongi lever les yeux au ciel, réprimant un sourire. Jimin avait du mal à bouger et à parler, il semblait réellement faible et encore dans le brouillard.
Mais il était là.
Il était conscient.
Vivant.
"Tu as r-réussi Jimin... Pleurai-je.
-Non... Nous tous..." Laissa-t-il échapper.
J'essuyai mes yeux avant de reprendre sa main et de hocher la tête.
"Oui. Tu as raison. Nous tous." Ris-je doucement.
Il inclina difficilement le visage vers Yoongi, qui lui fit immédiatement un sourire et qui s'approcha du lit pour l'écouter.
"Tu p-peux nous laisser... ?" Questionna-t-il.
Je fus tout aussi surpris que mon collègue. Ce dernier resta stoïque un instant, avant de me lancer un regard, et de finalement capituler.
"Je vais chercher de quoi boire." Nous fit-il alors.
Quelques secondes plus tard, Yoongi refermait la porte derrière lui, et je me retrouvai alors seul avec le noiraud, qui porta toute son attention sur moi.
"T-Taehyung..."
Je me pinçai les lèvres, et secouai la tête de gauche à droite pour lui faire comprendre qu'il n'était pas là en ce moment.
"Laisse-moi f-finir." Me fit-il.
Intrigué, je relevai les yeux vers lui, et me tus alors qu'il prenait une petite inspiration.
"Yoongi est a-arrivé quelques heures après m-mon réveil. Les médecins m'ont d-dit que pour une fois, il était r-rentré chez lui, et c'est ce jour-là que j'avais choisi p-pour ouvrir les yeux."
J'eus un léger sourire et hochai la tête, sans le couper. Il prit une autre inspiration et continua.
"Je m-me suis réveillé dans la nuit, aux alentours de deux heures. Y-Yoongi est arrivé vers... Vers huit heures. Je n-ne lui en veux pas, je sais qu'il a v-veillé sur moi durant mon sommeil. Ce n'est pas s-sa faute si pour une fois il n'était pas accroché à son téléphone. Il m'a dit qu'il d-dormait, qu'il n'a pas entendu sa sonnerie.
-Il a veillé sur toi, Jimin. Acquiesçai-je.
-Je sais. Et c'est q-quand même le premier à être v-venu me voir." Sourit-il.
Puis il perdit son sourire.
"Enfin, p-pas... Pas tout-à-fait..." Ajouta-t-il, la voix faible.
Je me figeai.
"... Comment ça ?" Lui demandai-je, le coeur battant.
Jimin fit jongler ses yeux entre les miens, le regard sérieux.
"Quelqu'un est v-venu me voir à cinq heures."
Le frisson qui me traversa m'obligea à me tenir au lit.
"Comment c'est possible. C'est impossible. Soufflai-je.
-Apparemment, l-les médecins m'ont dit que... Qu'il avait réclamé à être appelé s-si je me réveillais. Vous, v-vous attendiez que ce soit Yoongi qui vous le d-dise. Mais lui, il... Il a contacté l'hôpital le j-jour même où j'y suis entré, et a donné son numéro. L'hôpital l'a appelé à deux heures, en même t-temps que Yoongi, qui n'a pas pu r-répondre. Il est arrivé t-trois heures plus tard dans... Dans cette chambre."
Je reculai d'un pas, puis d'un autre.
Cela faisait deux semaines, à présent. Deux semaines qu'il était parti.
Les seules nouvelles que j'avais eues étaient ce message, celui qui stipulait qu'il serait là pour saluer Jimin à son réveil. Je n'avais pas répondu. Je n'avais pas trouvé les mots. Alors j'avais patienté.
Il avait tenu parole.
Il avait tenu parole, au point où il avait été le premier que Jimin ait vu à son réveil.
"Oh mon Dieu..." Soufflai-je, les yeux écarquillés.
Je n'arrivais toujours pas à y croire.
Si Jimin disait vrai, alors...
Alors...
Taehyung était... Ici ?
"C'est quoi... C'est quoi ce message, Jimin... Où est-il ?! M'affolai-je.
-Il est r-rentré, Jungkook.
-Rentré ?
-Il m'a dit qu'il rentrait chez l-lui."
Je me redressai vivement, prêt à sortir, mais me stoppai soudainement pour regarder de nouveau mon ami.
"Je-
-C'est bon, vas-y. Tu es venu. Je s-suis content.
-Mais tu... Jimin...
-Je vais bien. Je n-ne vais plus me rendormir, Jungkook."
Il posa, lentement, une main sur son coeur, les yeux brillants.
"Je suis v-vivant." Me fit-il, la voix pleine d'espoir et d'apaisement.
Je m'approchai de nouveau du lit, et posai ma main sur la sienne. On s'échangea un dernier regard complice.
"Allez, il t'attend." Me sourit-il doucement.
Je hochai la tête, les lèvres pincées, l'excitation grandissante.
Après avoir une dernière fois regardé mon collègue et surtout, ami, je me dirigeai vers la porte, et sortis de la pièce avec hâte. Yoongi me fixa sans comprendre, une bouteille d'eau dans les mains.
"Tout va bien ?!" S'inquita-t-il.
-Oui, je... Je dois y aller !" M'écriai-je.
Tous mes collègues me toisèrent avec incompréhension. Je marchai à reculons, tout en leur parlant.
"On se voit plus tard... !"
Je me tournai vivement et me mis à courir, sans plus m'occuper ni de l'endroit, ni du regard des autres, ni de ma respiration saccadée.
Mon seul but était de le voir. Le plus rapidement possible.
Ma vie en dépendait.
Je t'en prie, attends-moi, ne t'en va pas.
Les passants me regardaient comme si j'étais la personne la plus étrange du monde.
Je serai bientôt là,
mon amour.
**
Voir la façade de cette maison que j'avais tant fréquentée cette année me fit un drôle d'effet ; cela faisait un petit moment maintenant que je n'y étais pas allé. Et savoir qu'il était là, à l'intérieur, me rendait euphorique, mais l'excitation baissait et se faisait lentement remplacer par la panique, alors que j'approchai la porte.
Mes doigts se déposèrent doucement sur la poignée.
Je ne pouvais pas l'expliquer, mais c'était comme si je savais qu'elle était restée ouverte pour moi.
Je ne me suis pas trompé.
La porte ne fit pas de bruit lorsque je la poussai et la fermai derrière moi. L'odeur de la maison emplit mes narines et me fit tourner la tête, accélérer mon pouls, activa une sensation de sécurité en moi.
Son odeur.
Pas à pas, je sortis de l'entrée et, une fois dans le salon, me rendis compte qu'il était vide. Intrigué, j'entrouvris les lèvres, et d'une voix plus faible que je ne l'aurais voulu, laissai échapper un murmure :
"Taehyung... ?"
Pas de réponse.
J'avançai un peu, et me rendis dans la cuisine, aussi vide que la pièce précédente, alors je rebroussai chemin, un peu inquiet, me passant sans cesse les mains dans les cheveux, par angoisse.
A l'instant même où je voulus monter les escaliers, mon regard se dirigea vers la grande baie vitrée, qui menait au jardin.
Mon coeur cessa de battre, une énième fois aujourd'hui.
Oh, Seigneur.
Il était là.
Dos à moi, la tête inclinée vers le ciel, les mains dans les poches, immobile. Il ne devait pas m'entendre ; la baie vitrée était fermée.
J'observai ses cheveux blonds, son pull léger en laine, son pantalon noir en toile. Mes yeux furent inévitablement attirés par la peau exposée de sa nuque. Ses cheveux étaient parfaitement coupés. Il était allé chez le coiffeur avant de revenir, je pouvais aussi le remarquer à sa coloration blonde qui était de nouveau unifiée et plus claire que pendant la mission.
Ma main droite trembla lorsque j'enclenchai enfin la poignée de l'énorme vitre. Je tirai légèrement dessus et elle coulissa, jusqu'à me laisser assez de place pour passer.
Cette fois, Taehyung avait dû m'entendre.
Mais il ne bougea pas d'un poil.
Je posai un pas dehors, sur l'herbe bien verte de son jardin, ainsi qu'un autre.
Mon coeur battait maintenant à tout rompre. Cette situation était bien plus excitante que je ne voulais l'avouer, mais aussi bien plus intense, ce qui n'était pas forcément une bonne chose car j'avais une peur infinie qu'il ne me file à nouveau entre les doigts.
Je ne supporterai pas de le voir disparaître une seconde fois.
J'avançai de quelques petits pas lents, les lèvres entrouvertes, les yeux fixés sur lui.
Je me retrouvai alors juste derrière son corps.
Il devait sentir mon souffle chaud sur la peau de sa nuque, qui laissa apparaître une légère chair de poule.
J'avais les bras le long de mon corps. Je n'osais pas le toucher. Pas sans un nouveau consentement de sa part. J'avais besoin que l'on renouvelle nos désirs à voix haute. Comme si tout reprenait de zéro.
Car je n'étais plus sûr de rien.
J'avais également peur de perdre le contrôle rien qu'en l'effleurant. Je ne voulais pas le brusquer.
"Taehyung..." Soufflai-je.
Ses épaules se tendirent. Je serrai les poings dans le vide.
"Je vais vendre cette maison."
Sa voix m'envahit et j'eus un violent frisson. Je dus clore mes paupières pour reprendre contenance.
"Tu veux partir d'ici ? Murmurai-je.
-Oui."
Sa réponse était prononcée avec douceur mais confiance.
"D'accord." Répondis-je.
Je reculai d'un pas pour mieux le voir.
C'est à ce moment précis qu'il se tourna vers moi.
Son visage harmonieux à souhait, d'une magnificence rare, d'une douceur que je ne pouvais nier, s'exposa à moi et je me sentis immédiatement infiniment plus vulnérable encore.
"Rentrons à l'intérieur. Il fait froid." Me fit-il.
Je restai stoïque, l'observant alors que personne ne bougea pendant quelques secondes.
Mon cerveau cessait de fonctionner à chaque fois qu'il inspirait et qu'il expirait de l'air. Tout de lui me rendait fou à nouveau, comme à chaque fois, comme la première fois, comme toutes les fois.
Ses yeux noisettes, ses longs cils qui battaient lentement, ses doigts fins décorés de quelques bagues, son pull léger remonté jusqu'à ses coudes, sa fine taille, son cou blanc, son nez droit, ses lèvres, oh, Seigneur, ses lèvres.
L'animal en moi se réveillait et j'eus du mal à le calmer. Je ne voulais pas qu'il interprète à nouveau mes actes de la mauvaise façon. J'étais juste assoiffé, affamé de lui.
Mais j'attendrai.
J'attendrai qu'il ne décide seul de ce qu'il voulait.
Et s'il ne le décidait pas, alors il ne se passera rien de plus que des paroles, et je serais quand même la personne la plus heureuse et chanceuse de cette planète.
Chaque seconde passée avec lui me rapprochait un peu plus du paradis. Je n'exigerai jamais rien de sa part, jamais rien de plus que ce qu'il ne voulait bien me donner.
Au bout de quelques secondes supplémentaires, je décidai de me tourner et de passer le premier la porte vitrée, pour qu'il me suive ensuite. Je me dirigeai vers le grand canapé, un peu gêné, alors qu'il fermait l'accès au jardin. Une fois cela fait, il vint s'asseoir sur le sofa, dirigé vers moi.
Il y avait de la distance entre nous. Et je comprenais ça. Il avait besoin de mes mots, pour l'instant, juste de mes mots.
"Est-ce que ta mère va bien ?" Me demanda-t-il.
Il était assis confortablement, une jambe sur l'autre, un bras sur l'accoudoir du petit sofa et un autre plié car il triturait sa boucle d'oreille argentée. Je l'observai faire, hypnotisé, moi-même assis sur le grand fauteuil, l'allure plus tendue.
Comment son aura avait-elle pu changer ainsi en deux semaines ?
Qu'avait-il fait ? Où avait-il été ?
Avais-je le droit de le lui demander ? Est-ce que ça me regardait ?
"Elle va bien." Acquiesçai-je.
Je passai une main dans mes cheveux longs et quelque peu bouclés. Taehyung garda ses pupilles dans les miennes après avoir fait rapidement parcourir son regard sur mon geste.
L'atmosphère était à la fois douce, et tendue.
C'était tout nouveau.
Il y avait déjà eu cette sensation tendue entre nous, mais cette fois, cette petite touche de douceur, qui émanait uniquement de sa personne, changeait complètement la donne.
"Et toi ? Comment est-ce que tu vas ?" Demandai-je enfin, cette question sortant tout droit de mes entrailles tant j'avais voulu le savoir depuis des siècles.
Il continuait de jouer avec sa boucle d'oreille mi-longue, la tête légèrement penchée sur la gauche, ses cheveux blonds recouvrant ses yeux. Sa peau était naturellement rosée, il n'avait pas de cernes. Son petit pull en laine inclinait dans la même direction que sa tête, dévoilant sa clavicule.
Ses longues jambes, croisées l'une sur l'autre, me faisaient de l'oeil à m'en donner mal au ventre.
"Je vais bien." Affirma-t-il.
Je hochai la tête, tout en me penchant vers l'avant, les jambes écartées et les mains jointes. Mes yeux noirs ne le quittaient pas.
Bien que nous soyons assez loin l'un de l'autre, mon changement de position sembla le pousser à lui-même se redresser un peu, comme si le fait que je me penche ainsi vers lui, même aussi loin de son corps, le forçait à se replacer à son tour.
Son langage corporel me fit réprimer un énième frisson.
Je me rappelai soudain de ce moment, au manoir, lorsqu'il s'est laissé aller dans mes bras, dansant à tue-tête, sans me laisser le lâcher.
"Est-ce qu'on peut crever l'abcès ?" Lâchai-je soudain, torturé par toutes ces formalités.
Il ne sembla pas surpris.
"Tu es pressé ? Me demanda-t-il.
-Non. Mais j'ai besoin de savoir ce qui ne va pas, ce que je dois faire, ce qu'on est maintenant."
Il haussa légèrement des sourcils cette fois.
"Ce n'est pas essentiellement à moi de le définir."
Je penchai à mon tour le visage sur le côté, les sourcils froncés.
"C'est plutôt à nous deux, de se mettre d'accord." Renchérit-il.
Je hochai la tête, en total accord avec ce qu'il me disait.
"Moi je n'ai aucun problème avec toi, ou avec ce que tu es, avec tes réactions, avec tout ce qui te compose." Fis-je honnêtement, sans prendre de pincettes.
Je ne voulais pas tourner autour du pot. Cette phrase crue le fit réagir ; je le vis retenir sa respiration un instant.
"Tu penses donc que c'est le cas pour moi ?
-Evidemment. Sinon tu ne serais pas parti."
Il détourna un instant le regard, et joua avec ses bagues, les faisant tourner autour de ses doigts sans les enlever.
"Pourquoi est-ce que tu penses que mon départ a un rapport avec toi, Jungkook ?"
Ce fut la première fois qu'il prononce mon nom aujourd'hui.
Il me regarda de nouveau après sa question.
"Pour ce que j'ai dit. Je t'en ai déjà parlé dans mon message vocal."
Il ne répondit rien, alors je continuai.
"Je ne vais pas me répéter, tu sais déjà que je regrette. Je n'avais plus les idées claires, et je me suis fait mal comprendre.
-Si je suis parti c'est aussi parce que j'en avais envie. Et parce que je savais que, dans le cas contraire, tu aurais davantage accordé de l'attention à nous deux qu'à ta mère et ton entourage en dehors du réseau après la mission."
J'eus un sourire amer. Il avait raison.
"Pourquoi ne pas me le dire ? Pourquoi être parti ?
-Je te l'ai dit. Je ne suis pas parti que pour cette raison et tu t'en doutes. Je ne vais pas te sortir un discours généraliste comme "j'avais besoin de me retrouver". J'avais juste envie de partir. J'ai suivi cette envie. Et maintenant je suis là."
J'étais vraiment surpris par ce qu'il me disait. C'était encore une autre façon de voir les choses et, comme je l'avais pensé dans ce parc sous la pluie, seul lui pouvait se comprendre profondément. Pas moi.
"Est-ce que je peux te demander ce que tu as fait ?" Soufflai-je.
Il pencha de nouveau le visage sur le côté, légèrement.
Arrête de faire ça.
"Oui. J'ai dormi dans un hôtel, dans un petit village."
Je fronçai les sourcils.
"Quoi ? C'est tout ?" Ris-je nerveusement.
Il eut l'air amusé un instant.
"A quoi tu t'attendais ? Un voyage spirituel ? Je ne suis pas comme ça.
-Alors comment tu es, Taehyung ?"
Il perdit cet air amusé après ma phrase audacieuse.
Je l'avais prononcée d'une manière bien particulière. Et il l'avait senti.
Mais sa réponse me désorçonna à mon tour.
"... Comme tout le monde." Souffla-t-il.
J'avais envie de le serrer dans mes bras, si fort qu'il en couinerait.
Je me passai une main sur le visage pour me retirer ces images de la tête.
"Est-ce que tu m'en veux ?" Questionnai-je enfin.
Il me fixa intensément.
"Non." Fit-il.
Mon coeur s'emballa et je serrai les mains sur mes cuisses.
"...Et alors ? Et maintenant ?"
Il eut un léger haussement d'épaules.
"Je ne sais pas, Jungkook."
Il détourna les yeux.
"Tu me demandes toujours quelle est la suite, tu attends toujours à ce que j'ai un plan, une idée. Mais je dois t'avouer quelque chose."
Enfin, il reporta son attention sur moi, l'air déboussolé.
"Je n'ai aucune idée de la suite." Acheva-t-il enfin.
Je triturai mes doigts entre eux, tout aussi incertain que lui.
"J'ai l'impression que c'est la fin du monde." Ajouta-t-il dans un murmure, comme s'il l'avait dit pour lui-même.
Mon expression devint plus douce, plus attendrie.
"Ca s'appelle le changement." L'informai-je, le ton bienveillant.
Il clôt un instant les paupières, et laissa son visage retomber vers l'arrière, sur le dossier du canapé. Je le regardai sans jamais le lâcher des yeux.
"Taehyung..." L'appelai-je, perdu.
Il ouvrit les yeux, et fit retomber sa tête vers l'avant pour m'observer intensément.
Je serrai davantage mon bas entre mes doigts.
"Je te l'ai déjà dit, Jungkook, pourtant."
Mes paupières se rouvrirent et se fermèrent dans une rapide succession de battements, alors que mes sourcils se fronçaient.
"... Quoi ?" Chuchotai-je.
Mon aîné entrouvrit les lèvres et, au moment précis où il allait répondre, la sonnerie retentit.
Je me figeai, surpris, alors que Taehyung se redressait, lui-même étonné.
Lorsqu'il ouvrit la porte, une tornade le frappa.
Tornade qui s'appelait Jin.
Pour la première fois de ma vie, j'aperçus Jin pleurer à chaudes larmes, le visage plongé dans le cou du blond, les bras pressant l'homme que j'aimais tout contre lui.
Ca ne me blessait pas. Pas le moins du monde. Ca me semblait simplement irréaliste.
"T-Tae..." Sanglota-t-il.
Lentement, Taehyung, après qu'il ait compris ce qui lui arrivait, fit passer à son tour ses mains dans le dos du brun. Il caressa lentement ce dernier.
Je me décalai légèrement, pour croiser le regard de mon supérieur.
Il avait les yeux clos.
Là, je me raidis.
Non, Jungkook, c'est normal.
C'était un ami de longue date.
Taehyung avait eu une vie avant moi. Une vie que je n'avais pas le droit de rejeter.
Lorsque ce dernier rouvrit les yeux, Jin dans ses bras, nous échangeâmes un regard.
A ce moment précis, je lui accordai le sourire le plus doux que je pouvais. Le plus sincère.
Il sembla étrangement soulagé, car à l'instant même où il vit l'acceptation dans mes pupilles, les siennes se firent de nouveau cacher par ses paupières.
Les deux hommes restèrent dans les bras l'un de l'autre durant de longues minutes avant qu'enfin Jin ne décide à lâcher le blond. Il me salua d'un léger signe de tête, un peu gêné, séchant ses larmes. Taehyung le prit lentement par le poignet, et le tira doucement à sa suite, pour le faire entrer.
Je restai respectueusement à l'écart, et me contentai d'aller fermer la porte.
"Hey Jungkook..." Entendis-je.
Je rouvris brusquement cette dernière, apercevant au loin...
"... Namjoon ?
-Heu... Je te r-rassure c'était pas mon idée c'était Yoon-
-On a décidé ça ensemble ne me met pas tout sur le dos. Répondit ce dernier, froid.
-Vous êtes vraiment des enfants." Soupira Ava.
Les yeux écarquillés, j'observai mes trois collègues -et amis- qui étaient apparus de nulle part, maintenant devant la porte, embarrassés, et en train de se chamailler.
"Fais-les entrer." M'intima Taehyung doucement, au loin, sans me regarder, occupé par les pleurs de Jin.
Je hochai la tête, et laissai apparaître un petit sourire lorsque je les toisai de nouveau.
"Il est d'accord pour que vous entriez." Les rassurai-je.
Ils restèrent immobiles, se lançant des regards les uns aux autres, visiblement pour silencieusement décider de qui entrerait en premier.
Je fronçai les sourcils.
"Eh bien... ? Tentai-je.
-Oui, pardon, je- pardon." Toussota Namjoon.
Il replaça correctement son manteau et essuya plus qu'il ne le fallait ses chaussures sur le tapis, avant de pénétrer la pièce, déjà presque à moitié courbé au cas où il croiserait Taehyung.
Je me retins de pouffer face à cette scène aussi drôle qu'attendrissante.
Tout était si différent, et à la fois... C'était comme si ça avait toujours pu être comme ça. Plus doux.
Mais la vie en avait voulu à Taehyung.
Allait-elle enfin le laisser souffler, à présent ?
Yoongi entra à son tour, sur les talons de Namjoon, et Ava s'arrêta un instant devant moi. Elle posa une main tendre sur ma joue. J'eus un petit sourire.
"Est-ce que ça va ? Me murmura-t-elle.
-Moi ? Toujours." Souris-je comme un idiot.
Elle leva les yeux au ciel, et pénétra la maison de mon supérieur à son tour.
Je refermai derrière moi et m'approchai un peu de l'entrée du salon.
La scène qui s'offrit à moi me força à rester quelques instant en retrait, pour l'observer dans sa globalité.
Je croisai les bras, laissant mes yeux traîner sur un Jin au dos tourné, souhaitant qu'on ne puisse pas voir ses dernières petites larmes.
Sur un Taehyung qui revenait de la cuisine après avoir mis de l'eau à bouillir, visiblement désireux de faire du thé à tout le monde. Il avait une expression concernée, mais pas crispée. Il était attentif à chacune des personnes présentes dans cette pièce, sans pour autant être emprisonné dans son sérieux.
Mon attention s'attarda ensuite sur un Namjoon au sourire embarrassé, qui venait probablement de se courber cinq fois devant un Taehyung surpris par cette vive politesse.
Sur un Yoongi qui tentait de retenir un rare sourire en observant Namjoon et sa maladresse.
Sur une Ava gênée, deux doigts pinçant l'arête de son nez, qui semblait vouloir partir en courant.
Et j'imaginais un Jimin ici, avec nous, riant devant le comportement de chacun, les joues rougies et les larmes aux yeux à cause d'un incontrôlable fou rire.
Durant cette longue et douce observation, j'accrochai le regard de Taehyung, qui était là, debout au milieu de toutes ces personnes qu'il avait aidé, d'une certaine façon. Ce dernier ne me lâcha plus des yeux durant un instant.
Je lui adressai de nouveau un sourire.
Il ne sourit pas en retour, cependant, il plissa légèrement les yeux, et me fit un signe de tête, pour me faire comprendre d'approcher, ce que je fis instantanément.
"Patron on ne veut pas vous déranger trop longtemps on veut juste-
-C'est bon Namjoon, assieds-toi." Lui répondit le blond, tout en se dirigeant vers la cuisine.
Je pris place à côté d'Ava, alors que notre supérieur revenait avec deux chaises supplémentaires. Jin termina enfin d'essuyer ses larmes, et Yoongi tapota l'épaule de Namjoon en répétant "détends-toi, bon sang, c'est pas possible".
Je glissai mes mains sous mes cuisses, vieille habitude qui ne me quittait pas.
Taehyung s'installa en face de moi, aux côtés de Namjoon. Jin était en bout de table, Yoongi à l'autre bout.
Une tasse de thé pour chacun, et même des gâteaux étaient posés sur la table.
Je lançai un regard étonné vers le blond, qui ne semblait pas gêné le moins du monde par cet inhabituel geste.
"Bien." Souffla Taehyung, et immédiatement, plus personne ne parla.
Il but une gorgée de son thé, avala en fermant les yeux, puis les rouvrit pour nous regarder tous, un par un.
"Je regrette que Jimin ne soit pas là. C'est lui qui vous a dit que j'étais revenu, je suppose.
-Oui, patron." Répondit Yoongi.
Taehyung hocha la tête, et jeta un oeil à ce dernier.
"Est-ce qu'il va bien depuis ce matin ? Je suis passé très tôt.
-Son état se stabilise un peu plus chaque heure." Souffla Yoongi.
On entendait le soulagement non dissimulé dans sa voix.
"Très bien.
-Patron... Et maintenant ?" Questionna Namjoon.
A l'instant même où il posa cette question, mon aîné et moi-même nous échangeâmes un regard plus ou moins complice, car cela faisait drôlement référence à mon "et maintenant ?" de tout-à-l'heure.
Je me permis de répondre à la place du chef de réseau.
"Taehyung ne sait pas."
Ce dernier gardait les yeux sur moi, alors que les autres écarquillaient les leurs.
"On doit décider ensemble ce qu'on va faire, maintenant." Expliquai-je.
Yoongi arqua les sourcils vers le bas.
"Quoi... Vous voulez dire qu'il y a une possibilité pour que... Pour qu'on arrête ?
-Qu'on arrête ? C'est-à-dire ?" S'inquiéta Namjoon.
Je vis Taehyung perdre son expression détendue, pour un air plus sérieux, et je ne voulais surtout pas que ça recommence. Pas déjà. Alors je m'empressai de parler à nouveau.
"Nous ne sommes pas non plus obligés de prendre une décision collective. Chacun fait ce qu'il veut. Si vous voulez rester, vous restez. Si vous voulez vous en aller, alors faites donc. Mais ne mettez pas le poids de vos inquiétudes sur les épaules de Taehyung. On peut aussi prendre une décision non collective.
-Jungkook a raison." Répondit directement le blond.
Surpris, je le regardai intensément, pour l'inciter à continuer.
Il déposa sa tasse sur la table, et s'humidifia les lèvres.
"Nous sommes un réseau. Et même si j'ai donné l'impression qu'il m'appartenait, je n'en suis en réalité que le fondateur. Mais le réseau nous appartient à tous. Si quelqu'un part, un autre peut rester. Je n'ai jamais parlé d'une auto-destruction de notre réseau." Renchérit Taehyung.
Bouches bées, nous l'étions tous, sans exception, face aux paroles de notre supérieur.
Ce fut Yoongi qui brisa de nouveau le silence.
"J'ai besoin de..."
Il se tut.
"De quoi as-tu besoin ? Répéta le blond.
-Non, c'est ridicule, c'est-
-Je crois que je sais ce qu'il allait dire." Intervint Namjoon.
Notre attention se porta alors sur ce dernier. Il joignit ses mains sur la table, et regarda Taehyung dans les yeux, soudainement sans plus aucune gêne, seulement accompagné de son professionnalisme.
"Je crois patron que... Ce que Yoongi voulait dire, c'était que l'on a besoin de vous servir. Cela fait des années, à présent."
Taehyung secoua la tête.
"Vous n'avez pas besoin de moi ni de personne d'autre pour continuer votre vie.
-Nous y sommes habitués patr-
-J'ai perdu beaucoup d'habitudes en l'espace de deux petites semaines, juste parce que je me suis posé les bonnes questions."
Nous étions pendus à ses lèvres.
"Quelles questions, Tae ?" Souffla Jin à son tour.
Mon supérieur me lança un regard.
"Comment est-ce que je dois faire pour mettre les personnes que j'aime en sécurité ?" Commença Taehyung.
Yoongi détourna le regard, et je fus peiné de savoir qu'il s'était senti impuissant face au sort de Jimin.
Jin avait serré ses mains entre elles. Je devinais qu'il pensait à Insoon.
"Est-ce que j'ai ma place dans ce monde ?" Continua mon aîné.
A son tour, ce fut Namjoon qui se pinça les lèvres. Cette question sembla particulièrement le toucher. Et puis Ava, qui me fit un discret sourire, comme pour me faire me souvenir de ses paroles, au manoir.
"Est-ce que, finalement, tout cela n'est-il pas terminé ?"
Ma gorge s'était nouée à cette question, tout particulièrement.
Namjoon, Yoongi, Ava et Jin ne restèrent qu'une petite demi-heure. Jin avait repris Taehyung dans ses bras avant de s'en aller, et m'avait même adressé un léger sourire.
Tous étaient muets et, dans la grande maison de mon supérieur résonnaient encore les questions précédentes, qui nous parlaient à tous.
Lorsque Taehyung termina silencieusement de débarrasser les tasses, alors qu'il ne restait que nous deux, je ne pus m'empêcher de lui poser à mon tour une question.
"Est-ce que tu as les réponses à ces interrogations ?"
Il se figea, deux tasses vides en mains, dans la cuisine. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne les dépose enfin, pour se diriger vers moi, sans trop s'approcher. Nous étions debout, face à face, à trois mètres.
"Elles étaient rhétoriques, n'est-ce pas ? Tu voulais juste leur donner une piste de pensées, quelque chose qui leur permettrait de savoir ce qu'ils doivent choisir pour leur avenir."
Il m'écouta, sans trop réagir.
J'approchai d'un pas.
"Comment on fait, Taehyung ? Pour mettre les gens qu'on aime en sécurité ?"
J'approchai d'un autre pas.
"Moi j'ai la réponse."
Encore un autre.
"Est-ce que l'on a notre place dans ce monde ? Encore plus rhétorique." Murmurai-je.
Un autre.
"Et enfin..."
Je m'arrêtai.
"Est-ce que tout est terminé ?"
Je penchai le visage sur le côté.
"J'avoue que pour celle-là je ne sais pas si-
-Oui." Souffla-t-il.
Taehyung avait reculé et, à présent, son dos était collé au mur, ainsi que ses mains. Il me toisait de ses yeux dilatés, le souffle court alors même que j'étais à un mètre de sa personne.
Lentement, très lentement, je posai une main sur le mur, juste à côté de son visage. Il prit une autre inspiration profonde.
"Oui ?" Répétai-je.
J'approchai d'un autre pas. Le blond tenta encore de reculer, mais le mur l'en empêchait.
"Oui. Mais pas tout. Il y a des choses qui sont terminées. D'autres..."
Je m'approchai encore.
Nos nez se frôlaient. J'étais confiant, je me délectai de la situation, alors que de son côté, mon aîné se tendait, se crispait d'appréhension.
"... D'autres ne font que commencer." Acheva-t-il enfin.
Je savais que le sourire que j'arborai en ce moment précis devait ressembler à un rictus mesquin.
J'approchai encore, posant mon autre main sur le mur, encadrant son visage de mes bras puissants appuyés sur la tapisserie luxueuse.
"Taehyung est-ce que-
-Oui." Répéta-t-il.
Je clos un instant les paupières tant le frisson qui venait de m'envahir était puissant.
"Oui ?
-Oui. Fais ce que bon te sembl-"
J'attrapai sa mâchoire. Il inspira et agrippa mon haut pour se maintenir, chamboulé par mon comportement.
"Oui ?
-Oui." Insista-t-il encore.
Je voulais simplement m'en assurer. Etre certain de ce qu'il voulait.
Mais tout me le hurlait. Son corps tendu, ses yeux suppliants, et ce "oui" désespéré, bien plus excitant que je ne voulais me l'avouer.
Je fis glisser mes doigts le long de sa gorge, et le sentis avaler sa salive. Sa pomme d'Adam passa sous mes caresses, ainsi que le bas de son cou, puis sa nuque, jusqu'à ce que je ne remonte dans ses cheveux.
Petit-à-petit, mes lèvres se rapprochèrent de sa peau.
J'appréhendai autant que lui l'instant où nous allions de nouveau connecter nos corps.
"Taehyung..." Chuchotai-je, tout près de son oreille.
Il serra davantage le tissu de mon sweat à capuche.
Et ma bouche fondit enfin sur sa peau.
Immédiatement, mon aîné cessa de respirer, probablement pour retenir un quelconque son de s'échapper de sa jolie bouche. Mais il n'allait pas pouvoir éternellement se taire. J'allais tout faire pour le rendre complètement dingue. Je voulais qu'il ne s'en remette qu'à moi, qu'il lâche prise.
Je savais que ça allait être une tâche compliquée. Mais je savais aussi que j'étais capable d'y arriver.
C'était à mon tour de le faire se sentir profondément aimé.
Mes mains se firent baladeuses. Je voulais y aller par étapes, même si je ressentais bien l'envie de lui arracher violemment chaque vêtement, de le malmener entre mes doigts.
Mais j'allais être patient. Peu importe le temps qu'il prendrait pour s'adapter.
Je sentis ses mains descendre le long de mon torse, pour passer sous mon haut. Il griffa légèrement mes abdominaux ; je retins un sourire lorsque je le regardai de nouveau.
Ses yeux assombris tombèrent sur mes lèvres.
Il s'approcha, et je lui refusai un baiser.
Il fronça les sourcils et j'eus un sourire fier.
Je m'approchai de son oreille de nouveau.
"Est-ce que je te contrarie ?" Lui demandai-je, la voix basse.
Et je voulais tellement qu'il parle, qu'il exprime ses sentiments, ses ressentis. Je savais qu'il ne le ferait pas par lui-même, alors j'allais l'aider.
"Jungkook qu'est-ce que tu fais... Souffla-t-il.
-Rien de plus que ce que tu accepteras."
Je le tirai vers moi pour le décoller du mur. Ses mains entourèrent vivement ma nuque pour se maintenir, alors que les miennes descendaient vers le bas de son dos.
J'aperçus ses yeux s'agrandir de plus en plus, quand bien même c'était léger, à mesure que mes mains plongeaient vers cet endroit précis.
Apercevant son trouble et son inquiétude, je m'arrêtai et me concentrai plutôt sur sa gorge. Il émit un son étouffé alors que je dévorai sa peau, sans retenir ma langue gourmande, mes dents assoiffées de sa chair.
Je collai mon bassin contre le sien et ses mains se mirent à trembler sur mes épaules.
La force avec laquelle je malmenai sa peau de mes lèvres l'obligeait à rejeter la tête en arrière. Lorsque je reculai, Taehyung rouvrit les yeux, signe qu'il les avait clos.
Je me calmai un instant. Il avait déjà la respiration courte, rien que pour ça.
Oh, mon Dieu, ce que j'avais envie de faire à son magnifique corps, là, tout de suite.
"Est-ce que tu veux bien t'allonger sur la table ?" Soufflai-je.
Il écarquilla les yeux, et jeta un oeil à la dite table derrière nous, avant de me regarder de nouveau, puis encore le meuble, la panique se reflétant un peu dans ses prunelles noires.
"Eh, tout va bien."
Je posai une main sur sa joue. Il me lança ce fameux regard, celui que j'adorais. Ses yeux perdus.
Et puis il hocha la tête. Ca avait été presque imperceptible. C'était rapide. Mais il l'avait fait. Et je l'avais vu.
Alors, voyant qu'il ne bougeait pas, je l'attrapai par la taille, durement, le faisant de nouveau passer ses bras autour de ma nuque, et le fis reculer avec moi, mon front collé au sien, déposant quelques baisers sur ses joues, sa mâchoire, son magnifique nez.
Une fois près de la table, j'eus un léger sourire d'excitation, alors qu'il était, de son côté, plutôt en train de se demander ce que j'allais lui faire. Il avait ces yeux-là, ceux de quelqu'un qui appréhendait, mais qui avait une certaine impatience.
Doucement, je me mis derrière lui, tout en caressant son ventre du plat de mes mains, sous son petit pull, mordillant une de ses boucles d'oreilles. Ses doigts emprisonnèrent le bord de la table, comme pour se maintenir, s'accrocher à quelque chose.
"Penche-toi en avant, s'il te plaît." Lui demandai-je, dans le creux de l'oreille.
Taehyung laissa quelques secondes s'écouler, les yeux figés sur la table.
Comprenant qu'il y aurait probablement plusieurs fois où il allait hésiter, j'embrassai le dessous de sa mâchoire, toujours derrière lui.
"Si tu veux tout arrêter, tu n'as qu'à le dire. Comme tu le fais avec moi. On essaye juste." Lui fis-je.
Il serra davantage la table.
"Je..." Tenta-t-il.
Je me tus et arrêtai de bouger, pour lui laisser le temps de parler.
"J'ai juste besoin de savoir ce que tu comptes faire, à chaque fois." M'avoua-t-il enfin, dans un souffle.
Je hochai la tête même s'il ne pouvait pas le voir. Je comprenais tout-à-fait. Il voulait anticiper et appréhender ce que j'allais faire pour savoir où j'allais le toucher. Je savais que c'était, d'une certaine façon, une manière de contrôler ce qu'il allait ressentir. Mais je l'avais dit ; je ne brûlerai pas les étapes. Et, pour la première fois où il allait me laisser lui faire cela, je voulais qu'il soit au maximum de son propre confort. Je voulais minimiser sa panique et son angoisse, car je savais qu'elles ne disparaîtraient pas tout de suite.
"D'accord."
Légèrement, je glissai une main sur le haut de son dos, et appuyai un peu, pour l'inciter à se pencher.
Il mit un petit moment avant d'enfin fléchir les coudes, et se courber en avant, jusqu'à ce que son bassin, puis son torse, et enfin son visage ne soient collés sur la table.
J'observai un instant, les lèvres pincées, le corps magnifique de mon aîné, les fesses légèrement relevées par sa position, moulées dans son pantalon en toile, son long dos et sa taille fine, que j'avais hâte de découvrir nus.
Seigneur.
A mon tour, je me penchai en avant, ce qui fit que mon bassin fut collé au sien. Il inspira brusquement et se tortilla. Je m'allongeai presque complètement sur lui pour atteindre son visage, et embrassai doucement sa tempe.
"Tu m'as dit de te dire ce que j'allais te faire." Lui murmurai-je.
Il déglutit au son guttural de ma voix.
"Est-ce que tu m'autorises à t'interdire quelque chose ?
-Non !" Répondit-il immédiatement, le souffle court, visiblement peu à l'aise à cette idée.
Je hochai la tête, une main dans ses cheveux, pour le rassurer.
"Bien."
Je voulus me relever mais il attrapa vivement mon bras, posé sur la table à côté de son visage. Je m'arrêtai alors pour le regarder.
"Tu... Qu'est-ce que tu voulais m'interdire ?" Me questionna-t-il.
J'eus un léger sourire, que je tentai de dissimuler.
Ma main serra doucement sa nuque.
"J'allais t'interdire de bouger."
Il entrouvrit les lèvres, comme surpris, mais ne répondit pas.
"Tu peux bouger à ta guise Taehyung, je ne t'interdis rien puisque tu ne le veux pas."
Je me redressai enfin. Il me lâcha.
Mes bras parcourent lentement son dos, puis ses hanches, ses épaules, ses cheveux, sa nuque. J'évitai volontairement ses magnifiques fesses.
Encore un peu, Jungkook. Attends encore un peu.
Je voulais apprécier chaque instant, tout autant que lui. Je ne voulais pas me précipiter et me jeter sur son corps -bien que l'envie n'en manquait pas-. Je voulais que l'on ressente chaque seconde, comme si c'était la plus importante de nos vies, à chaque fois.
"Taehyung."
Son visage se tourna légèrement vers moi. Ses yeux tentaient de trouver les miens, mais sa position lui rendait la tâche difficile, alors il abandonna, mais m'écouta attentivement malgré tout.
"Je vais enlever ton pantalon. Puis ton sous-vêtement. Tu es d'accord ?"
Je le vis clore les paupières, comme s'il se préparait mentalement.
Et puis, enfin, il hocha la tête, et se cacha à l'intérieur de ses bras. J'eus un sourire attendri, et glissai doucement mes doigts vers son bassin.
J'effleurai seulement ses fesses. Mais rien que ça nous avait tous les deux envoyé un frisson étrange. Je le savais car j'avais vu la chair de poule sur sa nuque, ainsi que sa façon de se retenir de respirer. Il faisait beaucoup ça.
Il n'avait pas de ceinture, et ses hanches étaient tellement fines que je pouvais me contenter de tirer sur son bas sans ôter le bouton pour le lui retirer. J'attrapai alors le tissu de son pantalon, au niveau de sa taille, et me mis à le lui enlever.
Bien vite, il tomba au sol, et à ma vue s'exposa les longues et belles jambes blanches du blond, ainsi que son bassin, encore recouvert du dernier vêtement.
Je jetai un coup d'oeil à son visage mais il le gardait caché. Je me penchai rapidement pour embrasser son épaule.
Tendrement, mes doigts se glissèrent sur l'arrière de ses cuisses exposées à ma vue.
J'allais devenir complètement dingue.
Il était... Seigneur. Je me demandais si je méritais une beauté telle que la sienne. Si je méritais de le toucher. Si je méritais qu'il ne s'offre ainsi à moi.
Je n'arrivais plus à attendre. J'attrapai l'élastique de son boxer, et m'empressai, sans le brusquer, de le ôter.
Il tomba au sol, et je manquai de tomber avec lui face à cette vue encore plus divine.
Je serrai les poings, le ventre noué.
Des fesses rondes, parfaites, douces rien qu'à la vue, s'exposèrent à mes yeux émerveillés.
Je levai doucement les mains, et me retins un court instant, comme si moi-même je n'osais pas.
Mais cet instant fut de très courte durée ; mes doigts attrapèrent sa chair et il se raidit immédiatement, se courbant davantage sans qu'il ne s'en rende compte, ce qui le rendait encore plus appréciable à regarder -si c'était possible.
Il garda encore une fois les sons que je voulais tant entendre pour lui, en retenant son souffle. Je fronçai les sourcils, mais le laissai faire. Je ne voulais pas l'obliger à quoi que ce soit.
Je reportai mon attention sur sa peau, que je malaxai doucement entre mes paumes. C'était doux, ferme et agréable au toucher. A l'instant même où il se tortilla, j'eus un léger sourire incontrôlable en m'imaginant me glisser par là.
Oh, mon Dieu, j'étais si impatient.
Comment allait-il réagir ? Je l'imaginais de bien des manières. Allait-il se cambrer ? Planter ses ongles dans mon dos ? Allait-il tenir les barreaux du lit où je comptais bientôt l'emmener ? Allait-il attraper mes cheveux ? Murmurer ? Parler ? Crier ? Hurler ?
Toutes ces pensées étaient néfastes pour ma santé mentale, ces images me faisaient perdre pied. Je n'avais jamais pensé qu'un jour je puisse désirer voir quelqu'un se tordre de plaisir à cause de moi à ce point.
Mon souhait le plus cher était qu'il termine dans le pire état possible. Je voulais qu'il ne contrôle plus rien de ses réactions. Je voulais qu'il laisse son corps et ses désirs agir à sa place, juste une fois, au moins une fois.
"Je vais te toucher, Taehyung." Soufflai-je, pour le prévenir.
Il serra les poings sur la table, le front collé sur son avant-bras droit, la bouche partiellement ouverte et les yeux clos.
A nouveau, il hocha la tête, doucement, sans changer de position.
Je portai ma main vers son visage un instant, et mes doigts disparurent dans ses cheveux. Je les caressai tendrement. Il n'eut aucune réaction particulière, mais ses épaules s'étaient légèrement détendues.
Lorsque ma main atteignit de nouveau ses fesses -que je ne me privai pas d'attraper avec force une dernière fois-, je posai mon doigt sur le bas de son dos, et le fis descendre, en ligne droite.
Encore.
Encore.
Et encore.
Jusqu'à ce que je le touche, là.
"Jungkook-" S'exclama-t-il, se crispant.
Je tentai de contrôler le frisson qui m'envahissait, alors qu'un deuxième doigt rejoignit le premier. Je me contentai d'effleurer cette zone, de le taquiner, pour apprendre ses réactions, les comprendre en fonction de ce que je faisais.
Quand je tentai d'appuyer juste un peu sur cet endroit sensible, Taehyung eut une réaction qui manqua de me faire gémir d'impatience.
Il leva le bassin, comme s'il avait sursauté, et ses poings s'étaient détendus, pour se resserrer ensuite.
"Tu aimes ce que je fais ?" Chuchotai-je.
Même si je voulais réellement m'en assurer, je ne pouvais nier la pointe de malice dans ma voix que je n'avais pu retenir.
"Et si je fais ça ?"
Le bout, seulement le bout de mon doigt, se fit envelopper entre ses chairs sensibles.
Il sursauta de nouveau et, cette fois, ses mains se posèrent à plat sur la table, brusquement, comme s'il s'apprêtait à se lever.
Mais il ne bougea pas plus que cela.
"Je continue ?" Soufflai-je.
Il commença à trembler.
"Oui." Murmura-t-il.
Bordel, bon sang, étais-je chanceux à ce point ?
"Putain." Soufflai-je, sans pouvoir me retenir.
Il ne réagit pas à mon injure, mais sembla soudain attentif lorsque je portai mon autre main à mes propres lèvres, et que j'humidifiai deux de mes doigts.
Lorsque je le vis se tordre un peu sur le côté pour me regarder, intrigué, j'en profitai pour le fixer, intensément, yeux dans les yeux, tout en léchant mes doigts. Il déglutit en me voyant faire, observant mes lèvres autour de mes phalanges.
Puis, je vis ses yeux tomber sur mon bassin.
Il avait jeté un rapide coup d'oeil à mon pantalon déformé, avant de détourner le regard à la hâte.
Amusé, je retirai mes doigts d'entre mes lèvres, et me penchai légèrement vers lui, jusqu'à brusquement coller mon bassin au sien.
Là, il aspira une grande goulée d'air, relevant le visage brusquement. Je fis glisser mes lèvres vers son oreille.
"En fait... T'as aussi hâte que moi, non ?"
Il voulut enfoncer de nouveau son visage entre ses bras mais j'attrapai sa mâchoire de mes doigts secs, pour le maintenir. Il posa ses mains sur la mienne qui le tenait, sans tenter de l'ôter.
Il respirait assez vite. Plus vite que moi.
Je ne voulais pas le torturer davantage avec mes mots, et je savais que pour obtenir une vraie réaction de sa part, les gestes seraient plus puissants que les chuchotements. Alors je reculai, un rictus incontrôlable au coin des lèvres.
Et, soudain, j'étalai purement et simplement mes doigts mouillés contre cet endroit si sensible et intime de son corps.
Il fit reculer son bassin contre moi, avant de l'avancer, comme s'il voulait m'échapper, puis à nouveau comme s'il voulait que je le touche davantage. Son corps commençait à être indécis, au lieu d'être complètement bloqué, et je trouvais que c'était un très bon signe.
"Chhht, tout va bien, je ne fais rien de plus pour l'instant." L'informai-je, tout en le caressant avec assez de force pour qu'il le ressente intensément, sans le pénétrer pour autant.
Je ne pouvais nier l'érection douloureuse que j'avais en ce moment. Mais je restai calme. Je voulais être sécurisant pour lui. Et j'avais peur qu'il panique s'il me voyait perdre le contrôle.
J'avais toujours eu ce sentiment de sécurité, avec Taehyung. Quand il prenait son rôle de dominant, durant nos rapports intimes, le fait qu'il contrôle tout, qu'il soit calme et patient, c'était ce qui m'avait toujours fait me sentir protégé, et à l'aise. Comme si le fait de me faire encadrer, de me laisser aller entre ses mains et sa volonté m'avaient aidé à lâcher prise.
Je voulais que ce soit son tour à présent. Et, pour cela, je voulais garder mon calme. Je voulais qu'il sente que j'étais totalement lucide et conscient de ce que je faisais. Qu'il puisse se laisser aller, enfin.
J'entendais ses premiers petits sons. C'était des plaintes légères, presque inaudibles, qu'il tentait de garder pour lui. Mais, à chaque fois que mes doigts se mettaient à presser sa chair sensible, il semblait ne plus contrôler sa respiration pendant une petite fraction de seconde, ce qui provoquait ces légers bruits que je commençais à percevoir.
Je retirai un instant mes doigts et me mis à écarter doucement ses fesses. Mon estomac se tordit. Je n'avais jamais eu pour idée que cet endroit puisse être aussi beau, aussi alléchant.
"Taehyung, il y a quelque chose que j'ai envie de faire." Lui avouai-je, la voix basse, posée.
Comme s'il avait immédiatement compris ce que je voulais dire, il se mit à gigoter, à tenter de se lever. Je m'approchai vivement de lui et embrassai sa nuque.
"Du calme, Taehyung, je te demande juste si tu veux que je le fasse. Tu peux dire non. Tu sais que tu peux dire non."
Il s'arrêta et fixa la table un instant, à moitié relevé, alors que je caressai son dos avec douceur.
Puis, contre toute attente, il se replaça de lui-même sur le meuble.
Je laissai s'écouler quelques secondes.
"Tu- Tu es d'accord ?"
Tout ce que je vis fut ses ongles courts voulant se planter dans la table, ainsi que ses cheveux blonds et lisses bouger au rythme de son minuscule hochement de tête.
Oh, Seigneur.
"Vraiment ? Tu-
-Je t'ai déjà... Je..."
Je me tus, heureux de l'entendre reprendre parole. Le son de sa voix était étouffé par la peau de son avant-bras, et il parlait si peu fort que je dus me pencher un peu pour l'entendre.
"...Imaginé..." Avoua-t-il.
Je me figeai.
"Attends, quoi ?"
J'attrapai vivement ses hanches, avec force.
"Putain de merde." Laissai-je échapper.
Je pressai sa peau jusqu'à ce qu'il ne bouge légèrement d'inconfort. Je me calmai et secouai doucement la tête d'incrédulité.
"Bordel, Taehyung, tu m'as déjà imaginé t'embrasser à cet endroit ?"
Il se raidit et ne répondit rien, mais j'avais très bien compris ce qu'il avait dit il y a quelques secondes.
Oh, bon sang, si seulement j'avais compris plus tôt. Si seulement j'avais compris plus tôt qu'il me voulait de cette manière depuis longtemps, mais que je ne m'y étais pas pris de la bonne façon. Si seulement je n'avais pas été aussi bête. Mais il fallait dire qu'il n'avait jamais montré de signes si évidents de ce désir-là, celui de me laisser le toucher, le découvrir.
Mais peu importait le passé.
Tout était nouveau.
Comme si l'on repartait de zéro.
Je me laissai tomber à genoux derrière lui, et m'empressai d'écarter à nouveau ses deux jolies fesses. Mon coeur battait la chamade tant l'impatience me dévorait.
Et, cette fois, je ne pus attendre après avoir entendu une chose pareille de sa part.
Ma bouche fondit contre lui.
Il laissa enfin échapper un cri.
Ce petit cri, cette exclamation de surprise, j'étais certain que c'était la plus belle chose que je puisse entendre de mon vivant.
Je ne voulais pas qu'il s'habitue à cette sensation et qu'elle devienne banale. Je voulais qu'il soit surpris à chaque fois.
C'est pour cela que je décidai d'y aller avec intensité. Sans lui laisser le temps d'anticiper mes coups de langue. Hors de question que je le laisse se calmer.
Je le découvris en surface de mes lèvres, de ma langue, avec véhémence, et il cria de nouveau. Je me galvanisai de ce doux son. De son corps qui tremblait maintenant à vue d'oeil. De ses tortillements, de la façon dont il voulait m'échapper, de la satisfaction dans sa voix quand je le ramenai brusquement à moi, les mains vissées à ses hanches, et que ma langue chaude le punissait d'une plus grande caresse.
Je ne le laissai pas s'habituer à la sensation et c'est ce qui sembla le faire perdre pied durant quelques minutes.
Il retenait de plus en plus ses petits cris, mais parfois j'en entendais encore, ainsi que quelques grognements, quelques souffles coupés.
Je lui permis encore quelques secondes de plaisir avant de me calmer, le faisant expirer longuement, et s'affaler davantage sur la table. Je me redressai et griffai légèrement la peau de ses fesses en observant son visage.
Il avait la joue collée contre la table, les yeux mi-clos et absents, les pommettes rougies, et quelques mèches de ses cheveux commençaient à coller sur son front. Je vins y passer ma main, pour lui faire du bien, et replaçai correctement ses cheveux. Sa respiration profonde qui se calmait petit-à-petit faisait lever et retomber son dos, dans de petites secousses que je rêvais de voir s'amplifier de nouveau. Mais j'allais lui laisser un peu de répit.
"Viens là." Soufflai-je.
Il se laissa faire comme une poupée lorsque je l'attrapai par les bras pour le tourner, et que je le relevai contre moi. Il se tint à mes épaules, les yeux figés sur mon torse, visiblement toujours chamboulé par ce que je venais de lui faire. Je gardai mon petit rictus fier, et m'appliquai à ôter son petit pull, dévoilant son torse musclé, sa taille fine, sa peau laiteuse malgré ses quelques petites coupures.
Une fois complètement nu, je me baissai vivement et passai mes mains sous ses cuisses. Il laissa échapper un couinement de surprise, mais ne parla pas, et je retins une réaction niaise lorsque je sentis son visage tomber dans mon cou, et ses bras se serrer autour de ma nuque.
Oh, mon ange.
Je m'appliquai ensuite à monter les escaliers, doucement, pour ne pas me vautrer. Taehyung ne pipait mot. Il était calme, à nouveau, et silencieux.
Une fois à l'étage, je poussai doucement la porte de sa chambre de mon pied, et déposai le blond sur les draps. Il se laissa faire et je ne pus m'empêcher de le trouver adorable, très mignon, comme si soudainement il était devenu fragile et infiniment sensible.
"Je reviens."
Me sentant le quitter, Taehyung me pressa brusquement contre lui, comme si j'étais sa bouée de secours. J'eus un léger sourire et embrassai sa joue.
"Je prends juste ce dont on a besoin dans le tiroir." Le rassurai-je, la voix douce.
Il déglutit et me lâcha enfin. J'embrassai son front avant de me redresser. Je gardai un oeil sur lui tout en prenant ce qu'il me fallait dans la petite table de chevet. Juste du lubrifiant.
Je revins vers lui et, immédiatement, il tendit ses bras vers moi pour m'accueillir. Je le serrai contre moi et lui déposai de nombreux baisers sur le visage, les clavicules, la gorge et le torse, avant que l'on entende le bruit du bouchon de la petite bouteille que j'avais dans la main.
Taehyung m'observa attentivement en mettre sur mes doigts. Il n'avait plus l'air paniqué, seulement curieux, et toujours un peu absent, encore dans les vagues de ce que je lui avais fait subir quelques minutes plus tôt.
"Je vais m'assurer que tu sois prêt. Tu comprends ?" Chuchotai-je.
Il hocha la tête. Je voyais de nouveau l'angoisse naître dans son regard. Mais pas plus que tout-à-l'heure alors, confiant, je dirigeai mes doigts en bas, à nouveau, sans le quitter ; je posai mon front contre le sien. Je voulais envahir son espace, qu'il sente ce que je lui faisais, que c'était moi qui le lui faisais.
Lorsque je laissai traîner mon doigt à cet endroit, il clôt les paupières, serrant doucement les draps entre ses phalanges.
Mais, lorsqu'un premier doigt se fraya un chemin, ses mains se portèrent immédiatement à son visage et il se cacha derrière ses paumes, tout en émettant un gémissement léger.
"Ca va ?"
Il ne répondit pas, et se cambra un peu vers l'arrière en sentant mon doigt bouger doucement.
"Tu as mal ?
-N-non."
Ce moment était étrangement calme, bien plus que je ne l'aurais imaginé.
Ses cheveux blonds étaient délicatement posés sur le coussin, parfois glissant sur son visage, ou sur la taie d'oreiller, en fonction de comment il se tordait à cause de mon doigt qui le découvrait.
Pour ma part, j'étais littéralement en train de me contenir. Je sentais sa chaleur, et ça me rendait fou. Mais ce qui me rendait plus fou encore, c'était sa réaction lorsque je le pénétrai d'un second doigt, après lui avoir demandé la permission.
Là, ce fut autre chose.
Taehyung avait jeté la tête sur le côté, et avait baissé ses mains pour s'accrocher à mon bras, le bras de la main qui s'occupait de lui. Il me tenait sans tenter de me contrôler.
Je me passai un coup de langue sur les lèvres en fixant son corps indécis, comme s'il ne savait pas s'il avait envie de rejeter l'inhabituelle intrusion, ou m'en redemander. C'était réellement délicieux à observer.
Sa respiration était rauque, profonde, et il n'ouvrit jamais les yeux.
Sauf à la fin, lorsqu'il me fixa un instant, avant de laisser descendre ses prunelles sur le bas de mon corps à nouveau.
Je compris immédiatement que c'en était assez.
Je retirai mes doigts et il fronça les sourcils, reposant sa tête sur le coussin.
Alors, sans le lâcher du regard, j'ôtai mon sweatshirt, puis mon t-shirt, exposant mon torse bien plus musclé qu'avant. J'avais bien vu ses yeux plus ou moins surpris ; après tout, ça faisait un moment qu'il ne m'avait pas vu nu. Je m'empressai ensuite de retirer ma ceinture, et la regardai un instant, amusé.
Je me penchai vers lui et, taquin, fis glisser le cuir de ma ceinture sur sa gorge. Il me regarda avec un choc non dissimulé, alors que je m'amusais à la faire coulisser ensuite sur ses poignets, ses épaules, son torse, hypnotisé par mes propres mouvements.
"Jungkook..."
Je fis remonter mes yeux vers lui, et jetai enfin ma ceinture sur le sol.
"Ne sois pas impatient, Taehyung. Je pense que tu oublies vite ce que tu me fais subir."
Je lui souris malicieusement, tandis qu'il me toisait avec gêne, cette fois.
"Quoi ? Tu as vraiment oublié ?"
Ma voix taquine le fit détourner le regard vers le bas, mais je me penchai et attrapai son menton pour qu'il me regarde.
"Mmh ?"
Je m'arrangeai pour qu'il ne regarde que moi.
"En général tu me tortures."
Je l'avais dit dans une fausse plainte, tout en tâchant d'ouvrir de ma main libre la bouteille de lubrifiant, et de m'en appliquer là où il le fallait après avoir baissé mon boxer.
"Tu ne te souviens vraiment pas ?
-Jungkook ça suffit..." Me fit-il, visiblement désireux que j'arrête de l'embarrasser.
J'eus un léger sourire, et mon membre se colla contre lui. Il écarquilla les yeux et ses doigts agrippèrent mes bras, que j'avais maintenant posé de part-et-d'autre de son visage.
"Ca suffit ? Quoi ? Je dois arrêter ?"
Je gardai mon membre contre lui, sans aller plus loin. Je sentais qu'il bougeait un peu, qu'il était impatient sans vouloir l'avouer.
"Jungkook..." Souffla-t-il.
Il semblait ne pas savoir quoi dire, quoi faire.
C'est ce moment que je choisis pour doucement plonger sur ses lèvres. Je pris plaisir à les mouvoir contre lui, et il accueillit le baiser avec envie. Nos langues se trouvèrent et je ne me fis pas prier pour prendre le dessus. Je contrôlai l'échange, soupirant lors d'un changement d'angle, tant c'était bon de l'embrasser ainsi.
Lorsque je reculai, je remarquai qu'il avait fermé les yeux et arqué les sourcils. Il rangea sa petite langue, le souffle court, chamboulé par le baiser profond que l'on venait de se donner.
"Je vais te pénétrer, maintenant, Taehyung."
Immédiatement, il ferma à nouveau les yeux.
"Tu es d'accord, n'est-ce pas ?" Souris-je.
Je collai mon front au sien.
"Oui." Souffla-t-il.
Je léchai ses lèvres. Il laissa échapper un couinement d'attente.
"Je vois, donc tu aimes si je fais ça ?"
Je lançai légèrement mes hanches vers l'avant, et le bout de mon membre écarta ses chairs. Le blond prit une grande inspiration et laissa échapper un son étouffé.
"Jungkook !"
Je le forçai à garder la tête bien posée en scellant davantage nos deux fronts. Il serra les dents et ses ongles semblaient vouloir pénétrer la chair de mes bras.
"Jungkook..." L'imitai-je, amusé.
Seconde par seconde, j'entrai un peu plus en lui, et la sensation que ça me procurait était purement divine. Tout de lui semblait me presser, m'entourer, m'étouffer, rien qu'en connectant ainsi nos deux corps, de cette manière. C'était différent. C'était délicieux.
Je voulais aller encore plus loin, encore et encore plus loin, jusqu'à ce que tout de mon intimité ne disparaisse à l'intérieur de lui, jusqu'à ce que mon bas-ventre ne soit collé contre le sien.
"A-ah- Jungkook, Jungkook-" S'essouffla-t-il, parfois en agrippant mes bras, parfois les draps, puis mes épaules, puis de nouveau mes bras, sans s'arrêter.
Ses yeux étaient fermés avec force, sa bouche entrouverte laissait échapper sa respiration de plus en plus saccadée.
Je sentais des vagues de plaisir m'enflammer et, une fois en lui jusqu'à la garde, je ne pus m'empêcher de me redresser et de m'arrêter un instant, la tête rejetée en arrière, alors que le blond continuait de se mouvoir légèrement.
Je baissai le regard sur nous. Et un frisson dévastateur m'envahit lorsque je me rendis compte que j'y étais, et que je ne pouvais pas être plus loin que ça. C'était peut-être un peu primitif, mais le voir légèrement cambré à cause de mon membre, voir que le remplir ainsi le faisait se perdre, se mouvoir sans qu'il ne le veuille forcément, ça me donnait un sentiment de satisfaction profonde.
Je me délectai d'ailleurs à simplement le regarder, sans bouger, au plus profond de lui, alors que de son côté, il n'arrivait pas à se calmer. Il émettait des sons étouffés, le cou tiré en arrière, le dos cambré, alors même que je ne bougeais pas d'un pouce.
"Alors, mon amour, qu'est-ce que ça te fait ?"
Je me penchai vers lui. Il n'arrivait même pas à me répondre. Ses doigts étaient crispés sur mes bras forts.
Sa mâchoire exposée me nargua et je laissai mes dents et ma langue y traîner, empirant son état.
Lorsque je me redressai, j'observai son ventre plat et finement musclé, et soudain, sans trop que je ne sache d'où cette idée m'était venue, je posai une main à plat sur son ventre et appuyai.
Il se raidit davantage et j'eus la satisfaction de me sentir en lui, en appuyant assez fort en-dessous de son nombril.
Je serrai les dents et attrapai ses hanches.
Taehyung tenta de me regarder en comprenant que les choses sérieuses commençaient. Sa main se tendit vers moi et, lorsque je balançai une première fois mes hanches vers l'avant, il griffa violemment mes abdominaux, tout en criant assez fort, la tête rejetée vers l'arrière.
Bordel, c'était... C'était...
Il était...
"A-Ah !" Cria-t-il à mon deuxième mouvement assez franc.
Et, enfin, avec délicatesse, je me mis à le prendre, doucement mais profondément, irrégulièrement pour l'instant.
C'était étrange de devoir faire ces mouvements, mais pour le moment, ça me fatiguait moins que ce que j'avais pu imaginer.
Taehyung, lui, semblait basculer dans un autre monde depuis que j'étais en lui. Il avait du mal à rester bien droit, son cou était sans cesse tiré vers l'arrière, sa bouche était entrouverte, comme un véritable appel à le malmener. Mais je gardai ma douceur pour le moment. J'appréciais chacune de ses réactions, chacune pliure de son corps, chacune coupure de son souffle.
Dehors, il se mit à pleuvoir, ce qui fit s'assombrir un peu le ciel, et l'ambiance changea petit-à-petit. Ce fut à ce moment-là que je me mis à trouver un rythme régulier.
Lorsque je lui fis l'amour avec plus de vigueur, il se mit à gémir sans cesse. J'en devenais fou. Le plaisir me rongeait, bordel, c'était mieux que dans mes rêves les plus fous.
Sur un coup de tête, je me baissai et recouvris l'un de ses tétons de ma bouche. Il sursauta et je clos les paupières en sentant ses mains se mélanger à mes cheveux. Il tira légèrement dessus et je compris le message, remontant à sa hauteur.
Pour la première fois, il me fixa de ses yeux vitreux. La sueur coulait sur nos fronts, déjà, et sa beauté me frappa encore plus. Il était angélique, divin, et à ce moment-là, je priai tout ce que je pouvais prier pour que personne d'autre que moi ne puisse le voir dans cet état un jour.
"J-Jungkook... "
Sa première plainte. C'était beaucoup. C'était trop. Et il commençait à s'abandonner. J'avais beaucoup d'endurance, et j'avais la sensation d'y aller avec un rythme si régulier que ça en devenait bien trop bon pour lui comme pour moi.
Il fallait que je me calme, j'allais venir trop vite, et je ne voulais surtout pas terminer maintenant.
Je ralentis un peu la cadence, laissant ma langue traîner le long de ses abdominaux contractés. Il se laissa retomber sur les draps, les mains sur ces derniers, fixant le plafond quelques secondes, comme s'il était de nouveau absent, emporté dans un monde de luxure et de plaisir.
Pour le faire reprendre conscience de ce qui se passait, je descendis la main et enveloppai son membre de ma paume.
Il me regarda vivement et tendit ses mains vers moi. J'embrassai ses doigts qui essayaient de m'atteindre, et lui appliquai quelques coups de poignet rapides.
Ses réactions étaient bien trop attirantes pour mon propre bien.
"Je vais te prendre et te toucher en même temps." Lui souris-je.
Il paniqua, et je sus que c'était parce que ça allait être difficile pour lui de retenir ses réactions si je faisais ça.
Je me redressai afin de ravoir la bonne position pour me faufiler profondément entre ses chairs et, à l'instant où je le pris encore, sans cesser mes coups de poignet, il plaqua une main sur sa bouche pour minimiser ses bruits.
D'accord, Taehyung.
Est-ce qu'il voulait jouer ?
Très bien.
Je m'arrêtai net. Mes mains vinrent attraper ses cuisses, que je posai brusquement sur mes épaules.
Il me regarda avec surprise, et je lui adressai un clin d'oeil amusé.
"Essaye de ne pas crier comme tu le fais si bien." Lui fis-je, de la taquinerie dans la voix.
Et, brusquement, je le pris avec force.
Au vu de sa réaction, la position avait été la bonne.
Je l'avais touchée.
Mais il n'avait pas crié. Il s'était violemment figé, la bouche presque grande ouverte, qu'il referma bien vite.
"C'est bon, Taehyung ?
-J-Jungkook-"
Je réitérai mon geste, mordant dans ma lèvre tant le plaisir me possédait, et cette fois, le blond se cambra violemment vers l'arrière, et cria. Fort.
Après ça, il se mit enfin à émettre des sons que je désirais entendre ; il chouina, il se plaignit, comme si maintenant qu'il avait connu cette sensation, il ne pouvait plus vivre sans la connaître de nouveau.
Il commençait à lâcher prise.
Et ce fut à cet instant que tout bascula.
Je repris un peu d'élan, le sourire toujours scotché aux lèvres, et le pénétrai puissamment, atteignant de nouveau cet endroit qui le faisait perdre la tête.
Mais une réaction tout autre m'accueillit cette fois.
Taehyung se cambra, ouvrit la bouche...
... Et explosa en sanglots.
Je me glaçai d'horreur, de choc, d'incompréhension.
Il pleurait violemment, bruyamment, sans s'arrêter, tandis que j'étais littéralement figé sur place, figé de peur.
"T-Taehyung..." Bégayai-je.
Je me retirai doucement de lui, avant de me pencher vers son visage. Mon expression devait être déformée par l'inquiétude et l'incompréhension.
Il pleurait comme un enfant qui faisait une grosse crise, sa respiration était si profonde que son estomac se creusait, et, doucement, il amena ses mains à son visage pour se frotter les yeux, puis pour se cacher.
"Oh mon Dieu, Taehyung..."
Les larmes envahissaient mes propres yeux, ma gorge se nouait tandis que je ne trouvais rien d'autre à faire que de m'allonger sur lui, le visage dans le creux de son cou, à l'écouter pleurer, crier, noyé dans de violents sanglots.
Je clos les paupières et attendis patiemment.
Je le laissai pleurer. Je le laissai tout lâcher, j'étais certain qu'il en avait plus besoin que n'importe qui, alors je me tus, embrassant parfois sa gorge, sans trop d'intensité, juste pour lui montrer que j'étais là, juste à côté.
Il gémissait de sa voix grave mais cassée par les pleurs, ses mains toujours contre son visage.
Seigneur.
Je comprenais maintenant pourquoi il avait eu si peur, dans le passé, que je lui fasse l'amour et que je l'aide à se perdre dans la détente et le plaisir. Il avait eu peur de ses propres réactions.
Je me redressai légèrement et attrapai ses poignets, au bout de quelques minutes, pour ôter les mains de son visage.
"Taehyung, c'est fini, c'est fini, je te jure-
-Plus r-rien ne sera j-jamais..."
J'arrêtai immédiatement de parler en entendant le son fragile de sa voix.
Il avait les joues trempées, les yeux rougis, et je crus voir un visage plus enfantin, une expression plus fragile de sa part.
"...J-Jamais pareil." Acheva-t-il.
Il sanglotait encore, alors je portai une main sur ses pommettes, et essuyai le dessous de ses yeux de mon pouce.
J'avais raison.
Taehyung était traumatisé.
"Comment ça, mon amour, parle-moi..." Chuchotai-je.
Il me regarda après le surnom que j'avais employé.
"Tous ces g-gens morts, J-Jungkook, c'est ma f-faute..."
Et il se remit à pleurer.
Je secouai la tête, les sourcils froncés, et le forçai à me regarder de ma main sur sa mâchoire.
"Non. C'est Kang-Dae qui t'a forcé à faire ça. Ne remet plus jamais la faute sur toi."
Il ne répondit pas, mais renchérit sur autre chose, ses yeux rouges de ses pleurs figés dans les miens.
"A chaque f-fois que je ferme les y-yeux, à chaque fois que je suis seul, je r-revois chaque corps qui tombe, d-depuis le début du réseau, pas seulement au manoir, je- je r-revois tous les gens que j'ai recouvert de sang."
Oh, mon Dieu.
Personne n'est fait pour travailler dans un réseau.
Personne, absolument personne, et peu importe les moments de paix que l'on pouvait connaître à y travailler, peu importe si l'on s'était habitué ou non à une vie telle ; la réalité, c'était que nous avions oublié que c'était l'Enfer sur Terre. Que c'était impossible, inimaginable de vivre cette vie sans s'en traumatiser, sans en être, même inconsciemment, horriblement malheureux.
Il n'y avait pas d'issue possible au bonheur en étant employé de réseau, ou chef de réseau. Même à la tête d'un empire comme Kang-Dae.
Le véritable Roi de l'échiquier, c'était le malheur.
"Je vais t'aider Taehyung." Soufflai-je.
Mon visage frôlait le sien.
Je me remis contre lui, à cet endroit précis, et le regardai, pour savoir s'il était d'accord. Ses yeux trouvèrent les miens, et il comprit ce que je voulais.
"Encore." Murmura-t-il.
J'eus un léger sourire attendri, et, doucement, je le pénétrai de nouveau.
Il clôt les paupières, des larmes silencieuses roulant le long de ses pommettes, tandis que je recommençai à lui faire l'amour lentement.
J'embrassai sa mâchoire tout en y allant profondément, sans accélérer le rythme. Il recommença à gémir, à chouiner, le visage légèrement jeté vers l'arrière, les lèvres entrouvertes, les doigts crispés de plaisir sur mes bras.
"Tu n'es plus seul, maintenant... Tu le sais, Taehyung, n'est-ce pas ?" Lui chuchotai-je au creux de l'oreille.
Il me répondit par une plainte alors que, progressivement, je repris un rythme plus régulier. Ses gémissements se transformèrent en petits cris, et enfin, comme s'il avait compris que j'étais là, réellement là pour lui, avec lui, il se mit à prononcer mon prénom à tue-tête.
Le plaisir m'envahissait également mais je ne me concentrai que sur son bien-être, les sons qu'il émettait, la façon dont son corps se cambrait vers l'arrière.
Plus j'allais loin et plus il aimait ça. Je pouvais le ressentir. Alors je ne me privai plus pour abuser de son point sensible.
"Jungkook !
-Je suis là." Lui répondis-je, le souffle court.
Je mordis sa délicieuse mâchoire.
"Et je vais t'aider à affronter tes démons."
Il sanglota après mes mots, et soudain, me poussa sur le côté avec force. Surpris, je tombai sur le dos, et il grimpa sur moi.
"Taehyu-"
Je me tus en le sentant me reprendre en lui. Cette position était particulièrement plaisante. Ce fut à mon tour de jeter le visage en arrière, attrapant ses hanches entre mes doigts pour l'aider à monter et descendre.
Je l'entendais gémir, ce qui me poussa à vouloir le regarder.
Jusqu'ici, ce fut la plus belle vision de lui que j'eus la chance d'avoir. Oh, oui, définitivement, j'étais chanceux.
Les yeux clos, la gorge exposée, la bouche semi-ouverte, les abdominaux contractés, ses jambes magnifiques, ses cheveux qui rebondissaient au rythme de ses mouvements...
Enfin. Enfin, il perdait le contrôle, tout en étant dans une position où il était capable de l'avoir. Ca signifiait beaucoup pour moi de le voir de cette façon.
Je le laissai faire quelques minutes, avant de l'attraper violemment par la nuque, de le pencher vers moi et de plaquer mon autre main dans son dos pour qu'il ne bouge plus. Là-dessus, je lui assénai des mouvements rapides et profonds, sans lui laisser de répit. Il frôla un hurlement.
Je crois que c'est à ce moment précis que son orgasme s'enclencha. Lorsqu'il se raidit brusquement, qu'il s'abandonna contre moi et que sa voix se bloqua dans sa gorge. Je le reculai très légèrement pour observer son visage.
Il était complètement absent.
Et puis, juste comme ça, en apercevant ses traits magnifiques, j'atteignis à mon tour le paroxysme du plaisir.
Il colla son front contre le mien.
Et, une dernière fois, nos voix prononçèrent le nom de l'autre, dans un gémissement pour ma part, dans un cri pour lui, et tout autour de nous ne fut que plaisir, qu'explosion d'extase.
Lorsqu'il reprit conscience des choses, mon ancien supérieur m'observa avec des yeux surpris, probablement à cause de l'intensité de ce qu'il venait de ressentir, et d'un sourire léger, mais émerveillé.
Je souris à mon tour.
Oh, Taehyung...
"Tu es magnifique... " Soufflai-je.
Oui, magnifique...
"Jungkook..." Chuchota-t-il.
...Si magnifique, lorsque tu abandonnes ta Suprématie.
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Je sais que ce chapitre était très, très attendu. C'est pour cela que je suis très angoissée. J'espère réellement que vous n'êtes pas déçus, que ce lemon -que j'ai mis beaucoup de temps à écrire car je faisais très attention à rester proche de la réalité pour les réactions de Taehyung- vous aura plu et est à la hauteur de vos attentes, vraiment, j'attends vos retours avec impatience.
Le prochain chapitre sera le dernier chapitre de Suprématie. Je ne l'ai pas encore entamé pour être honnête. Pour l'instant je n'ose pas. Et je sens que je vais pleurer beaucoup trop, à chaque phrase. Je suis comme vous. Je n'ai pas envie que ça s'arrête et j'ai même peur que ça soit la fin. Mais on parlera de tout ça dans les prochains chapitres et, surtout, dans les remerciements.
S'il vous plaît, veillez à bien lire les remerciements les amis, quand ce sera terminé. Car ils sont très importants pour moi et que je ne vais pas me contenter de remercier mais aussi de parler un peu de comment j'ai vécu tout ça, mais aussi discuter de la question du Tome 2 qu'on me pose souvent et des bonus, etc, j'aimerais réellement que vous lisiez tout ça. ♥
Je vous souhaite bon courage pour demain et pour toute la semaine. Je vous aime pour toujours. Ce n'est pas encore fini. A bientôt pour la suite, et fin, de Suprématie... ♥
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