Chapitre XXXIII
Nico Di Angelo :
- Je suis désolé de vous avoir convoqué à une heure aussi matinale, mais la situation a encore empiré et le temps presse...
Les paroles de Julio retombent lourdement sur l'assemblée, prenant place au sommet d'une villa en plein centre de Solaria, au sein d'une vaste pièce cernée de colonnades donnant une vue sur l'océan. De sombres nuages d'orages s'amassent d'ailleurs au-dessus des flots, un air glacial s'infiltrant entre les arcades de marbre, me faisant frémir.
Will à mes côtés maintient nos doigts fermement enlacés, tandis que je laisse mon regard observer lentement les personnes présentes ; la plupart des demi-dieux m'étant tout à fait inconnus, revêtant des uniformes de quatre genres différents : argent et pourpre, or et sang, bleu et argent, et enfin fer et blanc.
Les premiers visages familiers à apparaitre dans mon champ de vision sont ceux de Gaston et Orion. Chacun des commandants se tient au-devant de leurs guerriers respectifs, se jetant de temps à autre des regards en coin, l'inquiétude y étant clairement visible.
Je reconnais ensuite Carina, se tenant derrière Julio, la main fermement ancrée sur le pommeau de son épée, bien que l'éclat de ses cheveux blonds se soit terni et que de sombres cernes trônent sous ses yeux. Malgré son air très fier, le corps de la demi-déesse semble au bord de l'épuisement, l'air frais matinal venant la faire trembloter.
Puis, mes yeux entrent finalement en contact avec la, enfin plutôt les personnes que je cherchais. En effet, dans un coin de la salle du conseil, légèrement en retrait, se trouvent Léo et Octavio, côte à côte. Le plus petit des deux demi-dieux semble d'ailleurs être mal à l'aise, voire pas bien du tout... avant que Léo ne vienne doucement entrelacer ses doigts avec les siens, Octavio redressant alors son regard, répondant au fils d'Héphaïstos par un timide sourire.
- Les éclaireurs, que j'avais envoyé il y a de cela une Lune, sont rentrés la nuit dernière... Continue alors Julio, coupant court à mes pensées, tandis que l'assemblée se mure encore davantage dans un silence pesant. Et notre plus grande crainte s'est confirmée. Il semblerait que nous assistions bel et bien aux derniers instants de l'humanité...
- En est-on vraiment assuré ? Demande aussitôt Gaston, une multitude de murmures émanant des demi-dieux se tenant derrière leur commandant.
- Hélas, oui. Confirme Julio, accentuant davantage l'agitation de l'assemblée. Les escouades de reconnaissance sont formelles. Rio de Janeiro, Mexico, Los Angeles, San Francisco, Miami, Chicago, Boston et même Ottawa... Il s'agit de l'ensemble du continent américain qui se trouve impacté par le fléau se répandant depuis Manhattan, et nous avons toutes les raisons de croire que ce chaos s'est généralisé au reste du monde...
- Quel genre de fléau, au juste ? Demandais-je alors, avant de me maudire intérieurement, à la simple vue de l'ensemble de l'assemblée, me fixant avec incompréhension et mépris. « Génial Nico... Tu viens juste d'arriver chez eux en pleine guerre et tu réussis déjà à te faire remarquer... pas étonnant qu'il se méfie de toi ! ». Pensais-je, avant que Julio, remarquant ma gêne, ne reprenne la parole.
- Eh bien... Tout a commencé il y a trois jours, lorsque le monde a d'abord été privé de son atout le plus précieux : sa technologie. Sans moyens de communications, les différentes nations se sont retrouvées isolées les unes des autres. Sans armes de pointes et équipements militaires modernes, l'humanité s'est retrouvée sans défenses. Puis, le jour suivant, la Terre a été frappée par une toute autre calamité : la maladie. Les symptômes, au départ une simple fièvre combinée à des maux de tête, se sont répandus tel la peste à toutes les grandes villes du globe. Provoquant en seulement quelques heures vomissements, saignements abondants et hémorragies mortelles, le fléau a engendré en moins d'une journée plusieurs dizaines de millions de victimes. Et enfin, nous venons tout juste d'avoir la confirmation qu'hier, alors que l'humanité était à genoux, agonisante, et désarmée, des hordes de monstres ont jailli de toutes parts, prenant les métropoles d'assaut, massacrant leurs rares défenseurs pour ne laisser que des champs de ruines fumantes...
- C'est Gaia qui est derrière tout ça. Coupais-je alors Julio. Seulement, si la déesse a pu réellement lâcher son courroux sur la Terre, c'est uniquement parce qu'elle a retrouvé ses pleins pouvoirs. L'attaquer de front serait donc voué à l'échec...
- Mais il pourrait tout de même y avoir une solution. Intervient alors soudainement Will, me prenant de court, comme toute l'assemblée d'ailleurs, tandis que je me retourne surpris vers mon petit ami. Selon Hermès... a à peine le temps de commencer le fils d'Apollon, avant d'être aussitôt interrompu par des cris de désapprobation s'élevant de presque tous les demi-dieux présents.
- SILENCE ! Ordonne alors immédiatement Julio, les jeunes s'exécutant sans broncher, avant de faire signe à Will de poursuivre.
- Merci... Comme je le disais, selon Hermès, il existerait une force formidable, la quintessence, à la source du pouvoir des dieux. Elle s'incarnerait dans un être appelé le Gardien. D'après le dieu messager, Gaia l'aurait utilisé pour défaire l'Olympe et déchainer le chaos ; mais si on le retrouve, on pourrait peut-être priver la déesse mère de sa toute-puissance, et alors on aurait peut-être une chance...
- Si je résume bien... tu voudrais que l'on parte à la recherche d'un soi-disant être mythologique, on ne sait où, pour redonner aux dieux leur précieuse immortalité ? Déclare finalement avec le plus grand des sarcasmes Orion, mettant fin à de longues secondes de silence pesant, m'ayant paru interminables.
- Eh bien... Commence Will, passant nerveusement une main dans ses cheveux dorés. C'est l'idée oui mais...
- Mais c'est hors de question ! Aider nos ennemis jurés ? Mais je préfère encore MOURIR ! S'écrie immédiatement son interlocuteur, tandis que la majorité des demi-dieux autour de nous commence à sérieusement s'agiter, la rancœur se lisant dans leurs yeux...
- Comme si tu avais une meilleure idée ! S'exclame tout à coup une voix masculine, plongeant aussitôt la pièce dans le silence, tandis qu'Octavio s'avance alors au-devant d'une assemblée de demi-dieux aux visages stupéfaits.
- Parce que tu serais prêt à combattre pour l'Olympe Octavio ?! Tu serais prêt à tous nous trahir juste pour les beaux yeux d'un étranger ! Rétorque alors Orion, jetant un regard mauvais en direction de Léo, le fils d'Héphaïstos le lui rendant bien. Parce que la voilà la vérité ! Octavio Benavente n'est qu'un sale...
- Ferme-là... Lâche soudainement une voix faisant froid dans le dos, que je peine à reconnaitre comme appartenant à Léo.
- Co... Comment ? Qu'est-ce que tu viens de dire ? Articule finalement Orion, incrédule, ne semblant guère apprécier l'intervention du fils d'Héphaïstos.
- Je t'ai dit de TE LA FERMER ! C'EST CLAIR ?! Réplique aussitôt et rageusement Léo, se plaçant aux côtés d'Octavio, tremblant de colère.
- Laisse tomber, ça n'en vaut pas la peine... Souffle alors de manière presque inaudible Octavio, le visage baissé, tandis qu'il appose doucement ses doigts sur les mains de Léo, étouffant les petites flammes naissant déjà des points fermés du demi-dieu à ses côtés.
- Sérieusement ? Octavio ! Cet enfoiré te traite comme un moins que rien ! S'emporte Léo, pour ne rencontrer que la voix lasse et attristée du garçon aux mèches à la couleur des épis de blé.
- Calme toi... Je t'en prie. Je ne veux surtout pas que tu aies des ennuis à cause de moi...
- Ecoute... Intervient finalement Julio, se râclant la gorge afin d'attirer l'attention d'Octavio. Le fait est que la situation est gravissime. Nous avons d'aures et déjà perdu 3 de nos 4 refuges ! Alors disperser nos forces dans une expédition à l'issue plus qu'incertaine serait un pari bien trop risqué... Et puis, Octavio, ta place est ici à Solaria, un point c'est tout.
- Mais pourquoi à la fin ? S'écrie Octavio, d'une voix brisée sonnant réellement comme désespérée. Pourquoi ne jamais me faire confiance ?! POURQUOI ?!
- PARCE QUE CE SERAIT BEAUCOUP TROP DANGEREUX DE T'EMMENER ! VOILA POURQUOI ! Réplique alors Julio, d'un ton exaspéré.
- Je vois... Merci d'avoir enfin été honnête avec moi. Répond finalement Octavio, brisant le lourd silence qui avait envahi la pièce tout comme l'assemblée, tandis qu'il quitte la vaste salle du conseil à vive allure, soupirant rageusement « Mais qu'est-ce que je fais là de toute façon... ».
- Octavio ! Attends ! S'exclame aussitôt Léo, tandis qu'il se lance à la poursuite du demi-dieu s'étant déjà enfui.
- Bon... Soupire Julio, las. Je crois que l'on ferait mieux de mettre un terme au conseil pour ce matin. En revanche, je demande aux commandants de compagnie de me rejoindre ici même au crépuscule. Nous établirons ensemble une nouvelle stratégie de défense pour le refuge. Continue-t-il, Orion, Gaston et un autre demi-dieu m'étant inconnu hochant respectivement la tête en guise d'approbation. Bonne journée à tous... et soyez prudents.
Tandis que la foule des demi-dieux se disperse déjà, évacuant la salle du conseil, j'observe Julio adresser quelques mots à Carina, avant de se frayer un passage entre les jeunes guerriers... en ma direction.
- Je peux te parler, Nico ? Demande alors le beau brun, jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule en direction de Will, avant d'ajouter un ton plus bas, « Seul à seul ».
Lançant brièvement un regard en direction de mon petit ami, affichant une mine ne me semblant guère ravie, je me retourne finalement vers Julio, arborant un timide sourire.
- Oui si tu veux...
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