Chapitre IX
Jean Peverelli :
-Salut... Appelais-je doucement, faisant lentement relever la tête de Martin.
-Salut...
-Co... Comment tu te sens ?
-J'ai connu mieux... Répond finalement le jeune demi-dieu face à moi, scrutant le corps alité de Thibault.
-Ouai, je sais... C'est pour ça que je suis là... Poursuivis-je, m'approchant du jeune patient et avançant mes mains afin de vérifier les constantes vitales. Seulement, voyant mon ami se crisper, je m'empresse alors d'essayer de le rassurer, affichant un maigre sourire. T'en fais pas Martin, je sais ce que je fais.
Le jeune demi-dieu se détend alors légèrement, se laissant retomber lourdement sur son siège afin de me laisser le champ libre.
« Bon, c'est déjà ça de gagné... » Pensais-je, décidant d'engager la conversation pour lui changer les idées.
-Dis-moi, tu as mangé quelque chose ces 5 derniers jours ? Demandais-je, remarquant le visage émacié de Martin, tandis que je vérifie la température corporelle de Thibault étant de...
37°C
Je fronce immédiatement les sourcils, ce qui, bien-sûr, n'échappe pas à Martin.
-Quelque chose ne va pas ? S'empresse-t-il alors de demander.
-Non, ça n'en a pas l'air... Mentais-je.
« Non, en théorie je devrais m'en ravir qu'il ait retrouvé une température normale... » Pensais-je. « Oui, je serais certainement soulagé, si Thibault n'avait pas encore atteint la nuit dernière un pic à 42°C de fièvre... ». « Bon, son changement de température est peut-être soudain, mais je suis sûr que ses autres constantes n'auront probablement pas bougé... ». Tentais-je de me rassurer, étant d'ailleurs de moins en moins à l'aise face au regard de Martin, fixé sur mes gestes de plus en plus tendus, tandis que je n'ose même plus le regarder dans les yeux.
Essayant de reprendre constance, je m'empare alors de mon stéthoscope, glissant l'instrument sur le torse nu de mon patient, afin de vérifier son rythme cardiaque...
« D'accord, là par contre, cela devient vraiment inquiétant... ». Prononçais-je dans un murmure, heureusement pour Martin, quasiment inaudible, tandis que je me concentre au maximum afin d'écouter le plus attentivement possible le rythme, beaucoup trop faible à mon gout, du cœur du jeune homme.
Tentant de garder mon calme, j'essaie alors de visualiser dans mon esprit le schéma de son rythme cardiaque, comptant le nombre de battements par minute, le stress montant crescendo.
Une minute, 65 battements.
Deux minutes, 64 battements.
Trois minutes, 68 battements.
Je souffle finalement de soulagement, croyant le rythme cardiaque repartir à la hausse... avant que je ne me décide, juste pour vérifier, de compter une quatrième minute :
50 battements.
Ma respiration s'accélère.
Une cinquième minute, 42 battements.
-Daniel ! Appelais-je aussitôt mon ami, le fils d'Alcé aux cheveux noirs de jais et volontaire à l'infirmerie. Va chercher Elena. Lui Déclarais-je, ravalant difficilement ma salive tandis que je n'arrive plus à lâcher Thibault du regard.
Six minutes, 36 battements.
-Tout de suite ! M'écriais-je alors, avant que mon visage ne soit soudainement assailli d'une sensation poisseuse, tandis qu'une giclée de sang me frappe de plein fouet.
Totalement pris de court, je focalise à nouveau mon attention sur mon patient, Thibault ayant commencé à être pris de violentes quintes de toux, le faisant cracher une quantité bien trop anormale de sang, tandis que Martin jaillit de son siège pour se porter au secours du jeune homme.
Dorénavant secoué de spasmes et soubresauts terriblement violents, Thibault voit son rythme cardiaque dégringoler définitivement, tandis que je démarre aussitôt un massage cardiaque pour faire revenir mon patient.
-Allez Thibault ! Reste avec nous ! M'écriais-je, désespéré et essoufflé, poursuivant le bouche à bouche et le massage cardiaque, rendu encore plus difficile par les étranges soubresauts du corps de Thibault, et par tout le sang présent, mes doigts glissant sur son torse à cause du liquide visqueux.
Puis, brutalement, tout s'arrête, le corps de Thibault se stoppant net, tandis que sa tête retombe lourdement sur le coussin trempé de sueur. Le jeune homme ouvre alors les yeux pour la première fois après 5 jours de coma, pour ancrer une toute dernière fois, son regard éteint mais étrangement serein, dans les yeux noyés de larmes de Martin.
-Thibault ? Thibault ! EH THIBAULT ! Commence aussitôt à paniquer Martin, secouant désespérément le corps dorénavant sans vie de celui que tout le monde savait en secret être son petit ami. Mais fais quelque chose bon sang ! Je t'en prie... Me supplie alors Martin, sous les regards attristés des infirmiers et autres patients encore éveillés.
-C'est... C'est fini Martin... Finis-je par souffler, les mots me brûlant la gorge, ayant cherché une dernière fois, la main encore tremblante, le moindre signe d'un pouls... en vain.
Enragé, Martin se redresse alors pour se jeter sur moi. Il essaie de me frapper de toutes ses forces, mais les 5 jours et 5 nuits passées sans dormir ou presque diminue grandement sa force, chacun de ses coups l'épuisant davantage. Entre chaque coup, Martin entremêle de désespoir et de tristesse des phrases confuses.
-Tu devais le sauver ! Un coup.
Je ravale difficilement.
-Tu m'as dit que tu faisais de ton mieux ! Un coup.
Je ferme les yeux.
-Thibault est mort par ta faute ! Un coup.
Je repousse un sanglot.
-Je te déteste ! Un dernier coup.
Et moi non plus je ne retiens plus mes larmes de couler.
Si aucun de ces coups ne dispose d'assez de force pour me faire mal, chacun de ses mots me blesse et m'atteigne sans pareil.
Je me décide finalement à maitriser Martin, le serrant fort entre mes bras. Mon ami pleure alors de rage et de désespoir, essayant d'abord de se libérer, frappant et injuriant furieusement, avant que finalement ses nerfs et ses forces ne l'abandonnent, le laissant seul face à sa peine.
-Je... Je suis désolé Martin... Murmurais-je doucement, décrivant lentement des cercles minuscules et invisibles dans le dos du jeune demi-dieu. Je suis désolé...
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