Chapitre 20 - « Oh non non non. »
Lucie n'avait pas croisé ses parents parce que Lucie n'était pas rentrée chez elle.
Autrement dit, lorsqu'elle passera le seuil de la porte d'entrée, elle était sûre de pouvoir dire adieu à sa vie. Elle avait été irresponsable, irrespectueuse, insouciante et s'était mise en danger inutilement. C'était les reproches qu'elle pouvait déjà entendre sortir de la bouche de son père.
Elle avait été insouciante, certes, mais uniquement jusqu'à ce qu'elle se réveille.
Lorsque la jeune fille ouvrit les yeux, déroutée par le peu de lumière qui traversait la fenêtre alors qu'elle dormait généralement les volets ouverts, elle se sentit étrangement reposée, ayant bien mieux dormi que ces dernières semaines.
Cependant, elle n'eut pas le luxe de pouvoir en profiter que la confusion la rattrapait déjà lorsqu'elle se rendit compte que la porte de la chambre n'était pas à la même place qu'habituellement et que l'ombre des meubles était différente.
De plus en plus déboussolée, Lucie sortit lentement de son sommeil et jeta un coup d'oeil autour d'elle, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur le lit, juste à ses côtés. Elle mit quelques secondes à comprendre avant que la réalisation ne lui fasse l'effet d'une douche froide.
« Oh non non non. » Marmonna-t-elle avec plus de désespoir qu'elle n'en aurait voulu, se redressant et se tournant vers la personne qui dormait toujours paisiblement à côté d'elle. « Lucas. »
Pour toute réponse, le garçon grommela et se réinstalla correctement. Ne pouvant s'empêcher de lever les yeux au ciel, Lucie prit son coussin et le tapa plusieurs fois avec jusqu'à ce qu'il daigne se réveiller complètement et lui accorder son attention.
« Ow, quoi ? » S'indigna-t-il en se protégeant avec ses mains alors qu'elle le frappait une dernière fois pour la forme. « Qu'est-ce ce qu'il y a ? Je dormais bien. »
Écarquillant les yeux, elle l'observa avec une panique grandissante. « Je me suis endormie devant le film. »
Et c'était le cas. Après avoir diner avec son père et Marie la veille au soir, Lucie n'ayant toujours pas envie de rentrer chez elle, ils s'étaient tout les deux mis d'accord sur un film afin de laisser le temps à ses parents de se lasser d'attendre et d'aller se coucher afin qu'elle puisse rentrer en toute discrétion.
Malheureusement, épuisée par la journée passée autant physiquement que mentalement, elle s'était assoupie, bercée par le fond sonore du film et par la chaleur se dégageant de Lucas, installé à ses côtés. Elle ne se souvenait que des dix premières minutes du film.
Soupirant et se frottant les yeux, Lucas haussa les épaules et se leva, s'approchant de la fenêtre. « Je sais bien, je l'ai arrêté dès que je m'en suis rendu compte. »
Le coeur de Lucie ratta un battement. « Et tu ne m'as pas réveillée ? »
« T'avais l'air bien, pourquoi est-ce que je t'aurais réveillée ? » Lui demanda-t-il, sincèrement confus. D'un geste fluide, il ouvrit les volets, laissant entrer les rayons du soleil qui tapait directement sur la vitre. « Wow, il fait jour. »
La lumière du jour lui fit l'effet d'un électrochoc. « Mais c'est quelle heure ? » Elle se précipita sur le téléphone du brun qui était posé sur la table de nuit et sentit les couleurs quitter son visage. Dix heures et demi. « Je suis morte. »
Lucas, de son côté, ne semblait pas du tout inquiet et un sourire se dessina même sur ses lèvres. « Ça me rappelle les vacances de Noël quand on s'est endormis au QG. » Elle ne put s'empêcher de lui lancer un coussin au visage. « À cette époque, tu étais moins violente avec moi et c'est dire puisque tu ne m'aimais pas. »
« À cette époque, je ne risquais pas de me faire décapiter parce que je n'avais pas donné de nouvelles pendant vingt-quatre heures. » Rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel avant de se prendre la tête dans les mains. « Ils ne vont jamais me laisser sortir à nouveau. »
« Ça se trouve, ils ne se sont même pas rendus compte que tu n'es pas rentrée. » Il déchanta rapidement face au regard qu'elle lui lança. « J'aurais essayé. »
Lucie soupira, dépitée. Elle n'arrivait pas à croire que la situation se terminait ainsi, le regret se répandait en elle aussi vite que le sang coulait dans ses veines. Elle avait passé un si bon moment avec Lucas et sa famille, et pourtant elle aurait dû rentrer chez elle. Elle le savait et s'était pourtant laissée tenter.
« Donc, » Lucas brisa le silence, se balançant d'avant en arrière, les mains dans les poches de son jogging, « pourquoi est-ce que tu ne pars pas maintenant ? »
Lucie fut prise de court par sa question. « Tu veux que je parte ? »
Une lueur qu'elle ne put identifier s'alluma dans son regard bleu. « Personnellement non, mais c'est toi qui panique parce que tu n'es toujours pas rentrée. »
Ce n'était pas faux. Il fallait qu'elle rentre, ses parents ne savaient pas où elle était et ils n'avaient aucun moyen de la contacter puisqu'elle était partie sans son téléphone la veille. Sa raison lui criait de se lever et de partir en courant. Mais elle était si bien assise ici, dans une maison qui voulait d'elle.
Pinçant les lèvres, la jeune fille soupira. « Je n'ai pas envie d'y aller. De toute manière, quitte à me faire engueuler, autant que j'aille au bout. Le résultat sera le même, puis il faut que je trouve une excuse. »
Le sourire que lui adressa Lucas valait toutes les réflexions que ses parents s'apprêtaient à lui faire.
Lorsqu'ils se décidèrent à sortir de la chambre, ils trouvèrent le père de Lucas et Marie installés dans le salon, occupés à discuter des livres qu'ils étaient en train de lire. Ils relevèrent la tête d'un même geste en les entendant entrer.
« Ah tu vois, » déclara le père de Lucas en les montrant du doigt, « je te l'avais bien dit. »
Marie leva les yeux au ciel, se tournant vers Lucie qui les observait avec confusion. « Lucie, tu n'es pas rentrée chez toi ? »
Cette dernière sentit ses joues se colorer. « Je me suis endormie, je devais être plus fatiguée que ce que je pensais. Désolée. »
Le père de Lucas balaya sa remarque de la main avec un sourire. « Ce n'est pas grave, tant que tes parents sont au courant. »
La jeune fille se figea sur place, écarquillant les yeux sans le vouloir. « On peut dire ça. »
Venant à sa rescousse, à son plus grand bonheur, Lucas se dirigea vers la cuisine et ouvrit plusieurs placards avant de les refermer. « Il y a quoi à manger ? »
« Quelque chose que tu nous feras le plaisir de préparer. »
Ce fut à son tour de ne plus bouger. Lentement, il se tourna vers son père, les sourcils froncés. « Je ne cuisine pas. Non seulement, je ne sais pas faire, mais je n'en ai pas envi. »
« Il va bien falloir que tu apprennes pourtant. » L'homme se leva et vint se placer devant son fils. « Tu ne seras pas toujours nourri, logé et blanchi, que ce soit par le lycée ou par moi-même. »
Lucas haussa les épaules, retournant à sa recherche. « J'ai le temps. »
Son père croisa les bras sur son torse, lui donnant un air presque intimidant si ce n'était pour la gentillesse qui brillait dans son regard. « Oh vraiment ? Parce que tu penses que c'est cette année au lycée que tu vas pouvoir apprendre ? »
Cette réflexion fit rire Marie. « J'aurais aimé avoir des cours de cuisine au lycée, mais ils ont préféré nous donner des cours de musique. »
« Et ils avaient bien raison. » Lucas haussa les épaules avec un désintérêt évident. « Je ne vois pas en quoi c'est si important, il existe des plats préparés qui sont très bons et qui fonctionnent tout aussi bien qu'un plat cuisiné maison. »
Lucie se reteint difficilement de rire en voyant l'expression qui se dessina sur le visage de la jeune femme. Chacun commença à argumenter son point de vu, n'écoutant pas forcément la réponse de l'autre, au plus grand plaisir de Lucie qui observait la scène, amusée. Assister à ces interactions faisait partie de ses moments préférés, il lui donnait l'impression de faire partie d'une famille normale.
Le débat continua pendant quelques minutes, chacun campant sur ses positions. Après avoir profité le plus longtemps possible, Lucie les interrompit timidement. « Je peux m'en charger si vous voulez, j'ai l'habitude de cuisiner pour moi-même. »
Le père de Lucas se tourna vers ce dernier avec un geste en sa direction. « Tu vois, tu pourrais en prendre de la graine. Une bonne influence ne te ferait pas de mal. »
Ce fut donc avec plaisir que Lucie s'occupa de faire à manger pour le repas de midi, après avoir menacé Lucas de l'aider. Ce n'était pas grand chose, mais il s'agissait de sa façon à elle de les remercier de l'avoir accueillie si souvent pendant ces vacances.
Elle aurait pu rester chez eux pendant longtemps, continuer d'ignorer la situation qui se dégradait à mesure que les heures défilaient. Le déni était exactement ce qu'il lui fallait à cet instant précis et lui évitait de se rendre malade.
Malheureusement, la réalité la rattrapa rapidement et elle dut se rendre à l'évidence qu'elle devait rentrer chez elle et qu'elle ne pouvait pas vivre cachée indéfiniment. Sa pression artérielle avec donc grimpée en flèche et son cœur n'avait jamais battu aussi vite.
Debout devant la porte d'entrée, Lucie avait le regard fixé devant elle, ses pensées lui échappant et son esprit se vidant petit à petit. Elle se sentait bête, elle avait chaud et elle était terrifiée à l'idée de mettre un pied à l'intérieur.
Tournant la tête vers l'allée qui menait à la maison, elle ne put que se raccrocher au fait que la voiture de ses parents n'y était pas garée. Peut-être n'étaient-ils eux-mêmes pas présents, peut-être pourrait-elle rentrer en étant inaperçue.
Pourtant, son instinct lui disait que ce n'était pas le cas, que la minute à laquelle elle passerait le seuil de la porte, l'enfer éclaterait, l'emportant dans une chute sans fin, indéniablement vers son trépas prématuré.
Fermant les yeux, Lucie prit une grande inspiration pour rassembler tout son courage et entra dans la maison.
Le silence qui régnait dans les différentes pièces était lourd, rendant l'atmosphère presque irrespirable. Même si cette maison n'avait jamais réellement connu l'ivresse d'une famille, cette fois-ci, l'ambiance était différente.
Petit à petit, la jeune fille avança, regardant tout autour d'elle et sursautant au moindre mouvement. Elle s'arrêtait de respirer à chaque fois qu'elle ne voyait plus ce qu'il se trouvait devant elle, de peur de tomber nez à nez avec ses parents.
Son avancée était plutôt ordinaire jusqu'à ce qu'elle arrive à l'orée du salon, devant impérativement le traverser pour pouvoir monter jusqu'à sa chambre. Si ses parents devaient être présents, ils se trouveraient forcément ici, l'attendant de pied ferme.
Contemplant l'idée de faire demi-tour et de partir en courant, elle n'eut pas l'occasion de la mettre en application qu'elle se prit le pied de la table, faisant bouger son contenu et trahissant ainsi sa présence. Elle n'avait plus aucun moyen de s'échapper.
Désormais agacée de devoir marcher sur des œufs, ses orteils lui faisant également un mal de chien, Lucie se sentit prise d'un élan d'impertinence et entra dans le salon d'un pas déterminé si ce n'est chancelant.
Quelle ne fut pas son erreur de se détourner de l'escalier pour croiser le regard de ses parents qui l'attendaient, assis sur le canapé. Ce simple geste suffit à lui faire perdre toute son audace et à la figer sur place.
Aux vues de leur expression, toutes ses craintes étaient avérées, la convaincant qu'elle n'aurait jamais dû rentrer et qu'elle aurait dû partir s'exiler au Bélize pour élever des chèvres. C'était une erreur et elle allait le regretter.
Le temps lui parut interminable, les secondes s'allongeant en minutes et les minutes refusant de passer. Ils restaient silencieux comme par pur plaisir de la laisser attendre, la laisser agoniser en silence.
Elle n'en pouvait plus, elle avait besoin qu'ils crèvent l'abcès pour ne plus se sentir écrasée par le poids de la culpabilité et de l'angoisse.
Après d'atroces longues minutes, son père prit enfin la parole, son ton frôlant le vent polaire qui soufflait en antarctique en plein hiver. « C'est à cette heure-ci que tu rentres ? »
Lucie sentait sa voix lui échapper alors qu'une boule de feu ardent s'était installée au fond de sa gorge. Elle n'était pas sûre d'être capable de répondre sans que sa peur ne prenne le dessus, sans qu'elle ne fonde en larme sans pouvoir se contrôler.
« C'est la fin des vacances, on a juste voulu- » Elle ne reconnaissait pas sa propre voix, était tout juste capable d'entendre ses mots. « On est allés manger et il était tard. »
Incapable de s'expliquer davantage alors que l'expression de son père durcissait, elle se tourna vers sa mère, une pointe d'espoir s'allumant en elle. Ces dernières semaines voulaient bien dire quelque chose, son comportement n'avait pas changé inutilement. Mais cette dernière restait silencieuse, les yeux fixés sur le sol comme par peur de croiser son regard.
Lucie était seule, elle n'avait personne sur qui se reposer.
Pour toute réponse, son père posa quelque chose sur la table pour appuyer son propos. Elle mit quelques secondes à comprendre ce que c'était, pensant tout d'abord qu'il s'agissait d'une petite télécommande avant de réaliser qu'il s'agissait en réalité de son téléphone.
Son cœur rata un battement, comprenant ce que ce geste signifiait. « Vous avez- vous avez fouillé dans mon portable ? »
« Tu avais disparu, » répondit-il simplement, ne voyant certainement pas où était le problème, « impossible de te joindre d'une quelconque manière que ce soit. »
« Donc, pour toi, ça justifie de violer ma vie privée ? »
Ce n'était pas ce qu'il fallait dire, mais Lucie n'avait pu s'en empêcher. Elle n'avait rien à leur cacher mis à part sa relation avec Lucas et celle-ci se voyait partout sur son téléphone. Ils n'avaient pas le droit de fouiller dans son intimité de cette façon.
« Ta vie privée ? » Son père se leva, accentuant ainsi son air intimidant. « Tu as seize ans Lucie, ta vie privée se résume au lycée et à la danse. Il est hors de question que tu continues quelque relation que ce soit avec une personne de mauvaise influence en plus de ça. »
Elle sentit les couleurs quitter son visage, son cerveau refusant de comprendre ce qu'il entendait par là. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
« Tu pensais vraiment que nous n'allions pas le reconnaitre ? » Lui demanda-t-il, réprimant comme une envie de lever les yeux au ciel.
Honnêtement, Lucie n'y croyait pas non. Bien sûr, ils savaient qui était Lucas, ils connaissaient son historique et avaient son nom, mais ils ne l'avaient vu qu'une seule fois pendant quelques secondes seulement. Ils n'auraient pas dû être capables de le reconnaitre si facilement.
« Lucas est une bonne, » rétorqua-t-elle, sentant le besoin urgent de le défendre, « il est bon élève, intelligent et ambitieux, il ne ferait jamais de mal à qui que ce soit. »
« Et ça explique pourquoi il s'amuse à jeter de la peinture bleue sur les autres élèves ? »
Elle savait que c'était ce qui faisait tout son tort, elle savait pertinemment que c'était ce qui allait bloquer avec ses parents. Peut-être qu'ils n'auraient eu aucun problème avec lui s'il se comportait de manière lambda, comme n'importe quel autre élève. Ou alors était-ce l'espoir qu'elle s'en faisait.
Sauf que ce n'était pas le cas.
« Cette histoire est terminée, je ne veux plus que tu le voies et je vais m'assurer que le lycée y veille. »
Une bombe explosa au creux de son estomac. Dans un premier temps, Lucie crut avoir mal compris. Son regard naviguait entre son père dont l'attitude était ferme et décidée et sa mère qui était toujours aussi silencieuse, essayant presque de se faire oublier.
Non, elle avait bien entendu, la décision de son père ne faisait aucun doute. La colère, la confusion et le dégoût se mélangeaient dans les veines de la jeune fille, créant ainsi un cocktail explosif.
« Non. » S'exclama-t-elle, ayant du mal à croire que ce mot venait bien de sortir de sa bouche. « Non, c'est ma vie, ça ne vous regarde pas ! »
Lucie n'avait aucune envie de rompre avec Lucas, que ce soit de sa propre décision et encore moins de celle d'un autre. Elle avait passé tellement de temps à se sacrifier pour leur plaisir, elle ne voulait pas en plus sacrifier cette partie de son bonheur.
Sauf que ce dernier ne semblait pas être la priorité de son père.
« Je te promets Lucie, si tu ne le quittes pas, il peut dire adieu à ses perspectives de carrière après le lycée. » Son ton était strict et glacial, ne laissant aucune place au choix. « Tu veux gâcher ton avenir ? D'accord, mais ça marche dans les deux sens. »
Ses oreilles se mirent à siffler et sa vision se brouilla malgré tous ses efforts pour rester au contrôle de ses émotions.
Il ne pouvait pas lui faire ça, il ne pouvait pas lui demander de quitter la seule personne qui lui permettait de tenir le coup pendant cette période. Elle ne se sentait pas capable de le faire, elle n'avait pas les nerfs pour.
Pourtant, elle ne pouvait pas condamner Lucas de cette façon, pas alors qu'il commençait à s'imaginer un futur dans la musique, dans cette passion qu'il avait tant de mal à partager.
Elle n'avait aucun doute que son père était capable de découvrir ce qu'il voulait faire et de mettre tout en œuvre pour qu'il n'y arrive pas. Même s'il n'était lui-même pas dans le domaine de la musique, il avait les connaissances et les moyens financiers pour arriver à ses fins. Il pouvait ruiner ses chances, c'était un certitude.
Sauf qu'elle ne voulait pas, elle ne voulait pas le quitter. Elle n'était pas sûre d'y arriver physiquement, ni mentalement.
Lucie jeta un dernier regard plein d'espoir à sa mère avant de tomber dans ce gouffre sans fin qui avait finalement réussi par la rattraper. Elle sentit toutes ses forces quitter son corps, aspirer par l'abysse qui s'était ouverte sous ses pieds, et, dans un dernier effort surhumain, tourna le dos à ses parents et monta les escaliers pour s'immobiliser sur la dernière marche.
La voix de sa mère lui parvint faiblement, tant qu'elle faillit ne pas l'entendre. « Ce n'est qu'une question de contrôle, n'est-ce pas ? »
« Ne commence pas, pas maintenant. »
L'agacement de son père était distinct, comme s'ils savaient tous les deux qu'elle ne parlait pas seulement de ce qu'il venait de se passer. Lucie n'avait pas la moindre idée de ce que cela voulait dire.
Sauf que sa femme ne semblait pas décidée à l'écouter. « S'il te plait Benoit, on avait leur âge lorsqu'on s'est rencontrés. »
« C'était différent. »
« Oh vraiment ? » La colère prenait de plus en plus le pas sur son désarroi, s'adressant à lui comme elle ne l'avait jamais entendu faire avant. « Et pourquoi ça ? Parce que tu étais l'homme et que tu avais toutes les décisions entre les mains ? Alors que maintenant tu ne peux pas contrôler les décisions de ta fille ? »
Le cœur de Lucie s'accéléra alors que les larmes coulaient d'ores et déjà sur ses joues. Qu'est-ce qu'elle voulait dire ? Pourquoi est-ce qu'elle sous-entendait tout ça ?
« Ou alors parce que tu as peur que ce garçon soit cent fois meilleur que tu ne l'as jamais été ? »
Un bruit qu'elle n'arriva pas à identifier la fit sursauter et lui coupa la respiration. Il ne fallait pas qu'elle reste ici. Se précipitant dans sa chambre, elle ferma la porte et se laissa glisser contre celle-ci, l'esprit confus par un épais brouillard.
Elle ne voulait pas.
10 chapitres.
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