Chapitre VII
Elena Doria :
-Martin... Réveille-toi... Soufflais-je prudemment, posant une main sur l'épaule du jeune demi-dieu. Ce dernier est assoupi, la tête contre l'épaule du patient alité. Pourtant, malgré le sommeil, ses doigts restent fermement entrelacés avec ceux du jeune homme.
-Va te reposer, ne serait-ce qu'une heure. Thibault sera sous bonne garde, je t'en donne ma parole.
-Oh... C'est toi Elena, Articule finalement avec peine mon ami, la voix éraillée, relevant lentement sa tête du corps du jeune patient installé sur le lit de camp.
-Ecoute... Tentais-je, choisissant soigneusement mes mots pour ne pas le heurter. Tu es épuisé. A ce rythme, je ne te donne pas une journée de plus avant que toi aussi tu n'occupes l'un de ces lits ! Il te faut du repos, vraiment. Ce n'est plus l'amie qui te le demande, c'est la médecin qui te le commande !
-Hors de question. Refuse aussitôt Martin, comme je m'y attendais. Je me suis promis de ne pas l'abandonner, donc que tu le veuilles ou non je reste.
-Mais Martin, ce n'est pas ton rôle de le soigner !
-Non, en effet, c'est le tien ! Tout comme de trouver une solution à tout ça ! Et pourtant, Thibault est toujours là ! Comme tous les autres ! S'énerve immédiatement le jeune demi-dieu, laissé à fleur de peau et blessant son entourage s'en plus s'en rendre réellement compte.
-D'accord, j'ai compris le message, je repasserai plus tard... Déclarais-je alors que Martin s'apprêtait à ajouter quelque chose, me retournant vers un jeune infirmier châtain s'étant avancé en voyant le ton monter.
-Jean, je te laisse t'en occuper. Dis-je au jeune demi-dieu, le retenant par le bras pour plus de discrétion. Veille aussi sur Martin, tu es son ami et je m'inquiète vraiment pour lui... Fait en sorte qu'il puisse décrocher un peu. Oh, et une dernière chose ! Le rappelais-je, lui ayant relâché le bras quelques secondes plus tôt. S'il se passe quoi que ce soit concernant Thibault et l'évolution de son état, tu viens me chercher directement, c'est clair ?
-Tu peux compter sur moi.
-Merci...
-T'inquiète... souffle alors Jean, affichant un sourire sincère, mais fatigué.
« Bien-sûr qu'il est fatigué, on l'est tous. Quand je pense qu'avant la maladie, il n'avait jamais ne serait-ce que mis un pansement, et que maintenant Jean est mon meilleur infirmier. » Pensais-je, alors que je jette un dernier regard admiratif en direction du jeune demi-dieu engageant la conversation avec Martin, réussissant à lui arracher un maigre sourire tandis qu'il commence à s'afférer auprès du corps de Thibault.
C'est peut-être ça qui fait la particularité de Jean, c'est qu'il n'oublie jamais que les patients sont avant tout des êtres humains, qui ont des proches qui tiennent énormément à eux. C'est sûrement la raison pour laquelle Jean a toujours mis en avant le contact et l'échange avec les patients et leurs proches, toujours à essayer de les détendre, de les rassurer. Jean est d'ailleurs le plus apprécié ici, toujours à l'écoute, toujours disponible, quitte à enchainer les tours de gardes plusieurs nuits et jours d'affilée, sans pour autant penser à se reposer. Cette dernière semaine, ce serait surement très optimiste si je disais qu'il avait dormi 2 à 3 heures par jour.
« Oui... Il va vraiment falloir trouver une solution pour se sortir de cette galère... » Me rappelais-je intérieurement, sortant d'une infirmerie considérablement agrandie par des dizaines de tentes depuis l'arrivée des patients humains et de la maladie.
« Oui... Il va être grand temps de prendre une décision Elena... » Me martèle ma conscience, tandis que je gravis les escaliers à flanc de falaise, incrusté dans le granit blanc, afin d'accéder à un temple de marbre blanc aux reflets turquoises des mosaïques du fronton et des marches donnant accès au perron.
« Oui... Que tu le veuilles ou non Jeanne, il est plus que temps que tu m'écoutes, pour le bien de nous tous ici, humains comme demi-dieux, car je suis bien sûre d'une chose » :
L'heure des demi-dieux de l'Azur est venue.
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