L'albinos reposa d'une main tremblante la tasse de café vide sur la table basse.

« Tu sais, Balthazar...

     L'intéressé releva sa tête vers lui, arrêtant une nouvelle fois de compter le tiroir caisse.

— Oui ?

— Tu m'avais dit la dernière fois que je ne savais pas ce que je voulais.

— Ce n'était pas exactement les mots, mais entre autre, oui. Pourquoi ?

— J'ai... Envie de te connaitre. Tu m'intrigues, pour être exact. J'en n'ai pas grand chose à faire de ma sexualité ou je ne sais pas trop quoi, mais j'ai envie de te connaitre.

     Balthazar s'adossa contre le dossier du canapé et regarda Maxence.

— De me connaitre. Tu peux développer ?

— Euh... Quel âge tu as ? C'est quoi ton Super ? Tu voulais faire quoi, avant d'avoir ton accident ? Ce... Ce genre de question stupide que les Normaux se posent quand ils se rencontrent, quoi.

     La bouche de Balthazar se tordit dans un étrange sourire.

— Tu es adorable Maxence. Malheureusement, je viens de voir qu'un de mes employés m'a arnaqué de soixante-quatre argis, donc je dois régler ce problème au plus vite.

     Maxence se redressa d'un coup, réajustant maladroitement ses cheveux. Même s'il avait l'air relativement calme, l'albinos voyait bien que le videur fulminait intérieurement.

— Tous tes employés sont des Supers ?

— Oui.

— Il avait peut-être besoin de beaucoup d'argent, non ?

— Ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de principes et de respect. Il aurait du me demander. Bon. Désolé de devoir te chasser de cette façon.

     Balthazar se redressa, et Maxence l'imita.

— Et pour répondre à tes questions, j'ai bientôt trente-sept ans, je suis Super fort, et je n'avais déjà de base aucune idée de ce que je voulais faire avant mon accident. Comme beaucoup de Supers, d'ailleurs.

— Est-ce que tu voudras... Venir chez moi ? Pour reparler de tout ça ? Quand tu ne seras pas en train de travailler, parce que je sais que je me suis un peu imposé et que je te dérange.

     Le videur lui sourit et glissa sa main dans ses cheveux blancs.

— Ça marche. Tu n'as qu'à écrire ton adresse sur une feuille du bloc-note, je passerai quand je serai en repos.

     Maxence lui sourit maladroitement en essayant de se recoiffer.

— T'aimes vraiment mes cheveux toi ?

— Ça serait un gâchis de les changer. Mais c'est à toi de voir, bien entendu. Suis-moi, je te raccompagne.

     L'albinos le suivit jusqu'à la porte en bas. Balthazar ouvrit cette dernière et observa Maxence mettre un pied dehors puis il se retourna vers lui.

— Hum, merci pour la tasse de café, et pour m'avoir hébergé, encore une fois... »

     Balthazar descendit les deux marches et se tint en face de Maxence. Il caressa doucement sa joue avec son pouce et il approcha son visage du sien. L'albinos ferma les yeux lorsque leurs lèvres se touchèrent. Après quelques instants d'hésitation, Maxence passa son bras sur son épaule et il sentit Balthazar poser ses mains sur sa taille pour attirer son corps contre le sien. Leur échange ne dura qu'un trop court instant, et ils séparèrent leurs corps et leurs lèvres. Balthazar l'embrassa une dernière fois avant de le lâcher pour qu'il parte.

———————

     Maxence n'avait pas réussi à enlever le discret sourire de son visage, jusqu'à ce qu'il passe la porte de son appartement. Il était retourné dormir quelques heures de plus, se permettant le luxe de rattraper sa courte nuit.

     Il se réveilla quelques heures plus tard, et, par réflexe, il alluma sa télévision afin de créer un fond sonore le temps qu'il aille prendre sa douche.

     Lorsqu'il sortit de la salle de bain, essuyant ses cheveux encore humides, il regarda les informations. Puis il fronça les sourcils. Le laboratoire pharmaceutique était en train de brûler. Il se rua sur son téléphone portable, pour s'apercevoir qu'il était déchargé, et donc éteint. Maxence attrapa frénétiquement son chargeur, brancha son téléphone et frappa nerveusement son pied au sol en attendant qu'il ne s'allume entièrement. Immédiatement, il se fit noyer de messages et d'appel, lui demandant de se rendre au plus vite aux locaux de Pax Omnis.

     L'albinos sortit en trombe de chez lui, et courut presque pour atteindre le bâtiment. Toute l'équipe était déjà là, et il les regarda tous avec un air inquiet.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?!

— Merde, mais t'as pas vu les infos ? pesta le Lézard, le labo a prit feu, et ils nous demandent de rester là en attendant les instructions ! Je commence à en avoir ras-le-cul de rester planter ici à rien faire, alors qu'on pourrait aller aider pour de vrai des vraies personnes, sans rester le cul assis sur une chaise à répondre à des interviews à la con !

     Le reste de l'équipe regarda le Lézard d'un œil intrigué.

— On... On devrait certainement y aller, alors ? suggéra Plume d'une petite voix au bout de quelques secondes.

— Et Maryse ? demanda l'Indestructible ?

— On s'en branle de cette vieille peau ! répondit le Lézard.

     Ils se regardèrent tous un à un, se mettant d'un commun accord silencieux.

— Vous avez tous vos masques, au moins ? demanda le Voyageur.

     Tout le petit groupe acquiesça.

— Bien, alors ne tardons plus, dans ce cas. »

     Ils étaient bien loin de l'incendie, mais ce dernier était si puissant qu'ils sentaient la chaleur bien avant d'être dans la bonne rue. Plus ils se rapprochaient, plus ils y avaient des Normaux courant à contre-sens, certains les bousculant même.

     L'équipe se planta devant le bâtiment en flammes. Les cris en sortant ne faisaient nul doute quand au fait qu'il y avait encore des personnes à l'intérieur du bâtiment. Les Supers se regardèrent.

« Bien entendu, aucun d'entre nous ne peut maitriser le feu, constata le Voyageur.

— Non, mais... commença Maxence, je peux essayer d'évacuer la fumée. Si on fait ça, le Lézard peut faire monter le Voyageur et l'Indestructible dans le bâtiment.

— Pourquoi nous deux ? demanda le Voyageur.

— Parce que le feu n'atteint pas l'Indestructible, et que tu pourras évacuer tout le monde à l'intérieur en les amenant ici.

— Ok. C'est pas con, gamin, je suis l'idée.

— Et... Et moi, qu'est-ce que je peux faire ? demanda Plume.

— Si jamais un gros bloc tombe sur le Lézard ou sur moi, je compte sur toi pour nous protéger.

     Plume lui sourit.

— Vous avez tous vos masques ? demanda le Voyageur en mettant le sien.

     Le reste de l'équipe l'imita en fouillant dans leurs poches.

— Zéro, à toi de jouer, déclara l'homme à la corne. »

     Maxence souffla, se concentra et essaya de retirer le maximum de fumée avant que le Lézard puisse se permettre de modifier le centre de gravité de Plume, de l'Indestructible et le Voyageur de marcher sur le mur. Plume resta sur place, surveillant le moindre débris tombant du bâtiment, tandis que l'Indestructible et le Voyageur s'introduisaient dans le bâtiment.

     Leur tactique fonctionna plutôt bien, et il leur fallut un bon quart d'heure pour évacuer un maximum de personnes, avant d'entendre des sirènes de police et de pompier retentir dans les rues. Les Normaux sauvés, quoique un peu secoués par la série d'évènements qui venait de se dérouler. Il restait encore du monde à l'intérieur du bâtiment, mais en voyant le camion de pompier au loin, les Supers décidèrent de faire profil bas et de fuir tous ensemble.

     Une fois seuls dans une ruelle, ils se permirent d'ôter leur masque.

« Tout le monde va bien ? demanda le Voyageur.

     Le reste de l'équipe hocha la tête.

— Je suis un peu fatiguée... commenta Plume.

— Moi aussi, renchérit le Lézard, j'ai pas l'habitude d'utiliser mon Super de façon aussi intense.

     Maxence hocha la tête.

— Il faut qu'on fasse profil bas, dit le Voyageur, on doit aller se cacher, et vite.

— Chez moi, c'est assez proche, proposa Maxence.

— On te suit Zéro, mais il faut faire vite. »

     Maxence referma précipitamment la porte derrière eux. Il se retourna pour voir l'ensemble de ses coéquipiers détailler les lieux. Sans surprise, le Lézard s'était affalé dans son canapé et le Voyageur était déjà en train d'ouvrir son frigo pour voir s'il avait de l'alcool. Il entendit un sifflement de surprise lorsqu'il tomba sur des bouteilles de bière.

     L'albinos enleva ses chaussures, son bonnet et son manteau et s'installa à côté du Lézard. Plume vint se placer entre eux deux, et ils acceptèrent avec plaisir les bières tendues par le Voyageur. Ils se mirent tous d'accord pour se dire qu'ils venaient de passer l'après-midi ensemble, après s'être retrouvés devant les locaux de Pax Omnis. Ils allèrent même jusqu'à inventer que des forces de l'ordre leur avaient conseillé de rentrer chez eux.

     Ils trinquèrent à cet accord et commencèrent à parler de sujets plus légers, jusqu'à ce que Maxence voit le soleil descendre progressivement. Lorsque quelqu'un frappa à la porte, tout le monde se tendit d'un coup, regarda Maxence pour savoir ce qu'ils devaient faire. L'albinos les incita à rester calme et à continuer leur conversation, puis il ouvrit la porte, un peu stressé de savoir qui se trouvait derrière.

     C'était Balthazar.

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Bonjour, bonsoir !

Lorsque j'ai monté l'équipe de Supers, je ne voulais pas qu'ils aient des pouvoirs diamétralement opposés ; je voulais qu'ils se complètent efficacement lorsqu'un incident de ce genre ce produit ! 

J'espère que vous avez apprécié ce passage où ils faisaient *enfin* équipe pour la première fois, en combinant leur Super et en s'aidant les uns les autres ! 

♥︎

— Nano.