Bonsoiiir ! ^-^

Je n'ai pas eu le temps de répondre à vos commentaires du chapitre précédent comme je l'ai posté dimanche, j'en suis désolée! :(

Voici la suite! J'espère que ce chapitre vous plaira les amis ;)

Bonne lecture ~ 

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"Allô, Jimin ?

-Jungkook ! Il faut que tu viennes à la boîte, tout de suite."

Le lendemain matin, après avoir passé l'après-midi à me chercher un masque avec Daejung -masque que j'avais trouvé-, Jimin m'appela sous les coups de vingt heures. Je ne comprenais pas pourquoi il semblait si affolé ; clairement, quelque chose n'allait pas.

"Mais p-pourquoi ? Taehyung ne m'a pas dit de venir...

-Je sais, c'est moi qui veux te voir. Justement, Taehyung n'est pas là pour l'instant.

-Mais je... Enfin-

-On doit discuter toi et moi. C'est urgent."

Je fronçai les sourcils. Pourquoi semblait-il si paniqué ?

"A quel propos... ?

-Je te dirai tout ça là-bas.

-On ne peut pas se voir autre part ?

-Je reprends du service dans moins d'une heure, je ne peux pas quitter la boîte... Mais je viens d'apprendre quelque chose. Alors il faut qu'on en parle maintenant."

Je jetai un coup d'oeil à ma montre. De toute façon, je n'avais pas grand chose de prévu cet après-midi. Ce qui m'inquiétait, c'était Taehyung, mais Jimin m'a dit qu'il n'était pas là.

"C'est d'accord, j'arrive dans vingt minutes environ.

-Parfait."

Il raccrocha sans même m'avoir laissé le temps de répondre. Je décollai le téléphone de mon oreille en fixant l'écran maintenant noir.

Ca sentait mauvais.

"Maman, Daejung, je sors !

-Tu vas où ? Me questionna ma mère en se retournant sur le canapé.

-Je... Voir Hoseok, mon ami de l'université, tu sais.

-Oh, c'est super, ça. En plus ça doit faire un moment que tu ne l'as pas vu !" Sourit-elle.

Daejung me salua chaleureusement, et j'embrassai ma mère avant de partir, le pas rapide. Quelque chose me disait que Jimin allait me parler d'un sujet étonnant et surtout inquiétant.

J'espérais juste ne pas croiser Taehyung.

**

"Jungkook ? Qu'est-ce que tu fais là ? Me questionna Namjoon, la première personne que je vis en entrant dans la boîte.

-Jimin veut me parler... Tu sais où il est ?

-Dans mon bureau je crois."

Je remerciai mon collègue et il me fit un petit sourire. Lentement, je slalomai entre les corps suants et déchaînés de la boîte, dans le but de gagner la porte grise. Revenir ici, ça me faisait tout drôle. Je n'avais pas remis les pieds à la boîte depuis la veille de mon départ à Ulsan.

J'ouvris doucement la porte du bureau de Namjoon, et y découvris un Jimin appuyé sur le mur, se mordillant les ongles et le regard fixé sur son téléphone. Quand j'eus poussé la porte, il me regarda et se décolla instantanément de la paroi murale pour venir vers moi ; j'eus même un mouvement de recul lorsque ses deux mains emprisonnèrent mes bras, après avoir rangé son cellulaire dans sa poche.

"J-Jimin ?

-Dis-moi que c'est faux." Me lança-t-il.

Sa voix était à la fois dure et angoissée. Je ne comprenais définitivement pas son comportement. Ses yeux jonglaient dans les miens, ses pupilles affolées semblaient vouloir capter toute mon attention.

"De quoi tu parles... ?" Murmurai-je presque pour essayer de le calmer.

Il soupira et me lâcha avant de se passer une main sur le visage.

"La punition. Dis-moi que c'est faux, que Taehyung ne compte pas te punir."

Je me figeai, sous le choc.

"C-Comment... ?

-Yoongi l'a entendu parler avec Jin récemment. Jin demandait à ce que tu sois puni une fois guéri, et Taehyung a répondu que-"

Il se coupa de lui-même en prenant une grande inspiration, puis reprit :

"Il a répondu qu'il y réfléchissait." Souffla-t-il enfin.

Je me pinçai les lèvres en le regardant timidement. Il m'analysa puis écarquilla les yeux.

"Quoi ?! C'est vrai, alors ?! S'exclama-t-il en se rapprochant vivement de moi.

-Oui... Enfin, il m'a dit à Ulsan qu'il me punirait, m-mais je... Je ne sais pas si c'est encore d'actualité ou non."

Le noiraud avait la bouche entrouverte, les bras ballants.

"Merde Jungkook, c'est à cause de l'hôpital, hein ? Quand on s'est enfuis ?"

Je hochai de la tête en baissant un peu le regard. Je savais bien qu'il s'inquiéterait lorsqu'il l'apprendrait.

Mais Jin... Bordel, quel enfoiré. Ce n'était pas suffisant pour lui, d'avoir tiré sur moi ? Une colère monstre s'empara de mon corps en me rendant compte de la situation.

"Jimin, j'en p-peux plus. Grognai-je en m'arrachant les cheveux.

-C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma faute-

-Arrête ! Je te l'ai demandé -non, supplié- que tu m'aides à sortir de cet hôpital ! Ne te blâme pas Jimin, je t'en supplie."

Quand il releva le visage vers moi, je vis ses yeux larmoyants.

C'en fut trop.

Je me précipitai vers lui et le pris brusquement dans mes bras. Je le serrai de toutes mes forces et il me rendit mon étreinte avec ferveur.

"Je ne l-le laisserai pas faire, je te le jure...

-Jimin. Si ça doit se faire, alors... Alors ça se fera. Et puis-"

La porte s'ouvrit brusquement et on se figea lui et moi. J'étais de dos, donc je ne pouvais pas voir qui était entré.

Mais la crispation du corps de Jimin, la soudaine tension dans l'air et les battements de mon coeur ne prouvèrent qu'une chose ; c'était bien lui qui venait d'entrer dans la pièce.

Merde, il n'était pas censé être là.

De longues secondes s'écoulèrent et mon collègue me repoussa doucement. Il lança un regard apeuré derrière moi et tenta de me faire un sourire rassurant, mais je n'étais pas dupe.

"Jimin, sors."

Le noiraud se pinça les lèvres et me contourna. J'entendis la porte se refermer doucement derrière lui, et je sus que Jimin était parti.

Mais je savais que je n'étais pas seul dans la pièce pour autant.

Alors que je ne m'étais toujours pas retourné, des pas se firent entendre et à chaque fois qu'ils se rapprochaient de moi, mon corps se tendait un peu plus. Son odeur me parvint et je fermai les yeux, mais les rouvris bien vite en me concentrant sur tout le mal que je ressentais à cause de lui en ce moment, et surtout sur ma colère envers son manque d'objectivité, son égoïsme et son ignorance.

J'avais pas mal de raisons d'être en colère.

Un souffle se fit sentir sur ma nuque ; il n'était ni trop proche, ni trop éloigné. Taehyung devait être à un pas de moi. Mes mains se crispèrent sur mon bas, et sa voix gronda enfin dans la pièce.

"Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? Ta hanche n'est pas guérie, et je ne t'ai donné aucune instruction."

Sa voix m'envoya un nombre incalculable de frissons le long de mon échine dorsale, et je crus que j'allais défaillir, me jeter dans ses bras, le supplier. Mais je me retins. Il ne fallait surtout pas que je me rabaisse à ça. Je n'étais absolument pas en tort, en aucune façon.

"Je suis juste v-venu voir les autres, par habitude, j-je suppose."

Mes bégaiements trahissaient la tristesse de la situation ; nous étions comme revenus quelques mois auparavant, avant tous ces baisers, ces caresses, ces moments où il était le seul qui existait pour moi.

Comme si nous étions revenus à la case départ.

Lentement, je me tournai vers lui. Il était plus loin que je ne le pensais. Cette distance me brisa un peu plus le coeur ; même avant que notre relation ne franchisse l'étape intime, il n'avait jamais été aussi loin pour me parler. Il y avait toujours eu cette certaine proximité entre lui et moi ; proximité qu'il envoyait maintenant valser au loin, sans aucun scrupule apparent.

"Ce n'est pas une cour de récréation ici." Me réprimanda-t-il.

Je relevai enfin les yeux vers lui, et je crus mourir sur place. Ses yeux perçants m'anéantirent, je crus que j'allais disparaître tant la douleur dans ma poitrine s'était intensifiée en un seul échange de regards. Sa beauté à elle seule servit à briser un peu plus mon coeur déjà meurtri par ses paroles dans le grand magasin, il y a quelques jours, et je dus me faire violence pour ne pas fondre en larmes.

"Je le sais." Lui répondis-je presque sur le même ton malgré tout.

Nous étions sur la défensive, sur le qui-vive, comme deux ex qui se faisaient face. C'était étouffant, déchirant et angoissant au possible. Je voulais simplement que tout redevienne comme avant. Si j'avais détesté Ulsan, en revanche, j'avais adoré la chambre d'hôtel avec Taehyung.

"Je vais y aller. Bonne soirée, monsieur."

Le dernier mot sonna comme faux à mes oreilles, et je vis sur le visage du châtain qu'il n'était vraiment pas heureux de me voir ici.

Je le contournai lentement, et allai poser une main sur la poignée. Je voulus l'abaisser mais me retins. Le corps tremblant, je continuai de fixer la porte, un sanglot menaçant de me briser la voix alors que j'osais prononcer une dernière phrase :

"Si vous voulez q-que je quitte le réseau, autant m-me le dire au lieu de m'ignorer."

J'attendis quelques secondes, puis ouvris la porte. Je franchis cette dernière et la laissai contre, sans prendre le temps de la refermer. Je traversai le couloir en laissant mes larmes couler, enfin. Je pouvais enfin me laisser aller ; avoir revu Taehyung avait été un déchirement.

Je ne pouvais plus travailler avec lui.

Arrivé au bout du couloir, je ne compris pas ce qu'il se passa lorsque mon bras fut violemment tiré en arrière. Je me fis retourner et mes yeux rencontrèrent brusquement ceux noirs de colère de mon supérieur.

Oh non, non, ce n'était pas prévu qu'il me retienne.

"Non mais tu te prends pour q-"

Il fut coupé lorsque ses yeux balayèrent mon visage du regard. Je reniflai en détournant les miens.

Il fixait mes joues mouillées.

J'avais honte, si honte que j'aurais voulu le pousser violemment en arrière pour m'enfuir. Mais j'en étais incapable, pas quand il continuait de me presser le bras. Pas quand je me souvins que cette même main, qui broyait actuellement ma chair, avait parcouru ma peau, ma gorge, mes lèvres. J'étais tétanisé.

Deux doigts vinrent attraper mon menton. Je reniflai une énième fois quand le châtain me força à le regarder en face. Nos pupilles se connectèrent.

Non. C'était trop dur.

"Je veux p-partir."

Je repoussai sa main en la frappant. Il serra la mâchoire et je lui lançai des yeux déçus et noirs. De la rancoeur, voilà ce que c'était. De la rancoeur pure et dure.

"Laissez-moi partir. Lâchai-je de façon insolente.

-Jungkook."

Je tressaillis en le regardant. Son ton avait été profond, rauque.

"Tu restes mon employé, alors ne me manque pas de respect.

-Vous v-voulez que je reste votre employé... ?"

Il sembla surpris de ma question ; ses sourcils s'étaient légèrement froncés et ses bras s'étaient croisés.

"Tu veux quitter le réseau ?" Me questionna-t-il alors, sérieux.

J'ouvris doucement la bouche, surpris qu'il soit si direct.

"Je... Je ne sais pas...

-Je te l'autorise."

... Quoi ? 

Que venait-il de me dire ?

"Pardon... ?

-Tu connais la règle. Si tu démissionnes, tu perds la vie. Mais en raison des événements différents qui ont eu lieu entre nous, je t'autorise à partir du réseau, sans risque."

Il... Il me proposait de démissionner ? Là, maintenant ? Incrédule, je le fixai avec un air hébété. Mes yeux grands ouverts témoignaient de mon état de choc intense, et ma respiration devenait erratique. Je me mis à frotter les paumes de mes mains sur mon jean, les sentant devenir moites.

Quitter le réseau ?

Quitter Taehyung ?

Il ne voulait vraiment plus de moi ? A ce point ? Je ne pouvais pas le croire. Il m'avait rayé de... De sa vie en si peu de temps... ?

"Je fais ça pour toi." Ajouta-t-il.

Une violente décharge électrique me traversa l'estomac et remonta jusque ma gorge, accompagnée d'une bouffée de chaleur digne des canicules les plus insupportables ; de la colère. Mon corps était en proie à un sentiment de haine si fort que j'en eus presque peur.

Mes yeux devinrent noirs et je ne me rendis même plus compte de qui était en face de moi. J'avançai lentement vers lui. Il vit mon regard sombre et crispa davantage la mâchoire ; je crus qu'il allait s'exploser un muscle, à ce stade.

"Vous savez ce que v-vous auriez dû faire, pour moi ?" Crachai-je presque en le pointant du doigt, sans le toucher.

Il resta stoïque. On aurait dit qu'il s'attendait à ce genre de réaction.

Oh mon Dieu.

Mais oui, c'était ça. Ca ne faisait plus aucun doute.

Taehyung savait que j'allais réagir de la sorte, tout simplement parce qu'il avait l'habitude avec Jin.

Cette évidence me sauta aux yeux et je me calmai bien rapidement. J'essuyai brusquement mes yeux et me remis bien droit en plantant mes pupilles expressives dans les siennes.

"...A vous de voir, monsieur."

Il fut de nouveau assez étonné par mon ton maintenant calme, bas, presque lassé. Je jouais ce personnage, mais en réalité, j'étais fier de garder mon calme face à une situation aussi chaotique. Je me remémorai les paroles de Yoongi.

"Tu vois, c'est ce genre de comportement qui fait que Taehyung te prend encore pour un gamin."

Difficilement, je déglutis et réussis à faire un sourire. C'était un rictus amer, mais je voulais me montrer plus ou moins hautain avec lui, pour qu'il comprenne que je ne voulais plus jamais me laisser faire.

Je ne voulais plus qu'on se joue de moi, je ne voulais plus être en proie à mes sentiments, en être l'esclave.

"Après tout, c'est vous le patron."

Sur ces dernières paroles, j'ignorai son regard électrique et me retournai lentement, puis traversai la porte grise. Je la refermai derrière moi et, cette fois, Taehyung ne me suivit pas. Il devait comprendre que j'étais trop remonté, trop blessé pour avoir une conversation avec moi.

Dans un recoin de la boîte, je trouvai un Jimin qui fixait vers moi, attendant visiblement que je revienne depuis qu'il s'était fait virer du bureau de Namjoon quelques minutes plus tôt.

"Jungkook...

-Jimin. Ne t'en fais pas, d'accord ?" Le rassurai-je.

Il croqua sa joue et sa jambe tressauta.

"Jungkook... Que se passe-t-il, avec Taehyung ?"

Je fis un sourire triste, tentant de refouler un sanglot qui me trahirait.

"Justement... Il ne se passe rien."

Il ne se passe plus rien.

**

"Quoi... ? Mais, ce bal te faisait une joie immense mon coeur, qu'est-ce qui s'est passé ?" Me questionna ma mère.

J'étais rentré une heure plus tard, après avoir discuté avec Jimin. On avait parlé de son travail, de sa fatigue et j'avais passé l'entière conversation à nier pour Taehyung. Il me disait qu'il se doutait de quelque chose, qu'il y avait un truc louche entre lui et moi, mais j'avais menti. Je n'aimais pas lui mentir, surtout pas à lui, mais en sachant qu'avec le châtain tout était terminé, je ne me voyais pas raconter le bonheur que j'avais ressenti à ses côtés lorsque nous avions une relation ambiguë lui et moi. Certes, ça a été rapide, mais toutes les bonnes choses ont une fin.

Tous les plaisirs sont soit limités par la raison, soit horriblement courts. Et j'en faisais les frais avec Taehyung. Je m'en voulais de ne pas avoir profité davantage, avec lui. J'aurais voulu qu'on me prévienne, qu'on me dise "attention ! Il ne reste plus beaucoup de temps" et ainsi, je sais que j'aurais pris plus d'initiatives. Je l'aurais davantage embrassé, câliné quand bien même il n'avait pas l'air friand de ça -enfin, après tout, il m'avait pris dans ses bras, chez lui-. Ce souvenir piétina mon coeur à nouveau, et je déglutis.

Après avoir pleuré un bon coup avant de rentrer dans mon appartement, je m'étais immédiatement adressé à ma mère. Un simple "je ne vais pas au bal masqué, finalement" a été balancé dans la pièce de ma voix triste, et j'étais allé m'effondrer de tout mon long sur mon lit.

Ma mère m'avait alors suivi, sans Daejung, et s'était assise à mes côtés. J'avais la tête sur le coussin, le ventre contre le matelas, et la main de ma mère caressait mes cheveux tendrement, maternellement.

"C'est Hoseok ? Tu devais y aller avec lui et ça s'est mal passé ce soir ? Tu es vite rentré..." Supposa-t-elle.

Je laissai échapper un soupir de fatigue et fermai les yeux, mais lui répondis tout de même :

"Je... Maman j'ai pas trop envie d'en parler..."

Elle se redressa. Avec étonnement, je crus qu'elle allait partir, mais elle se mit accroupi devant mon visage à la joue droite écrasée sur l'oreiller. Je la regardai de mes yeux mi-ouverts.

"Jungkook, qu'est-ce qui se passe ? Parle-moi."

Je reniflai, sentant les larmes envahir mes yeux l'instant d'après. Je baissai le regard sur mes draps, alors que ses doigts caressaient doucement ma nuque.

"Je n-ne peux pas...

-Tu ne peux pas quoi ?" Questionna-t-elle de sa voix douce.

Elle m'apaisait. Je l'aimais tellement, et j'en avais marre de lui mentir. J'en avais marre de ne pouvoir parler à personne. J'avais Jimin, mais il ne savait rien pour Taehyung et moi. Yoongi ? Il n'a pas l'air très fan des discussions amicales. Hoseok était également dans l'ignorance, et devait le rester.

Je n'avais absolument personne à qui me confier.

"Je ne peux pas te le dire...

-Je sais. J'ai bien compris que quelque chose clochait Jungkook."

Je ne fus pas surpris. Je me contentai de lui sourire tristement. Elle essuya une larme au coin de son oeil droit et je me sentis instantanément coupable des mes agissements.

Je n'étais pas un fils normal. C'est la remarque que je me fis, là, tout de suite.

"J'ai aussi compris que ça t'angoissait. Je ne vais pas te forcer, je ne veux pas que tu te rendes malade à l'idée de m'en parler. Mais j'espère que tu le feras un jour."

Emerveillé par ses mots, je m'approchai vivement d'elle et la pris dans mes bras. J'ignorai le petit tiraillement dans ma hanche et fermai les yeux. Elle me caressa lentement le dos, puis reprit la parole.

"Juste... Dis-moi que, enfin..." Bégaya-t-elle.

Je me reculai un peu pour plonger mes yeux intéressés par les siens, gênés.

"Que quoi ? Demandai-je doucement.

-Tu... Tu ne te prostitues pas, hein... ?"

J'écarquillai les yeux et elle rougit en se redressant.

"Oublie ce que je viens de dire... !"

Je me relevai et lui courus presque après.

"Maman où t'es a-allée chercher ça ?!

-Je me posais juste la question... Désolée."

On se fixa un instant, puis elle me sourit timidement. J'en fis de même et on se mit finalement à rire un peu, comme pour relâcher la pression. Une fois de plus, je l'enfermai dans une étreinte chaleureuse.

"J'suis vexé, même pas on m'invite. Je suis bon qu'à acheter les glaces."

Je tournai le visage et vis un Daejung boudeur. J'eus un petit sourire et ma mère ouvrit un bras.

"Allez viens, fais pas ton enfant. Gloussa ma mère.

-Je suis plus vieux que toi !" S'indigna-t-il.

Il arriva doucement et on l'enferma dans notre chaleureux cercle. Je fus un peu embarrassé ; faire un câlin à Daejung était un peu... Etrange. Mais l'étreinte ne dura que quelques petites secondes, avant que l'on ne se sépare.

"Je vais me coucher moi, je travaille tôt demain. Bailla-t-il.

-Ok, je te rejoins." Lui fit ma mère.

Il s'en alla en me faisant un clin d'oeil. Je souris et reportai l'attention sur ma maman.

"J'ai quelque chose pour toi." Me fit-elle soudainement.

Je penchai la tête sur le côté. Elle s'absenta un instant, puis revint avec...

"Oh mon Dieu maman, qu'est-ce que..."

Un costume. C'était un costume bleu en velours, accompagné d'une chemise blanche aux allures anciennes. On aurait dit des vêtements de l'époque Victorienne, autrement dit ; c'était absolument parfait pour le bal.

"Je t'ai acheté ça, pour ton bal masqué... Tu avais l'air si heureux d'y aller...

-Mais- Maman il ne fallait pas...

-J'ai payé ça avec l'argent de l'enveloppe que tu m'as donné, tu sais. Je n'arrive pas à dépenser cet argent pour moi. Et puis je gagne mieux ma vie, maintenant. Et Daejung m'aide."

Je levai les yeux au ciel et lui fis un bisou sur la joue.

"Merci maman, c'est... Le costume est magnifique.

-Tu n'y vas plus de toute façon..." Soupira-t-elle, triste.

Je me mordis la joue et détournai un peu le regard, en réfléchissant.

Elle avait fait ça pour moi, et elle semblait vraiment enjouée à l'idée que je participe à un événement pareil. Je pense que c'était parce que me voir sociabiliser, sortir avec des amis, ça la rendait heureuse -et surtout, ça la soulageait-.

"Je... Tu sais, j'avais des idées pour ton maquillage, aussi.

-T'es adorable."

Elle me fit un petit sourire et s'installa sur le canapé. Je la suivis.

"Je me souviens de ce bal masqué... Quand j'étais jeune."

Je fronçai les sourcils en relevant vivement mes prunelles surprises vers les siennes, nostalgiques.

"Jungkook, tu sais, quand tu auras mon âge, tu te rendras compte de beaucoup de choses. Mais surtout de toutes les occasions ratées. L'angoisse, la tristesse, la sous-estimation, tout ça... Ce sont des poisons pour l'adolescence."

J'avais la bouche entrouverte. Ma mère et moi avions déjà eu des discussions profondes, mais là je devais avouer que ça me surprenait énormément, et pour cause ; elle touchait exactement les sujets qui entouraient ma vie en ce moment.

"Je me souviens juste de cette fois-là, j'avais à peu près ton âge. Je devais aller à un bal masqué avec un garçon."

Elle me lança un coup d'oeil en me souriant tristement.

"C'était ton père."

Je me figeai, les yeux maintenant grands ouverts.

"Quand tu m'as parlé de ce bal masqué, j'ai tout de suite pensé à ça. On a eu notre premier rendez-vous là-bas." M'avoua-t-elle.

Je me mis en tailleur, soudain très curieux de la suite.

"C'était génial. C'était pas un grand bal masqué, tu sais, c'était juste une petite association de l'université, à l'époque. Il y avait quand même du budget, mine de rien. On y est allés ensemble, et... Enfin, c'est ce soir-là que j'ai su qu'il me plaisait vraiment."

Je hochai de la tête, buvant ses paroles.

"Enfin, je te passe les détails, mais nous nous sommes mis ensemble pendant un petit moment, et je t'ai eu."

Je rougis quand elle me lança un regard rempli de fierté.

"Et tu connais la suite, avec ton père. Ca n'a pas été facile, tu le sais autant que moi, mais je me dis parfois que sans ce bal masqué, sans ce moment où j'ai regardé ton père, sous les projecteurs lumineux, je ne me serais peut-être pas rendue compte des sentiments que j'avais pour lui, et je ne t'aurais donc pas eu. Il y avait cette ambiance magique, autour de nous. Nul autre moment m'aurait autant touchée.

-Tu veux dire que... Peut-être que tu ne serais pas sortie avec lui si tu avais eu ton premier rendez-vous autre part ?

-Ce que je veux dire, c'est que je n'en sais rien. Ce bal a été si féerique Jungkook, si tu savais. J'avais l'impression de rêver. Ce n'était pas comme un rendez-vous dans un café ou un parc. C'était beaucoup plus que ça."

Elle me lança de nouveau un regard.

"Et ton père était là. Il vivait ça avec moi."

Elle baissa ensuite les yeux.

"Je l'ai vraiment aimé. J'ai beaucoup souffert quand il est parti. Je n'ai même pas de mot pour qualifier à quel point ça a été un déchirement."

Une larme roula sur sa joue et je posai une main sur son épaule.

"Je m'en veux de ne pas avoir réessayé, avec lui. De ne pas l'avoir rattrapé. Oui, c'était sa faute de s'enfuir de la sorte à ta naissance, c'est vrai. Mais je me dis parfois qu'il a peut-être juste eu très peur, que j'aurais peut-être dû lui courir après, même une fois. Peut-être que tu aurais eu un père, même si ce n'est pas pour toujours."

Mon coeur sembla gonfler d'une tristesse que je ne connaissais pas. Comme si une douleur jusque là invisible se déclenchait maintenant.

"Je suis désolée pour ça. Pour ce père absent."

Elle leva les yeux vers mon visage figé.

"J'espère que tu trouveras quelqu'un qui te fera oublier toutes tes peines, Jungkook."

Sa main vint se poser sur ma joue. Je posai ma paume sur cette dernière et lui souris. Elle laissa encore quelques larmes s'échapper en me regardant dans les yeux.

"Et je suis sûre que tu l'as déjà trouvé, et que c'est cette personne qui te blesse."

Oh mon Dieu.

Le choc fut puissant, si puissant que je ne pus rien faire d'autre que de jongler entre ses deux yeux bienveillants.

"Va à ce bal, Jungkook."

Je hochai de la tête en laissant aussi une larme rouler sur ma pommette.

"Et fais-toi respecter par cette personne. Elle reviendra si tu montres que tu mérites ce respect. Si elle t'aime, elle reviendra."

Dire que j'étais ému était un euphémisme ; j'étais complètement bouleversé. Je laissai ma tête tomber en avant et mon front se posa sur sa clavicule. Ma mère laissait échapper des "chuuut, tout va bien" en me caressant lentement les cheveux, sans cesser de me rassurer.

"C'est temporaire. Tout ce que tu ressens est temporaire. C'est promis."

Ce soir-là, je crois que je me suis endormi dans ses bras. Sa chaleur maternelle a eu raison de moi et de mes tourments, et je pense que c'est à cette soirée que je me suis rendu compte de l'amour absolument démentiel que j'avais pour ma mère.

**

"T'es sûre pour ça ? On devrait pas effacer un peu le noir ?

-Non, tu es parfait !"

Je me regardai dans le miroir. Daejung attrapa ses clés et posa les mains sur ses hanches.

"C'est grave stylé." Tenta-t-il de dire, comme les jeunes selon lui.

Je ris doucement en me redressant. Ma mère finit les petits dessins sur ma peau, et ajusta mon costume.

"Allez, vous allez être en retard ! Filez vite."

Je la remerciai en la prenant dans mes bras. Elle me rendit mon étreinte.

"Tu vas faire craquer tout le monde comme ça." Me chuchota-t-elle à l'oreille.

Je rougis et secouai la tête en me reculant. Après des derniers "au revoir", je sortis enfin de chez moi, mon masque dans une boîte que je tenais fermement entre mes doigts. Daejung et moi entrâmes dans sa voiture, et il alluma le GPS.

"L'adresse est sur l'invitation, tiens." Lui fis-je en glissant le papier devant lui.

Il nota cette dernière et me rendit la feuille, avant de démarrer.

"Un peu stressé ? Questionna-t-il en souriant.

-Ouais. C'est la première fois de ma vie que je vais à un bal masqué.

-C'est sûr que c'est pas tout le monde qui irait à ce genre d'événement."

Je souris en hochant de la tête. Il entama alors le chemin et la route ne fut pas trop longue ; surtout que l'on papotait beaucoup, Daejung et moi. Au fur et à mesure des jours, j'avais appris à le connaître et inversement. Sa personnalité à la fois drôle mais mature m'avait fait comprendre pourquoi ma mère était tombée sous son charme.

Le ciel s'assombrissait, vingt heures approchaient, et c'est dix minutes avant que nous arrivâmes devant deux grandes portes blanches. Le quartier de Gangnam était beau ; c'était surtout sa propreté qui m'avait d'abord sauté aux yeux. Cependant, là où nous étions, tout était plutôt désert et calme. Il y avait un portail -que l'on avait franchi- et l'endroit ressemblait à un manoir, sans être trop extravagant. L'homme qui le détenait devait être assez aisé.

"Bon. C'est le moment. Sourit le copain de ma mère en regardant autour de lui, bien que nous étions toujours dans la voiture.

-Oui, merci beaucoup de m'avoir accompagné.

-Je t'en prie. Tu me préviens quand ça se termine, hein ? Hors de question que tu rentres seul. Ca fait un peu flipper ici."

Je ris légèrement en hochant de la tête.

"On dirait un film d'horreur avec une secte religieuse ou un truc comme ça. Ricanai-je.

-Purée j'aurais pas dit mieux." Me fit-il en se frottant les bras.

Je souris un peu plus et baissai mon regard sur la boîte. Lentement, je l'ouvris et en sortis mon masque noir. Je l'avais payé assez cher ; je savais que cette soirée allait être classe, ce n'était pas juste un bal masqué d'école. Je me doutais bien qu'il fallait prendre ça au sérieux.

"Bon allez, amuse-toi bien mon grand."

Je remerciai encore Daejung et sortis enfin de la voiture, masque en main. Je fis un signe au véhicule qui disparut après que le portail noir fut ouvert. Je soufflai en observant les deux grandes portes devant moi.

Je toussotai pour me donner du courage et posai le masque sur mon visage en veillant à ne pas toucher mon maquillage. Je l'attachai derrière ma tête à l'aveugle, en faisant un noeud papillon puis baissai les mains en ajustant mon costume.

Je me mordis la lèvre en entamant le pas vers la grande entrée immaculée. Une fois devant, je voulus ouvrir, mes les portes s'écartèrent d'elles-mêmes, et deux hommes en costard noir -des majordomes, sûrement- se poussèrent pour me laisser passer, le visage baissé vers le sol.

"Bienvenue à vous, cher Roi de Porcelaine."

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Vous l'aurez compris : prochain chapitre, le bal masqué! ^-^

Je tiens à ajouter que si vous n'avez pas encore de description de Jungkook au niveau de son visage et de son maquillage, c'est normal, vous le découvrirez la semaine prochaine ;) J'espère que ce chapitre vous a plu! ^-^

Je vous dis à mercredi prochain, passez une bonne fin de semaine, gros bisouuus ! <33