Chapitre XXXII
Léo Valdez :
Il était une fois, un splendide chevalier aux cheveux blonds,
Dont la destinée était un sombre prince enfermé dans son donjon.
Dans la conquête de l'élu de son cœur,
Le fils d'Apollon alla quérir l'aide d'un voyageur.
Contre vents et tempêtes ils filèrent,
Jusqu'aux profondeurs ardentes des Enfers.
Grâce à son compagnon, le fils du Soleil exauça son vœu,
Le prince et son sauveur réunis à jamais, heureux et amoureux.
« A présent le voyageur se retrouve lui tout seul,
Le conte de fée l'abandonnant à l'oubli et son glacial linceul. »
Ce dernier passage, les belles histoires l'oublient toujours... car les fins heureuses finissent toujours par avoir une part d'ombre un jour. Pour ma part, je n'ai jamais eu droit au conte de fée. Après tout, je peux le comprendre... quelle histoire s'intéresserait à une tête brûlée ? Puis, entre un chevalier et un mécanicien, le choix est vite fais c'est certain !
Pourtant... lorsque j'ai atterri sur Ogygie, j'y ai vraiment cru, que le destin m'avait enfin souri. « Calypso », quand elle m'a embrassé, je ne sais pas si j'avais déjà été aussi heureux dans ma vie... Peut-être parce que pour la première fois, enfin d'aussi loin que je me souvienne, quelqu'un était là pour moi ; une personne capable de me dire « je t'aime » tandis que je restais moi-même.
« Arrête de vouloir toujours y croire, ça en devient pathétique » me répétais pourtant, inlassablement, ma conscience. J'aurai dû sûrement l'écouter, ça m'aurait au moins évité de me faire de faux espoirs, avant que la déesse ne finisse par me jeter.
« Tu aurais mieux fait de la parachuter à nouveau sur son île maudite ! » M'avais alors crié une petite voix intérieure. C'est vrai, j'aurai pu me venger. J'aurai même dû sans doute... Mais pour être honnête, je ne voulais plus rien, je ne savais plus rien, je n'étais plus rien. Au final, si j'avais pu libérer un être vivant de sa malédiction millénaire tant mieux, et si je devais y perdre mon cœur au bout du chemin tant pis...
Encore une fois, j'étais perdu...
Puis Will est apparu.
Pour moi, l'aider était surtout un prétexte pour m'enfuir, toujours plus loin de ce monde qui n'avait de cesse de me rappeler à quel point je ne valais rien. J'ai réussi à réunir Will et Nico ensemble. J'en suis vraiment très heureux d'ailleurs, ces deux-là méritent réellement de connaitre le bonheur. Mais voilà, une fois encore, je savais qu'une fois arrivé au bout du chemin, je ne serais plus rien...
Et c'est là que je l'ai vu, et qu'au plus profond de moi j'ai su...
J'ai su que je ne serais plus perdu.
En effet, bien que je n'ose toujours pas regarder le demi-dieu m'entrainant dans les allées d'un camp m'étant totalement inconnu, c'est la première fois que je ne me sens pas exclu.
« Octavio, c'est comme cela que Julio l'avait appelé » me rappelais-je, son prénom résonnant comme une douce brise murmurant à mon oreille. « Octavio... » Je ne saurai l'expliquer, mais ses doigts sur mon poignet, la sensation de sa peau contre la mienne, tout me semble naturel... comme dans l'ordre des choses. Cela peut paraitre sûrement bête voire même ridicule, mais à ses côtés je me simplement à ma juste place.
« Pourquoi semble tu si... différent ? » Me demandais-je, tandis que j'observe plus attentivement le demi-dieu m'accompagnant.
Il est un peu plus petit que moi, quelques centimètres de moins tout au plus. Son teint hâlé dénote avec ses cheveux châtains clairs aux quelques mèches dorées. Son visage possède quant à lui des traits légers et gracieux, mettant en valeur ses magnifiques yeux caramel et ses fines lèvres légèrement rosées...
- Hum... et bien ça y est, nous y voilà. Lâche soudainement Octavio, la personne au centre de mes pensées venant les disperser, tandis qu'il ouvre la porte d'une petite villa, m'invitant à rentrer.
Revenant à la réalité, je m'exécute aussitôt, le visage enflammé par la gêne d'avoir été surpris en train de l'observer fixement, tandis que je passe devant mon hôte au regard fuyant.
- Ce n'est peut-être pas la plus belle villa de Solaria, mais c'est chez moi... Déclare alors Octavio, passant nerveusement une main dans ses cheveux, essayant de dompter une mèche rebelle à la couleur des épis de blé.
Décrochant mes yeux du jeune demi-dieu face à moi, mon regard se pose alors sur un vaste salon, aux murs de bois et poutres apparentes au plafond. Des fauteuils de cuir ocre et beige, couverts de plaids, encadrent une magnifique cheminée baignant la pièce d'une agréable chaleur... « Ce n'est peut-être pas selon lui le plus bel endroit » Pensais-je, « mais pourtant je trouve l'ensemble très cosy, et puis on se sent vraiment bien ici... ».
- C'est... parfait. Murmurais-je, arrachant un sourire à mon hôte, ses joues s'empourprant aussitôt.
- Merci... tu... tu peux aller prendre une douche si tu veux... le temps que je nous prépare quelque chose à manger. Finit par articuler Octavio, se dirigeant vers une pièce voisine, que je suppose être la cuisine. Au fait ! La salle de bain, c'est au premier étage, deuxième porte à gauche ! Ajoute-t-il, passant sa tête par l'embrasure de l'entrée.
Le remerciant, je me lance alors à la découverte de l'étage, trouvant rapidement la salle de bain, m'y déshabillant pour rentrer dans une douche à l'italienne, au sol de marbre bleuté. Seulement, à l'instant où le dernier bout de tissu tombe au sol, quelqu'un vient toquer à la porte. Prenant soin d'enrouler une serviette autour de ma taille, je m'empresse alors d'aller ouvrir, me retrouvant nez à nez avec Octavio, ce dernier se figeant en un instant tandis que ses yeux divaguent sur mon torse nu.
- Je... je t'ai apporté de quoi te changer, mais ça risque d'être juste, vu que tu es plus grand que moi... Murmure finalement le demi-dieu face à moi, rougissant furieusement alors qu'il me tend des habits, détournant vivement le regard.
- Merci, mais je te préviens, réduire en cendre des vêtements, même fabriqués et prétendus indestructibles par une déesse, c'est ma spécialité ! Le prévenais-je.
- Ceux-là tiendront, fais moi confiance. Répond aussitôt Octavio, arborant un sourire assuré, alors qu'il me colle ses vêtements dans mes bras, couvrant mon torse nu par la même occasion.
- C'est ce qu'on verra... Ajoutais-je, couplant à mon sourire amusé un clin d'œil tandis que je referme la porte, après que le jeune demi-dieu m'accueillant se soit empressé de tourner les talons.
Après une douche brûlante, m'ayant fait un bien fou, je me dépêche alors de descendre, retrouvant Octavio, confortablement allongé dans un canapé, le demi-dieu affichant une moue adorable tandis qu'il semble absorbé par la lecture d'un ouvrage entre ses doigts.
M'approchant, Octavio laisse aussitôt échapper le livre de ses mains à l'instant où il me remarque, emplissant la pièce d'un rire cristallin.
- AH OUI EN EFFET ! S'exclame-t-il, hilare. Je m'attendais à ce que mes vêtements soient trop petits pour toi mais à ce point-là !
- Oh ça va ! C'est pas si terrible ! Tentais-je de me défendre, avant de me jeter un coup d'œil... Bon... c'est vrai que le tee-shirt sur moi ressemble plus à un débardeur trop serré... et que le short fait plus office de mini-short ultra moulant... D'accord... Admettais-je finalement, un sourire légèrement gêné trônant sur mon visage. C'est peut-être un peu petit...
- Un peu, c'est un euphémisme ! On a l'impression qu'ils vont craq... Attends tes mains ! Se stoppe-t-il soudainement à la vue de mes doigts blessés.
- Oh... ce n'est rien ne t'en fais pas ! M'empressais-je de répondre, arborant un sourire forcé, tandis que j'essaie tant bien que mal de dissimuler mes mains dans mon dos.
- Et puis quoi encore ! Installe-toi, je reviens tout de suite ! Déclare alors d'un ton autoritaire le demi-dieu face à moi, s'activant à fouiller les tiroirs d'un meuble voisin, tandis que je prends place à mon tour sur le divan.
- J'en étais sûr d'avoir entendu quelqu'un crier toute à l'heure... Commence mon hôte, revenant les bras chargés de bandages et d'une boite de premiers secours.
- Satanées cordes... Marmonnais-je dans ma barbe inexistante, en guise de seule réponse.
- Les liens d'Artémis. Me précise le demi-dieu s'asseyant à mes côtés.
- Et bien si je trouve la personne à l'origine de cette invention, je lui expliquerai ma façon de penser !
- Ça tombe bien, tu l'as en face de toi... Murmure alors Octavio, redressant soudainement son visage, ses yeux ambrés venant aussitôt s'ancrer aux miens.
- Oh... Balbutiais-je. Je veux dire, c'est très ingénieux. Par contre, comment as-tu fais pour...
- Pour que des personnes comme toi et moi y soyons vulnérables tu veux dire ?
- Attends... Soufflais-je, commençant tout juste à comprendre. Toi... Toi aussi tu as le don de pyrokinésie ?
- Un don... Pour moi, c'est plutôt une malédiction. Soupire Octavio, faisant naitre une petite flamme de la paume de sa main droite, la lueur dansant fébrilement entre ses doigts. Le fait est que depuis le jour où j'ai révélé mon pouvoir, les autres ne m'ont jamais plus regardé de la même façon. Je n'étais plus qu'une anomalie, voire même un danger... A ton avis, pourquoi lorsque nous avons été attaqués j'ai reçu l'ordre de vous protéger ? Ce n'était pas parce qu'ils tenaient à moi qu'ils m'ont tenu à l'écart, mais juste parce qu'ils avaient peur que je puisse déraper. Voilà comment l'on voit ici à Solaria, une véritable bombe à retardement hors de contrôle.
- Je te comprends... je suis désolé Octavio...
- Mais ça n'a plus d'importance de toute façon... Souffle Octavio, baissant son regard éteint. Cela fait déjà bien longtemps que je me suis fait à l'idée, et que j'ai l'habitude d'être mis de côté...
- Hey... Murmurais-je, prenant en coupe son visage afin de croiser ses magnifiques iris ambrés, mon pouce balayant une larme solitaire de sa joue. Tu sais quoi ? Au final, on est pas si différents toi et moi...
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