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Chapitre 25


Bonsoir les amiiis ! ^-^

J'ai vraiment hâte de voir vos réactions pour ce chapitre, en espérant qu'il vous plaira!! :p


Bonne lecture ~ 


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Alors... J'étais moi aussi invité au bal masqué ? Je ne comprenais pas pourquoi. Peut-être qu'ils invitaient différents réseaux, ce qui signifierait que Jimin et les autres étaient également conviés. Je fronçai les sourcils en répondant à ma mère. On échangea encore quelques messages, et je fus heureux de voir qu'elle ne me posait pas plus de questions à propos du bal.

Pour l'instant, du moins.

Il fallait que je révise et que j'arrête de me torturer l'esprit pour ce soir ; le bal était dans un peu plus d'une semaine, j'avais encore le temps d'y réfléchir. Devais-je en parler à Taehyung... ? Lui dire que, moi aussi, j'étais invité à ce bal ?

Mais si je le lui disais, il comprendrait que j'ai plus ou moins fouillé dans ses affaires, n'est-ce pas ? En soi, je n'avais pas vraiment fait exprès de jeter un oeil à ce papier, mais les faits étaient là ; j'avais quand même porté mon regard et lu ce qui était noté, c'était donc de ma faute.

D'un autre côté... Ne pas en parler à Taehyung, ce serait intéressant. Enfin, après tout, un bal masqué, c'est fait pour séduire son partenaire, pour créer une tension mystérieuse avec quelqu'un. Je me mordis la lèvre en imaginant croiser mon supérieur à ce bal et entamer un jeu de séduction avec lui. Etait-ce même possible qu'il se prête au jeu... ?

Je secouai la tête et ouvris les photos que Hoseok m'avait envoyé. Il fallait que je lise mes cours, je penserai au bal masqué plus tard.

**

Un énième bâillement me fit fermer les yeux et étirer les bras. Je les ramenai cependant vite vers le bas en sentant ma hanche me tirer. Les anti-douleurs ne faisaient plus effet depuis un moment. Il était très tard alors je m'autorisais à en prendre un seul ; c'était pas plus de six par jour, de toute façon, et je n'avais pas encore dépassé ce chiffre.

Difficilement, après avoir pris ma pilule, je me retrouvai à l'étage, une main posée sur ma taille. Je ne voulais définitivement plus me servir de ces satanées béquilles, elles étaient bien trop encombrantes.

Je me dirigeai vers la salle de bain pour me brosser les dents, et découvris un petit tas sur la machine à laver. J'approchai et compris que c'était un pyjama propre ; un jogging, cette fois, et un t-shirt. Taehyung avait dû le préparer un peu plus tôt, ou alors c'était des affaires pour lui. Tant pis, je ne pouvais pas faire de bruit en me servant dans son armoire alors qu'il dormait, donc je décidais de me vêtir de ces vêtements-là pour le moment. Une fois ma tâche terminée, je sortis de la pièce et approchai de la chambre de mon supérieur.

J'ouvris délicatement la poignée et tombai sur une pièce plongée dans le noir. Le seul bruit ambiant était une respiration régulière. J'eus un léger sourire. La lumière de la lune se reflétait sur le corps endormi du châtain. Je fermai la porte derrière moi et m'approchai du lit.

Le visage de mon supérieur était reposé ; ses sourcils étaient droits, sa bouche était très légèrement entrouverte et ses cheveux retombaient sur ses yeux fermés. Il était sur le dos, un bras derrière la tête et l'autre sur son ventre. Je rougis en voyant la couverture recouvrir son bassin, mais pas son torse.

Et il était torse nu.

Merde.

Mon regard traîna sur son torse finement sculpté et ses abdominaux en léger relief. Ses bras étaient fermes et tout aussi musclés et ses épaules masculines me faisaient me mordre fortement la lèvre.

Taehyung était un homme d'une beauté surréaliste.

Je fis des petits pas lents et calmes jusqu'à l'autre côté du lit. Délicatement, je levai la couverture et m'assis sur le matelas en retenant un couinement. Je haïssais cette foutue blessure.

Au ralenti, je m'allongeai à ses côtés et me tournai vers lui en posant la couette sur ma taille pour ne pas avoir trop chaud ; malgré le temps glacial dehors, chez Taehyung la climatisation fonctionnait très bien.

Je me mis alors à le contempler. Il était toujours dans la même position, le visage vers le plafond, un bras sous ses cheveux et l'autre sur son abdomen. Sa peau était un peu mutilée par-ci par-là, mais je savais que c'était à cause de son métier. Je me pinçai les lèvres en approchant doucement une main de son torse. Je posai tendrement mon index sur une petite cicatrice près de son épaule et la caressai, sans faire pression sur sa peau, juste en un effleurement discret et sûrement imperceptible pour lui. Je lançai un coup d'oeil vers son visage endormi, ce qui me rassura. Sa peau fut cajolée par mes doigts peu assurés ; je m'appliquai à toucher chacune de ses cicatrices. Elles n'étaient pas envahissantes, mais il devait y en avoir cinq ou six, toutes très petites. Un pincement au coeur me prit alors que je les câlinais, comme si elles allaient disparaître après mon toucher.

Je me redressai un peu pour jeter un oeil à son visage faiblement éclairé par la lune. Il était si beau, si angélique quand il dormait. Ca contrastait avec son air très masculin et dur lorsqu'il était éveillé. J'aimais ces deux facettes de lui.

Je l'aimais. Tout simplement.

Doucement, j'approchai mon visage du sien. J'allais sûrement le réveiller, mais tant pis, je ne pouvais plus me retenir. Je pris appui sur mon avant-bras, posé à gauche de son coussin, et le regardai encore un instant, de très près, appréciant chaque détail de sa magnificence.

La pénombre de la pièce et le fait que nous soyons que tous les deux me donna du courage et de l'audace qui me firent poser mes deux croissants de chair impatients et affamés sur les siens. Le baiser resta chaste et en surface. Une explosion de sentiments dans ma poitrine me fit tourner la tête et j'eus l'impression que j'allais m'évanouir, mais c'était la fatigue qui commençait à faire des siennes, je le savais. Doucement, je me reculai et vis qu'il avait toujours les yeux clos. Il n'avait pas bougé d'un pouce.

J'entrepris alors de déposer un deuxième doux baiser sur ses lèvres pulpeuses. Juste un dernier.

Je restai quelques petites secondes dans cette position, puis commençai à reculer. Cependant, juste avant de pouvoir décoller mes lèvres des siennes, une main ferme empoigna ma nuque et m'obligea à rester contre lui. Je fermai fortement les yeux, surpris et légèrement apeuré.

Il s'était réveillé. Je me doutais que ça allait arriver, mais j'appréhendais maintenant sa réaction.

Je crus qu'il allait me laisser partir lorsque sa main quitta ma nuque, mais je me fis renverser sur le côté. Taehyung me surplomba, un air sévère collé au visage. Je me mordis la lèvre en accrochant ses épaules de mes mains tremblantes. J'avais sûrement l'air d'un enfant pris en faute, actuellement, avec cette expression mi-gênée mi-paniquée sur le visage.

Mon supérieur s'approcha, ses yeux sombres ancrés dans les miens.

"Serait-ce trop te demander que de patienter un peu, mmh ?" Chuchota-t-il.

Je rougis encore, mais la pénombre cachait mes pommettes écarlates, ce qui me rassura. Le châtain embrassa furtivement mes lèvres. Une fois. Deux fois. La troisième fois, je voulus m'approcher de moi-même, mais il recula.

"Non." Fit-il durement.

Je couinai, mécontent, et il arqua un sourcil. Je me tus alors, et il fut satisfait. Il me récompensa d'un nouveau baiser chaste et je soupirai de frustration. J'en voulais plus.

Tant pis.

Alors qu'il allait de nouveau m'embrasser trop rapidement à mon goût, je posai mes mains sur ses joues et approfondis l'échange, mais il se recula bien vite.

"D'accord Jungkook, je t'avais prévenu." Prononça-t-il rapidement, la voix grave.

Je compris que j'étais allé trop loin, car ses gestes furent brusques ensuite.

Avec une force et une aisance surprenantes, Taehyung me retourna sur le lit, mon ventre contre le matelas, et une fessée dure et sèche me fit crier de surprise. Mes yeux s'étaient écarquillés et j'avais brusquement accroché les draps à côté de mon visage collé sur le coussin.

Doucement ensuite, je laissai un drôle de son sortir de ma gorge lorsqu'il se mit à caresser l'endroit qu'il avait frappé quelques secondes plus tôt, comme s'il voulait me consoler. Il n'appuyait pas réellement, il se contentait d'y passer le main lentement, alors que ses lèvres déposaient de doux baisers sur ma nuque. Son autre main se mélangea à mes mèches de cheveux et je fermai les yeux en appréciant ses gestes délicats.

Tout était toujours dans la contradiction, avec Taehyung. Il venait de me claquer les fesses durement, et le voilà à maintenant me rassurer et me consoler de ce qui venait d'arriver.

Après quelques secondes, je le sentis se mettre à mes côtés sur le lit. Je me tournai alors vers lui et nous nous fîmes face, assez proche l'un de l'autre. Je baissai les yeux et triturai mes doigts entre eux, encore un peu secoué de son geste.

Ce qui était étrange, c'était que ça m'avait vraiment chamboulé. Toute mon audace m'avait quitté et je n'osais même plus le regarder dans les yeux.

Sa fessée m'avait littéralement calmé.

Timidement, je relevai le regard vers lui lorsque l'une de ses mains attrapa mon menton. Je croisai son regard et aperçus ses traits apaisés. Il semblait satisfait que je me sois calmé, c'était clairement l'effet recherché.

"Pardon..." Murmurai-je.

Je savais bien qu'il n'était pas en colère contre moi, mais j'avais le sentiment que je devais m'excuser à lui.

Lentement, Taehyung se redressa et s'approcha un peu de moi. Son nez frôla le mien et je fermai les yeux à nouveau, heureux qu'il instaure une si faible proximité entre nous.

"Pardon qui, Jungkook ?" Répéta-t-il comme un peu plus tôt dans la journée.

Je me mordis la lèvre.

Ce que je voulus prononcer ensuite, ce n'était pas par audace, puisque je n'en avais plus, actuellement. Ce n'était pas non plus de la pure provocation.

C'était simplement une envie intime, comme lui avait eu l'envie intime de me fesser.

Je souris doucement quand il caressa mon nez avec le sien.

"Pardon... Taehyung."

Un petit silence s'installa entre nous. Mon supérieur avait arrêté de bouger un instant, et avait vivement plongé ses yeux surpris et noirs dans les miens. Je me mordis timidement la lèvre en posant les mains sur son torse ferme et, ayant peur de sa réaction, je m'approchai de lui et collai mon front contre sa clavicule.

Il n'y avait plus aucun bruit dans la pièce. Le châtain ne me touchait plus ; il se contentait de respirer calmement et de me laisser me coller à lui. Il ne me rendait pas mon étreinte mais ne me repoussait pas non plus. Mon ventre se tordait et mes lèvres étaient fortement pincées de mes dents. Je fermai les yeux et me laissai bercer par sa respiration calme et régulière.

Je crus qu'il allait me répondre, qu'il allait faire une remarque, mais tout ce que je sentis avant de plonger dans le monde des rêves fut sa main agrippant fermement ma nuque.

**

Le lit était froid, soudainement.

Je grognai en me redressant, frottant mes paupières de mes poings. Je tournai le visage vers la gauche et aperçus que Taehyung n'était pas dans le lit. Je me levai et, une fois debout, me pliai un peu en avant en soupirant douloureusement.

Il me fallait des anti-douleurs.

Je couinai en entamant la marche jusqu'aux escaliers. Je descendis lentement, grimaçant à chaque pas. J'entendis du bruit dans l'entrée et m'y précipitai, ignorant la douleur lancinante dans ma hanche.

"Monsieur... ?"

Taehyung se tourna vers moi, la clé sur la serrure. Il était prêt à s'en aller.

"Vous p-partez travailler ?"

Le châtain me regarda un instant de haut en bas et je fis de même avec lui. Je fis de mon mieux pour ne pas détourner le regard de son visage ensuite en me remémorant ce qu'il s'était passé cette nuit.

Je pouvais presque encore sentir la douleur de sa fessée.

Ses yeux sombres desquels semblait danser une flamme ardente me firent réaliser qu'il devait penser à la même chose que moi. Il se passa un coup de langue sur les lèvres et je voulus fermer les yeux pour ne plus être ainsi torturé par sa beauté.

"Pas ce matin, non. Je vais faire quelques courses de plus, il faut que tu manges correctement pour reprendre du poids."

Ma bouche forma un "o" parfait en entendant sa phrase, et je me triturai les doigts.

"C'est gentil...

-C'est nécessaire." Me corrigea-t-il.

Je levai les yeux au ciel. Taehyung arqua un sourcil en me voyant faire mais ne fit pas de commentaire.

"Est-ce que je peux... Venir avec vous ?"

J'avais vraiment besoin de prendre l'air. J'aimais bien être chez Taehyung, mais il fallait que je sorte un peu, sinon j'allais devenir dingue. Surtout avec les derniers événements. Voir du monde et respirer un peu d'air frais ne pouvait que me faire du bien.

Taehyung croisa les bras sur sa poitrine en me toisant sévèrement.

"Et ta hanche ?

-Je peux marcher avec les anti-douleurs..." Affirmai-je, espérant sincèrement qu'il accepte.

Un instant, il regarda sa montre d'un air agacé, puis enleva sa veste. J'eus un début de sourire quand il tira une chaise du salon, qu'il s'y installa en sortant son téléphone et qu'il commença à tapoter dessus.

"Je t'attends, fais vite. Tes anti-douleurs sont dans la cuisine."

Mon sourire s'agrandit et je hochai rapidement de la tête avant d'aller prendre mes médicaments. Je repassai devant le châtain en me tenant la hanche durant ma marche. Il avait ses coudes posés sur ses genoux et son téléphone en main. Lorsque je marchais derrière lui, je vis qu'il était en train de discuter avec quelqu'un par messages. Je ne pouvais pas voir qui c'était mais je me doutais que ce devait être Jin, ou un autre employé.

Juste avant de monter les marches, je me stoppai et lançai un timide regard à mon patron.

"Monsieur ? Je... Est-ce que je peux prendre d'autres vêtem-

-Sers-toi."

J'acquiesçai en hochant une nouvelle fois la tête même s'il ne le voyait pas, et entrepris de monter à l'étage.

Il avait l'air agacé, ou c'était juste moi... ?

Peut-être qu'il ne voulait pas que je vienne, après tout. Peut-être que... Sortir dehors, avec moi et en dehors du travail, ce n'était pas dans ses projets.

Peut-être que je n'étais pas si important.

Je me mordis la lèvre en secouant le visage. Au lieu de me mettre des idées sombres dans la tête à peine levé, je me dirigeai vers sa chambre en boitant un peu, et ouvris son armoire. Je jetai un rapide coup d'oeil vers le lit en me souvenant du moment où je l'avais appelé par son... Prénom.

Oh mon Dieu.

J'avais réellement fait ça ? Oui. Oui, je m'en souvenais. Et il n'avait rien dit ensuite, c'était ça, le plus étrange. Qu'en avait-il pensé ? A-t-il été si surpris qu'il en est resté bouche bée ? Non, ça ne ressemblait pas à Taehyung. Mais alors, qu'avait donc signifié ce silence... ?

Je fronçai les sourcils en me remettant à chercher des vêtements. Timidement, je pris un jean slim pour être sûr qu'il m'aille, et un sweat simple noir. Ca devrait faire l'affaire. J'avais honte de me servir ainsi dans sa garde-robe mais je n'avais pas vraiment le choix. J'attrapai également des sous-vêtements propres, ignorant mes petits rougissements naissants.

Je savais qu'il m'attendait alors j'entrepris de me dépêcher au maximum, veillant tout de même à ma hanche. C'est en sortant de la douche que je réalisais que les anti-douleurs faisaient effet. Je soupirai de bien-être en réussissant à marcher sans grimacer.

Après ma toilette d'une vingtaine de minutes, je descendis les escaliers et rejoins mon supérieur, toujours installé à table. Il me lança un coup d'oeil et analysa la tenue que je portais. Je détournai un peu le regard, gêné, mais il ne dit rien et se contenta de se lever. J'enfilai mes chaussures et ma veste pendant qu'il ouvrait la porte et, bien vite, on se retrouva dans la BMW bleue électrique.

Il y avait tant de souvenirs qui me liaient à cette voiture, à présent.

Je m'attachai et me calai confortablement contre le siège. Taehyung alluma le contact et s'attacha également avant de démarrer. Je regardai devant moi, les mains posées sous mes cuisses. Un petit coup d'oeil vers le tableau de bord et j'aperçus qu'il était déjà onze heures et demi. J'avais dormi assez tard, pourtant, je n'étais pas en manque de sommeil. Il fallait dire que je dormais si bien quand Taehyung était là...

On ne parla pas durant tout le trajet ; je me contentai de regarder par la fenêtre, et Taehyung conduisait silencieusement en réfléchissant. Je le savais puisqu'il contractait toujours la mâchoire quand il réfléchissait, à plusieurs reprises, et il serrait le volant entre ses doigts en y exerçant des petites pressions.

Parfois je me demandais réellement à quoi il pensait. Est-ce qu'il se torturait l'esprit à propos du réseau ? De Jin ? De... Moi ? Je n'en savais rien, mais ça me démangeait de comprendre pourquoi il s'enfermait dans un mutisme quasi impénétrable.

Au bout d'une vingtaine de minutes, nous arrivâmes dans une grande surface. C'était un centre commercial dans lequel il y avait bon nombre de magasins en tout genre. Ca faisait un moment que je ne m'y étais pas rendu, donc j'étais plutôt heureux. Et puis, voir mon supérieur accomplir une tâche du quotidien, comme un monsieur tout le monde, il fallait avouer que c'était intriguant et intéressant à découvrir.

"Si tu as trop mal à la hanche, tu me le dis."

Je n'eus pas le temps de répondre qu'il sortit brusquement de la voiture en claquant la portière derrière lui. Je restai figé un instant, pris de court. J'aurais pu être touché par sa phrase s'il n'était pas aussi distant, aujourd'hui.

Je sortis timidement du véhicule et fermai la portière. Taehyung verrouilla la voiture et nous marchâmes vers les doubles-portes automatiques. Je croisai les doigts dans mon dos en observant d'un oeil gêné le châtain qui, lui, marchait avec confiance et aisance, les mains dans les poches et le regard rivé devant lui.

Je me mordis la lèvre et attrapai du bout des doigts mon collier, faisant glisser le diamant délicat sur la peau de mes phalanges.

Assez vite, nous nous retrouvâmes à l'intérieur du grand magasin de nourriture tant convoité. Je suivis Taehyung à travers les rayons ; il avait pris un panier dans la main. Je mâchouillai ma lèvre inférieure en le voyant parcourir les rayons et remplir son panier petit à petit. Je me contentai d'écouter les conversations autour de moi, de regarder les différents produits. Etre simplement ici, avec le châtain, ça pouvait être étrange mais ça me rendait heureux. Tant que j'étais avec lui, peu importe ce que je faisais, j'étais comblé et serein.

"Si tu veux quelque chose, dis-le moi."

J'ignorai sa phrase car j'avais les yeux rivés sur un rayon au loin ; c'était une petite annexe du magasin où étaient présentées les dernières consoles, et j'aperçus aussi un rayon entier de jeux vidéos.

"Jungkook, je te parle.

-Hein ? Heu- oui ! Pardon. Je ne veux rien, merci monsieur."

Il ne répondit rien et suivit mon regard. Il resta quelques secondes à observer le rayon qui m'intéressait, puis commença à partir sans moi, en me lançant une dernière phrase :

"Vas-y, je te rejoins quand j'ai fini."

Je me tournai vivement vers lui mais il était déjà assez loin. J'hésitai un instant, jonglant des yeux entre mon supérieur et le rayon. Finalement, je décidai d'aller vers les dernières nouveautés de gaming, puisque j'avais l'accord de Taehyung. Je laissai glisser une main sur une énorme figurine Yoshi, et la dépassai pour atteindre un endroit qui me faisait tout particulièrement de l'oeil.

Ici, deux manettes étaient disponibles pour tester la Switch, la dernière console sortie de chez Nintendo. J'attrapai doucement une manette entre mes doigts et fis défiler les jeux déjà installés. En voyant Smash Bros, mes yeux s'illuminèrent et je cliquai sur l'image virtuelle. Le jeu se lança et je commençai alors à jouer seul, pendant un bon quart d'heure, les yeux plissés de concentration.

"Hey, salut, j'peux jouer avec toi ?"

Je mis ma partie sur pause pour observer le type devant moi. Il devait avoir mon âge, tout au plus. J'acquiesçai, un peu timide, mais il avait l'air sympa.

"Tu vas prendre qui ? Me demanda-t-il, les yeux rivés sur l'écran.

-Link. J'adore Zelda, donc bon...

-Moi j'vais prendre Kirby."

Je me mis à sourire en lui lançant un coup d'oeil. Il haussa des sourcils, faussement outré.

"Quoi ? J'ai pas le droit d'aimer les trucs ronds et roses ?

-Elle est bizarre ta phrase... Pouffai-je.

-J'vais te laminer avec ce perso, crois-moi.

-C'est ce qu'on va voir." Chuchotai-je sur un ton de défi.

La partie débuta sur une map de Zelda que j'avais choisi. Je pinçai ma langue entre mes lèvres en me concentrant au maximum ; je ne voulais pas perdre cette partie.

"Ok, bravo, t'es vraiment doué. Ca fait longtemps que tu joues ?

-En fait, c'est la première fois. Et toi ?

-T'es sérieux ?! Wow, moi ça fait un petit moment déjà et-

-Jungkook."

Je sursautai et me tournai vivement vers la voix grave de mon supérieur. Je rougis légèrement et posai la manette en m'approchant de lui. L'inconnu qui avait joué avec moi me regarda sans comprendre.

"Je dois y aller, s-salut. Lui lançai-je rapidement.

-Heu... Ok, salut. Au plaisir !" Me répondit-il avec un signe de main précipité, car je m'éloignai déjà aux côtés de Taehyung.

Ce dernier ne dit rien, se contentant de marcher vers les caisses, le panier rempli.

Je soufflai discrètement. Avoir passé un court moment avec quelqu'un d'autre que Taehyung me fit me rendre compte encore plus de la situation actuelle ; Taehyung était vraiment en colère, mais je ne savais pas pourquoi. Il fallait que je lui en parle, car ça devenait étouffant.

Doucement, j'attrapai son bras, alors que nous étions en plein milieu d'un rayon non loin des caisses. Taehyung s'arrêta et se tourna vers moi, les yeux sombres.

"Vous êtes f-fâché ?"

Le châtain se passa une main dans les cheveux en me regardant rapidement de haut en bas. Il soupira et s'approcha de moi.

"Jungkook. Ce qu'il s'est passé cette nuit, et toutes les autres fois, je veux que tu oublies tout ça. Ce n'est pas la relation que je suis supposé avoir avec toi. Ca ne se reproduira plus jamais."

C'était la première fois. La première fois de ma vie que je ressentais cette sensation de brisure intérieure. Comme si tout mon organisme prenait feu, se mélangeait, se fondait, s'enflammait. Tout mon corps fut soudain très lourd et une douleur lancinante se propagea dans mon torse.

Taehyung serra fortement la mâchoire et ferma un instant les yeux après avoir observé mon visage se décomposer. Il avait vu la douleur dans mon regard, sur mes traits, je le savais. Quand il rouvrit les paupières, il se tourna et recommença à avancer.

Un instant, je restai stoïque. J'avais soudainement oublié ce que j'étais venu faire ici. Les néons blancs du magasin me semblaient soudain trop lumineux et j'avais des bouffées de chaleur désagréables.

Finalement, avec une marche robotique, je me mis à rejoindre mon supérieur. La caisse était vide puisque c'était midi, alors il paya rapidement, saluant à peine la caissière. Je gardai mes yeux rivés au sol, les membres crispés. On ne parla pas jusqu'à ce que l'on rejoigne la voiture. Je m'installai, gardant mes gestes d'automate, et m'attachai en fixant devant moi, les yeux grands ouverts et les doigts se serrant et se déserrant sur mon jean.

Taehyung ferma le coffre après y avoir déposé les courses et vint prendre place derrière le volant. Un silence extrêmement pesant envahit l'habitacle de fer et il démarra la voiture.

Le châtain me jeta un coup d'oeil, mais ça ne me fit même pas réagir. Je ne pouvais m'empêcher de fixer devant moi. Je ne clignai presque plus des yeux. Il y avait un espèce d'écho très lourd dans ma poitrine, comme si mon torse vibrait. Ca me donnait une nausée assez forte.

C'est le trajet du magasin à chez lui qui me fit doucement réaliser ses paroles.

Il ne voulait plus de moi. Il ne voulait plus m'embrasser ni me toucher. Il voulait que l'on ait de nouveau une relation purement professionnelle.

Seigneur, pitié, faites que ce soit un cauchemar.

Les vingt minutes dans le véhicule furent les pires de ma vie. Lorsque l'on arriva chez lui, tout me sembla étouffant, angoissant.

L'odeur omniprésente dans sa maison que j'adorais tant devint insupportable pour moi, sa simple présence dans la cuisine, que je voyais depuis le salon, m'était si difficile et douloureuse que je sentis mes jambes en trembler. Il rangeait les courses et je gardais mes pupilles rivées au sol. Mes phalanges blanchissaient à cause de la force que je mettais dans mes doigts en serrant le bas de son sweat que je portais.

Son odeur était partout.

Surtout sur ses vêtements, que j'avais sur moi.

C'était insupportable.

"Jungkook."

Tel un enfant perdu, je relevai le regard vers lui de façon vive et surprise, serrant maintenant mes doigts entre eux en gardant mes bras le long de mon corps. J'avais la bouche entrouverte et les yeux toujours légèrement écarquillés.

Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus.

"Je... J-je..."

Parler fit monter un noeud énorme dans ma gorge et les larmes arrivèrent si vite que je détournai vivement le visage sur le côté. Je me concentrais pour ne pas pleurer, pas devant lui, et eus un mouvement de recul lorsqu'il approcha. Il s'arrêta alors et chercha mon regard, les sourcils légèrement froncés. On aurait dit de l'inquiétude, mais comment pouvait-il s'inquiéter pour moi alors qu'il était la raison de l'Enfer dans lequel il venait de me plonger ?

La douleur, dans ma hanche, se fit soudain plus vive malgré les anti-douleurs. C'était comme si mon cerveau prêtait maintenant une grande attention à toutes les douleurs de mon corps, même les plus infimes. Comme si je ne pouvais à présent me concentrer que sur ça. Il n'y avait plus aucune source de bonheur en moi, devant moi. Je ne pouvais plus penser à autre chose pour me changer les idées, car je n'avais plus rien, soudainement.

"Jungkook, tu-

-C'est r-rien. C'est pas grave. Je c-comprends."

Taehyung pencha le visage sur le côté, surpris. Je pris tout le courage qu'il me restait, et ancrai mes yeux dans les siens.

Je n'aurais pas dû.

Car, instantanément, je me brisais.

"Oh mon D-Dieu, je... Je d-dois partir. Tout de suite." M'affolai-je.

Mes pensées ne se concentrèrent que sur cette idée, à présent ; m'en aller. Sortir de la maison de Taehyung. Rentrer chez moi.

Je réfléchis un court instant. Il y avait mon sac avec mes vêtements sales à l'étage, mais tant pis. Les yeux larmoyants, j'entamai une marche rapide vers la porte d'entrée.

"Jungkook !"

Taehyung vint à son tour et je me tournai vivement vers lui en plaquant mon dos sur la porte. Les larmes glissèrent sur mes joues. Il s'arrêta devant moi, à deux bons mètres, pour ne pas m'effrayer. Il gardait un certain sérieux, mais je distinguais bien son expression peinée. Et ça me dégoûtait.

Il avait pitié de moi.

Je me suis trompé sur toute la ligne.

"Laissez-moi m'en a-aller. Je v-vous en prie." Suppliai-je en fermant les yeux.

Je les rouvris ensuite et le vis se passer une nouvelle fois la main dans les cheveux. Il faisait toujours ça dans une situation compliquée.

"Ta hanche. Tu ne peux pas rentrer chez toi seul.

-S'il v-vous plaît, je n'ai pas mal g-grâce aux anti-douleurs. S'il vous plaît..."

La main dans ses cheveux glissa sur son visage et il détourna le regard vers la gauche. Je pris ça pour un "oui" silencieux et me tournai vivement, dos à lui. Je tournai la clé dans la serrure aussi vite que je le pus, et ne lançais pas un regard derrière moi en sortant de cette maison que j'avais tant aimé mais que je ne supportais plus à présent. Je ne pouvais pas rester une minute de plus ici.

Je claquai la porte derrière moi et me mis à marcher. D'abord lentement, puis plus rapidement. Mes pas claquèrent contre le bitume lorsque je me retrouvai sur le trottoir. Alors que je tentais d'ignorer la douleur dans ma hanche, je me rendis compte que je laissais derrière moi le morceau le plus pur de ma personne ; l'amour que je lui portais depuis beaucoup plus de temps que je devais sûrement l'imaginer.

Je ne vis pas le temps passer ; à part marcher à une vitesse folle et entendre presque les morceaux brisés de ma personne s'entrechoquer entre eux durant le trajet, je ne voyais ni n'entendais rien. Je poussai presque quiconque se présentait sur mon chemin.

Mes pas s'arrêtèrent lorsque je me retrouvai devant chez moi. J'eus un sanglot que j'étouffai de ma main contre mes lèvres en me rendant compte que mon appartement si modeste m'avait manqué.

J'essuyai mes yeux et me regardai à travers l'écran noir de mon téléphone pour être sûr qu'on ne voyait plus de larmes séchées sur mes pommettes. Une fois satisfait, je me remis à avancer, le pas soudain très lent.

Quelque peu angoissé, je sonnai à ma porte une fois le hall traversé et l'étage atteint. Je n'avais pas les clés de chez moi, elles étaient dans mon sac, chez Taehyung. Je me mordis la lèvre en espérant que ma mère ne soit pas au travail, sinon j'allais rester toute la journée devant la porte.

Un léger sentiment de soulagement me traversa en entendant le verrou, et la porte s'ouvrit enfin. Je m'apprêtai à prendre ma mère dans mes bras mais me figeai en voyant une toute autre personne en face de moi, ce qui eut le don de me faire reculer d'un seul et unique pas méfiant.

Un homme se tenait devant moi, en chaussons, un sourire chaleureux aux lèvres et une tasse fumante à la main.

"Oh, bonjour ! Tu dois être Jungkook, n'est-ce pas ? Je ne m'attendais pas à te voir maintenant. Enchanté, je suis Daejung."


******************************


..... Je suppose que personne ne s'y attendait T-T

J'attends vos réactions avec impatience, comme d'habitude ! Alors, à votre avis, pourquoi Taehyung a soudainement repoussé Jungkook ? ^^'


Merci pour les 52K, pour les 800 abonnés qu'on vient de dépasser et pour tous vos messages :'( Vous êtes des perles, merci infiniment pour votre bienveillance T-T *^*


Gros bisous, bonne soirée à vous tous et à mercredi prochain!! ^-^ <33

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