21 - Petite discussion
Une main passa devant le visage de Maxence, le tirant de sa rêverie. L'albinos cligna des yeux pour se tourner vers le propriétaire de la main, un homme abordant une corne sur son front, et qui avait l'air de se faire du soucis pour lui.
« Je ne veux pas te vexer, chuchota-t-il à son oreille, mais ce n'est peut-être pas le bon moment de rêver. On est en réunion, là.
— Mmh, grogna-t-il sans le regarder.
Et il replongea dans ses pensées, ignorant promptement Maryse et le Voyageur. À vrai dire, écouter Maryse leur déblatérer toutes les erreurs qu'ils avaient pu commettre lorsqu'ils avaient prit la décision d'aller sauver les Normaux du laboratoire pharmaceutique, ça ne l'intéressait pas vraiment. De ce qu'il avait vaguement entendu, l'idée était stupide, mais leurs actions avaient été quelque peu remarquées, et surtout, assez appréciées des Normaux. Ce qui avait énervé Maryse, c'était surtout que ce n'était pas elle qui avait prit la décision d'aller sauver les Normaux.
Mais pour l'albinos, le plus important pour le moment, c'était sa journée de dimanche. Il l'avait passé en majeure partie avec Balthazar, en commençant par lui rendre la pareille avec des caresses buccales. Il avait adoré le sentir se tendre sous lui, il s'était délecté de ses râles, il avait raffolé de sa peau qui s'était drapée d'un léger voile de sueur et il avait oublié de penser lorsqu'il avait vu les yeux de Balthazar légèrement se révulser avant qu'ils ne se ferment, et que sa bouche ne s'entrouvre pour laisser échapper un grognement guttural. Oui, il avait adoré.
Lui et l'autre Super avaient passé presque toute la journée au lit, en oubliant presque de se nourrir tellement ils étaient occupés à... Autre chose. Autre chose de beaucoup, beaucoup plus plaisant. L'albinos avait étudié sous toutes les coutures les points sensibles de Balthazar, et ce dernier avait fait de même avec lui. S'il se concentrait bien, il pouvait presque encore sentir les doigts de Balthazar s'imprimer sur sa peau, lorsqu'il la saisissait à pleine main.
Après réflexion, il s'était dit que Balthazar avait de grandes mains et de grands doigts par rapport à lui. Le dos de ses mains étaient très abîmées par le temps, les rendant un peu rugueuses au toucher, mais la pulpe de ses doigts et la peau de sa paume étaient d'une infinie douceur, surtout lorsqu'ils glissaient sur la sienne. Peu de temps après ces moments, il oubliait tout, son cerveau se brouillait et il n'arrivait plus à penser à rien, si ce n'est à Balthazar.
Ils s'étaient souvent endormis l'un contre l'autre, faisant des petites siestes pour se remettre de leurs efforts. Des fois, c'était Balthazar qui le tirait de son sommeil en le caressant, d'autres fois, c'était lui qui s'amusait à réveiller le plus âgé pour voir ses réactions. Ses sourcils qui se fronçaient, sa bouche qui s'entrouvrait ou les râles qui s'échappaient de ses lèvres étaient incroyablement délectables.
La légèreté qu'il ressentait compensait grandement l'état de fatigue dans lequel il se trouvait. Il remarqua enfin qu'autour de lui, tout le monde commençait à se lever. L'albinos en fit de même, imitant ses coéquipiers. Mais une fois dehors, voyant qu'ils se séparaient chacun en groupe, il eut l'air remarquablement perdu.
— Bon, j'imagine que tu n'as rien écouté, marmonna le Voyageur en posant une main sur son épaule.
— Euh... Désolé. J'avais l'esprit ailleurs.
— Ah. Bah on part pour une patrouille. Tu es avec Plume, les médias vous aime bien ensemble.
Maxence hocha la tête en tournant son regard vers la jeune fille.
— Oh. Ok, ça marche, répondit-il, un peu à l'ouest, à plus, le Voyageur. »
L'homme à la corne le regarda partir, Plume marchant joyeusement à ses côtés. Il soupira, imita les autres en mettant son masque, et partit de son côté.
———————
Plume passa doucement sa main devant le visage de Maxence, qui fixait un point dans le vite depuis un certain moment déjà.
« Tu es sûr que tout va bien, Zéro ? Tu as l'air absent depuis le début de la réunion.
— Euh, oui, tout va bien.
Plume marqua un temps, l'observant.
— C'était qui, l'homme qui est venu te voir quand on était là ? demanda-t-elle au bout d'un moment.
Maxence se tourna d'un bon vers elle, un regard inquiet qu'elle ne pouvait voir sous le masque qu'il portait.
— C'était, euh...
Il souffla un coup.
— Je ne sais pas vraiment, en fait.
— Il avait l'air de beaucoup t'apprécier, en tout cas. Tu le connais depuis longtemps ?
— Quelques mois. C'est le videur d'une boite pas très loin de mon appartement, et... Oh, mais pourquoi je te raconte tout ça ? C'est pas intéressant.
— Et toi, tu l'apprécies ?
— Pour l'instant, oui.
— Et... Comment tu sais que tu apprécies cette personne ?
Maxence fronça les sourcils et il se tourna vers la jeune fille.
— C'est-à-dire ?
— Comment tu sais que tu apprécies cette personne ? Est-ce qu'il y a un sentiment bien précis ou est-ce que c'est quelque chose de totalement aléatoire ?
— Tes questions sont relativement précises, Plume... Est-ce que tu es sûre de poser ces questions pour moi ?
Plume marqua un petit temps, triturant ses doigts.
— Par exemple, commença Maxence, j'apprécie tout le monde dans l'équipe, mais l'homme qui est venu chez moi, je l'apprécie d'une façon différente. Est-ce que tu arrives à comprendre ?
— Oui, je crois... murmura-t-elle en remettant une de ses mèches rose derrière son oreille.
Tous les deux ne dirent mot. Ils restèrent plusieurs minutes dans le silence le plus complet, jusqu'à ce que Maxence ne pousse un long soupir et ne s'assoit par terre. Plume l'imita.
— De toute évidence, il y a quelque chose qui te tracasse, non ? demanda-t-il à la plus jeune.
— C'est... C'est compliqué, je crois.
— Est-ce qu'il y a une seule chose qui n'est pas compliqué quand on est un Super ?
— Hum. Si je te le dis, tu me promets de ne pas te foutre de moi ?
Maxence se tourna vers elle.
— Euh, oui. Enfin, je n'ai aucune raison de me foutre de toi, mais vas-y, dit quand même.
— Bah, hum... Je crois que j'apprécie le Lézard.
L'albinos la regarda sans un mot, alors qu'elle devenait de plus en plus rouge.
— Le... Le Lézard ? Le mec qui a une crête sur la tête, plus de piercing que c'est permis et qui a un tongue split ? On parle bien de ce Lézard ?
— Euh... Oui. Ce Lézard.
Maxence laissa échapper un petit rire.
— Eh ! Tu avais promit que tu ne te foutrais pas de moi ! râla-t-elle.
— Désolé, c'est juste que... Vous avez des apparences relativement opposées. Enfin, j'espère les sentiments que tu ressens pour lui sont partagés.
— Oh, je crois bien... répondit-elle d'une petite voix, et toi, alors ?
— Quoi, moi ?
— Est-ce qu'il ressent aussi les mêmes choses ?
— Je ne sais pas trop... Ni lui ni moi ne sommes très bavards.
— Zéro, « ressentir », ce n'est pas avec des mots, c'est avec des actions.
Le cœur de Maxence rata un battement lorsqu'il repensa à la journée passée avec le videur. Elle avait été plutôt explicite, même.
— Je... Je dirais que oui, alors. Et, hum, pourquoi tu me parles de ça, avec le Lézard ?
— Je pense qu'il m'apprécie aussi. Enfin, je ne suis pas sûre, mais j'ai l'impression que c'est réciproque.
Maxence sourit à la jeune fille en lui ébouriffant les cheveux. Il se releva et aida Plume à se redresser.
— Bon, aller, on arrête de faire n'importe quoi, on a une patrouille à terminer.
— Au fait, il s'appelle comment ?
— Euh... Je ne sais pas si c'est une bonne idée de te donner son prénom... Par mesure de sécurité. Mais il est gentil. Oh, et il est comme toi, Super fort.
— Oh ! Trop bien ! Bon, ça doit être un Super respectable, alors.
L'albinos eut un petit rire.
— Oui, si on veut... »
Les deux Supers se sourirent et il continuèrent à regarder le secteur qu'ils patrouillaient.
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